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EAN : 9782876837744
50 pages
la Compagnie littéraire (31/12/2099)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Dans ce nouveau recueil de poèmes en vers libres, Bernard Thaumiaux, témoigne de son expérience d’éducateur auprès de toxicomanes dont une bonne partie se prostituait durant les premières années SIDA à Paris et dans sa banlieue. Quelques vers en toute humilité pour un hommage poignant et profondément touchant.

La Dérogeance est un éloge à celles et ceux que la misère sociale a plongé dans la décadence et à qui la souffrance a ôté leur dignité.
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La dérogeance, historiquement, était faite d'actes incompatibles avec l'état noble. Son état était de faire perdre la noblesse et ses privilèges. Action infamante ou crime inexpiable, telles étaient les origines de la chute. de la déchéance. Retour à la case roturière.


Bernard Thaumiaux nous parle d'une autre forme de noblesse, celle de la dignité humaine. Dont on s'éloigne par des actions avilissantes et humiliantes. La dérogeance des alcooliques, celle des prostitué.e.s pour de la drogue, celle des marginaux, des SDF, celles des paumés, des exclus, des déracinés. Et il les connait bien car il les côtoie :l'auteur témoigne en effet dans ce petit recueil de poèmes en vers libres de son expérience d'éducateur auprès de toxicomanes dont une bonne partie se prostituait durant les premières années SIDA à Paris et dans sa banlieue. Des enfants à peine nubiles parfois.

Spasme du sanglot
Survie de soubresauts
Aucun sens
Dégénérescence
Aucune reconnaissance
Toujours avec alaise
Etre mal à l'aise
Il la baise
Lui ça l'apaise
Elle, n'en a que treize

Pas de fioriture, pas d'enjolivure, Bernard Thaumiaux appelle un chat un chat et dénonce, en quelques mots, l'horreur, la souffrance, de celles et ceux que la misère sociale a plongé dans la décadence.

Puis volcanique pas très catholique
Jambes archaïques,
La lave s'écoule,
Elle s'écroule.
Cratères,
Ventre à terre,
Presbytère de Denfert

Trente-sept poèmes, courts, percutants, poignants, touchants, nous plongeant parfois au bord de l'asphyxie…Tout simplement.


« La poésie est alors une arme puissante pour scalper l'horreur, pour la disséquer au point d'en faire jaillir des gouttes d'essence, larmes noires, qui éclaboussent avant d'infuser en nous », voilà mes mots lorsque j'avais fait mon retour sur le superbe Soleil à coudre de Jean d'Amérique. Les poètes ont des poings énormes car des coeurs énormes et ce genre de livre, l'air de rien, ne cesse de nous le prouver. de nous le crier. Loin d'une poésie mièvre et fleur bleue, elle existe pour mieux lever le voile et faire ressentir.

Mère célibataire
Insultes,
Adolescente,
Culbute,
Elle endure,
Droguée à son insu,
Contrainte sans repères,
Ordures,
Brûlures,
Tortures,
Piégée,
Mortifiée dans ce guêpier,
Masure au milieu des terres,
Sépulture sans père,
Urne funéraire en mer,
Morte au plus bas de la terre,
Sans envie…sans vie

Pour conclure, un merci à Pascal (@TerrainsVagues) pour ce livre, dont je reprends l'extrait suivant de sa touchante chronique :

« Drogue, prostitution coté cour, télévision et travail coté jardin. A qui la déchéance ? Au junkie qui vend son corps ? Au bon citoyen assis devant son jeu télé débile après avoir donné « son cul » pendant huit heures à un patron ? On en est même au « télétravail » alors... »

Alors, lisons ce genre de poésie qui dérange, fait prendre conscience, sensibilise… !
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Whaou…
Je ne sais pas trop comment commencer ce billet pour ne pas perdre tout le monde dès la fin de la première phrase mais comme il faut appeler un chat un chat ben… tant pis pour les âmes pures chastes et sensibles.

Amis lecteurs, si vous aimez la poésie, il serait peut être temps de revoir vos critères poétiques en vous plongeant dans ce petit recueil qui avec son air de rien bouscule tant d'idées reçues.
Amis lecteurs, si la poésie, pour vous, rime avec niaiserie et que blablabla, venez vous faire défoncer (dans tous les sens du terme) la certitude par l'écriture de Bernard Thaumiaux.
Amis lecteurs, ici la poésie se fait révolte, militante. le vers rend mal à l'aise parce que le voyage auquel nous convie l'auteur nous emmène dans les bas-fonds de l'Homme, dans les bidonvilles de la dignité.
Quand vous saurez que l'auteur, en temps qu'éducateur, a baigné dans un monde de toxicos se prostituant pour la plupart d'entre eux, dans les premières années SIDA, vous aurez une idée plus précise du décor.
Excursion au pays du sordide avec itinéraire bis sur les sentiers du glauque, je sais, c'est pas vendeur et pourtant…
Et pourtant s'il est une constante chez l'Homme, c'est bien celle de vouloir se persuader que si on ne voit pas quelque chose qui dérange, si on regarde ailleurs, ça n'existe pas.
Dans « La Dérogeance » il est question de ces poussières que les gens « comme il faut » mettent sous le tapis même si certains de ces gens au dessus de tout soupçons rentrent tranquillement chez eux le soir après avoir participé à un commerce qui encourage la misère humaine…
« La Dérogeance » c'est une lutte contre l'oubli, un hommage à des femmes, à des hommes, perdus, abusés, détruits, condamnés. C'est un hymne à la rue. Pas celle des… enfin de ceux qui veulent garder leurs petits privilèges, non, un hymne à la RUE, à ceux qui y vivent et non à ceux qui ne font qu'y passer.

"Prune

Spirale infernale,
En quête du meilleur produit,
Elle se produit dans un réduit.
Elle palpe et malaxe toutes sortes de fruits…
Certains sont juteux,
D'autres durs sans parler des pressés..."


"Le Palais

Locataires de cette cavité princière
Où plus d'une altesse avec ou sans délicatesse
Combla cette gorge profonde de langues passagères…"


"Epinay

Forêt de Sénart,
Air polisson
En garçon.
Fête des michetons…
Ils piaillent,
Entrailles.
Ils couinnent et lui dégouline."



Drogue, prostitution coté cour, télévision et travail coté jardin. A qui la déchéance ? Au junkie qui vend son corps ? Au bon citoyen assis devant son jeu télé débile après avoir donné « son cul » pendant huit heures à un patron ? On en est même au « télétravail » alors...

Encore une fois, ce recueil va vous déranger, comme il m'a dérangé au premier abord, si vous voulez sortir quelques instants de fictions « confortables » mais se voiler la face ne change rien à l'affaire, l'innommable fait partie de l'Homme.
Voilà, si vous voulez vous aventurer dans la branche hardcore de la poésie accrochez vous mais n'oubliez pas que si nausée il y a elle ne doit être due qu'aux causes de l'ignoble et non à ses victimes.

Merci à Babel, aux éditions La Compagnie Littéraire, et Bernard Thaumiaux (il faut être poète pour s'occuper des gens de la rue et autres… marginalisés) pour l'envoi de « La dérogeance » dans le cadre de l'opération « Masse Critique ».
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À mot couverts on entre dans un univers fait de misère, d addictions et d'abus. Pas de grandes envolées lyriques, le style est concis, incisif et se prête de ce fait bien à la violence des thématiques (drogue, prostitution...) - le ton est déjà donné dès le titre, il n'y a rien de très noble dans ce recueil.
L'écart entre la poésie et sa "douceur" et la réalité parfois très crue qui se cache dans les poèmes de ce recueil rend les propos je trouve assez violents.
J ai eu finalement du mal à accrocher car certains termes assez crus m'ont interpelée et j'avoue préférer un style moins direct et "vulgaire".
A réserver je pense à un lectorat averti .
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Ces poésies en vers libres illustrent la violence de l'addiction, du monde de la drogue et de la rue, en jouant avec le rythme et des mots qui tranchent avec ceux de la poésie traditionnelle.
L'auteur utilise des mots familiers voire vulgaires mais surtout violents.

Je n'ai pas vraiment accroché car ces poèmes m'ont dérangé, et m'étaient désagréables.
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Un recueil criant de vérité sur un sujet brulant d'actualité, l'auteur exprime avec émotion une approche directe et sans tabou d'une réalité complexe. le ressenti à sa lecture parfois brutal, toujours sincère permet de mieux comprendre un monde inconnu qui inspire réflexion et questionnement.

Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
A vivre dans les lendemains
On meurt les rêves
Entre les mains.

Johann Dizant.
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