Insiders - Saison 2, tome 4 : L'option libyenne

Insiders était une série BD percutante avec une héroïne n'ayant pas froid aux yeux. Cette saison 2 reste dans le thème, mais Bartoll a tellement multiplié les retournements de situations par le passé que personne ne sait plus trop si Najah Cruz est restée une agent infiltrée par les Américains (Insider) ou si elle a profité de la situation pour devenir une des dirigeantes du Grand Conseil, cette organisation de l'ombre qui regroupe les mafias pour en recycler l'argent sale.
Du coup, les situations qui étaient déjà limite question crédibilité par le passé deviennent carrément impossibles. Voilà Najah accompagnant un extrémiste islamiste tchétchène avec qui elle a un gros contentieux depuis le début de la série. Les deux s'allient de nouveau, pourquoi pas ? Mais comment le chef salafiste peut-il faire confiance a quelqu'un qui s'est opposé à lui (qui plus est une femme ???). le chef clandestin du Grand Conseil ne sait plus trop lui non plus ce qu'il doit penser de Najah… Bref tout le monde est perdu, y compris peut-être Najah qui ne redevient elle-même que quand elle sauve une jeune migrante.
Munch, qui a repris le dessin depuis un tome, se sort brillamment d'un épisode très porté sur les scènes de bombardement et de fuites dans le désert sous l'oeil des drones (pour une fois français).
Cette série garde le style punchy initial, mais comme toute série finit par tourner sur elle-même, en malmenant la psychologie des personnages.

Alors, dernier épisode de la série comme annoncé sur la couverture ou seulement fin du deuxième cycle comme écrit à la dernière planche ? Pour l'instant, c'est la première option qui prime, mais Bartoll s'est ménagé une fin tellement ouverte qu'il peut parfaitement continuer les aventures de Najah dans un éventuel troisième cycle.

Najah continue de s'allier avec le diable en personne en essayant de profiter des filières d'immigration illégale mises en place par l'Etat Islamique pour acheminer la cocaïne colombienne en Europe. L'occasion pour Bartoll de nous montrer ce qu'il se cache derrière ces vagues de migrants clandestins qui traversent la Méditerranée, ainsi que le cynisme des passeurs pour lesquels ces réfugiés ne sont que des esclaves à peine supérieur à du bétail...

Le problème de ce deuxième cycle est que Bartoll a trop transformé son héroïne. Au départ, elle était une mercenaire gauchiste flirtant avec les cartels de la drogue colombiens qui s'est trouvée infiltrée par des services secrets américains dans une organisation mondiale mafieuse. Et on en arrive dans ce douzième tome à ce qu'elle magouille avec des islamistes fous pour monter un réseau de trafic de cocaïne monstrueux vers l'Europe. de sympathique dans le premier cycle, elle est allée tellement loin dans le camp du Mal qu'elle en est devenue antipathique et que son sort à la fin ne touche peut-être plus vraiment le lecteur. A-t-elle survécu ou est-elle morte ? Bof, on s'en fout.

Conclusion ou pas?
Comme à la fin c'est écrit "fin du cycle 2", on peut tout envisager.
S'il n'y a pas de suite, le scénariste nous laisse sur notre faim...
Après avoir été mis en sommeil, les aventures de Najah étaient reparties de belle manière même si le dessin de Munch est un peu inférieur à celui de Garreta, très précis.
Donc à suivre ou pas?