Un reportage touchant tant par la distance conservée par l'auteur dans le récit initial de 1946, par l'horreur des conséquences immédiates et à retardement de l'irradiation de la population de
Hiroshima, que par l'abandon de cette population de survivants par leur propre état, le chaos et la destruction, mais surtout le silence des blessés et mourants attendant la mort là où ils sont tombés et des secours qui ne viendront que bien (trop) plus tard.
Hersey a mené de nombreuses interviews, l'un des premiers journalistes occidentaux à parcourir les ruines de la ville, pour les témoignages de six victimes. Un dernier chapitre a été ajouté en 1985, dans laquelle on retrouve les six témoins et leur vie depuis la première publication de l'article dans le magazine
The New Yorker, tous subissant différentes conséquences de l'irradiation, tous se relevant pour reprendre une vie pas si évidente.
Incroyable énergie des survivants presque aussitôt après l'explosion de la bombe, dans l'aide (essentiellement inefficace par manque de moyen) des plus touchés et surtout dans la reconstruction de la ville et de leur vie à travers elle.
Un récit sur la résilience incroyable d'une population touchée par un événement inhumain.
Le plus incroyable dans tout cela, ce sont les multiples tentatives des autorités américaines d'empêcher la publication de ce petit tome, au Japon afin de ne pas dévoiler trop sur la bombe et ses effets, et d'empêcher toute fuite d'information sur ces effets à travers divers projets qui auraient permis d'aider les victimes. Les accords post-guerre entre les USA et le Japon sur la divulgation de ces informations sont d'autant plus choquants. Les scientifiques japonais pouvaient observer et comprendre très rapidement les effets horrifiants de la bombe sans qu'ils soient révélés au monde, toujours sous le contrôle des autorités américaines.
Si vous avez la chance d'aller au Japon, je ne peux que vous conseiller de vous rendre à l'un des musées de la bombe atomique à
Hiroshima ou Nagasaki. Celui de Nagasaki (je ne suis pas allée à
Hiroshima) se trouve adjacent au Peace Park, dans lequel se trouve un monument représentant l'épicentre et, étrangement émouvant, le pilier de la cathédrale qui se trouvait là, rescapé de l'anéantissement provoqué par l'explosion et le souffle de la bombe. le musée lui-même est particulièrement effrayant, écho de ce récit, à la fois très pédagogique et horrifiant, collection de maquettes de la ville, d'objets relatifs à la bombe elle-même (copie pendant du plafond, écoeurante de froideur) et de photos mais surtout de vidéos de témoignages et de constats médicaux des conséquences directes et indirectes de l'irradiation.
Plus jamais.