Giosuè CALACIURA est sicilien, né à Palerme en 1960. Il est journaliste et écrivain pour le théâtre et la radio. Certains le connaissent peut-être pour son précédent roman "
Passes noires" qui avait été finaliste de l'un des prix littéraires italiens les plus prestigieux, le Campiello."
Malacarne" est le titre de ce nouveau livre signé
Calaciura. Dans ce roman, il nous fait découvrir la mafia sicilienne telle que nous ne la voyons jamais. le titre "
malacarne" fait référence à un terme palermitain que l'on utilise pour désigner un petit tueur de la mafia, un truand qui s'occupe des basses-oeuvres.
Malacarne c'est un roman sur la mafia qui ne ressemble à aucun livre sur la mafia. "Nous n'étions plus rien", tels sont les premiers mots de ce court roman de 174p. qui nous entraîne au coeur des méandres de la pieuvre. le narrateur se lance dans un long monologue incantatoire, le récit d'un homme qui se sait condamné et qui décide de raconter sa propre vie à un juge qui pourrait-être devant lui à l'écouter ou à l'interroger. Tout au long du roman, une apostrophe récurrente et lancinante revient sans cesse : "nous n'étions plus rien monsieur le juge". A travers ce personnage, c'est toute l'histoire de la mafia sicilienne de ces cinquantes dernières années qui défilent sous nos yeux, de nombreuses allusions à des événements bien précis de l'histoire sicilienne émaille le récit, la culture, les mots, les couleurs de la Sicile défilent sous nos yeux. L'écriture est superbe, poétique, mythologique, fantasmagorique et incantatoire. le réel et l'imaginaire se mêlent dans un récit où l'on sent poindre la folie de cet homme, acteur et témoin de ses luttes fratricides sans fin, de ses combats de clans jusqu'à l'anéantissement et l'autodestruction. Encore une fois, le langage poétique de l'auteur est une pure merveille, la traduction est riche et rend justice à ce formidable roman qu'est "
Malacarne", ce n'est pas une surprise connaissant la qualité des éditions de la maison des Allusifs. C'est une littérature exigeante mais qui dévoile des charmes immenses, le plaisir de découvrir la Sicile d'une autre façon. Ce livre est sorti est février 2007 dans un presque anonymat, les Allusifs n'ayant pas le pouvoir médiatique des grandes maisons d'édition, mais c'est un livre que je vous recommande vivement, un petit livre par sa longueur, mais un très grand livre sur le plan de l'écriture et de l'émotion qu'elle procure. N'est ce pas là ce que l'on demande à la littérature ?
Voici pour terminer un court extrait du livre qui résume, je pense, l'esprit de "
Malacarne":
"Nous n'étions plus rien, monsieur le juge, mais nous étions habiles et spuntuliddi, de vrais petits durs, poussés comme des bois tordus, égratignant notre âme chaque jour aux aspérités de la survie. Alors nous les nivelions, monsieur le juge, avec le rabot de notre sourire grossier parce que nous n'avions rien d'autre à perdre que le malheur d'être nés (...)."
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