Mes remerciements sincères aux éditions LettMotif et à l'équipe Masse Critique de Babelio.
Je me souviens...
... que ce livre n'était pas mon premier choix lors de l'avant-dernière MC, seulement voilà ; je me suis réveillée un peu trop tard ce matin-là et les titres que je voulais initialement n'étaient déjà plus disponibles. Mince alors !
Enfin, par acquit de conscience - sait-on jamais ? - je jette un œil aux choix restants et mon regard s'arrête sur ce livre, alors que je l'avais à peine repéré quand j'avais inspecté la liste quelques jours auparavant - ainsi que sur deux autres bouquins, qui, pour tout dire aujourd'hui, ne m'auraient probablement pas fait autant plaisir en fin de compte.
La chance, le destin ? On l'appellera comme on voudra, toujours est-il que c'est cet ouvrage et pas un autre qui m'est accordé. Et j'en ai été, j'en suis toujours, véritablement ravie !
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Quatrième :
Je me souviens.
Je me souviens de quoi ?
Ah oui, je me souviens que l'éditeur de ce présent ouvrage m'a demandé d'écrire un petit texte de présentation.
Sachant que l'éditeur n'est autre que le jeune frère de l'auteur (onze ans de différence), l'auteur se souvient de pas mal de trucs, dont celui-ci :
Quand l'éditeur avait cinq ans, j'en avais donc seize.
Je me souviens que j'organisais des compétitions de pénos. Chacun à son tour dans les buts. le premier qui arrive à dix. Mon truc, c'était de mener genre 7-0. Puis de le laisser me remonter, voire me dépasser. Donc à 8/7 pour lui, je repasse devant… 9/8… balle de match… Et finalement il gagne ! Il ne s'est jamais rendu compte de rien, et je n'ai jamais osé lui avouer la vérité. Je sais ce texte va être un choc.
En même temps, on s'en fout un peu, puisque les "Je me souviens" parlent de cinéma.
Par exemple, souvenirs de Delicatessen, l'histoire passionnante d'un boucher dont le lit grince. La Cité des enfants perdus, où l'on apprend qu'il est sain de laisser les enfants roter après avoir mangé du cervelas. Alien, resurrection, drame oedipien, Amélie Poulain, l'histoire d'un nain de jardin qui mange des framboises au bout de ses doigts, si je me souviens bien. Encore que.
Bref, plus de 500 "Je me souviens" plus sérieux que ceux-ci. Encore que…
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De sa jeunesse à aujourd'hui, sous des chapitres nommés respectivement « L'enfance » et « Et pour finir », Jeunet décortique ses souvenirs en passant de ses jeunes années et la découverte du cinéma, à ses rencontres, ses amitiés, ses fructueuses collaborations, et ce, bien évidemment jusqu'à ses fameux films qu'on ne présente plus.
Moi aussi
Je me souviens...
... la toute première fois où j'ai entendu parler de Jean-Pierre Jeunet (et de Marc Caro en l'occurrence, avec qui il collabore à l'époque).
C'était avec « Delicatessen », dans les années nonante. Je devais avoir quinze-seize ans quand j'ai vu cet ovni cinématographique pour la première fois à la télévision. Et je me rappelle très bien le choc que j'avais ressenti alors. Je m'étais dit : mais c'est quoi, ce film ?
Je l'ignorais encore à ce moment là, mais ce monde à part et hors-norme me parlait déjà.
Peu après, il y a eu « La cité des enfants perdus » (Caro est ici aussi de la partie, mais c'est leur dernière association à ce jour - en matière de long-métrage)...
Et c'est là que je suis complètement et irrémédiablement tombée sous le charme...
Un univers si poétique et tellement glauque à la fois, avec lequel pourtant, mon propre imaginaire entrait parfaitement en résonance. La magie opérait, j'étais subjuguée, magnétisée par ces fantastiques images projetées sur ma petite lucarne.
« La cité des enfants perdus » reste encore aujourd'hui un de mes films préférés.
Je me souviens...
... il n'a pas fallu longtemps après ça pour que je m'intéresse de bien plus près au(x) réalisateur(s).
> Au pluriel donc, car j'ai en effet découvert que les compères Caro-Jeunet avaient encore quelques courts-métrages - et d'anthologie svp ! - à leur actif : « L'Évasion » (1978), « le Manège » (1980) et « le bunker de la dernière rafale » (1981), que je me suis empressée de dégoter et de visionner.
Leur collaboration s'arrête apparemment là, malheureusement.
Néanmoins Jeunet poursuit son petit bonhomme de chemin, pour nous livrer la sublime résurrection d' « Alien », l'inoubliable « Amélie Poulain » et son non moins « fabuleux destin », « Un long dimanche de fiançailles », un Dani Boon extraordinaire dans « Micmacs à tire-larigot », et un « Extravagant voyage » pour un certain « jeune et prodigieux T.S. Spivet »...
D'autres courts-métrages, publicités et clips musicaux viennent parfaire son curriculum, et offrent les transitions nécessaires aux historiettes qui nous sont ici narrées sous des chapitres aux titres éponymes.
Voilà essentiellement ce que vous trouverez dans ce petit livre de chevet qui embellira vos soirées ; les souvenirs de l'auteur à la multiple casquette ne sont pas déroulés comme dans un roman, c'est bel et bien, comme son nom l'indique une suite, l'énumération de cinq cent anecdotes de tournage, cinq cent échos de sa vie... et pour peu que l'on apprécie l'homme et / ou ses oeuvres, on ne peut que kiffer ce recueil, qui nous fait souvent sourire et découvrir l'envers du décor comme on ne l'imagine pas forcément ^^.
J'ai pour ma part adoré la plupart de ces petits morceaux de vie, surtout quand ceux-ci nous apprennent par exemple que... ah, mais non ! Ce n'est plus moi qui me souviens, ce n'est donc plus moi qui raconte.
À votre tour de vous immerger dans la mémoire de J-P Jeunet ; vous ne serez sûrement pas déçus :)
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A 17 ans, je suis en vacances avec mes parents au Sables d'Olonne. Le cinéma de la ville repasse tous les films de l'année avec des copies toutes pourries. Je découvre ainsi Il était une fois dans l'Ouest..je suis en état de choc. Incapable de parler pendant 3 jours. mes parents : qu'est qui t'arrive? tu es malade?" non, non, vous ne pouvez pas comprendre"
À huit ans, je fabrique un petit théâtre de marionnettes. J’écris l’histoire, bidouille le décor, déglingue les lampes de poche de la maison pour créer l’éclairage, et fais payer mes vieux pour assister au spectacle. Me voilà producteur.
[L’ENFANCE]
Je me souviens de mon dentiste qui tout en me besognant m’annonce qu’il écrit des scénarios le week-end... Dès que j’ai pu lui répondre, je lui ai dit : « En fait, moi c’est pareil, le week-end j’arrache quelques dents... »
[ET POUR FINIR]
" Il y a d'abord eu plusieurs titres. Amélie des Abesses. Mais qui connait les Abesses en dehors de Montmartre? les aventuriers de la chair de poule.. no comment..Finalement, c'est Sacha Guitry, auteur du destin fabuleux de Désirée Clary, par ailleurs enterré à Montmartre, juste sous le pont Caulaincourt, qui me souffle le titre".
Vidéo de Jean-Pierre Jeunet