Marcelo D'Orta est instituteur dans la banlieue de Naples. En 1990, il publie ce recueil de 60 rédactions de ses élèves, où ils racontent leur quotidien, leur ville, leurs rêves, leur vision de la société. La forme maladroite fait joyeusement sourire, mais sur le fond, ces petits tableaux de société méritent d'être lus.
La vérité sort de la bouche des enfants. D'ailleurs, les institutrices et instituteurs ne tarissent pas d'anecdotes sur toutes les confidences que leur livrent leurs élèves, sans même qu'ils aient à leur poser des questions ! Ces chères petites têtes blondes trahissent en toute naïveté les moindres travers de leurs parents ! Mais ils confient aussi des drames (ma compagne me rapportait récemment le récit d'une de ses petites de maternelle, migrante, racontant son voyage vers l'Europe en bateau...).
Ce sont ces mots-là que l'on retrouve dans la soixantaine de petits textes rassemblés par Marcelo D'Orta. On s'amuse tendrement des massacres grammaticaux qui ont dû poser un joli défi au traducteur,
François Aynard. Mais il ne s'agit pas d'un recueil de perles. le livre n'a pas été publié pour que l'on se moque de ces maladresses. L'intérêt réside plutôt dans les témoignages livrés par ces enfants sur la société dans laquelle ils vivent. « Lui [Berlusconi] aux pauvres il y pense pas. Lui il est seulement milliardaire pour lui et pour sa famille, mais pour les autres il l'est pas. Moi si j'étais riche comme lui je ferais le bien, pour aller au Paradis. ». Il y a aussi le journal télévisé qui gâche les repas de famille, l'été qui serait encore plus agréable s'il y avait Noël, ... On ne s'en lasse pas.
On peut évidemment se demander comment Marcelo D'orta a sélectionné ces textes. On pourrait imaginer un biais, où des aspects qui lui tiendraient à coeur seraient surreprésentés. Mais ne lui faisons pas un procès d'intention !
Si j'ai bien compris, le livre a connu un grand succès en Italie. Sur la couverture de la version française, on voit, écrit au tableau noir, le mot « sgarrupata ». le traducteur l'a traduit en « déglingouillée » (qualifiant ici une maison); il indique qu'il s'agit d'un mot du vieux dialecte napolitain, qui aurait fait fureur en Italie suite à la parution du livre.
Une bonne détente pour l'été, régalez-vous !