Une bien agréable lecture où les mots tiennent une place aussi importante que l'histoire elle-même.
L'auteur nous immerge au sein d'une fratrie suspendue à la vie de leur soeur Grâce, plongée dans le coma suite à un accident de voiture. Ce roman est la suite, apparemment attendue, de "
Regarde la vague", mais il peut se lire isolément sans trop de problème.
Pendant deux jours et deux nuits, nous suivons principalement les relations de Marina et sa fille Hyacinthe, de Jivan, le fils adoptif, et sa compagne russe Inga, d'Alexia et son amant Milan.
Au fur et à mesure des heures qui passent et du réveil progressif de Grâce, chacun d'eux se remémore le passé et vit l'instant présent. Les secrets familiaux surgissent peu à peu.
Ce qui frappe, c'est la construction du roman. Une succession de paragraphes assez courts traitant successivement de chacun des personnages, mais chacune de ces petites unités est tricotée de longues phrases, ce qui donne un ensemble surprenant, correspondant assez bien, selon moi, au drame du moment: le rythme haletant de l'angoisse et dans le même temps, l'envie d'en raconter le plus possible.
La neige joue également un rôle important, écrasant la maison sous une ouate qui floute les contours et assourdit les sons.
Et puis, enfin, une mention toute particulière pour la lumière, celle des quinquets, des écrans à l'hôpital, ou de la télévision (sans le son). Celle-ci devient une fenêtre sur le monde quand les héros se replient dans la maison de leur enfance.
Un livre pour les amoureux de belles phrases.