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EAN : 9781022601505
Editions Métailié (17/03/2016)
3.25/5   14 notes
Résumé :
Le 9 août 1971, à Medellín, un homme d’affaires, Diego Echevarría, est enlevé. Grand admirateur de la culture allemande il avait fait construire un pastiche du château de La Rochefoucauld. Il y vivait en écoutant Wagner avec sa femme et sa fille, Isolda, qu’il veut garder à l’abri du monde. L’atmosphère de la demeure est oppressante pour l’adolescente qui trouve dans le parc comment tromper sa solitude. Elle vit dans un monde de fées, de lucioles et d’esprits des bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En 1971, à Medellin, Colombie, les gangs de narcos ne s'entre-tuent pas encore sur la place publique et la ville n'a pas encore acquis sa sulfureuse réputation de repère de barons de la drogue, mais elle en prend tout doucement le chemin. En effet, Mono et sa petite bande de malfrats un tantinet bras cassés ont enlevé Don Diego, riche homme d'affaires, de quoi se faire de l'argent facile et une belle vie avec la colossale rançon que la famille ne manquera pas de payer. Croient-ils.

Don Diego vs Mono, tout les oppose : quartier riche et quartier pauvre, train de vie de sénateur et voyou à la petite semaine, opéras de Wagner et musique de juke-box, l'un vieux, prudent et réac, l'autre jeune, rebelle et tête brûlée. Un seul point commun entre les deux hommes : leur obsession pour Isolda, la fille de Don Diego.

Isolda, la blonde Isolda, petite princesse choyée par son père qui a fait bâtir une réplique de château-fort pour la protéger du monde extérieur si menaçant. Isolda, petit lutin doré, qui se sent pourtant enfermée dans ces hauts murs et dans ses robes de poupée, et qui, à la moindre occasion, s'échappe dans le vaste parc autour de la maison pour s'amuser avec ses chimères. Isolda l'inaccessible, épiée du haut des branches des arbres par Mono ou les gamins des quartiers défavorisés.

Le roman, centré sur l'enlèvement de Don Diego, alterne les époques, remontant le temps jusqu'à la rencontre de celui-ci avec sa future femme en Allemagne, et croise les points de vue, observant tour à tour le quotidien des ravisseurs et de leur précieux otage pendant les semaines de séquestration, et celui du château, où la police piétine près du téléphone. Le tout est encore parsemé d'épisodes où l'on suit la douce et aérienne Isolda dans son exploration du parc, interludes qui agissent comme de petites respirations oniriques et sereines dans un récit par ailleurs tendu et sombre.

Bien écrit, bien construit, malgré la touche fantastique qui tombe un peu à plat, ce roman, inspiré de faits réels, vaut surtout pour le huis-clos entre Mono et Don Diego, et la lutte psychologique où chacun tente de prendre l'ascendant sur l'autre, où chacun comprend, ou comprendra plus tard (trop tard), que l'amour obsessionnel rend prisonnier et conduit à la perte, de soi-même et de l' « objet » aimé. Une histoire d'enlèvement qui joue sur les thèmes de la vie et la mort, et de l'éternelle opposition entre liberté et évasion d'une part, et enfermement physique et mental d'autre part, et qui montre que le sort, ironique, contrarie les choix des hommes et souffle des grains de sable dans leurs projets les mieux réfléchis. L'emprisonneur emprisonné, en somme... La fin du roman reste (paradoxalement) ouverte, mais on sent que ça ne peut pas bien se terminer.

Se méfier du monde extérieur ? À voir... mais surtout à lire...

En partenariat avec les éditions Métailié.
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Faut-il lire les quatrièmes de couverture ? Celle du dernier livre de Jorge Franco, le monde extérieur, nous promet "Un roman fantastique à mi-chemin entre les frères Grimm et les frères Cohen." Indépendamment de la mauvaise orthographe des cinéastes, ce résumé ne donne qu'un aperçu incomplet et insatisfaisant de la richesse d'un ouvrage aux strates narratives multiples qui joue de façon ingénieuse avec différentes temporalités et de multiples personnages. le cadre principal est celui de la ville de Medellin, en 1971, pas encore devenue un enfer mais prête à y plonger. Isolda, la fille de l'homme d'affaires enlevé et le fantasme de son principal ravisseur, est assez énigmatique, réfugiée au gré des souvenirs de l'un et de l'autre dans un monde irréel soit le parc du château familial aux allures de jungle féerique. Elle est le symbole de l'innocence dans un univers corrompu, celui de son père, aux croyances et amitiés douteuses (les pages sur l'Allemagne de l'après-guerre sont remarquables). le roman se situe à part égale du côté des pauvres, des gamins des rues et des petits escrocs rêvant du coup génial pour se sortir de la dèche. Aux accents réalistes et plus épisodiquement fantastiques de sa trame, Jorge Franco ajoute un humour bizarre, noir en tous cas (le médium belge), qui fait basculer parfois le livre dans une dimension quasi parodique, sans que cela nuise à son intérêt. A vrai dire, le monde extérieur a quelque chose de mystérieux et d'insaisissable, à l'image de sa conclusion, ouverte et pour tout dire, peu compréhensible. Qu'importe, après La fille aux ciseaux et Melodrama, notamment, Franco se place sans discussion parmi les meilleurs auteurs colombiens quadra ou quinquagénaires aux côtés de Vazquez, Abad et Gamboa, entre autres.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Un roman puzzle qui se met en place petit à petit avec des allers-retours spatiaux-temporels et narratifs (Berlin et les souvenirs d'une rencontre, Medellin et le Château, la ville, une maison isolée au gré des personnages, entre actions présentes et passées), et qui laisse des pièces manquantes et un air de mystère libre d'interprétation.
Après Paraiso Travel, ma première découverte de Jorge Franco, qui abordait l'immigration colombienne, je retrouve ici les thèmes de l'obsession et de "sortir de sa vie" mais avec plus d'histoires (parfois suggérées) et de Colombie (années 60, quand la jeunesse devient hippie).
Un mélange de tragédie et de burlesque, de réalisme et d'énigmatique, qui me confirme que j'aime cet auteur. Ça tombe bien, Mélodrama attend dans ma PAL.
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En août 1971, à Medellin, Mono Riascos, autrefois gosse des bidonvilles, enlève le riche homme d'affaires, don Diego Echevarria. Avec un château au centre d'un grand parc naturel construit lors de son retour d'Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale, cette famille de Medellin devient un sujet d'envie et de haine pour les gosses de la rue. Mono, gamin, passait son temps à admirer Isolda, la fille de don Diego lorsqu'elle s'évade dans le parc et la forêt, refuge de son esprit fantasque.

Il faut dire que la petite fille se retrouve bien seule cloîtrée dans son château, à peine surveillée par Hedda sa professeur allemande ou par sa mère, Dita, « une allemande bien élevée, fille de pasteur » aux pensées toutefois très libérales. Alors, elle s'échappe souvent dans sa maison de poupées ou la forêt pour discuter avec des animaux imaginaires. Mono, perché dans les arbres la contemple, avec sa mini jupe rouge.

C'est elle que plus tard, devenu adulte, il aurait aimé enlever mais il devra se contenter du père vieillissant.

Avec ces deux personnages, Jorge Franco illustre la fracture sociale de Medellin. Prostitution, violences de rue, marihuana, perversion de certains flics comme Tombo qui fait partie de la bande de Mono, la jeunesse devient folle comme le symbolise le festival d'Ancon, « le Woodstock colombien« . Pendant ce temps, Diego écoute Wagner mais sa famille ne parvient pas pour autant au bonheur.

« Moi, le temps, dit-elle, je ne le supporte plus. Tout ce qu'il amène il l'emporte sans pitié. Il amène l'amour, il l'épuise et il l'emporte. Il emporte ta mémoire, tes souvenirs, il emporte tes forces. Il amène aussi la douleur, et si tu la supportes, il te laisse une blessure avec laquelle tu es obligée de vivre jusqu'à ce que ce maudit temps décide de t'emporter, toi…toute cette histoire et ce qui nous est arrivé avec Isolda, me fait dire que mes années de bonheur n'auront été que la répétition d'une pièce de théâtre qui n'a finalement pas marché. »

En croisant habilement les différentes époques, l'auteur finit par nous laisser comprendre les états d'âme des différents personnages au cours de cet enlèvement. Mais une part de flou persiste toutefois. Ce qui, avec la fin elliptique fait aussi de ce récit inspiré d'un événement réel un conte avec une touche de fantastique.

Les personnages de Diego et Mono sont bien ancrés. En découvrant leur monde respectif qui se rencontrent en la personne d'Isolda, nous assistons à une intéressante confrontation et une parfaite illustration de la fracture sociale du pays.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Je n'ai pas pu terminer la lecture, ayant l'impression de me heurter à des murs et être obligé de réorienter mon esprit à chaque paragraphe. A cause du style d'écriture ? de la traduction ? de la construction de la narration ? Les personnages ne suscitent aucune sympathie. Je me suis complètement désintéressé du sort de l'otage au centre de ce roman.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il n’était pas encore habitué à la promiscuité de la nudité chez une femme bien élevée. Il ne lui avait jamais dit, mais il préférait qu’elle se change dans la salle de bain et qu’elle ressorte en peignoir. Lui n’était pas capable de se déshabiller devant elle, il mettait toujours son pyjama. Qu’elle lui enlève après c’était une autre histoire .
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Dans la forêt, les cheveux d’Isolda se transforment en spirale qui grandit à mesure que les amirages les lui tressent. Et ils l’ornent avec des gueules de loup et des pensées mauves, jaunes et blanches. Elle, sereine, les laisse volontiers la coiffer avec leur corne jusqu’à ce que sa tête ressemble à un cornet de crème glacée.
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Elle a brodé, elle a lu, elle a fait de la calligraphie, des additions et des soustractions, elle a eu cent fois le temps de s’ennuyer, et cet après-midi il ne lui reste plus que la leçon de piano
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Le voyage sur la Lune, j’en parle parce que depuis le mois dernier nous voulons tous être astronautes, depuis qu’un homme a pour la première fois marché sur la Lune devant nos yeux collés à la télévision. Le signal venait de très loin et, des fois, l’image était toute tordue, comme si elle avait du mal à traverser l’atmosphère, mais ça ne nous a pas empêchés de rester éveillés jusqu’à l’aube. Et contents, parce que avec ce premier pas le présent c’est déjà du passé et le futur, ce que nous allons commencer à vivre.
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Malgré les dégâts, le jardin zoologique attirait les visiteurs. Il était devenu un oasis pour les Berlinois, un endroit neutre pour la mémoire, éloigné des convois militaires et des discussions houleuses entre mécontents, militants et résignés. Ils croisèrent des enfants en train de rire et de jouer comme si de rien n’était, et des vieux assis sur des bancs, qui se réchauffaient au soleil, en ruminant le passé et en digérant le présent
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