Un petit livre pioché dans la bibliothèque du bureau ,mis à disposition par un collègue féru de la première guerre mondiale, je me suis lancée...
Il retrace l'histoire de deux familles dans un petit village du Dauphiné : elles traversent la première guerre mondiale (l'une y perd ses trois fils) et subissent les haines et règlements de compte qui perdurent après la paix.
Tous les éléments se trouvent dans ce récit : la guerre, la misère, la tristesse, l'abus de pouvoir, la vengeance....
Pour découvrir les blessures des guerres...
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Ce livre a été un littéral régal! On a souvent parlé de cette guerre, on la connait bien. Cependant, Les protagonistes de cette guerre, bien qu'inscrits sur les monuments aux morts, nous sont très souvent inconnus. Encore plus ceux qui ne sont pas inscrits sur ces-dites pierres!!
Encore plus méconnu, la vie de ceux qui n'ont pas fait cette guerre, ceux qui ont attendus dans l'angoisse le retour de ceux qui se sont portés volontaire ou qui ont été appelé pour la France. Nous parlons peu également de la douleur de ceux qui ne reverrons jamais leur enfant partis se battre pensant gagner ce combat et revenir victorieux..
Quatre ans d'espoir, quatre ans à se dire qu'il ne faut pas que leur fils soit mort pour rien!
Puis, la victoire enfin là, la douleur de voir que le monument au morts ne porte pas le non de leur enfants, qui a pourtant souffert pour cette France....
Tout cela est très poignant, on a envie de comprendre et on n'ose croire ce qu'on lit tellement l'explication est en totale décalage avec la réalité et la dureté de la guerre et de ses morts..
Déstabilisant mais poignant, j'en conseille la lecture à tous les amoureux d'histoire.
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Une enquête fort bien mené qui se lit comme un roman et participe à la réhabilitation de trois frères morts "tombés au champ d'honneur". On y trouve tous les ingrédients du rejet; religion, xénophobie, rancune, jugement à l'emporte pièce et fatalement l'injustice, heureusement contrebalancé par le désir de transmettre, d'enseigner, tolérance et cohabitation de la foi et de la laïcité dans le coeur d'un homme.
Tout ça en 125 pages. Ce serait dommage de passer à côté.
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Adolphe et Marie-Philomène sont accablés de chagrin. Quel sort cette guerre réservera-t-elle à Alfred, leur fils aîné mobilisé depuis quinze jours, et à Louis, leur fils cadet qui a été décoré de la croix de guerre en Alsace ?
L'hommage du village est immédiat. Poignées de main solides, chapeaux qui se lèvent à leur passage, regards chauds et tristes, silence respectueux. Quand on les croise, on embrasse les filles de la famille dont les yeux rougis trahissent larmes et sanglots. Mais l'on parle peu à Adolphe et à Marie-Philomène. Comment témoigner son affection à un homme que l'on a surtout pris l'habitude de respecter ?
Le curé multiplie les visites et les marques de sympathie:
- Votre souffrance, je veux la porter avec vous, répète-t-il aux deux parents.
- Merci mon père. Nous avons de la chance d'être soutenus par vos prières.
- Mes pensées dépassent les mots d'église. Il faut que vous entendiez toute l'affection que nous sommes si nombreux à vous porter. Elle n'est pas catholique et solennelle. Elle est amicale, clandestine, générale. Les parents de vos élèves, vos voisins, les paroissiens et nombre de membres du conseil municipal n'osent vous dire qu'ils vous aiment. Vous n'êtes pas seuls, croyez-moi !
- Nous y sommes très sensibles, mon père. Mais vous me connaissez: j'ai conçu ma vie dans le don, et recevoir me gêne, soupire Adolphe.
Voici trois jours, Jean Jaurès a été assassiné au café du Croissant à Paris, alors qu'il dinait avec des amis à quelques pas de son journal, L'Humanité. La voix du tribun du Tarn résonnait dans la France entière et dans le cœur du premier magistrat du Moutaret. Il admirait la détermination de cette statue vivante de la République, qui avait "déclaré la guerre à la guerre" et s'employait à empêcher le "meurtre entre les nations, c'est-à-dire entre les peuples".
- Mais crois-tu qu'il soit suivi par son conseil municipal et par la population ? poursuit Marie-Philomène.
- Penses-tu ! En France, les rois ont disparu mais les courtisans sont restés.
Emission Historiquement Show — Les Frères Rattaires avec Philippe LANGENIEUX-VILLARD