La colère du faucon

L'homme s'est approché, son haleine chargée de l'odeur du cigare les effleure, il tire sur la forte tresse blonde de la mère et lui renverse la tête. L'enfant voit ses yeux tout près. Ils sont gris clair et brillent d'un éclat métallique. Quelques phrases chuchotées encore, des « s » tranchants, des « ou » répétés, des mots et des sons que l'enfant saisit et n'oubliera jamais : « Anne... mensonges... je saurai.

Gabriel Bachmann, officier de la Wehrmacht et ancien haut fonctionnaire chargé de réécrire l'histoire du peuple allemand, est fait prisonnier alors qu'il fuit Paris devant les troupes alliées. de retour chez lui en Sarre, un land allemand devenu protectorat français, il espère se construire une seconde carrière, aussi ambitieuse que la précédente. Toutefois, non seulement il se heurte aux nouveaux lieutenants du pouvoir, mais sa famille échappe à son autorité. Si son fils aîné lui fait fête un temps, sa femme s'est détournée de lui, et aux yeux du cadet, il est l'intrus dont il faut contrer l'écrasant despotisme. L'enfant n'a pas oublié les menaces adressées à sa mère par le singulier visiteur d'une nuit de novembre 1944 ni son regard incendiaire. La confrontation de plus en plus violente entre Falk et son père se transformera en une lutte sans merci.
Né en Sarre pendant la Seconde Guerre mondiale, Hans-Jürgen Greif a vécu l'époque troublée qui a suivi la défaite allemande. La colère du faucon, son huitième roman, met en lumière les profondes blessures infligées à l'esprit et à l'âme des survivants du conflit. Avec la finesse qu'on lui connaît, l'auteur démonte les mécanismes de la haine et de la colère, exacerbés par une accablante incertitude politique, qui menacent de broyer tant le père que le fils.
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