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L'Odyssée du dernier Néandertal tome 2 sur 3
EAN : 9782266216333
288 pages
Pocket (29/11/2012)
3.82/5   28 notes
Résumé :
Quelque part au nord-est de l'Europe centrale, il y a environ 30 000 ans, dans un clan de chasseurs de mammouths aux moeurs féroces, Waâ, une femme de statut inférieur donne naissance à une petite fille. Envers et contre tout, elle parvient à préserver la vie de cet enfant un peu étrange. La fillette grandit dans le mépris et l'indifférence en prenant peu à peu conscience de sa singularité. Son obstination à survivre finit par lui valoir l'estime de l'un des hommes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
MOYEN AVEC DE BELLES ECLAIRCIES ...


Ce roman possède un charme indéniable et l'auteur est bien documenté en ethno surtout (apparemment) .
L'environnement préhistorique est infiniment agréable dans ce texte .

Nous sommes ici dans un " courant guerre du feu " . ( cf. j. h. Rosny Aisné )
Le roman réussit tout à fait à créer une ambiance efficace et fonctionnelle avec des personnages consistants et attachants .
Le résultat est très prenant et très évocateur .. des images émergent constamment ...

Néanmoins il serait bon de dépasser le style guerre du feu ..
Il s'est passé des choses depuis le 19e siècle ( j'adore ce style d'ailleurs , mais l'original … ) .
Les personnages de ce roman grognent à la moindre occasion et les enfants se déplacent en " meute " ...
Les hommes et les femmes sont volontairement " animalisé " et c'est franchement casse pieds ... ( au minimum! ) ...

Puisque Jacques Malaterre est impressionné par les personnages du roman (cf la préface) ...
C'est l'occasion d'espérer qu'il cesse de faire courir l'homme de Neandertal en petite culotte dans la neige une peau sur les épaules , en grognant et en gesticulant , de façon à faire pâlir d'envie Tarzan et Chita.
Chita doit être vraiment folle de jalousie , la pauvre ….

Un texte un peu trop simiesque , mais à lire , …
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Comme lors du précédent opus, Marc Klapczynski nous invite à une quête des origines tout en abordant des thèmes chers à son coeur comme les difficultés de l'intégration et la peur de la différence mais sous un angle nouveau, puisque, cette fois, l'héroïne, Iktia est une jeune sang-mêlée, moitié Cro-Magnon moitié Néandertalienne.
Elle a passé les 1ères années de sa vie entre sa mère Waâ, fille d'une esclave, et de Bao, l'ancien et puissant chef-chaman de la tribu des chasseurs de mammouths qui défie les traditions de son peuple en refusant de rejoindre la grotte des mourants. Ces trois êtres marginaux sont donc obligés de se cacher de leur clan sur le territoire interdit, constitué de marais dangereux pour qui ne connaît pas les sentes.
A 9ans, Iktia perd sa mère, puis, 3 ans plus tard, Bao, sentant la mort approcher, part en compagnie de la jeune fille rejoindre le clan auprès duquel il l'impose.
Mais le physique si discordant de la jeune sang-mêlée, trapu et un peu "bestial", l'isole au sein de cette tribu homo sapiens. Méprisée et ostracisée, elle ne doit sa survie qu'à sa formidable détermination. de plus, elle est portée par un rêve : celui de retrouver le peuple de sa grand-mère. Nous apprenons au fil de l'histoire, qu'Iktia est apparentée avec "le peuple des anciens hommes qui occupaient autrefois le monde" (page 108) et qu'elle est issue de la lointaine descendance d'Aô et Âki-naâ.

Protégée par son alliance secrète avec Owk, jeune chasseur brutal mais promis à un brillant avenir, elle réussit à s'échapper de sa tribu après avoir délivré Kîma, jeune captive de la tribu des chasseurs de rennes qui ont été décimés par son clan... Traquée par le chef déchu Taoum et Wampa-Awaki, le jeune guerrier déclassé par sa faute, Iktia entreprend avec sa compagne une fuite éperdue à travers des territoires inconnus dans l'espoir de rallier les chasseurs de rennes survivants...

Outre cette quête initiatique des origines, l'histoire retrace également l'implacable lutte pour la survie de ces tribus humaines confrontées à un environnement menaçant. Dans ces conditions, les territoires de chasse sont âprement défendus, et les expéditions punitives inéluctables...
L'auteur oppose d'ailleurs les prédispositions à commander des différents chefs : Taoum est le belliqueux et rancunier chef des chasseurs de mammouths qui préfère la force à la diplomatie tandis que le redoutable chaman Ayawakoum sait faire preuve de compassion envers l'ennemi valeureux ; Taôg, chef des chasseurs de rennes courageux mais diminué , ne rêve que de vengeance, alors que Yâgwa commande avec sagesse, ruse et autorité le clan sous la cascade.

Encore une fois, Marc Klapczynski nous brosse une épopée préhistorique captivante. Les descriptions sont toujours aussi immersive et les personnages attachants. Et fait appréciable : même en abordant les mêmes thèmes et la même quête que dans le premier tome, l'auteur sait éviter les redites et renouvelle l'intérêt du lecteur...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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J'ai encore plus apprécié ce volume que le précédent ! Iktia est une jeune adolescente qui se retrouve au sein d'un clan qui la dédaigne totalement parce qu'elle est d'une autre race. Tout comme sa mère, elle sait donner vie aux animaux en de magnifiques peintures rupestres ce qui la conforte dans l'idée d'un destin extraordinaire.
Avec des compagnons de chasse, elle va partir à la recherche des siens et rencontrer un chaman de son espèce qui va lui faire une grande révélation.
Je n'ai pu m'empêcher de faire le lien entre Iktia et le personnage (Aloy) du jeu vidéo Horizon zero dawn tant ces deux jeunes femmes font preuve de force, d'intelligence et de féminisme.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le froid s'intensifie. Iktia voit la femme dépérir de jour en jour. Elle n'a manifestement pas renoncé à la vie, l'avidité avec laquelle elle se jette sur la moindre nourriture à sa portée en témoigne, mais elle n'a pas la résistance de Waâ. Iktia se désole de ne pas réussir à l'approcher. La compagne de Taoum ne la quitte pas des yeux, et Iktia elle-même fait l'objet d'une surveillance constante de la part de Taoum et des chasseurs qui lui sont restés fidèles. Elle doit désormais faire preuve de la plus grande vigilance, car sa vie est menacée. Son comportement, au cours de la nuit suivant la destitution de Taoum, a ébranlé le fragile consensus dont elle avait bénéficié après la chasse aux mammouths. En révélant ainsi sa connivence avec cette femme, elle a fourni aux partisans de Taoum, encore nombreux parmi les chasseurs, une explication à l'invraisemblable défaillance de leur ancien chef. Quelques-uns insinuent désormais que la présence néfaste d'Iktia n'est pas étrangère aux atermoiements de Taoum, au cours du combat qui a coûté la vie à plus de la moitié des membres de l'expédition. Son cas divise à nouveau la communauté. Certains n'hésitent plus à réclamer sa mort. Quant à Taoum, depuis sa destitution, il vit dans un état de rage perpétuelle, réagissant violemment à la moindre provocation. Iktia s'évertue à l'éviter au maximum car chacune de leurs rencontres met sa vie en péril. Son regard brûlant de haine ne laisse aucun doute sur ses intentions.
Heureusement, Zintaka et le chaman ont contesté l'éventualité d'un lien entre Iktia et les chasseurs de rennes. Mais l'impuissance du chaman à fournir une autre explication à l'attitude de cette femme à grosse tête fragilise à nouveau son autorité. ( . . . )
Pour parvenir à ses fins, Taoum n'a aucun intérêt à abréger la vie de la captive. S'il veut mettre en évidence ses liens avec la fille à grosse tête, il faut qu'elle vive encore un peu. En la voyant dépérir, l'autre sera forcée de réagir et plus personne ne doutera de leur connivence.
( . . . )
En attendant, elle a obtenu ce qui lui manquait : du temps, un sursis pour elle et la captive. Leurs sorts sont désormais liés. Peu importe que le chaman ne soit plus en mesure de la protéger car bientôt elle sera hors de portée de Taoum. Iktia en est désormais convaincue : les esprits se sont manifestés en envoyant cette femme, elle est venue la chercher.
A force de persévérance, elle finit par attirer son attention à l'insu des autres. Malgré la brièveté de ce contact visuel, le sourire d'Iktia traverse le mur de souffrance et de détresse qui isole Kîma du monde des vivants.
Les jours suivants, prudente, Iktia ne se montre pas. Kîma en vient à douter de la réalité de cette vision fugitive. Pourtant, l'impression d'une présence bienveillante perdure. Un matin, la créature souriante resurgit à peu près au même endroit avant de disparaître aussitôt. Quelques jours plus tard, elle se montre à nouveau mais elle a changé de place. Puis les apparitions se succèdent à intervalles variables, à des moments et des endroits différents. Même si elle en ignore encore la signification, Kîma est convaincue qu'une intention anime l'auteur de ces manoeuvres. Quoi qu'il en soit, elles révèlent une exigence de discrétion par elle-même significative.
Peu à peu, un véritable langage s'instaure entre elles, fait de regards subreptices et de gestes furtifs. Sans parvenir à lui en donner la raison, Iktia confirme à sa complice la nécessité de garder leur relation secrète. Kîma ne tarde pas à se rendre compte du statut très particulier de cette femme singulière, dont les autres semblent contraints de tolérer la présence, alors même qu'elle paraît totalement étrangère à leur communauté.
Désormais, Kîma vit dans l'attente de ses rencontres muettes et éphémères, où elle vient puiser cette volonté qui l'avait déjà soutenue au cours de cette terrible nuit dont tout son corps garde encore les stigmates. Chaque jour, elle mesure sa dépendance à l'égard de cette jeune femme. Lorsque son absence se prolonge, elle vit dans la hantise de sa disparition, son courage décroît rapidement. Malgré la relative tranquillité que lui accorde Taoum et le réconfort procuré par la présence de cette alliée inattendue, son état physique ne cesse de se dégrader. Les faibles quantités de nourriture qui lui sont octroyées ne lui permettent pas de lutter contre le froid de plus en plus vif, ni de compenser les efforts physiques auxquels elle est astreinte. Quels que soient son courage et sa volonté, aucun être humain ne survivrait très longtemps à ce régime !
Iktia se désole de ne pas trouver un moyen de lui procurer de quoi manger à l'insu des autres. Lorsqu'elle est dans le camp, Taoum ou l'un de ses fidèles ne la quitte pas des yeux un seul instant. Pourtant, le temps presse. L'hiver n'en est qu'à son début et la captive manifeste déjà des signes d'épuisement.
Le moment est venu de mettre Owk à contribution. Il n'aura aucun mal à lui faire parvenir de la nourriture. Depuis son exploit face au grand mammouth, le jeune homme s'est encore illustré à plusieurs reprises au cours des chasses de fin de saison. Absent la plupart du temps, Iktia n'a pas eu souvent l'occasion de le rencontrer. Ne pouvant compter que sur elle-même pour subvenir à ses besoins et accumuler des réserves en prévisions de l'hiver, elle n'est pas non plus restée inactive. Pas question de l'aborder dans l'enceinte du camp. Heureusement, Owk n'a pas perdu le goût de la chasse en solitaire.
Un matin, elle le voit s'en aller, armé de sagaies. Pour ne pas éveiller la suspicion de ceux qui guettent ses moindres faits et gestes, elle attend un certain temps avant de partir dans la direction opposée. Après un large détour, elle trouve les traces du jeune chasseur. Le sol givré garde l'empreinte des pas ; elle n'a aucun mal à suivre sa piste.
A la mi-journée, elle l'aperçoit. Accroupi, il examine les déjections d'un animal. A l'appel de son nom, il se retourne et fronce les sourcils en la voyant courir dans sa direction.
Surpris, il l'observe en silence, tandis qu'elle reprend son souffle.
Soudain intimidée de se retrouver seule avec lui, elle ébauche un sourire auquel il répond par une grimace. Troublée, elle ne sait pas comment aborder son sujet.
Owk réagit le premier. Il jette un regard inquiet autour d'eux.
- Marchons par là, dit-il en indiquant un sentier qui s'engage dans les buissons bordant un ruisseau. Nous sommes trop près du camp.
Le calme du jeune homme rassure Iktia et l'encourage à parler.
- Iktia a besoin d'Owk.
Se méprenant sur le sens de sa requête, le jeune chasseur opine de la tête.
- Owk a déjà parlé pour Iktia. Mais alors, tout était bien. Aujourd'hui, les chasseurs sont dépités. Beaucoup d'hommes sont morts. Taoum a perdu une partie de son pouvoir et sa colère s'est répandue dans le camp. Le chaman affirme que ceux qu'ils ont affrontés n'ont aucun lien avec Iktia, mais les autres ne sont pas convaincus. Iktia a fait ce qu'il fallait pour ça ! ajoute-t-il sur un ton sarcastique.
La jeune femme réagit vivement.
- Iktia n'est pas venue pour parler d'elle ! Elle est venue pour la femme que Taoum a ramenée. Cette femme va mourir et Iktia veut qu'elle vive !
Exaspéré par son arrogance, Owk se fâche :
- N'as-tu pas assez à faire avec ta propre vie ! Tu ne peux rien pour cette femme ! Taoum ne la laisse vivre que pour te pousser à te compromettre avec elle et contraindre ainsi le chaman à accepter ta mort.
Mais Iktia s'obstine :
- Cette femme peut vivre si quelqu'un lui procure de la nourriture. Iktia ne peut pas l'approcher mais Owk le fera pour elle.
- Il n'en est pas question ! Pourquoi Owk devrait-il encourir la fureur de Taoum pour cette femme !? Sa vie appartient à Taoum. Owk n'a pas à se mêler de ça !
Iktia hausse les épaules.
- Owk n'a nul besoin d'affronter Taoum ! Avec l'arrivée du grand froid, les femmes doivent souvent aller ramasser du bois. Elles sont accompagnées par un chasseur. La captive est de toutes les sorties. A cette occasion, Owk pourrait lui remettre de la nourriture sans avoir à prendre aucun risque. Si Owk refuse, décrète-t-elle d'une voix ferme, alors Iktia se chargera de tuer Taoum.
- Femelle entêtée ! rugit Owk, fou de rage, en s'éloignant à grandes enjambées.
Iktia renonce à le suivre. Elle n'a pas parlé à la légère. Sa résolution est prise. Si Owk n'agit pas, elle trouvera le moyen de tuer Taoum. Il lui arrive aussi de partir seul. Elle le suivra et prendra sa vie.
Le lendemain, elle rit en voyant Owk rassembler les femmes pour aller chercher du bois. Avant de quitter le camp, il tourne brusquement la tête dans sa direction et lui adresse un regard furibond.
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Avant de se séparer, les chasseurs veulent examiner la captive dont Taoum a pris possession. Ayawakoum va la chercher dans la hutte où elle gît, entravée. En apparence, rien ne distingue cette femme de leurs compagnes. Elle ne porte sur elle aucun signe ostensible d'une parenté avec les esprits puissants qui lui ont permis de défier la fureur des chasseurs de mammouths. La différence est plus subtile, et son délabrement apparent n'en facilite pas la perception. Seuls les plus perspicaces soupçonnent que son abattement et sa docilité ne sont ni de la résignation ni de la soumission. Kîma ne comprend pas leurs questions. Elle se contente de répéter quelques mots dans un langage incompréhensible.
Dépités, les chasseurs se désintéressent d'elle. Aucun d'eux ne songe à la disputer à Taoum. Même s'il n'est plus leur chef, il n'a rien perdu de sa force.
Personne n'aurait envie de se quereller avec lui pour cette femelle boiteuse et épuisée, dont le temps de vie est compté.
Ce soir-là, Kîma subit le contrecoup de l'humiliation infligée à Taoum. La rage du chef déchu se déverse sur elle avec une violence qui lui fait craindre pour sa vie. Elle pressent que Taoum est à l'affût de la moindre provocation de sa part pour la tuer. Elle a compris que les autres se désintéressaient de son sort.
Désormais, il peut disposer d'elle à sa guise. Seul le soulagement éphémère que procure à cet homme humilié le spectacle de son désespoir et de sa souffrance peut repousser un certain temps l'échéance de sa mort.Mais qui voudrait d'un tel sursis ? Pourtant, sous l'influence d'une volonté qui semble étrangère à la sienne, son esprit refuse encore d'abdiquer ; instinctivement, elle tente de protéger se tête et son ventre des coups. Son calvaire se prolonge tard dans la nuit.
Dans la hutte voisine, Iktia ne dort pas. Elle aussi a compris que les chasseurs avaient tacitement décidé d'abandonner cette femme à Taoum. ( . . . )
Les cris de la femme indiquent à Iktia qu'elle est toujours en vie. Alors, elle s'accroupit dans son coin et frappe le sol de la hutte avec une pierre pour éloigner la mort. Plus encore que les cris de la captive, ce martèlement ininterrompu et les incantations psalmodiées par la jeune fille perturbent le sommeil des autres occupants de la hutte. Sourde à leurs protestations, imperturbable, Iktia poursuit son manège jusqu'à l'aube. La cadence lente, le son mat, les vibrations du sol et sa litanie rendent l'atmosphère lugubre. La nuit durant, elle maintien ainsi le contact avec la captive.
En ouvrant les yeux, Kîma voit le visage grimaçant d'une femme penchée sur elle, occupée à secouer son corps inerte. Ses vociférations résonnent douloureusement à l'intérieur de son crâne meurtri. La vie, qui s'était tapie quelque part, se répand à nouveau dans ses veines, réveillant la douleur. Elle voudrait retourner dans le néant où elle s'était réfugiée. Pourtant, mue par cette volonté extérieure, elle obéit aux injonctions et se redresse avec difficulté.
Iktia voit la silhouette vacillante s'extirper péniblement de la hutte et claudiquer derrière la compagne de Taoum.
En s'approchant un peu, elle distingue son visage tuméfié et son air hébété. Iktia sait que la captive n'a aucune compassion à espérer de la part de ces femmes dont le sort est à peine plus enviable.
Après avoir subi la fureur de Taoum pendant la nuit, Kîma découvre l'existence quotidienne qui sera désormais la sienne.
Malgré sa faiblesse, elle se voit imposer les tâches les plus exténuantes. Il reste peu de temps avant les grands froids ne s'abatte pour longtemps, et les femmes se hâtent de fumer les la viande des derniers animaux abattus - principalement des rennes et des bisons -, récupérer et faire fondre la graisse, traiter les peaux indispensables à la confection des vêtements et des couvertures.
Kîma est chargée de racler les peaux de mammouth qui n'ont été encore que grossièrement écharnées.
A travers elle, Iktia découvre le sort de Waâ. Elle prend conscience de l'extraordinaire endurance de sa mère. Elle l'imagine sans peine à la place de cette femme, mal protégée du froid nourrie irrégulièrement de restes, s'épuisant à gratter les immenses peaux rêches des mammouths, sous la férule de ces femelles braillardes, brutalisée par les chasseurs, harcelée par les plus jeunes, méprisée de tous. Jamais à ce point, elle n'avait réalisé l'âpreté du combat mené par sa mère pour survivre aussi longtemps dans de telles conditions. C'est là que son pouvoir a germé et grandi. Pourtant, Waâ n'avait de ressentiment contre personne et ne se plaignait jamais. Ce n'était pas seulement le prodigieux entêtement déployé par cette femme pour préserver sa vie et celle de sa progéniture qui avait subjugué le vieux Bao, c'était aussi son humeur égale, sa joie, son enthousiasme, sa faculté de s'accommoder de toutes les situations et de résister à l'abattement. Le vieil homme s'extasiait souvent devant la force de son corps souple et dur. Il n'exagérait sans doute pas quand il disait qu'elle n'aurait pas démérité aux côtés des meilleurs chasseurs de son clan, lorsqu'il était leur chef.
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Elle doit l'emmener là-bas. Apparemment, il ignore la nature des risques qu'il encourt ! Même s'il est sur ses gardes, elle n'aura aucun mal à se débarrasser de lui.
La haute stature du garçon se profile déjà au sommet de la pente. Elle ne peut s'empêcher d'admirer son allure, la vigueur qui émane de son long corps, alors qu'il dévale prestement le sentier.
Trois sagaies, attachées dans son dos, s'élèvent au-dessus de sa tête. Voilà pourquoi il a voulu retourner au camp ! Elle sourit. Il s'est préparé à combattre les habitants du marais...
Ils cheminent côte à côte en silence. Owk lui impose de nombreux arrêts pour vérifier qu'il n'y a personne aux alentours. Il ne tient manifestement pas à être vu en sa compagnie, ce qui n'a rien d'étonnant.
A l'approche du territoire interdit, elle observe le visage impassible du garçon. Elle concède qu'il ne manque pas de courage.
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Le chaman-ancêtre pénètre dans la grotte en psalmodiant sans interruption une litanie, destinée à avertir le mort de ses intentions.
Malgré la protection dont il est censé bénéficier, une sourde appréhension fait battre son coeur plus vite. Ce qu'il découvre frappe son imagination débridée, vouée depuis son jeune âge à l'interprétation des signes par lesquels les puissances spirituelles se manifestent. Lorsqu'il revient au camp, voilà ce qui prétend avoir vu : le corps du vieux Bao se trouvait dans la partie haute de la grotte. Le squelette n'était pas encore complètement nettoyé. Sur le crâne, subsistaient quelques lambeaux de chair desséchés et de longues touffes de cheveux flancs, éparses, qui permettaient encore de l'identifier facilement. La mort l'avait saisi dans une posture tout à fait inhabituelle. Afin d'éviter de s'affaisser en mourant, il avait calé son buste avec un épieu, ce qui l'avait maintenu en position assise, adossé à la paroi. Sa main droite était fermée sur la hampe d'une sagaie, ses armes entreposées autour de lui. Ses orbites vides et sombres semblaient fixer l'entrée de la grotte d'un air farouche. La vision était saisissante car on avait l'impression qu'il s'apprêtait à projeter sa sagaie en direction de quiconque pénétrait dans la grotte. Mais ce n'était là qu'une partie de la scène.
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Bien que toujours tenue à l'écart, Iktia est gagnée par l'impatience des autres. Elle escalade quotidiennement le sommet culminant des collines environnantes, où elle passe de longs moments à scruter l'horizon. Elle ne regrette plus d'avoir été exclue de l'expédition. En l'absence des chasseurs, elle a pu s'aventurer dans la toundra, découvrir de nouveaux espaces et les moeurs des grands herbivores.
Forte de ses observations, elle s'aventure sur leurs traces et se risque à les affronter. Elle manie désormais la sagaie avec dextérité et prend chaque jour d'avantage conscience de sa force. Sa musculature se développe, sans pour autant estomper sa féminité. Elle goûte le plaisir de fouler les étendues infinies de la steppe. Elle réalise qu'à l'instar du loup elle peut courir très longtemps. Devant elle, la proie la plus véloce s'épuise peu à peu, la distance décroît. Au terme de cette longue traque, l'anima épuisé meurt rapidement de sa main.
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