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EAN : 9782915654363
408 pages
Au Vent des Iles (01/01/2009)
4.5/5   3 notes
Résumé :
À la veille du nouveau millénaire, une petite communauté maorie de la côte ouest de la Nouvelle-Zélande cherche à tirer profit du premier lever du soleil de l’an 2000. Comment attirer les touristes, comment travailler ensemble pour cet événement exceptionnel et riche de possibilités ? En même temps, un jeune homme doit faire face au dilemme de sa vie : pour protéger une petite fille illégitime contre la maltraitance des tantes chez qui elle habite, il sera obligé de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ça commence comme une légende (en est-ce une ?), avec la discorde opposant deux soeurs qui, à la mort de leur père adoré, se livrent une bataille acharnée pour récupérer la pirogue préférée du défunt. L'une d'elles, Ngarua, accompagnée de ses partisans, finit par traverser la baie au bord de laquelle vit leur communauté pour s'installer sur son Côté Sud, jusqu'alors inhabité. Depuis, si la virulence de l'antagonisme à l'origine de la scission a décru -les deux côtés finissant avec l'urbanisation plus ou moins par se rejoindre-, une rivalité continue d'opposer ceux du Nord, qui se jugent plus cultivés, plus pieux, plus ordonnés et plus sérieux à leurs parents du Sud, qu'ils prétendent grossiers et impies, forts en gueule et dénués de morale, bref, des vauriens et des poivrots incapables d'entretenir leurs maisons ou de se vêtir décemment…
Cette histoire assume sa partialité en accordant sa préférence au Côté sud, également surnommé Côté-Chien en raison du nombre de canidés qui y cohabitent avec les individus.

Nous y faisons la connaissance de Te Rua, jeune homme qu'un accident a rendu unijambiste, mais qui n'a rien perdu de son habileté à exécuter la danse des bâtons, à gratter son ukulélé et surtout à pêcher la langouste, activité où il excelle. Il vit donc plutôt bien son handicap, dans la mesure où il peut toujours "fumer de la dope, se torcher la gueule de temps à autre", et surtout continuer à plonger. Et il a un secret, qu'il s'est juré d'emporter dans la mort…

Les interactions qui le lient aux membres de son entourage ainsi que la place qu'y occupe chacun au sein de la communauté se dévoilent progressivement, et au départ de manière confuse pour le lecteur, un peu perdu parmi ces personnages évoqués comme s'il les connaissait déjà, et dont on ne lui livre les histoires que par bribes.

Parmi eux Kid, dix ans, gamine vive et délurée placée sous la tutelle de deux soeurs qui la traitent avec brutalité, et la font trimer pendant qu'elles passent leur temps libre au pub, toute pomponnées, flirtant avec les joueurs de fléchettes. Une situation qui obsède Te Rua, dont la fillette recherche souvent la compagnie. Il s'en émeut de plus en plus régulièrement auprès des anciens, les pressant de trouver une solution pour libérer Kid du joug de ses deux tutrices.

On comprend rapidement l'importance de ces anciens, pivots du fonctionnement collégial qui régit la vie de la communauté, où toutes les décisions importantes sont prises à l'issue des discussions, et parfois des longs débats qu'abrite la wharenui -maison de réunion. Toutes les parties impliquées sont préalablement entendues, et chacun accepte finalement le choix de la majorité, qui peut fluctuer au cours des échanges, selon les arguments avancés. Les problèmes ou les questions d'organisation sont ainsi réglés de manière à éviter toute intervention extérieure. Cet art du compromis s'accompagne d'une solidarité entre autres intergénérationnelle, et la famille au sens élargi du terme occupe une place prédominante. Les enfants peuvent être élevés aussi bien par leurs parents que par leurs grands-parents ou leurs oncles et tantes, naviguant naturellement d'un foyer à l'autre.

Te Rua est un héros très touchant, que ses questionnements sur ses responsabilités morales font évoluer au fil du récit. C'est un jeune homme débrouillard, aussi indépendant que serviable, et qui refuse, à l'inverse de nombreux jeunes partis s'enrôler dans des gangs ou trouver du travail, de quitter "ce trou du cul du monde" auquel il est profondément attaché, où le nombre d'habitants est revenu à celui de l'époque de la Grande Traversée de Ngarua et de ses partisans. Sans doute parce que lui sait et aime tirer sa subsistance de cet environnement qui, s'il est parfois hostile, est surtout nourricier. Mais pour combien de temps encore ? Avec le déboisement, les sécheresses, l'élevage intensif, le détournement des rivières…, les ressources s'amenuisent.

Au-delà du parcours personnel du personnage principal, le récit questionne sur l'avenir d'une communauté maorie qui doit concilier modernité et respect des traditions, à travers divers événements qui viennent troubler sa tranquillité : une sombre histoire de vol de langoustes, une vaste escroquerie fomentée à leur insu par l'un des leurs, ou encore l'organisation de l'accueil des touristes qui viendront admirer le premier lever de soleil de l'an 2000.

C'est un texte dans lequel on s'installe doucement, le temps de prendre suffisamment ses marques pour en connecter les éléments d'emblée disparates et les insérer dans l'ensemble qui bientôt prend tout son sens. La plume souple de Patricia Grace, en adoptant parfois la cadence des pensées de ses personnages, propose des cassures de rythme contribuant à rendre le récit vivant, et à lui conférer une spontanéité qui s'accorde parfaitement à l'énergie que déploie son petit monde à se disputer, mais aussi à rire et à s'aimer. Et l'on s'attache irrémédiablement aux membres de cette communauté dont les vieilles coutumes et l'organisation de vie pourraient par bien des aspects nous servir de modèles…

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il s'était mis sur le dos, tenant le paquet haut sur son torse, et s'était dirigé vers le rivage en brassant des pieds l'eau noircissante. La lisière du ciel était couleur de langoustes cuites là où le soleil était tombé derrière les collines et il se disait qu'il aurait dû faire ce qu'elle avait dit, le jeter.
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