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EAN : 9782362420559
127 pages
Éditions de l'attente (10/06/2015)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le golfe du Mexique.
Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement.
Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Quand je pense à Jean-Charles , je pense à l'île comme le paradis. I mean, y avait les bois verts d'un bout à l'autre. Tu peux pas le voir comme il est là aujourd'hui parce qu'il est tout endommagé, il va presque se faire manger. Mais quand j'étais p'tit-bout, je nous vois pagayer tout au long. On partait le matin et on revenait pas avant le soir. On restait dans les bois à jouer, on se faisait des petites places dans les branches pour bouger en l'air et se cacher du monde. On construisait des cabanes comme de vrais Indiens, et on était heureux comme des macaques! C'est ça qui reste dans la tête. Quand le dernier chef m'a donné ça à moi, l'île elle commençait à crever. Et moi je deviens docteur et je peux rien sauver! »

L'île de Jean Charles est un minuscule lopin de terre au milieu du bayou louisianais, paroisse de Terrebonne, peuplée par les descendants des Chactas, des Chitimachas, des Biloxis, et des colons français. La toponymie, les patronymes, le français cadien mâtiné d'anglais des habitants disent la colonisation, le métissage, l'arrivée des anglophones -"Napoléon, c'est pas bon!- et la solidité des liens familiaux. Durant des siècles, l'île est parvenue à se préserver des tracas du monde extérieur, ou du moins à composer avec ses travers (la guerre du Vietnam, les emplois sur les plateformes pétrolières…), maintenant son mode de vie, résistant aux ouragans, émergeant de ses ruines. Mais aujourd'hui, la rupture avec ce monde ancien est consommée. La montée des eaux, l'érosion côtière qui grignote jour après jour la superficie de cette langue de terre de huit kilomètres et les tempêtes menacent d'engloutir les maisons et de faire vivre un second "grand dérangement » à tous ses habitants.

Franck Smith explore les changements que traverse l'île de Jean Charles à travers la vie des îliens qui font face à un avenir bien sombre, n'en déplaise aux ingénieurs qui promettent des digues et des infrastructures salutaires. Les flâneries de ce voyageur solitaire, la beauté puissante de son écriture anti-rationnelle -poésie documentaire, texte éclaté, collage verbal- font de Katrina Isle de Jean-Charles, Louisiane, une oeuvre à la beauté singulière et désespérée.
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Témoignage presque silencieux, poignant et poétique, de confins de Louisiane où la nature et l'appât du gain s'unirent pour détruire une communauté.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/09/17/note-de-lecture-katrina-isle-de-jean-charles-louisiane-frank-smith/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Wenceslas Billiot, son prénom comme celui d’un « roi de Tchécoslovaquie ». Pantalon trop court, vieille chemise de travail, casquette I LOVE NY, il scie une chaise – soixante-dix-huit ans devant toi.
Wenceslas parle : « Ça, c’est l’héritage de mes parents. C’est pour ça qu’on ne va pas quitter, c’est là pour longtemps encore cette terre d’ici, plein des années. Des fois, c’est pas trop bon ; des fois, c’est bon. Ça dit tout le temps de nous bâtir une digue pour la marée haute, pas pour un ouragan. Moi, je veux rester ici. C’est mon idée, ma seule idée dans la vie. Je veux vivre et je veux mourir ici. Après, je ne connais pas. »
Il s’assied sur un banc, il respire.
Il parle encore : « Dans le vieux temps, on avait plein de bois protecteurs, on ne voyait pas l’eau à cette limite. Il y avait juste des trous pour les canards et les poules d’eau et les oies. C’était de l’eau douce, maintenant c’est de l’eau salée. En 1926, ma mère elle a eu l’école en français. Elle avait un nom de la France par son père qui s’appelait François Desbasbleus. Les Français sont venus et ont marié des Indiennes, oui monsieur ! Tous ces vieux de l’Isle, ils parlent en français, c’est-à-dire qu’ils ont été éduqués dans la langue des ancêtres. Ensuite, on a commencé à cultiver le monde en anglais. On allait à l’école, et si on parlait français, on se faisait battre. »
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Les marécages s’enfoncent, embrumés et opaques. Les villes, Houma, Lafourche, on les traverse un jour.
On roule jusque Isle de Jean Charles, sur le bord du Golfe du Mexique, une île accidentelle et continentale et dérivée, née d’une dislocation, d’une fracture. Une terre désolée qui survit à l’engloutissement, au bout des bayous. Pour y accéder, il n’y a qu’une seule route qui perd régulièrement la bataille contre les éléments. Ensuite s’alignent de pauvres maisons de bois.
Quatre miles plus loin, le bitume disparaît, rompu par les eaux définitives. Un rectangle de terrain vague résiste tant bien que mal, ceinturé par un rideau de saules dépenaillés. Il y a, underground, la circulation du gaz et de la chimie en général, et il y a les champs pétrolifères.
Zone rurale et fourbue, plate comme un plongeoir.
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Les mots des Indiens – ce sont les mots du livre – émergent du silence.
Entre chaque mot, il y a une mer de non-dits et des flots et des rivières et des trous de silence. Ce sont des people, des gens qui s’expriment peu. Ils bredouillent, la plupart du temps. Avec des accidents entre ce qui est dit et leurs dents.
En ta présence, parfois, ils se confient. Ils reconnaissent que l’allure de ton français les étonne, les impressionne même. Toi, tu ne veux pas créer de la distance, alors tu te remets au standard américain.
Des canalisations infestent les entrailles du pays, d’où les légendes ouvrent sur l’infini…
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Video de Frank Smith (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frank Smith
Adam FATHI - l’Engagé (France Culture, 2012) L’émission « La poésie n'est pas une solution », par Frank Smith, diffusée le 9 août 2012 sur France Culture. Invité : Adam Fathi. Lecteur : Adrien Michaux.
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