SOUS LE CERISIER BLANC
Un temps de désir sans nom
un temps de dôme
et d’attente nue
un temps lavé par les vents
une heure de solitude peut-être ?
une heure de regard perdu sous mes rosiers de nuit
le Bien-Aimé me tourne alors, me serpente, me parcourt
me crie grâce de jurer son amour
pour n’être plus moi-même
que cette passion qui entoure
le serment seul est vivifiant
en prière d’être partout
ce qui regarde
ce qui attend
JEUNE MÈRE
Souvent tu me dévêtais
souvent j’étais vivant
il faut être nu pour chanter ce chant
l’eau que tu versais sur moi
retombait à grand bruit dans l’océan
épousait mon ventre grandissait mon sang
et me séchant contre toi tu fredonnais
quelque chose d’une voix légère
que je ne connaissais pas et qui était toi
je ne bougeais plus je t’écoutais
enveloppé dans la serviette humide
une de tes mèches contre ma joue
il faut être nu pour chanter ce chant
souvent tu me dévêtais
souvent j’étais vivant
L’AMOUR SIMPLE
Rien n’a de prix que ton sourire
la lumière qui nous lie
et l’esprit embrassé
je le sais
les jours à sec me l’ont assez dit
comme l’eau ton visage porte
un mot de toi et me voici à flot
bondissant vers l’instant
dans la belle ordonnance
d’un navire affrété pour longtemps
BLEU NUIT
Approche, mon doux oiseau de nuit
pose-toi en mon feuillage
Plus rien ne puisse t’effaroucher
Les hommes ont beau soupirer…
les hommes ont beau soupirer
et leurs livres dormir
ils sont en réalité les morts
et ceux-là les vivants