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EAN : 9782234071674
768 pages
Stock (17/10/2012)
2.75/5   14 notes
Résumé :
Une femme est retrouvée nue, assassinée, le visage défoncé, dans un passage de La Mecque. Cette affaire émeut profondément les habitants de ce quartier et vient réveiller de lourds secrets de famille, d’amours interdites, mais aussi de malversations financières, au sein d’une ville dont l’architecture et le patrimoine religieux excitent la convoitise des sociétés immobilières.
L’inspecteur Nasser est chargé de l’enquête, ce qui rompt pour un temps sa routine ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un meurtre a eu lieu. Dans une impasse de la Mecque, le corps nu d'une jeune femme a été retrouvé. L'inspecteur Nasser va mener les investigations. Arbourssnous, c'est le nom de cette impasse qui va nous raconter l'enquête. Elle nous présente Youssef, l'historien fou de la ville, Moaz, futur imam et apprenti photographe, Khalil, pilote au chomage, le bouc des gardiens-eunuques, sans papier.
Le livre est écrit dans un style protéiforme : satirique, blasphématoire, drôle, tragique. Un récit d'érudit qui joue sur les multiples registres de la langue et de la littérature. Raja Alem nous décrie les inégalités de cette société patriarcale où les femmes sont reléguées dans les recoins obscurs des cuisines, l'exploitation des travailleurs immigrés, l'absence de liberté politique. le foisonnement des intrigues et des personnages est parfois déstabilisant et lassant. C'est un roman un peu trop lourd à digérer à mon goût.
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Voilà qui est original, la narration est faite par une ruelle, Abourrouss, qui a vue en son lieu un cadavre. Les deux ou trois premiers chapitres présentent les alentours, proche de la Mekke, mais aussi un peu d'histoire de la ruelle et apprenant au passage quelques bribes de coutumes locale.
Les chapitres sont très courts, une page ou deux, et le gros avantage de chapitres aussi petits c'est qu'on passe vite à autre chose si le sujet ne plaît pas. Au début par exemple, la présentation des personnages est brève, pas besoin de tout dévoiler maintenant car le sujet principal ce n'est pas eux mais la ruelle et ce qui nous intéresse c'est le cadavre. de plus cela rend le roman dynamique, ce qui est une bonne chose pour un gros pavé.
L'intrigue n'est pas exceptionnelle, mais j'ai apprécié les différentes facettes du roman. Premièrement, la ruelle qui raconte l'intrigue, on a de la distance sur ce qu'il s'est passé en ce lieu, bien loin des croyances et des pudeurs de l'humain. La ruelle est un observateur externe et pourtant l'intrigue m'a tenu en haleine.
Secondement, le fait de ne pas savoir ce qui est arrivé à cette femme, ni même qui elle est donne à ce doute tout l'intérêt du récit. Vient ensuite les intrigues entre les personnages et le dénouement qui, s'il est quand même prévisible, arrive à me satisfaire.
Dernier point, la culture ! Ce roman m'a beaucoup appris sur les us et coutumes de l'Arabie saoudite, sur l'islam (non modéré, clairement) et un peu sur l'histoire de ce coin de Terre.

Pour moi c'est une réussite.
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L'inspecteur Nasser est chargé d'enquêter sur la mort d'une femme dans un quartier de la Mecque. Cette affaire va le plonger au coeur de la corruption immobilière qui gangrène la ville sainte mais aussi dans des histoires d'amour interdites...

Les éditions stock ont  lancé une nouvelle collection. Les livres de la cosmopolite noires " sont "des polars qui s'inspirent de réalités politiques et sociales tout en révélant de vraies personnalités littéraires, explique l'éditrice Marie-Pierre Gracedieu.

Cette sombre histoire d'assassinat,  de corruption et d'amour à La Mecque va nous entraîner dans un quartier pittoresque aux confins de la ville sainte. Nous allons découvrir Abourrouss, cette rue de la vielle ville. Surpeuplée et chatoyante, nous allons y croisé la misère, les va nus pieds, les petites magouilles pour la survie quotidienne.
Et à coté de cela, la société Meccoise et saoudienne, la belle société va nous être présentée comme jamais elle ne nous a été présenté. En effet, l'auteur dénonce avec la poésie de ses mots, une ville gangrenée par l'appât du gain, le profit, les manigance en tout genre, les secrets de famille. Elle dénonce les travers d'une société en déliquescence entre délinquance et extrémisme religieux. Elle regrette qu'aujourd'hui le fric et le béton viennent détruire et défigure le coeur historique de la ville. Le profit de ces promoteurs qui exploitent la mains d'oeuvre clandestine des ouvriers immigrés.
Mais ce livre n'est pas qu'une critique noir, c'est aussi une écriture, une voix singulière. Il faut dire que la langue de Raja Alem est riche et belle. Elle est onirique, prodigieuse.
Et pour couronner le tout, l'auteur nous fait voyager dans le temps et l'histoire.
D'abord, une banale histoire d'amour que l'on vit à travers les lettres d' Aïcha (la victime) à son ami allemand, qui fut, le temps d'un séjour dans son pays, son amant. Une relation amoureuse et épistolaire qui malheureusement est perçu d'un très mauvais oeil et dérange les "biens pensants".

Les Jardins de l'Alhambra, Grenade Espagne
Enfin, il y a l'histoire d'une civilisation, celle de l'islam, celui qui s'est faite conquérante pour apporté à l'occident sa culture brillante et raffinée, celle d'Ibn Firnas , d'Averroès ou d'Ibn  Arabi . ce pédagogue et philosophe du XIIIe siècle a des idées révolutionnaires pour l'époque : il estimait notamment que les enfants devaient apprendre l'arabe avant le Coran, et non dans le Coran. On va retrouver les douceurs de l'orient en Andalousie, cet al Andalous mythique où les trois religions du livre cohabitaient pacifiquement.

Vous l'aurez compris, le collier de la colombe est un roman protéiforme magnifiquement écrit qui m'a conquis et qu'il est urgent de découvrir.

 Il est a signalé que Raja Alem a reçu pour cet ouvrage, l' Arabic Booker Price, et que c'est la première fois que ce prix prestigieux a été remis à une femme.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Deuxième roman de Raja Alem publié en France, après l'excellent « Khâtem » publié aux éditions Actes Sud dans la collection Sinbad, « le collier de la colombe » nous entraîne dans une enquête policière au coeur même de la mecque, dans un passage étroit de la ville appellé Abourrouss. Un passage dans lequel résonne l'âme de cette ville sainte, un passage qui décide de nous livrer sa propre version de cette affaire, de ce meurtre terrible de cette femme retrouvée nue et violentée, le visage défoncé, nous présentant selon son point de vue les différents protagonistes de l'affaire, et par là même nous entraîne dans sa propre histoire, dans l'histoire de cette ville qui voit tous les musulmans du monde se tourner quotidiennement vers elle et rêver de venir effectuer le « hajj », le grand pèlerinage que chaque musulman doit y effectuer au moins une fois dans sa vie.
Derrière cette circumambulation incessante autour de la Kaaba de ces pèlerins, cette vision première de la Mecque telle que la voit au début du roman l'inspecteur Nasser, vibre le désir brimé de ces hommes et de ces femmes, qu'il soit désir de l'autre, désir d'absolu, qui ne pourra jamais se vivre, étouffé par le poids des tabous. Raja Alem n'hésite pas à critiquer cette société qui aura, sous couvert de licite et d'illicite, séparé irrémédiablement les sexes, couvert les femmes pour qu'à aucun moment, on ne puisse ne serait-ce qu'imaginer leur apparence, au point que hommes et femmes ne savent plus à quoi ressemble l'autre, vivent dans la méconnaissance de l'apparence de son prochain. La frustration engendre ainsi le fantasme nécessairement inassouvi qui entrainera à son tour la violence… La fuite, virtuelle ou non, sera-t-elle la seule échappatoire possible ? La fuite ou la mort ? (La suite : http://livredelire.com/2013/01/06/le-collier-de-la-colombe-de-raja-alem/)
Lien : http://www.livredelire.com
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Magnifique écriture mais le sujet me tombe des mains
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Qui est le mieux placé pour relever ce défi : écrire une biographie du passage Abourrouss ? Mais moi, Abourrouss en personne ! Moi, avec mes innombrables têtes. Moi, Abourrouss, cette petite impasse située aux confins de la ville, près de la zone où les pèlerins se purifient avant d’accomplir le rituel du petit pèlerinage, qui consiste à se laver de tous les péchés de l’année écoulée afin de se préparer à une nouvelle année de péchés. Moi, Abourrouss, champion toutes catégories de l’inhalation, titre que j’ai amplement mérité de par mon aptitude à survivre au milieu d’odeurs insoutenables. Il faut dire que personne ne s’est occupé de moi, on n’a pas jugé bon de m’installer l’éclairage électrique, de sorte que j’ai appris à rester dans l’obscurité, assoupi, et à humer à plein nez les odeurs pestilentielles qui naissent de la fermentation des ordures et des débordements d’égout ou qui hantent les rues non entretenues. J’ai aussi habitué mes oreilles aux sons discordants qui sont le lot des ruelles négligées. Toutes ces nuisances, je les garde un peu en moi avant de les rejeter doucement par la bouche, sous forme de rumeurs, de légendes et d’interdits destinés à étouffer mes riverains, lesquels se mettent alors à fouiller dans leur passé pour y trouver une consolation. C’est qu’ils peinent à supporter leur présent morbide aussi bien qu’à envisager cet avenir atomique qui va les pulvériser.
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Mon nom à moi, Abourrouss, n’est pas si mal. Le seul passage que je pourrais envier, c’est celui du Coude, dont on pense qu’il abritait la boutique où Abou Bakr le Véridique, premier calife de l’Islam, vendait de la soie, ainsi que sa maison. En face, encastrée dans le mur, se trouve une pierre que les gens viennent de loin pour toucher, car, à ce qu’on raconte, il suffit de l’effleurer pour qu’elle salue le Prophète ; peut-être est-ce à cette pierre que ce dernier faisait allusion lorsqu’il a dit : « Je connais à La Mekke une pierre qui me saluait les nuits où je partais recevoir la Révélation. » Juste à côté, la surface du mur est percée d’une anfractuosité devant laquelle les foules viennent se recueillir, voyant en elle la marque creusée par le noble coude du Prophète lorsque celui-ci y prit appui pour dialoguer avec ladite pierre. On dit que les Mekkois frappés de stérilité effectuent le parcours depuis la maison de Khadija1 jusqu’à cette pierre, et que, aussitôt, ils deviennent fertiles et donnent naissance à une abondante lignée. Je rêverais moi aussi d’être un passage aussi féerique, où les murs sont dotés de bouches qui parlent aux passants et répondent à leurs attouchements.
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Quelquefois la parole nous trahit, et nos émotions se fracassent au milieu de nos bégaiements timorés et sans beauté. Plutôt que de nous plaindre, nous devrions entraîner nos mots à la tendresse, afin qu'ils coulent comme l'eau d'un fleuve et embaument comme le parfum sur le corps d'une statue. Faudrait-il que nous revenions au monde équipés d'un dictionnaire amoureux, où nous puiserions les mots de l'adoration ? Je ne sais pas. Je ne sais pas.
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Le grand cadi de La Mekke fut contraint de prononcer une condamnation expéditive pour polythéisme, grâce à quoi il devenait licite de verser leur sang – ce qui fut fait sans tarder : une nuit, ils furent décapités et leurs corps jetés dans le puits de Yakhour, où se déversaient les torrents d’eaux usées de La Mekke. Quant à leurs têtes, elles furent plantées au bout de piques et placées en évidence à la sortie de la ville, là où les hommes avaient été arrêtés.
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À une époque antérieure à ma naissance, il advint qu’on découvrit, disséminées sous terre près de la zone où les pèlerins se purifient avant d’accomplir le rituel du petit pèlerinage, quatre têtes humaines. Attention, ne vous méprenez pas, je ne vous parle pas du cadavre de cette femme qui s’est détaché de la narration de ce récit comme une perle se détache d’un collier, m’obligeant à sortir de mon silence, mais d’un autre fait divers bien plus ancien : les têtes appartenaient à quatre hommes qui avaient été décapités à l’époque où régnait sur La Mekke un quelconque charif1, peut-être était-ce ‘Aoun, ou bien un gouverneur turc dont le nom m’échappe.
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