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Nouvelles - Intégrale tome 1 sur 2
EAN : 9782843449451
1056 pages
Le Bélial' (28/02/2019)
3.97/5   16 notes
Résumé :
En deux forts volumes réunissant soixante-et-une nouvelles et courts romans, dont divers prix Hugo et Nebula, la présente intégrale, riche de plusieurs inédits, achève de consacrer l’auteur de Tschaï comme l’un des plus grands conteurs du XXe siècle, un immense écrivain.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Chose promise chose due, je me suis mis à lire le feu aux fesses l'intégrale des nouvelles hors cycle de Vance à une vitesse de croisière de 100 pages par jour atteignant parfois le pic des 150 (chose qui ne m'était pas arrivée depuis des années). Il faut dire qu'un tome 1 de plus de 1050 pages (je rappelle uniquement pour les nouvelles hors cycle) témoignait de son énorme productivité. Dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, il se fit en effet connaître dans les pulps en publiant ces nombreux textes ; alors patine du temps oblige, quelques défauts finissent par apparaître : un goût exubérant pour les péripéties primant parfois sur le désir de construire un récit aux règles bien établies qui puisse jouer avec, ou bien des psychologies assez simples, surtout chez les persos féminins (sérieux, maintenant j'ai l'impression de dire ça à chaque article…). Autant de défauts qui avaient fait du dernier tiers du Monde vert une grosse purgeasse bien purulente ; mais Vance manie a priori mieux la SF pulp qu'Aldiss, bien que ses fix-ups à lui ne soient pas non plus dénués de défauts (on citera l'amusant mais tout de même très long et parfois assez embarrassant Cugel l'Astucieux), et de toute manière, là on est sur de la forme courte en one-shot, donc difficile d'avoir le temps de se lasser. du reste, les textes en eux-même ruissellent de qualité…

Le Penseur de mondes

Un chasseur de primes découvre Laoomé, un extraterrestre mystique capable de rendre réel tous les mondes sortant de son imagination. Un très bon texte, dévoilant un sense of wonder délirant tout en prenant soin de cultiver le hors-texte pour laisser imaginer un univers encore plus démesuré.

La Planète de poussière

Des contrebandiers de l'espace échouent sur une planète déserte. Un texte moyen, pauvre aussi bien stylistiquement que thématiquement, mais dont la fin s'avère assez jouissive en raison du sadisme de son héros.

Un destin de Phalid

L'humanité est en guerre contre les phalids, et elle a besoin d'un espion. Vient alors une idée aux savants : transplanter l'esprit d'un homme dans celui d'une de ces créatures…
Bien avant Avatar (dont il faudra un jour que je refasse la chronique), Vance imaginait l'infiltration d'un humain dans la peau d'un alien en se faisant passer pour un des leurs. Mais Un destin de Phalid ne possède ni son souffle épique ni le twist qu'on croyait pourtant voir arriver et s'achève avec une fin romantique tombant comme un cheveu sur la soupe. On en retirera tout de même un relativisme à la Montaigne avec une attention portée à la culture extraterrestre qui en fait un plutôt bon texte.

Je bâtirai le château de vos rêves

Un architecte prétend bâtir des maisons de luxe à nulle autre pareilles, mais on lui claque toutes les portes au nez. Il se développe ainsi en indépendant, quand bien même on le lui interdit… Mais d'abord, où sont-elles, ses maisons ?
Un très bon texte qui laisse, avec gouaille et humour, un parfum de rêve avec son concept bien particulier (disons de miscrocosme, mais c'est déjà trop dévoiler)… quand bien même celui-ci semble destiné à n'appartenir jamais qu'aux élites financières.

Les Potiers de Firsk

Servant de larbin à un incapable chargé de régir une lointaine colonie planétaire, Thomm fait la connaissance de ses merveilleux habitants, et d'un certain pan de leur culture à l'éthique néanmoins assez discutable. Faut-il détruire la tribu qui en est responsable ou trouver avec elle un compromis ? Prévisible mais soigné : fin, grinçant, un excellent texte critiquant l'impérialisme colonial… et du même coup celui américain avant même qu'il ne se développe vraiment.

Château en Hispanie

Vous désirez l'aventure et l'imprévu ? Allez au château d'Hispanie, on vous réserve une drôle de surprise. Une novella relevant d'un trope qui m'est cher, mais à vrai dire surtout si on le pousse au vertige ; ce n'est pas le cas ici, mais l'humour caustique de l'auteur et ses personnages au caractère bien spécial parviennent malgré tout à faire passer un très agréable moment.

Droit devant

Si vous en avez marre comme moi des space-ops se contentant systématiquement de notre galaxie, vous allez être servis : ici, il s'agit de réitérer l'exploit de Magellan… à l'échelle de l'Univers ! Bon, par contre, on ne nous fournit aucune explication pour le carburant et la bouffe, alors on doit supposer qu'ils en ont pris beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP. Mais ce qui fera vraiment sortir certains de cette nouvelle / novelette (je pense notamment à un ami plantigrade fort en gueule), c'est que l'on s'intéresse au final assez peu aux personnages. Ils ont chacun une personnalité mais minimale et vite expédiée, et le gamin dont on prend le point de vue ne parviendra jamais au final à vraiment être accepté et tisser des liens d'amitié avec le reste des personnages, bien transparents en comparaison. Et puisqu'on n'est pas vraiment non plus dans de la hard-SF, ça nous donne un texte plutôt bon, mais tellement frustrant tant il aurait pu être meilleur…

Maître de la galaxie

Une suite de courts textes anonymes taillés pour le pulp. le premier est une histoire de visiteur alien / du futur à l'ironie grinçante, la deuxième juste un combat extraterrestre, la troisième une fable amère sur la vie que l'on laisse parfois passer sans s'en apercevoir, le quatrième est un condensé remarquable de sense of wonder, le cinquième se penche sur la torture et ses effets psychiques au lendemain de la Seconde guerre mondiale, peut-être pour exorciser la conscience coupable d'un monde s'étant sali les mains des deux côtés.
Tout ceci pourrait sembler un pot-pourri avec des chutes plus ou moins réussies (ou même existantes), mais le sixième vient tout remettre en perspective afin d'y apporter une conclusion. Non seulement il nous fait miroiter en quelques pages un univers encore plus grand que la somme des cinq autres qu'il contient, mais il imagine aussi d'autres déclinaisons des différentes histoires, et enfin nous délivre une leçon de politique cynique et ambigüe : faut-il être un bon gros géant ou rester inflexible afin de ne pas devenir un homme de paille ?

Les Maîtres de Maxus

Travec a perdu sa famille dans un raid de Maxus, planète esclavagiste contre laquelle il décide de se rebeller ; on retrouve la thématique du héros se vengeant contre des êtres sanguinaires qui accouchera plus tard d'un des cycles majeurs de l'auteur, La Geste des Princes-Démons. du pulp typique de l'époque, ni bon ni mauvais : le style est simple mais sans artifices, l'intrigue est over-balisée par ses codes mais compensée par un relatif soin apporté au worldbuilding. Les nostalgiques seront ravis ; les autres n'y trouveront qu'un intérêt secondaire. Il n'empêche, à une heure où on multiplie les pavés de 600 pages, quelle joie de voir une novella comme celle-ci aller à l'essentiel, sans laisser aucun dialogue innocent ni aucun détail mal dégraissé !

Les Dix livres

Un couple découvre une planète qui s'est accidentellement trouvée coupée de la civilisation. Celle-ci a passé presque trois siècles à fantasmer son souvenir… alors qu'elle a réussi à faire infiniment mieux.
Un excellent texte, à la fois contre les dogmes religieux et l'idée d'idéaliser une culture ou de la placer au-dessus des autres, posant un problème en apparence sans fin mais qui parvient à y trouver une réponse certes risquée mais profondément humaniste. Après ça vous comprendrez pourquoi Vance s'obstine à employer un style vif et direct !

Une fille en or

Bill Baxter, reporter, découvre une fille extraterrestre. Il la protège des journalistes, apprend sa culture, mais la belle veut rentrer chez elle. Rien de très original ou imprévisible, mais cela dit la montée du climax reste remarquablement bien écrite.

Fils de l'arbre

La planète Kyril (non, on n'y verse pas de nouilles dans le slip) est gouvernée par une religion pseudo-celtique profondément corrompue. Vance va une fois de plus afficher son refus de tous les dogmes religieux, à l'instar des Pèlerins dans La Terre Mourante ou des Maîtres de Maxus et des Dix Livres ici. Mais il s'agit au final d'un canevas assez classique et n'apportant rien de nouveau au message de fond, ce qui en fait une novella pleine de petites bonnes idées (traits d'esprit, concepts de worldbuilding…) mais loin d'être passionnante.

Le Temple de Han

Le culte de Han est intégriste et brutal, et ne tolérera sûrement pas qu'un infidèle lui dérobe son joyau sacré. Encore un texte antireligieux mais humaniste, à voir en fonction des sensibilités. Pour ma part, j'ai trouvé qu'on échappait à trop de répétitivité par le fait que ce texte partait dans de la science-fantasy, mais le voleur (outre le fait qu'il culpabilise puis se remette à provoquer le clergé la seconde d'après) aurait pu justement être l'objet de questionnements sortant de la zone de confort de l'auteur : vaut-il mieux offrir un joyau à un dieu, non pas parce qu'il est terrible, mais en gage d'amour de la part de toute une communauté, ou qu'une seule personne le détienne dans le seul but d'habiller sa belle ?

Mascarade sur Dicantrope

Root est archéologue. Sa femme déteste l'archéologie. Un troisième luron arrive sur la planète qu'ils étudient, et tous les trois parviennent plus ou moins à coexister. Mais les indigènes sont rusés, et ce qui s'annonçait à la base un vaudeville tourne au drame… Un très bon texte, jouant aussi bien sur des tonalités comiques qu'émotionnelles pour demander au lecteur de délaisser ses obsessions afin de se recentrer sur l'humain ; à noter également qu'il se centre autour d'un concept et d'une thématique qui auraient pu parfaitement se retrouver chez Pratchett, mais sans partir dans un gros délire pouvant en laisser certains sur le carreau.

Le Robot désinhibé

(Non, je ne ferais pas de vanne là-dessus, j'ai déjà rempli mon quota de blagues douteuses pour cette décennie.)
Un mécanicien se retrouve coincé sur une planète, et doit pour s'en sortir réparer une IA extraterrestre susceptible de le tuer à tout instant ; on est sur un autre level que Fort Boyard !
Un très bon texte, juste un peu redondant par moments, mais portant avec humour et suspense l'une des thématiques phares de son auteur : la ruse contre le savoir. À noter cependant que la toute fin comporte un élément qui pourrait malheureusement être repris à des fins malveillantes par certains sympathisants d'extrême-droite…

La Gaffe monumentale de Denver Spargill

À une heure où le Système solaire commence à se faire exploiter par les entreprises spatiales, le jeune Denver Spargill hérite d'une fortune colossale. Celui-ci va en profiter pour (littéralement !) acheter la lune. Sauf qu'une nouvelle invention va rendre cette immense surface inutile à toute industrie… le jeune milliardaire va donc trouver une nouvelle utilité à cet astre, encore plus extraordinaire !
Un bon texte lorgnant pour une fois un peu vers la hard, même si c'est extrêmement ténu (moi-même, je peine à croire comment la RRRRMMMHHHH serait possible dans un futur relativement proche en seulement quelques décennies). le tout donne une nouvelle / novelette improbable mais drôle et poétique, et faisant clamer à l'auteur une fois de plus son mépris pour les firmes commerciales.

Qui perd gagne

L'unigène recouvre une planète ; aucun moyen pour les hommes qui le découvrent de communiquer avec lui. Une nouvelle au léger parfum de Solaris somme toute assez anecdotique : j'en garde pour ma part très peu de souvenirs.

Télek

La télékinésie est un fait avéré, et ses pratiquants en profitent pour s'ériger en classe supérieure dans la société. La révolte gronde, mettant en scène un conflit entre résistants et occupants qui n'est pas sans faire songer à une catharsis des systèmes totalitaires de l'époque. Encore une bonne novella, empreinte d'humanisme et sans manichéisme, mais qui possède le défaut regrettable de ne pas laisser de limites au pouvoir de la classe dominante : ainsi celle-ci peut déplacer ses planètes ou anéantir une flotte spatiale simplement en levant les doigts (attendez une seconde…).

La Station Abercrombie

Vous commencez à vous faire une idée du héros vancéen : iconoclaste et individualiste, quand ce n'est pas un filou avéré. Et maintenant, que donnerait-il au féminin ? Imaginez Jean Parlier, une femme fatale au charisme semblable à Kriss de Valnor qui renvoie Harley Quinn au vestiaire avec une claque sur les fesses. Or une affaire juteuse l'attend sur la station Abercrombie, dont l'apesanteur rend peu à peu les habitants obèses : séduire son potentiel futur dirigeant. C'est parti pour un voyage quelque part entre Mc Donald… et Barbe-Bleue.
Une nouvelle bonne novella, à la fois pour son personnage principal et son worldbuilding ; précisons tout de même que c'est l'un des rares textes contenant des détails susceptibles de choquer certaines sensibilités. Citons également un personnage qui meurt et ressuscite sans explication à la page suivante… ce qui est le seul gros beau défaut !

Sabotage sur la planète de soufre

Le bon Smith quoiqu'un peu simplet voit le sort s'acharner sur lui : après être licencié du Contrôle spatial pour avoir laissé passer une potentielle information sur une sentience extraterrestre, celui-ci se voit enlevé par des pirates de l'espace à la recherche de celle-ci ! Un divertissement agréable, rappelant vaguement L'Île au trésor, avec beaucoup d'humour et une ébauche de worldbuilding qui aurait pu accoucher de quelque chose de beaucoup plus grand.

Cholwell et ses poules

Jean part à la recherche de ses parents et retourne sur sa planète natale mener son enquête. Un texte plutôt bon mais parfois décevant, sans être mauvais : pourquoi lever le voile si vite sur elle quand il y avait le moyen d'écrire un cycle entier ? Les motivations du méchant restent floues ; quand on demande pourquoi il est méchant, on pourrait dire : juste parce que c'est un cinglé. Enfin, on notera encore une incohérence (au niveau du tatouage), mais encore une fois sans incidence sur le reste du récit.

Le Bruit

Un navigateur échoue sur une planète déserte. Peu à peu, il commence à entendre des voix, voir des cités superbes… qui semblent n'exister que dans son imagination. C'est à peu près toute l'histoire ; mais par-delà cette trame rudimentaire, il faut noter que Jack Vance fait ici un fantastique qui semble vouloir prendre à contrepied la vision du genre instaurée par H. P. Lovecraft : plutôt que de générer une horreur cosmique en utilisant l'indicible et la folie, il va imaginer une beauté cosmique avec ces deux mêmes procédés, quelque chose de tellement sublime qu'il est impossible de ne pas perdre la raison en la contemplant et se vouer corps et âme à cette / ces créature(s) ; j'en veux la preuve avec le trope du témoignage (« voici les écrits que l'on a retrouvé de telle personne avant qu'elle ne s'éventre / s'égorge / disparaisse dans des circonstances mystérieuses / regarde Les Bronzés 3 / ect. ») récurrent dans les écrits du Maître de Providence. Bref, un texte simple et sans ambition, mais dont le potentiel mérite une brève analyse.

Sept façons de quitter Bocz

Dans le camp de concentration de Bocz, un scientifique effectuait des expériences parapsychologiques sur les détenus. Ceux-ci finirent par créer des phénomènes faisant basculer le récit dans un sous-genre que je ne vous spoilerais pas (mais que vous pourrez retrouver facilement en regardant les classifications de cet article). Une très bonne nouvelle car non seulement Vance se montre imaginatif pour le trope de la SF qu'il met en place (sans aller aussi loin que les écrivains de la hard), mais il parle également des crimes contre l'humanité six ans seulement après le procès de Nuremberg ; sans doute que les États-Unis en ont gardé un souvenir plus coriace, mais en France par exemple je peux vous dire qu'il avait du mal à germer, le devoir de mémoire. À noter enfin que par analogie avec la réalité, l'auteur nous fait brièvement miroiter ici un space opera d'inspiration polonaise plutôt qu'étasunienne !

Joe Trois-pattes

Deux explorateurs se rendent sur une planète hantée par un monstre… Et ça en a pas l'air dit comme ça, mais sur le reste de la nouvelle, on est encore une fois presque sur de la hard-SF ! Alors certes, les personnages comme souvent dans ce genre sont pas très ébauchés, reste l'humour qui compense et qui forme au final un très bon récit d'aventures.

Personnes déplacées

[Pan de la critique réservé à ceux qui me suivent sur le blog — je sais, je fais comme Bolloré, maintenant.]

La Guerre des écologies

Des écologistes terraforment une planète, mais ont de la concurrence, qui envoie sur leur monde des formes de vie ennemies : virus, insectes parasites… le gros problème étant que le personnage principal possède la naïveté d'un enfant de quatre ans tandis que sa maîtresse lui court toujours derrière pour lui répéter « je te l'avais bien dit », ce qui en fait un texte lent et prévisible à part pour son excellente toute fin.

La Mytr

Mytr n'a jamais connu ses semblables. Elle vit depuis toute petite sur une planète luxuriante désertée de toute créature ayant comme elle deux yeux, deux bras et deux jambes, jusqu'au jour où se pose un mystérieux vaisseau… Et là, vous allez me dire, c'est bon, vous avez cramé la fin à 200 kilomètres, sauf que pas du tout. Un excellent texte simple et efficace, et tant qu'à continuer de faire de l'analyse à deux balles, je me demande si l'écrivain n'anticipait pas un peu la guerre du Vietnam.

Quatre cents merles

Des militaires demandent à des scientifiques de percer le mystère de la télépathie. Un cas compliqué : l'auteur a déjà largement brassé ses thèmes, même s'il leur donne à la toute fin une issue différente, les parallèles avec son époque sont ici beaucoup trop évidents mais peu présents. Bref, un texte plutôt bon mais qui laisse franchement une impression de déjà-vu…

Sjambak

Un journaliste se rend sur une planète à l'inspiration orientale trop sage pour être innocente. Beau travail sur le worldbuilding et l'humour, et il serait difficile d'en dire plus… du Vance vitaminé avec des intrigues politiques et de la culture de tous les coins de l'Asie, que demander de mieux ?

[Même chose pour la fin de la critique — qu'est-ce que vous voulez, c'est ce #@%! de robot Babelio qui m'empêche de faire des chroniques plus longues !]
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions le Bélial pour cet envoi impressionnant, la Masse critique a rarement aussi bien porté son nom kilogrammique qu'avec ce pavé de plus de 1000 pages !

Curieuse expérience que de découvrir un auteur par la lecture du tome 1 de l'intégrale de ses nouvelles. Le nom de Jack Vance avait beau sonner comme familier à mes oreilles, je ne sais pas si j'aurais pu d'emblée le classer comme auteur SF sans sa présence dans la Masse critique Mauvais genre et sans la superbe fresque panoramique ornant le volume de la couverture au quatrième, avec extension via les rabats.

Si risque il y avait à tenter pareille expérience, il résida finalement surtout dans la taille de l'ouvrage, qui me pousse à une critique des plus tardives. Mais l'ennui ne fut pas du tout au rendez-vous. La science-fiction est un genre qui permet d'aborder plein de sujets avec une liberté très intéressante, par le double intérêt de son lien avec notre réalité et des possibilités d'invention offertes par l'infini de l'univers. Jack Vance exploite tout cela avec une plume agréable et recherchée, qu'on se plairait à retrouver dans des sagas dont il a été semble-t-il plus friand et qui lui permettrait de développer des histoires plus largement.

Bizarrement, même si le côté polar-aventure des deux nouvelles les plus longues (Fils de l'arbre et Les Maisons d'Iszm) les rend plaisantes et distrayantes, j'ai été davantage épaté par certains textes plus courts, aux implications philosophiques assez bluffantes. La réflexion sur ce qui fonde une culture que contient "Les Dix livres" et les résonances très actuelles de "Personnes déplacées" qui ne peuvent que nous renvoyer aux questions des migrations , de l'acceptation de l'autre et de l'importance ou non des frontières qui traversent notre époque... bref ces deux petits textes m'ont permis de mesurer le vrai talent de Vance.

Confronté dans sa réalité à un monde d'après-guerre en pleine mutation, il ne choisit pas entre le divertissement qu'il souhaite apporter à son lecteur et l'intelligence nécessaire du propos, entre l'évasion promise par le voyage inter-stellaire et le retour en miroir sur notre humanité fragile et minuscule dans cette immensité.

Cette lecture au long cours aura permis que le nom de Vance n'évoque plus pour moi un simple écho familier, mais une envie de se laisser prendre par la main pour poursuivre l'exploration spatiale et la découverte intérieure qu'offrent tous ses univers.
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Bon, j'adore Jack Vance dont j'ai lu la plupart des livres et je lis énormément de nouvelles qui est un format que j'apprécie particulièrement. Je me suis donc jeté sur ce livre dès sa sortie !
Quelle déception ; ce livre aurait dû s'intituler « Les textes les plus faibles de Jack Vance ».
Malgré un très bon travail éditorial de compilation de textes, et quelques rares nouvelles traductions de textes (qui auraient pu d'ailleurs rester non traduits), l'ensemble est vraiment de faible qualité.
Il apparait clairement que le format court de la nouvelle ne convient pas à l'auteur, qui trop souvent du mal à mettre en place et rythmer ses récits sur ce format. De plus, les textes sont ici en ordre chronologique et on voit nettement dans les premières nouvelles d'après-guerre que Jack Vance est encore un auteur maladroit dans son écriture à cette époque.
Je ne retiendrais que deux histoires de ce pavé indigeste: Les Maisons d'Iszm et Fils de l'arbre qui sont en fait des novellas voir de courts romans - plaisants, mais pas incontournables et ne prenant à eux deux que 160 pages sur les 1056 .
Au final, je déconseille fortement ce tome 1, même pour les fans de Jack Vance. Je vais toutefois lire le tome 2 que j'avais acheté en même temps...
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La publication de l'intégrale des nouvelles de Vance à tout de l'« heureux évènement », je viens de recevoir en précommande le premier tome (1945-1954): un beau pavé de plus de 1000 pages avec une somptueuse couverture panoramique signée Guillaume Sorel.
Au total 34 textes dont 4 inédits (il y en a 2 autres dans le volume 2). Ces quatre nouvelles - qui n'ont jamais été publiées en France - ont été excellemment traduites par P.P. Durastanti. Elles sont de qualité inégale mais intéressantes, Droit devant : un périple aux confins de l'univers avec un étrange vaisseau en deux parties : nip & tuck (traduit par chapi & chapo) où l'incertitude du retour divise un équipage hétéroclite : fils à papa et vieux routards... « Sabotage sur la planète de soufre » : petite histoire spatiale avec jeune héros Vancien pur-jus et des dialogues plein d'humour. « Sept façons de quitter Bocz » : courte nouvelle dont je sujet sombre est traité de manière originale (à rapprocher de « Personnes déplacées » ou « 400 merles »). « le Professeur Distrait » : énigme policière (non SF) avec astronomes jouant du cerf-volant et sheriff débonnaire mais rusé.
Les autres nouvelles - bien que déjà publiées dans d'autres anthologies - ont bénéficié d'une traduction révisée plus contemporaine. le recueil comprend aussi plusieurs novellas (courts romans) « Château en Hispanie » histoire exceptionnelle très Van-Vogtienne, « Les maîtres de Maxus »(complet) et « Fils de l'arbre »(thème principal de l'illustration de couverture) deux mini romans d'aventures planétaires bien construits, ainsi que l'étonnant « Les maisons d'Izm ».
Ces nouvelles ont été écrites avant ma naissance, cependant Jack Vance réussit ici l'exploit (pour un auteur de SF !) de créer un oeuvre intemporelle, avec un style déjà affirmé.
Le seul bémol tient au format non adapté à une lecture facile: lourd pavé, pages très fines , petite police.
Mais avoir tous ces petits bijoux littéraires sous la main procure une grande satisfaction, on se rend compte qu'ils ont été le ferment de tout ce qui est arrivé par la suite : Tschaï, Durdane, Cadwall et tous les endroits fabuleux de l'aire Gaeane.
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Fervente amatrice de cette figure mythique des littératures de l'imaginaire, je n'ai pas hésité longtemps avant de choisir ce superbe intégrale des textes courts de Jack Vance, lors de l'opération Masse Critique de Babelio. J'étais familière des longs cycles de l'auteur, en particulier du Cycle de Lyonesse ; immersion délicieuse et drolatique dans un monde enchanté. Je me souviens de cette plume poétique et contemplative et de la figure emblématique de Suldrun, princesse mélancolique et solitaire exilée dans son jardin par le Roi Casmir. Je connaissais le romancier, mais pas le nouvelliste : l'occasion de combler cette lacune et de découvrir les premiers écrits du monstre sacré du space opera fut pour moi une excellente opportunité.

Il faut tout d'abord saluer la beauté de l'objet-livre, splendide ouvrage orné d'une somptueuse couverture panoramique qui nous donne envie d'entamer les plus folles évasions et nous fait éprouver le fameux sense of wonder.

Les 34 nouvelles qui composent ce recueil massif et colossal sont autant de bijoux littéraires qui constituent le socle de tout ce que l'auteur aura pu créer par la suite : le Cycle de Tschai, Les Chroniques de Cadwal, Les Langages de Pao et les nombreux autres ouvrages qui constituent l'oeuvre prolifique de l'écrivain.
Les premières nouvelles de l'intégrale sont de qualité variables mais donnent déjà à voir le style vancéen : on y retrouve son imagination débordante, des réflexions philosophiques, une plume élégante, des roublardises, des voyages spatiaux vers des mondes baroques et merveilleux. Les Maisons d'Iszm et Fils de l'arbre sont, à mes yeux, les plus remarquables nouvelles du recueil : l'auteur a choisi de transposer des intrigues de polar noir dans un décor de science-fiction dans un audacieux mélange.

Il n'existait pas encore d'intégrale pour les nouvelles de l'un des maitres les plus prolifiques de l'âge d'or de la science-fiction – Les éditions le Bélial' ont comblé ce manque dans la production littéraire française tout en offrant un hommage vibrant à ce monstre sacré des littératures de l'imaginaire.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il faut que j'aille nourrir mes chats. Voilà à quoi se réduit ma vie aventureuse : m'occuper de sept chats. Une existence des plus futile. Dont raffolent les chats. Nous menons une vie dont ont rêvé tous les hommes depuis qu'ils savent rêver. Nous avons de quoi manger, des loisirs, la liberté. Et nous ne connaissons même pas notre bonheur.
("Château en Hispanie" - 1950)
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Ryan Wratch avait raté bien des choses... mais à l'inverse, il avait connu ce qui ne serait jamais donné à des hommes plus prudents : la solennité du plongeon solitaire dans l'infini vide noir ; l'excitation de l’atterrissage sur une planète étrangère ; la compagnie de ses deux frères dans les rudes plaisirs des avant-postes spatiaux ; l'attrait de l'examen d'une planète non cartographiée à la frontière de l'inconnu, monde qui pouvait révéler une prodigieuse beauté ou une riche civilisation, de nouveaux métaux rares ou des joyaux, des ruines d'une antiquité cosmique.
("Un destin de Phalid")
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La chose qui produisait ces bruits de pas passa près du vaisseau : un être longiligne de cinq mètres de haut, à la silhouette vaguement humaine, avec la conformation décharnée d'une araignée. Ses bras et ses jambes n'avaient que la peau sur les os, son teint était d'un vert noirâtre, et son visage étrangement allongé et inexpressif.
("La planète de poussière" - 1946)
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Sur Terre, nous sommes conditionnés pour réagir en disant que tout ce qui est imprimé n'est que mensonge. Ou nous acceptons des litotes à l'envie. Les gens d'ici ne sont pas vaccinés contre ça. Ils prennent chaque terme pour argent comptant. Les Dix Livres constituent leur bible. Ils essaient d'égaler des réalisations qui n'ont jamais véritablement existé.
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- Eh bien, sultan, je pourrais filmer ce qu'a mitonné votre ministre de la Propagande et le ramener sur Terre. Howard Frayberg ou Sam Catlin en feraient des confettis, le mettraient en pièces, rajouteraient de ci de là des chasseurs de têtes, un peu de cannibalisme et de prostitution sacrée, et il vous serait impossible de reconnaître Singhalût sur votre écran. Vous hurleriez d'horreur, et moi je me ferais virer.
- Dans ce cas, dit le sultan, je vais vous laisser décider en votre âme et conscience.
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Videos de Jack Vance (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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