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Denise Laroutis (Traducteur)
EAN : 9782743612108
162 pages
Payot et Rivages (05/02/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

De nos jours, dans un village du sud-est de l'Espagne, une femme parle à son fils, lui parle de ce qu'a été sa vie. Aucune velléité de justification ni de vengeance, seulement la vie, bouleversante, qui remonte doucement : les rêves interrompus, les trahisons, les espoirs, les douleurs poignantes. Ni leçon ni réconfort, simple témoignage où s'entrecroisent la guerre et l'après-guerre, les petites ambi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce texte vraiment très beau de Rafael Chirbes est universel et je ne crois pas (contrairement à le bison dont je respecte l'avis) qu'il soit nécessaire de connaître précisément la période de la guerre civile espagnole et de ses lendemains pour en être bouleversé.

Si les années de guerre civile et celles qui l'ont suivie ont, bien sûr, été des années de souffrance et de peur qui ont marqué la vie d'Ana, c'est l'arrivée de son beau-frère Antonio qui va s'installer dans son foyer à sa sortie de prison et celle d'Isabel qui va devenir la femme d'Antonio qui remet tout en cause en salissant le regain de vie qu'Ana et Tomas son mari étaient fiers d'avoir réussi à durement regagner.

« Sans savoir pourquoi, voilà que j'ai commencé à te parler d'elle et qu'à la fin je te parle de la mort : d'avant et d'après son arrivée, comme si sa présence avait été une charnière entre deux parties. Peut-être seulement parce que la mémoire me revient en parlant, une mémoire malade et sans espoir. » p 20

La voix déchirante d'Ana, inoubliable, habite ce beau livre, une voix qui reste toutefois douce, celle d'une femme qui veut raconter à son fils tout ce qu'elle a traversé et qui l'a amenée à ce qu'elle est.
« La souffrance ne nous avait rien appris
(…) Je me suis levée et je suis allée m'asseoir sur la chaise qui se trouvait devant la fenêtre, sur laquelle je m'asseyais souvent l'après-midi pour coudre.
J'ai eu la sensation que chacun des points que j'avais faits assise sur cette chaise n'avait servi qu'à tisser un filet qui maintenant m'étouffait. Tant d'heures perdues dans le seul but de nous en sortir »

Sentant sa fin proche, elle voudrait aussi qu'il parvienne à la comprendre, qu'il mesure ce qu'a été sa vie et celle de son père car l'Espagne change. Elle souffre de voir que sa famille, dont son fils, veut lui faire vendre sa maison pour l'abattre et spéculer en construisant un immeuble sur le terrain. le fils fait partie de la génération qui n'a aucun souvenir de la guerre et va profiter sans scrupule du développement économique.... Ana et son monde vont être balayé.

« Je pensais aussi, que, dès que les choses sont passées, elles cessent d'être vérité ou mensonge et ne sont plus que des restes confus à la merci de la mémoire. Il n'y avait rien à sauvegarder. le temps détruisait toutes choses, les transformait en poussière, puis le vent soufflait et emportait cette poussière. »

Ana dit à son fils que « La belle écriture c'est le déguisement des mensonges ». Oui pour celle d'Isabel dans le journal qu'elle tient dont elle lit parfois des extraits à Ana. Mais pas la sienne qui est aussi celle de l'auteur qui a su magnifiquement faire s'exprimer toute la sensibilité et la dignité bafouées d'Ana.
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« La belle écriture » est celle d'Isabel qui se livre dans son journal intime avec de belles lettres aux boucles arrondies, tout en douceur, tout en féminité, tout en bourgeoisie anglaise.

Dans un village ensoleillé du sud-est de l'Espagne, Anna raconte à son fils l'histoire de sa famille. Juste pour laisser une trace avant de mourir, juste pour rétablir certaines vérités sur ses choix, ses secrets, ses pensées. La vie d'une famille qui débute à la fin de la guerre civile, au milieu des fusillés, des disparus et des mères errantes de village en village à la recherche de leurs maris ou de leurs fils.

Elle parle doucement de sa vie de misère, de son existence faite de peur et de tristesse, de son mari pour qui elle avait de l'affectation avant d'éprouver des regrets, de son beau-frère Antonio pour lequel elle éprouve une passion commune inavouée mais aussi la crainte de ressentir ces émotions inavouables qu'elle souhaiterait effacer de son esprit, de sa belle-soeur, aux courbes lettrines si belles, mais aux sentiments partagés entre admiration et jalousie. Autant tout raconter avant que le soleil de sa vie ne sombre dans l'océan de la nuit.

Alors qu'elle se demande si Antonio est mort, s'il est en fuite, ou s'il est emprisonné avant de faire partie d'un lot de fusillés, la vie de misère s'installe après-guerre dans ce petit village. Castristes ou phalangistes, mon oeil non expert aurait tendance à s'y perdre dans cette période obscure de la politique espagnole. Je vois juste ces hommes fusillés sur des places publiques, parce qu'ils sont déclarés un peu trop rouges, parce qu'ils n'appartiennent pas au camp des franquistes. Et comme cette Histoire m'est totalement méconnue, ma passion à ressentir ces vies a rendu la lecture plus difficile malgré la belle plume de l'auteur, Rafael Chirbes. A-t-il lui aussi une écriture arrondie sans sa machine à écrire ? Une belle écriture, je n'en doute pas, qui a certainement puisé dans son patrimoine familial quelques scènes nostalgiques d'une époque révolue, celle où les senteurs de genévriers venaient parfumer les déjeuners dominicaux autour d'une grande table ensoleillée.

Mais ne faut-il pas avoir justement des racines espagnoles pour apprécier à sa juste valeur « la belle écriture », les rêves et douleurs d'une voix qui témoignent, en demandant presque pardon, de ce que fut sa vie sous l'ère de Franco.

« La Belle Écriture », l'odeur âpre des fleurs de figuier, le bruit sourd des exécutions.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Une femme s'adresse, sans doute à l'écrit, à son fils. Elle vit seule depuis que son mari est mort, suivant ainsi tous ceux qui, au fil des années, ont disparu.
Son message est empreint d'une grande mélancolie, elle évoque les souvenirs de tous ces proches dont le décès l'a à chaque fois amputée d'une part de son envie de vivre. Elle revient sur des épisodes de sa vie de famille, sur ces années particulièrement difficiles de la guerre civile, pendant lesquelles l'existence était faite d'angoisse et de misère, entachée par la "saleté de la peur".
Son mari Tomas, et le frère cadet de celui-ci, Antonio, ont été des républicains en fuite, pourchassés, considérés comme des pestiférés. Lorsque Tomas a pu revenir vivre au village, la vie a repris peu à peu son cours, tant bien que mal, ponctuée par les visites à la prison où avait échoué Antonio.

La narratrice rapporte les événements qui ont jalonné son existence avec une sorte de distance, s'attachant surtout à parler des autres, comme si, en simple témoin, elle les avait vécus sans y être réellement impliquée. Comme si l'enchainement de ces événements l'avait dépossédée de son propre destin, la reléguant au rang de personnage secondaire.

Rafael Chirbes nous livre avec "La belle écriture" une belle leçon de concision. Chaque mot trouve dans ce joli texte la place la plus juste, aucun n'y est de trop, et l'ensemble, composé de courts paragraphes, forme un récit ciselé, extrêmement agréable à lire.
La plume y est sensible sans être larmoyante, évoquant le deuil des espoirs de jeunesse, posant le constat que la vie que l'on imaginait devenir plus belle au fil du temps n'a été qu'une succession d'amères déceptions, que les projets qui permettaient de tenir et supporter les périodes difficiles, ne se sont finalement jamais concrétisés.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ana raconte à son fils l'histoire de sa vie sous une période sombre de l'Histoire espagnole. Elle veut relater tous les évenements et les personnes qui ont marqué sa vie, de tout ce qui a façonné son destin avant que la mémoire ne lui fasse défaut. Elle souhaite ainsi que son fils comprenne mieux qui elle est.
La vie de famille connait des joies et des peines, des hauts et des bas, mais chacun de ses membres fait de son mieux pour s'épauler et traverser les moments difficiles tant bien que mal. Quand l'oncle Antonio sort de prison et vient habiter chez Ana et sa famille, le cours de la vie prend une toute autre tournure.
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Un livre très sombre et très juste. Avec une intrigue assez proche de celle de Sur le rivage, le dernier roman paru de Chirbes, l'auteur nous décrit avec une simplicité parfaite et tragique les conséquences de la guerre civile espagnole. Elle devient dans ce court roman une lutte fratricide. Une belle lecture.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Des bruits que des hommes avaient été fusillés n’étaient pas toujours confirmés mais faisaient toujours mal. On a trouvé des cadavres à la source, dans le verger d’orangers où il y avait une mare dans laquelle tu voulais toujours te baigner quand tu étais petit et où tu as failli te noyer une fois ; sur la plage, dans les rizières. Nous avons appris la saleté de la peur.

Les fusillés n’étaient pas toujours d’ici, de Bovra. Des femmes qui cherchaient des cadavres venaient depuis Gandia, depuis Cullera, depuis Tabernes. La certitude de la mort les guérissait de la peur. Elles demandaient à voix haute, à la porte des cafés, l’endroit où on avait trouvé les fusillés le matin, et les hommes détournaient la tête de honte et continuaient à jouer aux dominos en silence.
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Je suis restée assise là jusqu’au matin. Il pleuvait et la pluie, au cours de cette interminable nuit, ne m’a pas donné l’impression de purifier quoi que ce soit. C’était comme un chant d’adieu. Cette eau qui tombait et qui glissait sur les carreaux de la fenêtre, c’était nous, nos illusions tombant sur la terre et se transformant en une boue dont nous n’arrivions jamais à nous nettoyer.
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Une fois, je fus soulevée dans le noir par une ombre qui me traîna dans l'escalier jusqu'en bas. Quand nous sommes sortis dans la rue, l'ombre et moi, tout était sens dessus dessous, les gens criaient et couraient dans tous les sens. Les flammes montaient jusqu'au ciel et il y avait de la fumée partout. La maison de nos voisins brûlait. Le lendemain, j'ai appris qu'une des petites filles qui habitaient la maison était morte. "C'est un bout de bois sec et tordu qu'on a enterré", avais-je entendu dire, et cette image - un bout de bois sec et tordu -, avec l'absence, ont toujours représenté depuis, pour moi, la mort.
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Ils ont été ma vie. Les gens que j'ai aimés. Chacune de leurs absences m'a remplie de souffrance et m'a enlevé l'envie de vivre.
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Videos de Rafael Chirbes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rafael Chirbes
Rafael Chirbes - Sur le Rivage .Rafael Chirbes - Sur le Rivage aux éditions Rivages. Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/chirbes-rafael-sur-rivage-9782743629489.html Notes de Musique : ?Polarity? (by HE-LUX). Free Music Archive.
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