Grâce au personnage de petite peste philosophe qu'elle a créée, l'illustratrice italienne
Vanna Vinci est visiblement une star dans son pays natal. Sa notoriété n'a pas certes encore franchi la frontière des Alpes, mais cela sera peut etre bientôt chose faite car depuis peu est sorti le premier tome de cette petite peste philosophe, sous titrée autonomie d'une débacle. Cette petite peste philosophe est un personnage étonnant qui dérange. Elle est petite, mais elle n'est pas du tout enfantine, et fait de son enfance un prétexte pour l'insolence et l'insensibilité dont elle fait preuve.
Elle est une adepte du nihilisme pessimiste de
Cioran, aime faire de la provocation avec
Karl Kraus, et lit
Kant en cas d'insomnie…Son compagnon préféré est un gorille doudou, mais elle n'y joue pas, elle l'aime parce qu'il sait rester en silence sans jamais la contredire. En revanche, la petite peste contredit tout le monde et n'écoute personne : elle « souffre de sensibilité intellectuelle » !
Bref, pendant toute la lecture de cette petite peste philosophe, j'ai beaucoup pensé à une autre personnage de BD d'origine latine, Mafalda, cette petite fille argentine crée en 1964 et dont j'ai lu toutes les aventures ou presque pendant mon enfance. Aussi mature, cynique et désenchantée que la petite peste italienne, les deux personnages pourraient être soeurs ou cousines, mais il n'est pas sur qu'elles se supporteraient l'une et l'autre!!!
Il faut dire que la petite peste (ou Bambina du titre original) est peut- être encore plus nihiliste que Mafalda. On suit ses aventures dans toute une série de petite histoire où elle refuse de venir au monde, elle se fait renvoyer de la crèche puis elle tente de retarder le plus possible l'entrée à l'école, elle doit cohabiter avec sa mère, un cochon qui parle, dénommé « Lino Trifola » (moments complètement absurdes, et assez tordants), et le seul interlocuteur à sa mesure, « Lillo » le gorille.
Personnellement, ce genre de BD est typiquement mon genre d'humour avec dedans, ce qu'il faut de cynisme, de dérision et d'intelligence, et j'ai pu me reconnaitre dans le coté un peu associal de la gamine (en moins développé rassurez vous).
Maintenant pas sûr que cet humour soit populaire et fédérateur, cette petite fille n'ayant pas forcément grand chose d'universel (étrange que les italiens se soient autant reconnus!).
Quant aux dessins, exclusivement en noir et blanc,ils touchent par leur simplicité et leurs précisions en même temps... Une bonne bande dessinée qui devrait appeller d'autres tomes si le succès chez nous est au rendez-vous...
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