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EAN : 9782917217801
240 pages
Manuella Editions (12/09/2016)
5/5   2 notes
Résumé :
Entre recherche, art et politique, ce livre est une contribution à la bataille qui s'engage au début du XXIe siècle pour reconstruire des futurs, dans une époque hantée par des idéologies de fin du monde. Camille de Toledo a invité Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, deux théoriciens de l'art, fondateurs de la plate-forme curatoriale "le peuple qui manque", à élaborer collectivement une pensée pour des temps ouverts, des "temps potentiels", afin de lutter contre cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est un développement lyrique plutôt bien écrit d'une idée simple pour ne pas dire plus, selon laquelle la pensée serait créatrice. L'analyse est récit, le récit est fiction, les fictions sont ensorcellements. Ce livre prétend lutter contre des ensorcellements négatifs qui nous conduisent à nous sentir impuissants.
« Il manque à ce monde un principe d'expansion. » La pensée potentielle va combler ce manque et ce livre en est l'expression. Quatre parties :
1. Manifester, croire en autre chose qu'à ce qui nous est présenté comme « réel » (ce qui nous est présenté comme réel est une phrase passive, on ne sait pas qui agit).
2. Cartographier, paradoxalement, concerne le rapport au temps : dans la modernité, le passé est la promesse d'un futur meilleur par la science et la technique qui va jusqu'au bonheur politique par la révolution, cette prophétie ne s'étant pas accomplie, nous nous pensons en postmodernité, appelé présentisme dans ce livre. La pensée potentielle redonne toute liberté à l'avenir, on l'aura compris.
3. Transmettre, mettre en transe, non pas maintenir, conserver, mais ouvrir l'angle des possibles…
4. Glossaire. Je prendrais l'entrée institutions, (parce que je raisonne avec les concepts de l'Analyse Institutionnelle). Les institutions sont ce par quoi nous traçons des continuités. Elles vont un haut vers le bas, de l'avant vers l'après. Dans les années 70, on a eu la critique des institutions, on a les reconstructeurs (réactionnaires). Il convient donc de transmettre, non pas du même, mais du possible, l'infinité des configurations possibles… etc.
Entre ces parties, se trouvent des interviews des artistes auteurs, car ils sont très polyvalents. Camille de Toledo (CHTO) est écrivain, artiste, poète. Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros sont théoriciens de l'art et commissaires d'exposition.
Ce livre parle beaucoup de « nous ». Une note en bas de la page 191 dit que ce « nous » est flottant, plastique…En effet ! La note évoque ensuite du conjoncturel très local d'où il ressort que » Paris est la ville des « grammaires défuntes » et des « vieux pouvoirs », » alors que « Berlin est la ville des collectifs ouverts, malléables, où s'expérimentent de nouveaux modes d'habitation… » Je vais peut-être déménager à Berlin, si les choses sont si tranchées.
La dialectique n'est pas dans les modes de pensée des auteurs. « Nous sommes phonétiquement capables de tous les sons et l'apprentissage d'une seule langue est, à cet égard, une réduction de nos capacités. » (p189) Certes, mais deux ou trois réduiraient aussi nos capacités ; autrement dit, cette réduction est nécessaire à la pratique d'une ou de quelques langues. La perte de phonèmes disponibles à la naissance par l'apprentissage d'une langue est un gain. La perte est un gain. (Je ne suis pas biologiste, mais il est possible que la perte de la plasticité qui permet à la naissance de pouvoir imiter tous les phonèmes s'accomplisse même pour un enfant qui n'apprendrait aucune langue, ne pratiquerait pas certains phonèmes de façon fréquente à l'exclusion d'autres dont la disponibilité disparaitrait de ce fait).
On ne sait jamais de quoi on parle et ce qu'on pourrait faire avec ce qui est écrit : Il faut non pas parler une langue mais parler la « traduction ». On lit des propos péremptoires : le XIXème siècle a été le siècle de la positivité, les XXème celui de la négativité. Bon ! « Nés à la fin d'un siècle, destinés à mourir dans un autre, nous sommes des spectres, des tournants. » (185). Les siècles sont des numérotations liées au caractère décimal de notre manière de compter, initiée sur un point zéro de la naissance très de JC, dont nous avons une connaissance très approximative. Si nous sommes entre deux siècles, c'est du hasard et y voir une signification relève de la superstition.
La pensée n'est pas créatrice, elle contribue à la création de notre réalité, en coproduction avec un réel sur lequel nul n'a prise. Les avions volent parce que l'air les porte, pas seulement parce que des hommes ont pensé toutes sortes de mécanismes pour faire voler des avions. Cette pensée potentielle me parait une soeur jumelle de la pensée magique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Nous partons de la coupure entre ce qui peut parler et ce qui ne peut pas parler. Nous partons – nous coupons – d’avec cette vieille partition où le langage sépare. Les degrés de division, de coupure sont le propre de la langue. Nous avons divisé, par la langue, entre le soi et l’autre, entre nous et eux, entre les nationaux et les étrangers. C’est la langue, en soi, qui nous empêche de réinventer nos modes d’habitation, d’élargir, d’étendre, de transformer nos communautés de savoir, nos régimes de pouvoir. Nous proposons de substituer aux langues – outils de séparation, de domination – une autre capacité humaine. Non plus la capacité de parler mais la capacité de traduire. Si nous nous projetons, potentiellement, dans le monde, non comme locuteur, mais comme traducteur, si nous reconnaissons ce qui est propre aux humains non pas comme le fait de parler, mais de traduire, nous ne sommes plus au-dessus des choses, mais parmi elles, entre elles, à l’endroit même du conflit. Ce qui signifie l’adoption de la traduction comme langue, c’est d’abord l’acceptation que tout parle, que seule notre capacité d’entendre, autrement dit, de traduire, est limitée. Dans une relation potentielle, si plutôt qu’être parlants, nous sommes traducteurs, nous cessons d’être des entités dominantes et des communautés de mêmes. Nous devenons, de fait, des communautés d’entre-autres. Notre position – de prédation – est modifiée, puisque notre langue, fixant notre tâche, consiste à étendre nos capacités d’écoute, de traduction à tout ce qui parle. Nous ne sommes plus alors des sujets imposés, imposants. Nous sommes ce par quoi tout ce qui était vu comme objet peut accéder à la dignité de sujet, c’est-à-dire être traduit. Nous sommes les traducteurs potentiels de toutes les relations.
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Si la positivité fut le tropisme du XIXe siècle, la négativité fut celui du XXe. Le Bartleby de Melville fut, en cela, l’intuition de cette négativité, son « je préférais ne pas » devenant, dans l’histoire et l’Histoire, le moteur du récit, de nos récits négatifs. À la différence de Thoreau – lequel fut porté par un idéal de fuite ou d’autonomie – le Bartleby de Melville lance l’histoire de notre négativité critique et du refus comme mode d’émancipation. Mais après un long siècle de promesses non tenues, c’est cette négativité – le refus, le « non » dit à la loi, l’opposition à l’ordre – qui a finalement été amortie par le capitalisme. Nous avons été les contemporains de cet amortissement. La négativité est sortie ruinée du XXe siècle. C’est pour contrer cet épuisement que nous repartons du Bartleby, pour œuvrer à partir de sa ruine. Nous proposons non pas d’abandonner Bartleby – la politique du refus – mais de le transformer, en modifiant le conditionnel négatif : « Je préférerais ne pas », en conditionnel affirmatif : « Je pourrais ». Au lieu de la critique, qui tend à renforcer, par un jeu d’opposition, les édifices issus du XXe siècle, le Bartleby des temps nouveaux est en expansion. Il ne s’agit plus de mettre en cause une réalité par le « non », mais de l’ébranler par une extension infinie. Tel est l’objectif stratégique de l’hypothèse de plasticité intégrale, de potentialité que nous proposons: une possible transformation de toute chose en toutes les autres choses. Le « je pourrais », dans ce cas, n’est ni une positivité du progrès, ni une négativité de la dystopie. Il est la marque d’une pensée potentielle, c’est-à-dire une pensée qui accueille ce qui pourrait être, ce qui aspire à devenir
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Un jour, l'homme a attaché le temps à une chaîne. ...
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Vidéo de Camille de Toledo
Avec Jean-Luc Fromental & des auteurs du catalogue Entretien mené par Victor Macé de Lépinay Dessins en direct par François Olislaeger
De Donald qu'il découvre à 4 ans, à Gemma Bovery, le roman graphique de Posy Simmonds paru en 2001, qui mènera à la création de Denoël Graphic, Jean-Luc Fromental racontera son éducation en BD. Une traversée-éclair d'un demi-siècle de figuration narrative, ponctuée des diverses révolutions auxquelles il s'est trouvé mêlé, comme lecteur d'abord, puis comme praticien.
Lors de l'entretien qui suivra, il évoquera les vingt ans d'existence de la collection, et sera rejoint par des auteurs présents dans la salle, Antonio Altarriba, Steven Appleby, Ugo Bienvenu, Joëlle Jolivet, Gérard Lo Monaco, Chantal Montellier, Posy Simmonds, Camille de Toledo, Marcelino Truong… par exemple !
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