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EAN : 9782359840766
224 pages
Esperluète éditions (01/05/2017)
3.6/5   10 notes
Résumé :
La vieille Théodora ne marche plus, elle ne voit plus. Mais elle se souvient et raconte. Elle nous parle de sa vie, de ses rencontres, ses amours, ses espoirs, mais aussi ses errances, ses drames et ses désillusions. Théodora est une enfant du fleuve. Née Rom, à l’aube du XXe siècle, elle a vécu plusieurs vies. Temps de guerres, de communisme, d’oppressions répétées, l’histoire des Roms se révèle au fil du roman ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Théodora en a connu, des péripéties, dans sa vie de « négresse blanche aux yeux bleu pétrole » !
C'est une Tsigane née au bord du Danube, là-bas, dans les plaines de l'Est. Mariée à 15 ans, comme toutes les filles tsiganes, elle doit renoncer à son amoureux Aladin, l'accordéoniste romantique, pour suivre Vassili le forcené. Elle n'aura pas l'occasion de vivre longtemps avec lui, car l'Europe s'emballe... Les « dieux noirs » SS s'emparent un jour du camp et la violence s'abat, horrible et crue.
S'ensuit un long calvaire où les Tsiganes connaissent le sort des Juifs. Elle assiste, impuissante, à la mort de sa mignonne petite fille dans un camp d'extermination, alors qu'elle vient de prendre sous sa protection Nahum, un petit Juif échappé d'un massacre dans un village voisin.
Et puis la vie continue, malgré tout...
Le communisme s'empare de la liberté au nom de la Patrie, et l'envie se fait de s'enfuir à l'Ouest.
Les gens se perdent, se retrouvent et se perdent à nouveau, et Théodora n'échappe pas à cette lente désagrégation de l'être. Son passé la gangrène. Elle marche, travaille, embarque sur un bateau qui lui fait vivre un autre amour mais connaitre une autre guerre, celle du Vietnam. Et la fuite en avant reprend, jusqu'à ce qu'elle décide de boucler la boucle de la vie, de retourner aux sources de son être, le long du Danube.

Ce périple lancinant se répercute dans la façon d'écrire de l'auteur, qui mène son trajet comme une incantation. La poésie est là, omniprésente, et pour ma part envahissante. Pourtant je l'aime, la poésie ! Mais ici, elle m'a semblé souvent anachronique, comme si les coups de butoir du destin ne pouvaient s'accorder avec cette langue si mélodieuse de Jean Marc Turine.
Impression mitigée donc, car si j'ai été choquée par les conditions de vie abruptes des Tsiganes à toutes les époques, si j'ai savouré les mots et la plongée dans l'âme des gens, j'ai moins aimé le mélange de ce contenu craquant de toutes parts et du style poétique et mélodieux.

Merci aux éditions Esperluète, pour m'avoir fait cadeau d'un roman de littérature belge – celle-ci n'est jamais fade ni commune, elle interpelle toujours - , et à Babelio pour son opération Masse critique.
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Théodora est vieille, elle ne marche plus, elle ne voit plus, mais elle a toute sa tête. Alors elle se souvient. Née dans une famille tsigane sur les bords du Danube au début du siècle précédent, elle n'échappe pas aux traditions des Roms, et se retrouve mariée à 15 ans à un homme qu'elle n'aime pas et n'aimera jamais, brutal et fort en gueule, si différent d'Aladin, son doux et tendre accordéoniste, son amour d'une vie.
Mais les turpitudes de sa vie de femme bridée par le patriarcat ne sont rien à côté des horreurs qui annoncent la seconde guerre mondiale. Comme les Juifs, les Tsiganes sont discriminés, brimés, humiliés, avant d'être déportés en masse et exterminés dans les camps.
Et après la guerre, il y a la paix, puis le communisme et son oppression, et l'hésitation : passer à l'Ouest ?
S'ensuivent errances, séparations, retrouvailles, rencontres, drames, entremêlés de quelques trop fugaces moments de bonheur et de lumière. En roulotte ou en bateau, sur les routes, les fleuves et les océans, Théo avance sans répit, même si ses voyages ressemblent parfois à des fuites. Jusqu'au jour où elle décide de rentrer au pays, pour mourir près de sa source, son Danube.

Dans ce texte à la fois roman mélancolique sur le destin tragique des Roms, et poème épique sur l'errance, l'exil et la souffrance sans fin, l'auteur se fait le chantre de la cause tsigane. S'il a le mérite de (re)mettre en lumière les atrocités subies par ce peuple au long des siècles, ce roman sinueux, à l'atmosphère floue, se perd dans de trop nombreuses envolées lyriques pour que je l'apprécie pleinement.

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Théodora appartient au peuple tsigane, elle est née dans un pays d'Europe de l'Est (qui n'est pas nommément cité par l'auteur, pas plus que les faits historiques évoqués dans le livre mais ils sont assez faciles à décrypter). Après de longues années d'exil, elle est revenue dans son pays natal pour y retrouver le fleuve qui l'a toujours portée (le Danube) et y mourir. Naître femme Rom, ce n'est pas un destin très enviable. Malgré son amour secret pour le musicien Aladin, son père l'obligera à se marier à un homme rude (et à se lier à une belle-famille méprisante). Dans ce monde, les femmes sont à la merci des pères et des maris. Mais Théodora se libérera de la violence et reviendra vivre avec sa petite fille Carmen dans sa famille d'origine. Elle apprend à lire et à écrire, elle écrit régulièrement dans un cahier tenu secret. Mais cette forme de liberté ne tiendra guère face aux exactions commises par les forces de l'ordre, au nom des lois de plus en plus répressives envers les Roms. Encore une fois, les femmes paient durement ce déchaînement de violences. C'est bientôt la deuxième guerre mondiale, l'exil forcé, la faim, le froid, les camps, l'extermination des Tsiganes. Théodora survivra, elle aura perdu sa fille mais gagné un fils adoptif, Nahum. Elle n'aura de cesse de retrouver Aladin et de construire sa vie. L'amour d'Aladin, de Nahum et de Joseph, un marin idéaliste, émailleront sa vie de lumière.

C'est vraiment un personnage attachant, Théodora, jusqu'à la fin de sa vie elle attire les gens autour d'elle, adultes ou enfants. Elle est le symbole d'un peuple fondamentalement libre mais hélas rejeté, discriminé, persécuté encore aujourd'hui. le récit de Jean-Marc Turine est à la fois réaliste et poétique, presque onirique par moments, notamment quand il évoque le fleuve, la mer, le voyage et cela montre bien cette ambivalence entre liberté et oppression. On sent la proximité de l'auteur avec ce peuple Rom, à qui il prête sa plume. La musique, avec l'accordéon, le piano et le violon, accompagne et rythme le voyage.
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Magistral, « La Théo des fleuves » de Jean-Marc Turine est le survol d'un ricochet sur le fleuve des insoumis. On ouvre ce roman comme on retient son souffle. Tragique, puissante, cette histoire mémorielle est poignante. Théodora est Tsigane. Emblème de ce peuple à la dérive, dévoré par la haine, le racisme, l'intolérance, venus du monde d'en haut. Leurs chants langoureux renforcent encore plus l'habitus des Tsiganes en îlot de survie. Théodora symbolise l'idiosyncrasie de ces êtres qui vivent à l'orée des frontières à l'instar de champs de fleurs. Majestueuse, libre, forte et altière on aime l'écho de sa voix contre les parois des destins qui s'effritent en larmes de torture. « Il est temps de partir… Pour partir où ? Elle hausse les épaules….. Elle réfléchit à sa demande… Ailleurs, quelque part. Sortir de l'existence pour rencontrer la vie… le jeune garçon ne répond rien. »Théodora devenue âgée conte sa vie à la petite fille venue de nulle part. Est-ce son double ? le rebours des années sonne le glas de cet entre-monde où Théodora risquait son destin dans un face à face musical avec l'accordéon d'Aladin. « Une arme peut détruire un accordéon. Mais aucune arme, aucune flamme ne peuvent faire taire le dévoilement de la musique, sa palpitation. » Théodora sait lire et écrire. Combattante, elle pousse la porte des diktats sociétaux. Enclenche la montée des eaux et risque sa vie pour s'affranchir. Tant de nobles et valeureux sentiments, de beautés enfouies dans ces lignes déployées en summum verbal, subrepticement comme si les mots de l'auteur habitaient le culte dès son apogée. L'écriture est douce, discrète, douée, elle coule de sens et de devoirs. Respectueuse envers Théodora « Instruite d'une géographie intérieure avance vers un lieu où personne ne la connaît, estimant l'anonymat essentiel à la réussite de son aventure. » La teneur de ce récit est à l'instar de ce qui ne meurt jamais. Sa gravité, sa fraternité, sa tristesse empreinte de cette compassion pour les Tsiganes est une délicatesse respectueuse. « Tous les fleuves, ne vont –ils pas à la mer ? Toutes les Théodora ne vont- -elles pas sur les fleuves ? »Le lecteur achève ce roman des rois, grandit en humanité. Publié par Les Editions & Esperluète « La Théo des fleuves » est majeur. Son exemplarité rare. le sceau de l'auteur sera le témoignage perpétuel hors du temps et de l'espace. A lire d'urgence.
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La masse critique de babelio m'a permis de recevoir ce livre de la part des éditions esperluète. J'apprécie les récits relatant la vie de culture différente.
Malheureusement, je n'ai pas aimé ce livre.
Je n'ai pas apprécié le style d'écriture. Je trouve que le récit n'est pas fluide, on passe d'une période à une autre sans vraiment de lien entre les deux. L'auteur commence à relater des événements et tout un coup passe à la conséquence sans qu'on sache réellement ce qui est arrivé, parfois il revient dessus 50 pages plus tard.
Quand j'ai lu le résumé, j'ai pensé que c'était Théodora qui relaterait le récit de sa vie. Hors ce n'est pas forcément le cas, la plupart du temps, j'ai eu l'impression que quelqu'un d'autre raconter l'histoire à sa place.
L'histoire en elle même est intéressante mais je n'ai pas réussi à accrocher à cause de l'écriture.
Je pense que pour pouvoir apprécier ce livre à 100%, il faut apprécier ce style d'écriture.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
15 juin 2017
Née Rom, Théodora se souvient d’une vie faite de passions et de départs.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Théodora marche et, marchant, redonne du souffle à sa vie, elle se fait être en chemin comme une réfugiée qui porte l’avenir du monde. Théodora marche pour dompter l’espace et soumettre le temps à ses interrogations, à ses désillusions. Plus elle marche, plus elle se vide de toute pensée claire, elle crée à chaque fois un dialogue entre son corps et les sensations qu’il recueille. Le corps comme expression de l’esprit, comme exubérance de l’âme. Elle le sent : le corps vulnérable engendre les forces de l’esprit, dans la marche, en chemin, son corps à la fois puissant et fragile. Elle fuit ce qu’elle ne pourra pas oublier. Elle marche jusqu’à manquer d’air.
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Je n’ai qu’un livre, celui que m’a donné ma mère à ma naissance et que j’ai donné à mes enfants le jour de leur naissance, la vie. Mon livre rendu fertile par la terre sur laquelle je marche en traversant les saisons. La terre me nourrit de ses fruits et me procure des plantes pour soigner nos corps, la terre qui accueille nos défunts. Mon livre se remplit de l’eau de la rivière dans laquelle je me lave et attrape les poissons, de l’eau des cascades dans laquelle jouent nos enfants nus en été et de l’eau des sources qui nous abreuvent. Je lis mon livre dans les chants et les légendes qui naissent et se recomposent autour du feu qui nous réchauffe en hiver, dans les travaux des femmes lorsque le feu cuit nos repas de tous les jours. Mon livre dit que le Tsigane ne quitte rien ni ne va quelque part, le Tsigane parcourt sa demeure, les terres qu’il traverse. La foulée tsigane est une quête infinie.
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