Si vous êtes fan de
Sorj Chalandon, si vous avez lu et aimé ses livres, alors il vous faut absolument écouter cette interview de toute urgence.
Dans cet échange, l'auteur se livre avec une sincérité remarquable et touchante, il nous parle de son métier de journaliste d'une part, et du besoin d'écrire qui s'est imposé à lui pour exprimer ce qu'il ne pouvait pas dire dans les colonnes d'un journal.
Vous saurez en préambule l'origine de son prénom (Sorj), une anecdote étonnante, puis, nous allons être instruit de la génèse de l'écrivain par sa projection dans ses livres, à commencer par "
Le petit Bonzi", qui raconte le mal-être du petit bègue qu'il a été, et qu'il est encore parfois (j'ai aimé l'anecdote du vote argumenté à Libé où il va dire "oui" de peur de dire"nnnn nn non", reniant au passage ses convictions).
Il va, dans cet entretien, nous instruire en détail sur la génèse du "quatrième mur" (Sabra et Chatila qu'il a "couvert" en tant que journaliste et témoin oculaire), en passant, il s'incarne dans Georges, le personnage principal du roman. Il nous parle aussi de "
Mon traitre" et "
retour à Killybegs" (il a connu intimement Denis Donaldson, le "vrai" traitre), et enfin, il nous parlera en détail de son enfance en commentant son écriture de "
Profession du père".
J'ai été subjugué par ce moment d'écoute, par la sensibilité et l'humanité de
Sorj Chalandon, cette façon de se "mettre à nu" sans obscénité (ce sont ses mots), de cette façon de parler de son rapport au père qui est remarquable de justesse et d'une profondeur évidente.
Si j'ai trouvé cette interview passionnante, c'est sûrement et en grande partie parce que j'ai lu les livres de l'auteur cités plus haut, mais je gage que quiconque écouterait cet échange aura envie de se procurer sans tarder un de ses livres.
Sorj Chalandon va également nous parler de son rapport aux mots, de sa façon de concevoir le métier de journaliste en égratignant au passage les jeunes générations, j'ai adoré sa courte démonstration d'une prodigieuse logique sur les mots "viol" et "amour", ce qui se conçoit bien s'énonce clairement...
Cet entretien a été réalisé en 2015, peu après la sortie en librairie de "
Profession du père",
Sorj Chalandon qui affirme avoir écrit avec un regard d'enfant, estime en conclusion en avoir fini avec "le père".
Pour finir, il évoque les prix reçus pour ses livres, et notamment celui du style, ce qui lui fait dire avec humour que son style est celui d'un bègue, la boucle est bouclée, car j'ai oublié d'en parler, mais il s'étend beaucoup en début d'entretien sur le bégaiement et sur ce qu'on ne sait pas, à savoir que les bègues ont trop de mots qui ne peuvent "sortir".
C'est la toute première fois que j'emprunte un document "audio" à ma médiathèque, pour le coup il s'agit d'une belle expérience.
Sorj Chalandon a depuis écrit trois livres que je n'ai pas encore lus, j'ai, du coup, hâte de retrouver l'auteur.