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EAN : 9782702161753
320 pages
Calmann-Lévy (13/03/2019)
4.55/5   10 notes
Résumé :
Racontée comme un roman, la vie inspirante de Geneviève de Gaulle-Anthonioz dont les combats et le sens de la fraternité sont plus que jamais d’actualité.
Nièce du général, bien moins connue que cet oncle qui l’aimait beaucoup, Geneviève de Gaulle-Anthonioz a pourtant tracé un chemin exemplaire.
À 20 ans, résistante déportée à Ravensbrück, elle fait l’expérience de la fraternité, de la solidarité qui sauve. De ces heures noires et d’un inébranlable sen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La misère des femmes qui reviennent des camps est immense et leur dénuement total, Geneviève de Gaulle qui a souffert à Ravensbrück ce qu'elles ont souffert ne le sait que trop bien.

C'est pourquoi au sortir de la guerre, malgré sa grande faiblesse physique et des moments d'abattement, Geneviève engage toutes ses forces dans ce nouveau combat. Avec ses amies résistantes et déportées (Germaine Tillion, Irène Delmas, Anise Postel-Vinay) elle s'occupe de l'ADIR qui vient en aide aux déportées. Pour l'association, l'éloquence et la détermination de la nièce du général De Gaulle en ont fait un porte-parole crédible et efficace. La fraternité et la solidarité de ses membres ont fait le reste, leur travail fut considérable.

Ce combat pour celles qui ont tout perdu n'est pas le seul que mènera Geneviève de Gaulle, pour qui vie privée comme vie publique sont synonymes d'engagement et de courage. Bernadette Pécassou le rappelle qui, alliant la précision des témoignages et des documents au romanesque un peu candide, fait le portrait d'une femme exemplaire dont l'existence est une leçon (peut-être plus encore aujourd'hui où règnent indifférence et individualisme).

« Toute sa vie, Geneviève a lutté pour que l'idéal de fraternité l'emporte en ce monde. La Résistance, les trahisons, les camps, la folie humaine, les morts, l'indifférence des hommes ... Des luttes interminables dénuées de toute contrepartie personnelle, et dont il ne faut pas oublier qu'elle les commença à l'âge de l'insouciance, à dix-huit ans, le jour où d'un geste spontané elle arracha un drapeau allemand qui flottait au vent de France. »
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De nombreuses bio sont parfois soporifiques, indigestes, grandiloquentes. Eh bien, celle-ci n'en estrien. Elle se lit comme un roman dont Geneviève de Gaulle en est l'héroïne, sauf que ce n'est ni une fiction, ni une comédie romantique. Geneviève est une Héroïne au sens noble du terme.
L'auteur y brosse le portrait d'une femme extraordinaire, avec comme fil conducteur son internement au camp de Ravensbruck, dont malgré les conditions de vie elle ressort très affaiblie, mais en vie alors que tant d'autres y ont péri. Elle aurait pu, oubliée dans une cave sinistre alors qu'en tant que nièce de Général, Himmler espérait voir en elle une monnaie d'échange. Mais la fraternité qui règne au camp entre les femmes est un puissant moteur de survie.
Cette épreuve marquera a jamais sa personnalité déjà combative, puisque à tout juste 20 ans elle s'engage dans la résistance. de fait ses croyances et ses valeurs, mais ses espoirs et sa foi en l'humanité seront renforcées.
Son nom elle le portera en étendard. Etre la nièce de de Gaulle ouvre des portes, ce qui l'aidera dans ses actions mais toujours avec altruisme. Jamais pour elle. Cette bourgeoise ne recherche pas la notoriété, ni un époux aisé, ou porteur d'un Nom.
À travers ce récit nous découvrons une personne humble et engagée dans des missions humanitaires auprès des plus démunis. J'avoue que je connaissais peu ce personnage qui repose aujourd'hui au Panthéon de manière symbolique. C'est dans Si c'est une femme, vie et mort à Ravensbrück, témoignage poignant de le vie dans le camp, que j'ai croisé, lors de ma lecture Geneviève, cette nièce de De Gaulle. Ce qui a titillé ma curiosité et donné l'envie de postuler pour ce livre lors du Masse critique Babelio.
Je n'ignorais rien des atrocités que les prisonnières avaient subi, personne ne l'ignore, même si l'on entend encore par-ci, par là des détracteurs sur l'existence des camps. Cependant ce dont on parle peu c'est de l'après. le retour à la vie normale. Et là, j'avoue avoir été particulièrement touchée par les conditions de vie de ces femmes, vivantes mais démunies, sans foyer pour les accueillir, sans famille...
Au fil des chapitres, l'on s'émeut donc et l'on suit le combat de Geneviève, pour elles, puis plus tard pour d'autres défavorisées par la vie, les familles d'autres camps. Son engagement est touchant et l'on ne peut que féliciter Bernadette Pécassou-Camebrac du bel hommage rendue à cette résistante, cette belle femme combative, dévouée, aimante qui s'est reconstruite et battue pour la Liberté dans tous les sens du terme. le volet familial n'est pas oublié, il ne pourrait tant il est lié à la personnalité de Geneviève.
Coup de coeur pour le style, la construction de cette bio, dont je ressors un peu chamboulée. Je remercie Babelio et les éditions Calmann-Lévy pour cette belle découverte.
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Cette biographie m'a beaucoup émue et questionnée. Je connaissais Geneviève de Gaulle comme Présidente de ATD Quart Monde, mais j'ignorais tout de ce qui avait forgé sa volonté jamais démentie de venir en aide aux plus pauvres. La nièce du général De Gaulle naît au sein d'une famille aimante et unie. Première fille de Xavier et Germaine de Gaulle, son enfance est marquée par deux drames, le décès de sa mère puis celui de sa jeune soeur. Issue d'un milieu bourgeois, élevée dans l'amour de Dieu, elle semble destinée à devenir une sage épouse et mère de famille. Son apparence de jeune fille modèle, qu'elle conservera jusqu'à la fin de ses jours, ne laisse pas immédiatement deviner son sens exceptionnel des valeurs. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle entre en Résistance, prenant tous les risques au nom de la liberté. Arrêtée par La Gestapo, elle est emprisonnée à Fresne puis transférée au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne.. C'est le seul camp réservé aux femmes, érigé en 1938 par Himmler.Ce dernier essaiera d'utiliser Geneviève comme monnaie d'échange pour négocier avec le général De Gaulle et essuiera un refus. La jeune femme sera libérée en même temps que les autres en 1945. Ravensbrück la changera à jamais. Dans ce camp, elle va nouer des amitiés qui dureront jusqu'à sa mort. Elle va faire l'expérience d'un univers d'une telle violence et d'une telle inhumanité qu'il aurait pu la faire sombrer si elle n'avait connu en même temps une fraternité ignorant les milieux sociaux et les appartenances politiques. Cette fraternité deviendra son arme contre tous les maux: l'indifférence que les rescapés des camps subiront quand ils reviendront ou le mépris pour les pauvres qui vivent en périphérie des villes dans des bidonvilles. Au nom de cette fraternité et de l'espérance, qui est le désespoir surmonté selon Bernanos, elle sera de tous les combats, d'abord pour les droits des femmes rescapées, ensuite pour celui des plus démunis. Toute sa vie, cependant, elle ne se sentira pas légitime dans ce rôle de représentante des pauvres. Elle confiera souvent à sa fille son sentiment d'être une "usurpatrice". Ses combats occuperont son existence, empiétant sur sa vie d'épouse et de mère. Elle sera parfois tiraillée entre sa lutte contre la pauvreté et son envie de profiter des siens et de jouir d'un peu de tranquillité. Elle cherchera souvent le réconfort auprès de Dieu avec lequel elle s'est réconciliée. de lui, elle avait dit qu'il était resté en dehors des camps avant de nuancer son propos.
Il ne fait aucun doute que Geneviève de Gaulle a été une femme exceptionnelle et sa panthéonisation en 2015 est la reconnaissance d'un parcours que chacun de nous doit saluer. Ce qui m'a dérangée dans le travail de Bernadette Pecassou-Camebrac, c'est le côté "image pieuse" qu'elle donne de Geneviève de Gaulle. Il est vrai qu'un dossier de canonisation comme Sainte de l'église catholique a été ouvert pour elle, et arrêté ensuite faute de postulateur. L'auteure de cette biographie d'une grande richesse nous offre un portrait sans aspérité de Geneviève de Gaulle, à croire qu'elle n'a jamais éprouvé que les plus nobles sentiments. Trop de perfection désincarne cette femme que j'aurais tout autant aimé si elle m'était apparue plus humaine, avec ses failles, ses défauts petits ou grands, ses moments de doute ou de maladresse. Hormis ce bémol, je vous encourage à lire cette biographie qui évoque une réalité toujours tristement d'actualité, le sort réservé aux exclus de notre société.
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Avant de lire cette biographie, je connaissais un peu Geneviève de Gaulle-Anthonioz, comme nièce du Général de Gaulle, comme résistante ayant été déportée et surtout pour son engagement à ATD Quart Monde.
J'ai le souvenir de quelques interventions à la télévision de cette petite dame d'une grande classe, avec ses petites lunettes, d'une voix douce mais ferme.
J'ai vraiment lu, comme un roman, cette biographie passionnante et instructive et découvert avec bonheur cette femme de volonté et d'engagement.
Les mots en exergue sur la couverture de ce livre : « Résister, s'engager, lutter, s'entraider, croire, servir, aimer » définissent parfaitement Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
Elle a 20 ans, en 1940, lorsqu'elle s'engage dans la Résistance. En 1944, Geneviève de Gaulle est déportée à Ravensbrück où elle rencontrera Germaine Tillion et la fraternité des camps en tissant des liens de solidarités entre les détenues. Au retour, avec ses soeurs de captivité, Geneviève de Gaulle est membre actif de l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) qui organise l'accueil et le suivi des déportées au retour des camps.
Le principal combat de Geneviève Anthonioz-de Gaulle sera surtout son engagement contre la misère et la pauvreté. En octobre 1958, elle rencontre le Père Joseph Wresinski, il est l'aumônier du bidonville de Noisy-le-Grand, là-bas, elle est choquée par « l'odeur de la misère », tout comme au camp de Ravensbrück. Son engagement à ATD-Quart Monde est alors une évidence et lorsque Geneviève de Gaulle-Anthonioz sera nommée en 1988 au Conseil économique et social, elle mènera pendant 10 ans un combat acharné pour l'adoption d'une loi d'orientation contre la grande pauvreté.
Infatigable pour mener de nombreux combats justes pour autrui, effacée et modeste, à travers cette biographie passionnante, Geneviève de Gaulle-Anthonioz mérite vraiment à être mieux connue.
Merci Babelio et Calmann Lévy pour cette très belle découverte.
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J'ai récemment visité le Panthéon en compagnie de ma petite fille de 11 ans et de sa Maman. C'est un lieu difficile pour une enfant, alors nous avons choisi un thème : évoquer uniquement les femmes, encore peu nombreuses ici.
Nous avons beaucoup parlé de Marie Curie, mais personnellement je me suis interrogé sur Geneviève de Gaulle, que je ne connaissais vaguement que par trois clichés : nièce du général, déportée et ATD Quart-Monde.
J'ai ressenti le besoin d'en savoir davantage et sur les conseils avisés de la personne tenant la librairie du Panthéon, j'ai acheté le livre de Bernadette Pécassou, « Geneviève de Gaulle, les yeux ouverts ».
J'ai dévoré avidement cette biographie pas tout à fait comme les autres, tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme, la vie de Geneviève de Gaulle est racontée de façon plaisante, parfois à la limite du romanesque, ce qui somme toute est rafraichissant compte tenu de la gravité des sujets abordés.
Sur le fond, l'ouvrage est parfaitement documenté, les références sont nombreuses, solides et précises.
Le féminisme de Bernadette Pécassou sonne juste, il est de bon aloi, contrairement à ce qui circule aujourd'hui si généreusement.
Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre qui participe efficacement d'une part au devoir de mémoire (vaste programme sur lequel il y a tant à faire…) et d'autre part à la connaissance (la découverte peut-être pour certains) de la pauvreté qui existe toujours à nos portes.
Merci à ces deux femmes.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'Espérance est une petite fille de rien du tout
Qui est venue au monde le jour de Noël.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes
Cette petite fille de rien du tout,
Elle seule, portant les autres, traversera les mondes révolus.

Charles Péguy, Le porche du mystère de la deuxième vertu.
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Comprendre une situation qui vous écrase, démonter ses ressorts, envisager dans tous ses détails une situation apparemment désespérée, c’est une puissante source de sang-froid, de sérénité et de force d’âme.


(Germaine Tillion)
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— Voulez-vous m’épouser ?
Geneviève vient de le demander en mariage en plongeant son regard dans le sien, et Bernard Anthonioz accuse le coup. Il se demande s’il a bien entendu, bien compris.
« L’honneur, c’est comme l’amour, disait-on dans la famille de Gaulle en citant Bernanos, c’est un instinct. »

Comme le matin où, jeune étudiante à Rennes, elle a arraché le drapeau allemand sur le pont Saint-Georges parce qu’il était inacceptable de le voir flotter au vent de France, son instinct a dit à Geneviève de Gaulle que ce jeune homme au regard intense et aux doux yeux bruns était celui qu’elle aimerait toujours. Alors sans hésitation ni calcul elle a fait sa demande. Maintenant, une inquiétude voile son regard fier. Que va-t-il répondre. Et s’il refusait ? Car le jeune homme reste muet.
Troublée, elle ne voit pas à quel point elle l’a déstabilisé. Ils se connaissent depuis peu, et s’il éprouve déjà des sentiments à son égard, il est moins rapide qu’elle sur ce genre de question. Les mots ne viennent pas. Un vent glacial siffle à leurs oreilles et les passants pressent le pas sur ce pont du Mont-Blanc au beau milieu duquel ils se sont arrêtés. Les voitures filent à vive allure. Il voudrait qu’elle parle pour sortir de cette situation. Mais Geneviève ne bouge pas, ne baisse pas les yeux. Elle attend. Garder une telle fermeté en pareille situation n’est pas donné à tout le monde.
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La vérité, ce n’est pas forcément ce que les gens attendaient au sortir de la guerre.
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« La vie gagne toujours », dit simplement Germaine [Tillion].
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Videos de Bernadette Pécassou-Camebrac (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernadette Pécassou-Camebrac
L'auteur présente son nouvel ouvrage paru en 2023 : le Chant des pierres (Albin Michel).
Apres une carriere de journaliste et de realisatrice pour la television, Bernadette Pecassou se consacre a l'ecriture. Elle a publie de nombreux romans, dont La Belle Chocolatiere, L'Imperatrice des Roses, La Passagere du France, La derniere Bagnarde, Sous le toit du monde, et le bucher des certitudes. Elle est originaire du Pays Basque et y habite.
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