AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782846179423
384 pages
BUDO (13/06/2023)
4/5   2 notes
Résumé :
Japon, novembre 1637. Après 40 années d’interdiction de la foi chrétienne, des dizaines de milliers de Japonais convertis à la religion étrangère des missionnaires jésuites, lèvent l'étendard de la révolte derrière un adolescent au profil messianique : Amakusa Shiro, un Ange venu du Ciel, annoncé par une vieille prophétie.
Paysans, guerriers, samouraïs, prêtres, c’est plus de 40 000 hommes, femmes et enfants qui provoquent le pouvoir central dans l'affirmatio... >Voir plus
Que lire après Le samouraï de DieuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour bien apprécier cet excellent récit, qu'on pourrait qualifier d'historique romancé, il est nécessaire de poser le contexte du Japon en 1637, souvent très mal connu du lecteur occidental. Déjà, l'organisation politique : il y a l'Empereur, certes, mais le pouvoir réel est aux mains du shogun, sorte de premier ministre tout puissant, auquel obéissent des daimyos, vassaux régionaux. Les samouraïs en sont les serviteurs guerriers dévoués, mais il existe des samouraïs sans maîtres. Et puis il y a en cette époque la difficile question du rapport aux chrétiens. En 1587, 50 ans avant les évènements relatés dans ce récit, le shogun Toyotomi Hideyoshi a interdit le christianisme. Certains daimyos de l'île de Kyûshû avaient été tolérants, on sait que le catholicisme a pu notamment se développer autour de Nagasaki. Sous la lignée de shoguns Tokugawa, qui va gouverner le pays de 1600 jusqu'à l'avènement de l'ère Meiji en 1851, le pays se referme à l'étranger, et les chrétiens doivent apostasier ou mourir. L'histoire se déroule sous le « règne » de Tokugawa Iemitsu, le petit-fils du fameux Ieyasu.
En 1614, un jésuite japonais, devant se résigner à quitter le pays, délivre la prophétie du Hankan (miroir du futur), selon laquelle un jeune Tendo (Envoyé) viendra sonner la révolte des chrétiens. En 1637, la prophétie est en passe de se réaliser, Amakusa Shiro est désigné pour porter les espoirs de tout le petit peuple du Kyûshû, souvent des paysans, qui non seulement entendent vivre leur culte catholique librement, mais aussi n'en peuvent plus du racket des daimyos. L'heure de la révolte, religieuse et sociale donc, est venue dans la péninsule de Shimabara, en face de Kumamoto. Plusieurs châteaux de Daimyos sont pris d'assaut par ces milliers de paysans combattants et samouraïs sans maître, facilitée par l'absence contrainte de certains de ces seigneurs, que le shogun contraint à séjourner la moitié du temps à Edo, où ils peuvent mener un grand train de vie, pour mieux les avoir à l'oeil et éviter les traîtrises. Ce qui ne semblait être qu'une petite jacquerie au début commence néanmoins à les inquiéter, et bientôt ils devront mobiliser des troupes de vrais militaires pour réprimer ces insurgés. Si ceux-ci, non aguerris au combat, ont la force décuplée par leur foi et de leur volonté de s'émanciper de longues années de joug, la réserve armée du pouvoir est presque sans limite et afflue au besoin pour sauver les potentats locaux et le shogunat. le rapport de force semble bien déséquilibré…Masuda Shiro, alias Amakusa Shiro, cet adolescent à qui au début de l'aventure ses complices ont caché que son père a succombé sous la torture pour avoir refusé de renier sa foi chrétienne, va mener son armée improvisée et aller au bout de son destin, à l'image d'une Jeanne d'Arc.

Roland Habersetzer est historien de métier, qui plus est passionné de Japon, il a signé plusieurs ouvrages aux éditions Budo, autour des arts martiaux. Son récit est le fruit d'un travail assez extraordinaire de documentation, ce que le livre rend merveilleusement, grâce à de riches annexes géographiques, historiques. Ces annexes comportent aussi quelques mots sur les personnages figurant au récit, ce qui est bien utile devant la richesse du casting.

Le roman s'applique à nous plonger dans l'atmosphère politique, les stratégies développées par les parties à la guerre, et c'est passionnant. de même, il aime nous décrire l'équipement vestimentaire et armé de ses protagonistes, et on le sent habité par ses personnages, insufflant bien tout une mystique autour de ces héros.

Néanmoins, une dimension cruciale m'empêche de décerner la note maximale. C'est le fait que le récit soit justement un peu psychologique et mystique, ce qui lui fait perdre autant en force immersive. On aimerait être davantage « direct live » de la confrontation, les combats sont trop peu racontés de l'intérieur, probablement avec leurs horreurs, certes, mais malheureusement c'est aussi ça la guerre, et cela fait partie de l'épopée. Cette chicherie, si j'ose dire, est assez étonnante car l'auteur est non seulement un expert livresque des arts martiaux, mais très certainement un grand pratiquant. A moins justement que cet art de la maîtrise de soi et de l'intériorisation ait pris le pas sur une expressivité qui pour ma part ne m'aurait pas déplue. On peut ajouter dans la même logique, que les dialogues sont trop rares. Les pensées sont intériorisées, comme si l'écrivain gardait sans cesse la main pour commenter les évènements au lieu de nous les faire vivre dans toute leur crudité. Ce qu'on gagne en profondeur, en érudition sur cette période trop peu explorée, on le perd en flamboyance, en rythme et dynamisme du récit. le lecteur reste en partie à l'extérieur et ne s'attache pas autant qu'il le pourrait aux personnages.
L'explication de tout cela tient très probablement au fait que le curseur, entre documentaire historique et roman, penche plus naturellement, probablement du fait du métier de l'écrivain, vers la première forme. Et vu sous cet angle, encore une fois, ce récit présente de très solides arguments.

Un grand merci à babelio qui m'a permis grâce à cet envoi masse critique d'enrichir mes connaissances historiques sur le Japon, tout en me divertissant, ainsi qu'aux éditions Budo, dont je savoure pour la deuxième fois en peu de temps, après le Hagakure, la qualité de sa production spécialisée dans la culture extrême-orientale, les arts martiaux et le développement personnel.
Commenter  J’apprécie          260
Merci aux éditions Budo et à Babelio pour ce livre obtenu dans le cadre de la masse critique.
Le samouraï de Dieu nous plonge dans le Japon féodal, en 1637. Les premiers européens et chrétiens sont arrivés au Japon au siècle précédent et ont commencé à convertir les japonais. Face à cette montée de l'influence étrangère, les dirigeants de la famille Tokugawa interdisent la religion chrétienne. Il ne reste pour les Japonais chrétiens qu'à abjurer ou à mourir. Beaucoup choisissent la vie clandestine et il suffit d'un incident pour mettre le feu aux poudre. C'est dans ce contexte que s'inscrit ce roman historique, qui relate un fait historique, la révolte de Hara, dont l'auteur imagine le déroulé des évènements et la coalition chrétienne qui se forme autour d'un messie : Amakusa Shiro qui devient vite le seul espoir...

J'ai beaucoup aimé ce livre pour sa précision historique. On ressent très vite que Roland Habersetzer s'est largement documenté pour nous fournir sa version de l'histoire mais en y intégrant les faits historiques. Il détaille particulièrement bien les différents personnages et les intérêts de chacun autour de cette révolte. Pour qui s'intéresse à l'histoire du Japon, on entend parler de cette révolte mais sans jamais trop s'y attarder. L'auteur permet ainsi de mettre le doigt sur ce passage qui marque la plus grande insurrection sous le shogunat Tokugawa. le livre se lit très facilement et on enchaîne assez vite les différents évènements. le messie "Shiro" est un des acteur clef de ce livre et l'auteur parvient à merveille à lui donner une personnalité propre mais en étant toutefois manipulé par les samouraïs à l'origine de la révolte. Un ouvrage indispensable pour se projeter dans ce moment triste de l'histoire japonaise.
J'ai apprécié le glossaire, le résumé historique, la bibliographie et les mots de l'auteur à la fin qui font aussi du témoignage de Roland Habersetzer une source historique.
Un seul bémol toutefois, il y a très peu de dialogues dans le livre, étant avant tout descriptif. On ne s'attache donc pas beaucoup aux personnages et leurs morts aurait pu être plus poignante en approfondissant les personnalités.

Je le conseil aux amateurs du japon féodal !
Commenter  J’apprécie          20
Lecture rendue possible par l'opération Masse critique que je remercie.

D'un fait historique véridique (la rébellion de Shimabara -1637, 1638 - et sa répression qui marquera aussi la fin de la pratique –visible - du christianisme au Japon), Roland Habersetzer fait un récit de sang et de combat, de vain combat devrait-on dire… Tous, chrétiens, paysans, samourais courent à leur perte dans un mépris de la vie assez interrogatif.

L'auteur semble mettre en parallèle le code d'honneur des guerriers, le bushido, et la foi religieuse : même sens de l'honneur, même croyance, même respect jusqu'à donner sa vie même. La folie, l'aveuglement des révoltés, bien que par tous n'étaient pas croyants (ce fait rappelé par l'auteur est plus qu'intéressant, car cette révolte n'était pas seulement pour avoir la liberté religieuse mais aussi pour des raisons sociales), interrogent les samouraïs tout au long du récit, tant leur combat face à l'armée professionnelle du shogun et de ses alliés semble dérisoire. Certes ils résisteront contre toute attente comme des braves, mais qu'est-ce que peut signifier cette lutte jusqu'à la mort pour un Dieu et le culte qu'on lui rend ?
Si sagesse ou raison il y a, elle apparaît peut-être à la toute fin du livre, lorsque l'auteur donne la parole à Miyamoto Musashi (escrimeur véritable qui sur les lieux de la bataille de Hara, n'y participa pas ; il est le rédacteur du "Traité des cinq roues") qui déplorant la mort de ces hommes et femmes, rapproche « l'excès dans la bravoure » d'une stupide témérité (p.332), et ajoutant : « Il faut respecter les dieux et les Bouddhas, mais il est imprudent de ne s'en remettre qu'à eux » (p. 333).
Si la révolte, qui allie des chrétiens et des exploités subissant les taxes et autres pressions seigneuriales a toute ma sympathie, j'avoue avoir eu peu d'empathie pour les personnages du récit, leur combat religieux sans doute m'étant étranger… Certaines répétitions m'ont un peu gêné dans le texte, mais la qualité de la reconstitution historique est assez impressionnante.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Masuda Shiro se sentait gêné pat tous ces regards qui le dévoraient avec avidité et respect.
Il promenait un regard fixe et un sourire timide sur la foule bruyante de fermirs et de paysans, d'hommes et de femmes de tous âges, parfois accompagnés d'enfants, parfois armés, qui s'étaient précipités à sa rencontre dès qu'ils avaient su qu'il avait débarqué sur l'île en compagnie du vieux samouraï infirme Matsuda Shigenobu. Il en venait encore, de partout, en un flot continu, sur fond de prières et de bribes de cantiques chrétiens. Shiro se sentait comme happé par une histoire qui, il ne pouvait plus en douter, était en train de devenir définitivement la sienne.
[.]
- Tendo... Tendo..., c'est le Fils du Ciel..., l'Envoyé !
- Le Messie..., regardez, il a l'air d'un ange...
La foule murmurait, comme extase, puis s'enhardissait et tentait de rétrécir le cercle que les guerriers se Shigenobu avaient du mal à maintenir aurour de Shiro.
Commenter  J’apprécie          10
La paille peut-elle arrêter le torrent ?
Ce fut le massacre.
Les derniers chrétiens affamés, à bout de forces, tenant à peine sur leurs jambes, trébuchant sur leurs propres morts et agonisants entassés, faisaient barrage sur les derniers bouts de murs croulants avec ce qui restait, pierres, poutres, chaudrons, ustensiles divers, quelques armes dérisoires qu'ils pouvaient encore à peine soulever alors qu'ils se voyaient sombrer dans la nuit.
Commenter  J’apprécie          10
- Il faut crever cette poche à venin... le poison n'a que déjà trop infecté le Kyushu, et est en train de remonter vers le Nord... Il faut éradiquer une fois pour toutes cette religion étrangère !
- Vous savez bien Motogawa-sama que cette religion n'a pu proliférer qu'en réponse à la misère et aux taxes, puis aux exactions qui ont suivi. Et si on les tue tous, qui replantera toutes ces terres au printemps ?
Commenter  J’apprécie          10
Car ceux qui continuaient à rester fidèles à la religion de Yaso avaient maintenant davantage besoin d'un glaive que d'une croix.
Commenter  J’apprécie          10
Tant d'hommes meurent avant d'avoir su qu'ils ont vécu.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Roland Habersetzer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Roland Habersetzer
Comme vous ne l'avez jamais vu !! Les Maitres fondateurs - Les lieux historiques - Les premieres demonstrations
Henry Plee, Hiroo Mochizuki et Roland Habersetzer, apportent leur temoignage authentique a la fabuleuse histoire du Karate : les trois grands pionniers du Karate en France vous invitent a un voyage initiatique de la Chine a la France en passant par le Japon et Okinawa : un documentaire passionnant et riche en archives inedites.
Documentaire historique sur le Karate :Chine,Japon, Okinawa, presente par les trois grands pionniers du Karate en France.
autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}