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EAN : 9782352213871
Editions Guérin (24/08/2023)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Il était médecin, major de sa promotion de guides, un alpiniste mystérieux, brillant. En 1978, Nicolas Jaeger fut l'un des trois premiers Français à fouler le sommet de l'Everest. Mais plutôt que de cueillir les lauriers de la gloire, il planta seul sa tente sur le Huascaran, à 6700 mètres d'altitude : le docteur Jaeger voulait prouver que ses très longs séjours dans l'oxygène rare lui donneraient la clé d'exploits inédits en haute altitude. En 198O, il partit en so... >Voir plus
Que lire après L'homme qui vivait haut : La passion du docteur JaegerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Projet : Jaeger/Lhotse, Himalaya, 1980

En 1980, Nicolas Jaeger est un alpiniste reconnu dans le monde de la haute montagne lorsqu'il envisage l'ascension du Lhotse par sa face sud.
Avec Jean Afanassief et Pierre Mazeaud, il est l'un des premiers Français à avoir atteint le sommet de l'Everest et Afanassief et lui sont les premiers à l'avoir redescendu à ski.

Des expéditions, il en a à son actif, le docteur Jaeger. Des premières. de nombreux succès en solitaire. le solo, c'est ce qu'il aime par-dessus tout. le Lhotse, il ira seul à sa conquête. En termes de difficultés et surtout en l'attaquant par la face sud, c'est un projet énorme. Personne ne s'y est encore frotté. Nicolas Jaeger sait que nul ne peut se prémunir contre les risques d'une telle expédition. Il a envisagé l'hypothèse de sa disparition.

Un jour de la fin avril 1980, il se sent prêt, il part. Il ne reviendra pas.

@L'homme qui vivait haut est un livre bouleversant. Dans ce récit très bien documenté, l'écrivaine et journaliste @Virginie Troussier sait bien que, 40 ans après la disparition du docteur Jaeger, on ne peut faire que des suppositions au sujet de ce drame mais l'homme, elle voudrait le comprendre.
Elle se met alors au diapason avec lui, dans sa façon d'appréhender la montagne, de porter ses certitudes et ses doutes indissociables, son éthique aussi. Son écriture restitue finement qui était cet alpiniste. Pudique et sobre, @Virginie Troussier va à l'essentiel. Les phrases sont courtes, percutantes. @Virginie Troussier remonte le temps et jusqu'au bout, on la sent calquer sa respiration sur celle du docteur Jaeger. Elle marche dans ses pas.

De son enfance privilégiée, on comprend que la famille de Nicolas Jaeger est extraordinaire, au sens strict du terme. Il descend d'une lignée d'aventuriers ; des photographes et des inventeurs. Ce n'est tout de même pas rien.
Jeune médecin de 33 ans, Nicolas Jaeger allie travail et montagne. le sujet de sa thèse pose la question de l'acclimatation du corps humain à un environnement pauvre en oxygène ; plus on monte, plus l'oxygène se fait rare. Jaeger est son propre cobaye et il pense que des temps longs et répétés passés en très haute altitude sont la clé de la réussite de l'acclimatation optimale de l'humain à la haute montagne.

Il s'est entraîné, Nicolas Jaeger et il va tester, graduellement, jusqu'à plus de 8 000 mètres d'altitude.
Il sait gré à sa femme de gérer le quotidien de la famille lors de ses longues absences. Il lui écrit et il écrit également à sa fille aînée, bien petite encore, cette fillette qui l'adore et qui lui en veut de quitter trop souvent la maison.
Les extraits des lettres de ce mari et de ce père à sa fille sont émouvants. Certes, Nicolas Jaeger est absent mais ces lettres renforcent le lien avec ceux qu'il aime et imposent sa présence.
Risquer sa vie alors qu'on est père de famille, c'est un grand débat. Mais comment pourrait-il vivre sans la montagne, Nicolas Jaeger ? La montagne lui est vitale. Elle est sa passion et lui permet de vivre hors des sommets de la façon la plus équilibrée et généreuse possible. Elle lui permet de vivre pleinement, enrichi, de ne pas se renier. Tout cela, elle l'a compris, l'épouse du docteur Jaeger. Elle aime son mari.

La montagne fascine, cette montagne si puissante qu'elle ne tutoie que le ciel et les nuages, grandiose et imprévisible. Elle ne pardonne rien, pas même l'idée d'un faux pas. Elle prend aussi des vies, la montagne. « Ce n'est pas un monde pour l'homme. » Jaeger le sait.
Face à elle, il ne peut qu'optimiser ses chances.
Et il aime ça. Il aime la précision que la montagne lui impose ; l'énergie et le temps qu'il faut lui donner, la profonde connaissance de soi qu'elle l'oblige à avoir. Il aime l'homme qu'il devient grâce à elle, débarrassé des choses futiles, économisant les gestes inutiles, léger, le plus léger possible. Et puis, il y a cette ivresse certainement. Quel sentiment cela peut-il produire de s'aventurer dans cet environnement vierge de l'homme ? de se sentir tout petit face à une nature hostile et d'y aller pourtant ?

La plume de @Virginie Troussier est totalement en phase avec l'alpiniste. @Valérie Troussier est rigoureuse et juste. Elle écrit comme Jaeger se montre ; grave, ascétique, précis, organisé. On a le sentiment qu'il se réserve pour vivre à fond l'intimité et le face à face avec la montagne.

Les couleurs sont rares dans @L'homme qui vivait haut. Blanc immaculé de la neige, palette de gris pour la roche et les nuages, grand ciel bleu quand ceux-ci s'en vont. Pouvons-nous imaginer à quel point ce spectacle peut être sublime ? @Virginie Troussier nous fait voir et ressentir un peu de cette sensation et c'est juste stupéfiant, très fort émotionnellement. Les éclats multicolores, comme accordés au Népal, je les ai trouvés dans la joie de vivre, la jeunesse et la fougue de Nicolas Berardini, un des deux grimpeurs choisis par Nicolas Jaeger pour son entraînement à partir du camp de base. Nicolas Berardini est un jeune alpiniste extrêmement doué, essentiel à l'expédition. Cette lumière, cette flamboyance, Nicolas Jaeger la voit et quand il parle de ce Nicolas D à peine 18 ans, c'est avec une immense tendresse qu'il l'évoque à sa femme. Nicolas Jaeger n'a que 33 ans mais la montagne a commencé à le consumer. Il paraît bien plus vieux.

@L'homme qui vivait haut reste un mystère et @Virginie Troussier, dans sa quête, nous fait vivre cette expédition de 1980 avec l'envie d'y prendre part. Elle n'occulte aucune des étapes. Et même si nous savons que Nicolas Jaeger est mort, nous espérons toujours.
Féru ou non de montagne, c'est très intéressant de voir comment se monte une expédition, laquelle réserve toujours des surprises. Humainement, l'aventure est riche. Quant à Nicolas Jaeger, @Virginie Troussier a bien réussi à nous faire entrevoir la complexité de cet homme hors du commun.
Rétrospectivement, je suis viscéralement émue par la femme de Nicolas Jaeger et les deux filles du couple, dont une encore bébé en 1980. Comment soutenir sans transmettre sa peur ? Rassurer les enfants ? Ne pas les noyer ensuite dans son propre chagrin ? Quelle force et quel courage ! La femme et les « petites femmes » tant aimées du docteur Nicolas Jaeger ont dû faire preuve d'une force colossale.

Nicolas Jaeger ne se voilait pas la face et citait Kipling : « La montagne n'est pas un monde pour les hommes. »
@Virginie Troussier connait bien la montagne. Dès la lecture du titre de son ouvrage, @L'homme qui vivait haut – la passion du docteur Jaeger, elle nous annonce d'insurmontables difficultés : comment ne pas penser à « la passion du Christ », à son chemin de croix ?

@L'homme qui vivait haut : une expédition en haute montagne, une de ces aventures extrêmes d'où l'on n'est jamais sûr de revenir. En 1980, un alpiniste a tenté de conquérir un sommet en Himalaya, à plus de
8 000 mètres d'altitude, seul, sans matériel et sans artifices. Jamais il n'a été retrouvé. Qui était cet homme ? @Virginie Troussier part à sa recherche et nous emmène avec elle. Elle voudrait comprendre la personnalité de cet homme. Cette histoire vraie, passionnante de bout en bout, est magistralement servie par la plume de l'auteure, au rythme des pas de l'aventurier.
Je recommande vivement.



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Je ne sais plus comment j'ai découvert Nicolas Jaeger, son histoire, ses réalisations et sa disparition soudaine.
Une chose est sûre, lorsque j'ai aperçu ce titre, j'ai sauté dessus sans hésiter, d'autant que j'avais lu aussi "Au coeur de l'été, un invincible hiver" de la même Stéphanie Troussier.
J'avais aimé son style et l'approche qu'elle a de la montagne.
Ici donc tout est tourné vers cet homme taciturne, solitaire mais très humain et sensible, le docteur Jaeger. du début de sa carrière d'alpiniste à sa mort au Lothse dans une tentative visionnaire en solitaire, l'autrice brosse rapidement le portrait de cet homme hors norme.
Je cherche notamment ses Carnets de Solitude depuis plusieurs années, rédigés au sommet du Huascaran pendant deux mois d'une retraite scientifique, seul à 6700m pour récolter des données pour sa thèse, et voir comment son corps et son esprit réagissaient...
Et ce juste après la première française à l'Everest !
Mais ce livre, et c'est ce qui est remarquablement rare, ne fait pas que retracer les exploits de Nicolas Jaeger ; il explore aussi le domaine du sensible, de la psyché, du pourquoi et du comment, de la sensibilité.
C'est un bel équilibre qu'a su trouver Stéphanie Troussier de par son style, documenté et précis, mais aussi poétique et juste.

Une belle lecture donc, inspirante à bien des égards...
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En avançant dans les traces de Nicolas Jaeger sous la plume de Virginie Troussier on comprend ce qui la fascine et lui fait tenter d'approcher au plus près des sensations de cet homme qui vivait haut, au point de ne pas être redescendu un beau jour de 1980. C'était dans l'Everest, il avait 33 ans et tentait une inédite ascension en solitaire d'une paroi piégeuse. Alpiniste brillant auteur de quelques premières, Nicolas Jaeger était aussi médecin et utilisait son propre corps pour étudier l'adaptation humaine aux conditions extrêmes, n'hésitant pas à augmenter sa charge d'un lourd équipement scientifique pour scruter ses réactions physiologiques sous toutes les coutures. Passionné, iconoclaste, toujours en recherche d'intensité, ce n'était ni une tête brûlée ni un aventurier, il mêlait calcul et instinct dans chacune de ses courses. le hasard a voulu qu'il rencontre une équipe de tournage quelques jours avant de s'élancer vers ce qui sera sa dernière ascension ; il existe donc des images, une tache rouge sur une paroi blanche qui diminue petit à petit avant de disparaître dans les nuages...
La personnalité de cet homme mais aussi la foi de son entourage dans son activité - il est marié et père de deux fillettes lorsqu'il disparaît - ont de quoi intriguer et captiver. le regard de Virginie Troussier est celui d'une amoureuse de la montagne et de ceux qui la côtoient dans le respect d'un art ancestral. Elle n'a pas son pareil pour raconter les gestes précis, le corps à corps avec la paroi, l'harmonie entre le souffle et les mouvements qui portent, agrippent, haussent, reposent. On devine les yeux qui brillent derrière la plume, qui scrutent la paroi et voudraient trouver un indice qui mènerait peut-être à ce corps jamais retrouvé. Consciente néanmoins que la fascination est aussi liée à cette disparition, sujette à toutes les suppositions ; l'endroit n'est pas très fréquenté, les récits d'alpinistes qui ont emprunté cette voie par la suite ne sont pas légion, le peu d'informations peut parfois donner lieu à l'élaboration d'hypothèses fictionnelles. Il y a ainsi des destins, des trajectoires météores, des individus qui vivent plus fort, plus haut pour donner à l'écrivaine passionnée une matière organique à façonner. Pour la lectrice que je suis, toujours prête pour une balade en montagne, ces quelques heures passées avec Nicolas Jaeger furent un privilège et un grand bol d'oxygène. Virginie Troussier est une passeuse d'intensité hors pair.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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critiques presse (1)
LeFigaro
07 décembre 2023
Un joli récit sur Nicolas Jaeger, alpiniste et médecin, disparu dans l’Himalaya en 1980.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Faire œuvre avec ce qui devrait vous anéantir est une des beautés de l'alpinisme. Jaeger se donne tout entier, il rejoint les mystiques par ses rafales intérieures, par sa volonté de s'attaquer à l'invraisemblable, d'aller au-delà, sans reculer devant aucun danger. Son cœur bat comme un fou, avec acharnement. La précipitation de ce cœur. La furie de ce cœur. Cœur forcené. Bérardini y voit l'immédiateté de la vie, l'engagement exclusif. Jaeger n'a rien d'un héros ; il ne surpasse pas les qualités d'un homme, mais il ne garde rien pour lui.
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Faire confiance à ceux qui nous font confiance.
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Videos de Virginie Troussier (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Virginie Troussier
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : L'homme qui vivait haut de Virginie Troussier enregistré le 26 aout 2023

Résumé : Virginie Troussier enquête sur la disparition en haute montagne du médecin alpiniste Nicolas Jaeger.
Il était médecin, major de sa promotion de guides, l'un des plus brillants alpinistes de sa génération. En 1978, Nicolas Jaeger fut l'un des trois premiers Français à fouler le sommet de l'Everest. Mais plutôt que de cueillir les lauriers de la gloire, il partit en Amérique latine planter sa tente au sommet du Huascaran, à 6 700 mètres d'altitude : le docteur Jaeger voulait prouver à la médecine et à l'alpinisme que ses très longs séjours dans l'oxygène rare lui apportaient une « superacclimatation » et lui donneraient la clé d'exploits inédits en haute altitude. Il partit en solitaire vers l'immense face sud du Lhotse et disparut à jamais.
Jaeger, figure énigmatique et pudique, ne se dévoilait qu'à demi dans ses Carnets de solitude rédigés en fumant un paquet de Gitanes par jour pendant son séjour solitaire de deux mois au sommet du Huascaran. Virginie Troussier remonte le cours de sa vie et de ses pensées pour comprendre ce qui le jette, à 33 ans, vers la paroi la plus dure du monde, où sa trace se perd à près de 8 000 mètres d'altitude.
Bio de l'auteur :
Écrivaine et journaliste, Virginie Troussier collabore à Montagnes Magazine et Alpes Magazine. Elle a reçu le prix Jules Rimet pour le récit Au milieu de l'été un invincible hiver, qui fut salué par la critique et traduit en italien. Elle a également publié des romans et des essais sur le sport.

#paulsen #guerin #livres #everest #jaeger
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