« Dans un pays de neige et de glace, les vainqueurs de la guerre civile ont fini par imposer leur ordre. Un petit groupe d'activistes tente de résister à l'oppression, et prépare un attentat.
C'est James Hardin, un lapin, qui est le cerveau – et l'agent principal – du complot. Il a dérobé des documents ultra secrets au siège même de l'état major. le général Hanslowe est furieux, et charge Calvin Engel – un tigre – et Pavel – un corbeau -, de poursuivre le lapin. Mais les coéquipiers ne s'apprécient guère : Engel est convaincu que Pavel est un traitre, il fera tout pour le prouver, quitte à manipuler des témoins » (synopsis éditeur).
Une déception.
Pourtant, on entre facilement dans cet univers. En guise d'introduction, un long passage muet qui permet au lecteur de prendre peu à peu ses marques dans un décor hivernal. le vent gifle l'unique personnage (un lapin vêtu d'une simple chemise) qui avance dans cette nature enneigée et hostile. le froid semble le transpercer, on ressent les morsures glaciales du climat. Les teintes bleutées du jour qui décroît progressivement se marient au blanc immaculé de la neige. L'ambiance graphique est léchée, soignée.
« Enfin ». Ce premier mot est lâché par cet homme exténué, comme une première victoire que nous partageons avec lui à la vue d'une maison isolée. La nuit vient de tomber et cette demeure s'annonce comme un refuge providentiel. Déjà, après quelques instants de lecture, j'ai perçu à quel point cet album était prometteur : on perçoit l'état d'esprit du personnage, on ressent des sensations physiques, on a de l'empathie… La scène qui suit nous livrera quelques éléments importants : le lapin connait cette demeure ainsi que ses occupants, il vient livrer des documents secrets qu'il a dérobés. Mais sitôt les dialogues engagés, j'ai déchanté.
Il est question d'une guerre passée dont on ne saura rien si ce n'est qu'elle a divisé le pays en deux camps. Que le conflit c'est achevé suite à un coup d'état, l'Armée est désormais au pouvoir et que des militants oeuvrent en faveur de la démocratie. Il est aussi question de secret d'Etat, de camps, d'amis d'enfance qui ont pris des directions opposées, d'une « cause »…
Beaucoup de confusion dans ce scénario qui effleure son sujet et dénonce du bout des lèvres les dérives d'un système, les désillusions et les espoirs d'une frange de la population. Je suis restée sur ma faim en raison des nombreux non-dits : réserve ou pudeur de J-M Vidaurri de ne pas s'engouffrer dans le jugement hâtif ? Volonté de proposer une réflexion universelle et intemporelle ?
Ce que je déplore, c'est d'avoir eu l'impression d'être face à l'ébauche d'un récit. L'intrigue manque de consistance, le lecteur n'a pas assez d'éléments pour se situer correctement dans cet univers. On perçoit les personnages plus qu'on ne les voit évoluer, j'ai trouvé qu'ils manquaient de charisme. Quant à leur propos, ils sont parfois trop concis, s'appuient trop sur les non-dits et la traduction est parfois approximative. En somme, il y a un peu trop de mystères dans cette histoire, je l'ai effleurée. « Oui mais
Iron ou la guerre d'après est le premier album de J-M Vidaurri ! » me direz-vous… Certes… et je vous répondrais que cette lecture est bien trop frustrante pour trouver du plaisir à la lire.
« Ce que l'auteur fomente avec cette « guerre d'après », c'est la mise à nu des consciences vacillantes, quand la frontière entre héroïsme et lâcheté, conviction et cynisme ne tient qu'à un fil » (Telerama)…
… mais l'ensemble manque de rythme, le scénario est avare en transitions et dépourvu d'indicateur temporels, les questions fusent en permanence : quel est le laps de temps qui sépare certaines scènes ? Pourquoi untel a-t-il trahi son camp… qu'y gagnait-il ? Comment des enfants sont-ils arrivés en prison orphelinat ? Comment untel a-t-il appris cette information ?… Sans compter qu'on ne sait rien de cette fichue « vieille guerre » et que l'on en vient inévitablement à constater que cette guerre n'a apporté que désillusions et rancoeurs.
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