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EAN : 9782359840452
Esperluète éditions (15/01/2014)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Un homme s'adresse à une petite fille de Mê Linh, une ville du nord du Viêt Nam. Il l'a rencontrée chez elle. Elle s'appelle Lien et le temps n'est rien pour elle.

Elle vit une existence saccagée. Son père contaminé par l'Agent Orange pendant la guerre américaine lui a transmis la maladie.

Jean Marc Turine a rencontré ces familles victimes de la dioxine. Il leur adresse une longue supplique étayée de données factuelles. Il y déverse sa ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique du mois de septembre, et je tiens à remercier Babelio et les éditions Esperluète de m'avoir permis de découvrir ce livre.

On le sait bien, l'histoire est écrite par les vainqueurs ; par conséquent, leurs vertus ont tendance à faire les gros titres alors que leurs fautes sont bien plus discrètes, voire disparaissent de la mémoire collective. L'agent orange est un parfait exemple de cette manière de procéder, et Jean-Marie Turine ne prend pas de gants pour nous le démontrer.
Ce livre se présente comme une longue lettre adressée à Liên, une jeune fille de dix-huit ans vivant à Mê Linh au Viêt-Nam. Son père s'est battu pour son pays pendant la guerre du Viêt-Nam, a été contaminé par l'agent orange et l'a transmis à sa fille. Liên n'a pas conscience du monde qui l'entoure, sa taille ne correspond pas à son âge, elle ne parle pas, elle ne sourit pas ; elle vit, mais est-ce une vie ?
Au fil des pages, d'autres victimes nous sont présentées. La contamination vient le plus souvent du père, qui s'est battu dans les zones où l'agent orange a été déversé ; en général, les ressources d foyer ne proviennent que du travail de la mère. Les malades ne sont pas égaux entre eux. Certains naissent difformes, d'autres ne commencent à présenter des signes de la maladie qu'à la puberté ; certains peuvent plus ou moins s'exprimer, d'autres sont perdus dans un autre monde ; certains ont des rêves, que peut-on dire des autres.

La lettre à Liên est remplie de mélancolie et de tristesse ; mais les termes employés ne sont pas des euphémismes et, quand ils servent à évoquer les Etats-Unis, ils se font durs, violents, brutaux. Car, plus qu'une simple description des ravages causés par l'agent orange, c'est une critique dure et sans pitié que fait l'auteur sur les Etats-Unis et la firme Monsanto, qui a créé et commercialisé cet herbicide. Plus grave encore, même si les dégâts causés aux employés de Monsanto et aux vétérans ont été reconnus, les dommages causés à la population vietnamienne ont toujours été ignorés par les Etats-Unis.
Le tableau n'est pas totalement noir du côté américain. Les efforts faits par certains vétérans, une fois qu'ils ont compris l'ampleur des dégâts qu'ils avaient causés, en créant des cliniques dans tout le pays sont évoqués, bien qu'un peu rapidement. le fait que des milliers de jeunes hommes ont refusé d'aller se battre au Viêt-Nam est précisé, bien que seulement à la fin du livre. Mais il faut admettre que la lecture de ce livre inspire un profond sentiment anti-américain.

On ne peut pas lire ce livre et ne pas s'émouvoir. Les dégâts causés par l'agent orange et ses conséquences à long terme sur la population vietnamienne ne sont pas très connus, surtout chez les plus jeunes. Les cours d'Histoire, s'ils évoquent bien la guerre du Viêt-Nam, passent généralement sous silence ses conséquences les plus graves, et je me souviens que mes professeurs avaient cité l'agent orange sans plus de précision.
Mais c'est en connaissant notre Histoire qu'on peut éviter de refaire les mêmes erreurs. Les livres de ce genre – pas très longs, écrits dans un style travaillé mais quand même aisément compréhensible, dépourvus de détails trop techniques – permettent de remettre en mémoire ces faits qui ont tendance à s'estomper dans nos mémoires quand ils devraient y être gravés comme dans du marbre. Et c'est pour cela que je vous invite à lire ce livre et à le faire connaître autour de vous. Il le mérite vraiment.
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Il existe des romans qui par la profondeur de leur histoire vous émeuvent, vous touchent et ne vous quittent plus. Il en existe qui peuvent vous captiver, vous surprendre et vous pousser à la réflexion. D'autres encore renferment une plume particulière, qui vous enivre et vous laisse sans voix. Et bien, sans conteste, Liên de Mê Linh de Jean-Marc Turine c'est tout cela, à la fois.

De part sa forme, tout d'abord, ce livre surprend. Épuré, il n'attire pas le regard, il l'intrigue. Lorsque vous lisez les premiers mots, vous comprenez rapidement que ce livre revêt une importance certaine et que votre lecture aura un poids moral. Il vous amènera à vous poser des questions, à réfléchir, à analyser les contextes, les actes... Ce livre possède une âme, la sienne, pareille à nulle autre. Faite de force, de douceur, d'amour, de colère, de stupeur, de tristesse. Oui, le poids de ce livre affaisse autant qu'il éveille en vous un torrent d'émotions. Il sait se faire lourd de sens mais paradoxalement il rayonne, il illumine les consciences, il se veut accessible, presque aérien et mélodieux.

Cette histoire nous replonge dans l'Histoire. Ici, gloire et distinctions militaires on laissé place à la désillusion, à la honte et à l'horreur...

L'Histoire nous est souvent contée du point de vue des plus forts ou des vainqueurs...Ainsi, sont mis en valeur les prouesses guerrières, les héros, ceux qui se distinguent par leur courage, par leurs actes de bravoures ou par la bonté de leur cœur...Ce n'est cependant qu'une partie de l'Histoire seulement. Dans le roman de Jean-Marc Turine, vous plongez en eau trouble, vous accédez aux "non-dits", vous déterrez les fantômes du passé et enfin, vous ouvrez les yeux. La face cachée de l'iceberg est enfin visible...elle émerge et vous saute avec violence au visage...

Parlons tout d'abord du contenant. Comme je le disais, ce livre se veut minimaliste en terme de couverture. Sobre. Il intrigue le lecteur. Lorsque celui-ci débute sa lecture il est rapidement surpris par le choix de l'auteur : la majeure partie du roman est dénuée de ponctuation.

Perplexe, quelque peu déstabilisé, le lecteur doit prendre le temps de s'imprégner de l'ambiance du roman pour trouver son propre rythme, alternant rapidité et lenteur en fonction de ses émotions, de ses envies, de ses besoins. Tantôt rapide, passionnée, engagée, la lecture se fait comme en accélérée...comme pour passer plus vite encore sur l'horreur, l'injustice, la souffrance. Tantôt lente, contemplative, presque monacale, elle se veut respect et émotion, presque poésie. Ce roman est vivant, souvent émouvant, percutant et délicat.

Quant au contenu, il y a tant à dire.

Ce roman se lit telle une longue lettre adressée à Liên. Liên, jeune fille de dix-huit ans qui en paraît dix de moins et qui vit au Viêt-Nam. Liên dont le père a été contaminé par l'agent orange durant la guerre. Liên, une victime collatérale d'une guerre qu'elle n'a pas connu.

Cette jeune fille ne parle pas, ne sourit pas et semble déconnectée du monde qui l'entoure. Où est-elle ? Que voit-elle ? Que comprend-elle de tout ce qui se joue, jour après jour, autour d'elle ? ...

Alors l'auteur lui parle. Il lui raconte les combats, le calvaire, la misère, la tristesse, la désillusion, l'espoir et le courage de tant d'autres victimes de cette guerre... Parce qu'elle n'a pas de voix. Parce qu'on ne lui laisse pas le droit d'en avoir une. Parce que Jean-Marc Turine souhaite changer cela, en lui en offrant une, le temps d'un livre, à travers tous ces visages, tous ces portraits, tous ces destins brisés.

D'ailleurs, parlons de ces victimes. Certaines sont nées avec des difformités plus ou moins importantes, d'autres ne voient apparaître les effets de la maladie que plusieurs années après leur naissance...Tandis qu'une poignée peut parler, s'instruire, travailler... d'autres encore semblent ailleurs, et ne seront jamais autonomes et indépendants.

Tant de colère émane de ce livre. Tant de rancœur. La dioxine a ravagé des paysages, tué des gens par ricoché et condamné tant et tant de personnes...Et ce crime est encore aujourd'hui impuni et tend à disparaître de la mémoire collective. Qu'en reste-t-il d'ailleurs ? Nos manuels scolaires n'en parlent pas ou ne font que l'évoquer. Telle une souillure, on veut l'effacer, la passer sous silence...

Au jour d'aujourd'hui, les Etats-Unis et Monsanto, la firme qui a créé et commercialisé l'herbicide responsable de ce carnage, refusent encore d'admettre leur implication dans les dommages causés à la population Vietnamienne.

A travers les portraits de victimes que nous dresse l'auteur, le lecteur comprend rapidement que ce livre n'est pas qu'un cri du cœur pour cette jeune Liên de Mê Linh, les enjeux sont tout autre. Ce livre est un cri de colère, un cri d'espoir. Jean-Marc Turine ne veut pas que nous oubliions ces victimes collatérales. Il veut que nous mesurions à quel point la vie de ces personnes, innocentes, ainsi que celle de leur entourage, a été impactée de façon irrémédiable par l'agent orange, par la folie et l'ambition d'hommes peu scrupuleux, prêts à tout pour défendre leurs intérêts, quitte à tuer, quitte à sacrifier.

L'auteur s'adresse à Liên mais c'est à nous qu'il souhaite délivrer un message. Il écrit pour que nous, lecteurs, nous puissions comprendre ce qui s'est joué à cette période de l'Histoire. Que nous puissions replacer les choses dans leur contexte et ouvrir les yeux sur le machiavélisme et l'avidité de certains...Il écrit pour les victimes, pour nous, afin que les "mises sous silence", les "blancs" de l'Histoire n'en soient plus. Il écrit pour que Liên, Nghiâ, Toan, Luu Viet Kiên et tous les autres ne soient pas des oubliés de l'Histoire.

Cette lecture, remplie d'émotions, a été bouleversante de bien des façons. Il faut que vous lisiez ce livre vous aussi. C'est une nécessité.
Lien : http://moncoinlivresque.fr/l..
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Un superbe livre . Puissant, dérangeant. une vraie claque . J'ai lu ce bouquin d'une traite, on est porté par la rage et le dégoût en lisant cette prose qui décrit la violence de la guerre et ses crimes odieux. On part a la rencontre a travers un beau texte lyrique d'enfants et d'adultes réduit a l'état végétatif, souffrant dans leur corps et leur esprit à cause de l'agent orange que les USA ont déversé par millions de litre sur le Vietnam et le Laos entre 61 et 71! Leurs parents rongés eux aussi par la dioxyne et par la culpabilité dévouent leur vie a ces enfants sans avenirs et dont l'état se dégradent sans cesse. L'histoire de ce grand père qui se dévoue a élever son petit fils sans jambe est touchante, tout comme celle de Lien, la jeune fille qui donne son nom au livre et dont le père lui même souffrant de la dioxyne s'occupe en permanence ou encore ce jeune homme dont le corps le lâche et qui ne peux plus aller sur son pc et continuer ses études. Les coupables de cet écocide et les autorités n'aident pas ces familles. Leurs parents âgés doivent travailler même quand ils sont eux même malade de la dioxyne , les porter sur leurs dos, tout faire pour eux car ils sont à l'état végétatif! ce livre est une prose virulente et un grand hurlement de rage contre les USA, les entreprises de produits chimiques comme Mosanto qui détruisent notre environnement, massacre des générations d'enfants même pas encore nés. Bref un livre nécessaire, sur un scandale qui met la rage au ventre. Je suis contente de l'avoir lu et il mérite d'être lu par le plus grand nombre pour qu'on ne laisse pas une telle chose se reproduire. Des entreprises comme Mosanto détruisent aveuglement les écosystèmes et les populations en toute impunité avec l'aval des gouvernements. A noter que ce livre est aussi un documentaire.
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Un homme s'adresse à une petite fille de Mê Linh, une ville du nord du Viêt Nam. Il l'a rencontrée chez elle. Elle s'appelle Lien et le temps n'est rien pour elle.

Elle vit une existence saccagée. Son père contaminé par l'Agent Orange pendant la guerre américaine lui a transmis la maladie.

Jean Marc Turine a rencontré ces familles victimes de la dioxine. Il leur adresse une longue supplique étayée de données factuelles. Il y déverse sa colère et sa révolte mais aussi son incompréhension, son amour et son impuissance. Il lui reste les mots pour éloigner les larmes. Un témoignage, comme une mélopée criée, qui réveille nos consciences.



4ième de couverture
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Liên
les B52 ne survolent plus ton pays
ni les hordes d'hélicoptères Chinook
les chars ne déchirent plus les terres
ni les rizières
les ponts par-dessus les fleuves ne sont plus détruits
les bombes ne forment plus des cratères au coeur des villages et des villes
les lance-flammes ne réduisent plus en cendres les maisons en bambou
les Marines n'entrent plus
dans les maisons pour tuer aveuglément
les enfants ne perdent plus l'ouïe à cause du fracas des bombardements et des vols à basse altitude
les Dakota ne vomissent plus leurs litres d'Agent Orange

les temples et les pagodes sont
redevenus les lieux apaisés de culte
les cimetières ne sont plus profanés
les jeunes filles ne sont plus violées
les hommes et les femmes travaillent
circulent sans crainte
les villes connaissent
une animation permanente
les enfants vont à l'école font du sport jouent sur Internet
l'économie se développe
la reconstruction du pays est florissante
la jeunesse ne pense plus à la guerre de leurs parents et grands-parents
la jenesse embrasse avec frénésie le présent pour préparer l'avenir
les arbres sont de nouveau verts et flamboyants
les rizières produisent généreusement
comme les arbres fruitiers en abondance
les vaches paissent dans les pâtures

et pourtant
malgré la paix
la dioxine
elle
continue son insidieux obsessionnel travail de mort
et la société Monsanto
et les gouvernements américains nient leur responsabilité
leur arrogance est à la hauter de leur forfaiture
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il fallait terroriser la population pour la
soumettre l'écraser
tuer toute forme de résistance
anéantir toute idée de liberté
déshumaniser l'ennemi
créer le chaos
pas plus d'égards avec les bridés
qu'avec des animaux
ou des insectes
les ordres ont été donnés à Washington
et la chaîne de commandements
a fonctionné parfaitement
à des milliers de kilomètres
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Liên
quel est ton lieu
pouvons-nous y entrer
quel est ton temps
pouvons-nos le partager?
non
tu es soustraite au lieu et au temps

pourquoi t'écrire tout cela
à quoi cela rime ou mène
pourquoi t'écrire à toi?

parce que tu es toi
seule dans ton insondable solitude
parce que tu m'es devenue
aimable dans ton inaccessible amour
le visage de toutes les victimes de
l'Agent Orange

Liên
oh mon enfant étrangère
tu ne m'écoutes ni ne m'entends
j'ouvre les bras
à pleine ouverture
sur ton avenir sans avenir

je me cogne
au mur de tes yeux ouverts
grands ouverts
sur l'absence éternelle de ta vie

et toujours ta beauté irréelle
gisante dans l'ombre anonyme du temps
parce que l'immonde crime américain
t'a enlevé au temps

je t'écris dans une forme d'urgence Liên
une urgence enracinée dans le sang
et dans la terre
nouée aux vents et aux larmes

j'ai peur de t'oublier comme on oublie un rêve
même si je sais que je ne t'oublierai pas
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ils ne sont pas comme toi Liên
ils parlent ils lisent ils calculent
ils vont au lycée ils réussissent très bien leurs études
leur handicap consiste en un corps qui se développe en taille
avec une musculature totalement déficiente
à l'intérieur du corps la consistance est bousillée

ils ne peuvent pas se tenir debout
ils ne peuvent pas s'asseoir sans disposer d'un dossier
leur mère les conduit au lycée en les portant sur son dos
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comment vivent tous ces hommes
qels cauchemars ou remords hantent leurs nuits?
racontent-ils leur guerre à leurs enfants et petits-enfants?
que crois-tu Liên petite fille au regard aussi pur qu'une eau de source?
maintenant que le temps les approche de la mort
que ressentent-ils?
combien de fois se lavaient-ils les mains
après que l'index avait pressé
sur la gâchette?
aucune réponse à cette question
et je n'en peux concevoir
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