Voici le livre qui m'a donné envie de découvrir le Pays Basque il y a quelques années. Depuis, j'y retourne régulièrement en gardant dans ma tête le plaisir de cette lecture romanesque sur fond historique.
Années 30: Une maison à pans de bois, deux soeurs jumelles éduquées dans la culture de l'honneur basque, deux destins séparés: pour Goïzane, la vie de famille dans la douceur du pays de ses ancêtres, pour Germania, chassée par son père pour cause de grossesse, une vie chaotique dans la tourmente de la guerre civile espagnole.
Voici une saga/roman du terroir bien écrite, bien documentée et très visuelle, aux personnages bien construits, une fiction d'amour, de haine et de fureur qui ravira les amateurs du genre, tout en racontant un pan d'histoire du peuple basque.
Le rythme de la narration est soutenu, addictif et équilibré, entre les parties plus sentimentales qui adoucissent celles où la violence des combats et des bombardements est extrême.( le passage sur Guernica est particulièrement difficile).
Suivent ensuite deux autres tomes (Lloba et Anaï) où la lutte anti franquiste, l'émigration vers les États Unis, la seconde guerre mondiale accompagnent un portrait de femme invincible dans une lutte sans pardon possible.
Le premier tome de ce triptyque est sans doute le plus fort, celui qui accroche le plus le ressenti du lecteur. Les deux autres livres sont plus convenus mais une fois ce roman historique entamé, bien difficile de s'arrêter...
Une saga, pas de doute! Mais à déguster sans modération...
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Ce 1er tome se passe pendant la guerre d'Espagne, c'est l'histoire d'une famille basque à travers le destin de deux soeurs jumelles?
Sans être un grand cru on se laisse prendre par l'intrigue pimentée d'amour, haine, vengeance et luttes.
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Il faut un homme de plus. Un vigoureux. Deux bras, deux jambes, c’est beaucoup, on ne croit pas mais c’est beaucoup. Et une tête aussi, pour réorganiser un peu le… tout ça, la Maison. Et puis faire des petits, vite j’espère. Des petits, c’est rien à nourrir, de toute façon on ne manque jamais ici, on n’a jamais manqué. Ce qui manque, c’est un homme de plus parce qu’on ne fait plus bien le travail, à force on a du retard. Il faut quelqu’un.
Et puis je vais pleurer à ton mariage, c’est comme ça. Ça ne veut pas dire qu’on est triste quand on pleure, pas du tout.
Quelle place garder pour une gamine, folle à se faire engrosser par un étranger, allemand, invisible, ici, dans ce pays, maintenant ? Honte pire que la mort : certaines, dans d’autres Maisons, avaient été tuées pour ça, on le savait bien. On se taisait, honte dans une Maison aux phrases toujours brèves, où être un « homme d’honneur », c’est être un homme, tout court.
Elle ne voyait pas malice, elle ne se demandait pas si l’Espagnol faisait semblant de téléphoner pour la voir rejaillir, et rejaillir ses seins, et se régaler de la femelle inquiète, la titiller, comme un chat avec une souris.
Les filles ne voient pas les filles comme les dévisagent les garçons. Elles reconnaissent les affamées d’amour. Les dérobeuses. Les capteuses. Pas les plus soyeuses, ni les fesses ondoyantes ni les seins tendus ou les lèvres humides : mais les éclairs dans les yeux. Les filles voient surtout les yeux des filles, et comprennent.