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EAN : 9782021502220
352 pages
Seuil (20/01/2023)
3.59/5   11 notes
Résumé :
Un père agonisant en proie à la fièvre et au délire raconte sa jeunesse, son Grand Tour, les palais vénitiens peuplés de figures fascinantes et maléfiques, sa ruine et son plus beau voyage, la traversée à pied du fleuve Hudson gelé ; un fils encore enfant, assis au pied du lit, recueille, attentif, ces derniers mots hallucinés.

L’œuvre d’Herman Melville, auteur magistral, incompris, bien trop en avance sur son temps et jugé fou et dangereux par certai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Fiction biographique inspirée par la vie et l'oeuvre d'un des plus grands écrivains américains de tous temps, Herman Melville, peuplée cependant majoritairement par des fantômes et des visions chimériques plutôt que par de vrais personnages en chair et os.

Roman formellement exigeant et osé, construit comme un jeu de miroirs dans lequel les niveaux de narration s'enchevêtrent, créant des compositions virtuoses, quelquefois déconcertantes pour les capacités de discrimination cognitive bousculées du lecteur, ou bien s'amusant à le dérouter, lorsque ce dernier, par exemple, jugeant commencer enfin à s'habituer aux ruptures régulières de rythme et aux différentes voix narratives proposées par l'auteur, verra un peu étonné l'une de celles-ci prendre les rênes, s'élevant par un élan littéro-acrobatique, pour sauter sans crier gare d'une note de bas de page et s'emparer seule du texte principal !

Exégèse érudite et très personnelle de l'oeuvre de Melville (et plus particulièrement de son «chef» absolu, «Moby Dick», cétacé le plus célèbre de la littérature mondiale !), proposant une hypothèse originale, fictive - quoique pas tout à fait improbable !- sur ce qui aurait pu être à l'origine de la vocation littéraire de Herman Melville et s'inspirant d'un souvenir d'enfance attesté par ses biographes : la traversée épique réalisée par le père de l'écrivain, à pied, lors d'une nuit glaciale du mois de décembre 1831, du lit gelé du fleuve Hudson, afin de regagner sur la rive opposée le domicile de la famille à Albany, juste avant de tomber gravement malade d'une pneumonie et de décéder par la suite, après plus d'un mois de délires fiévreux ayant amené l'entourage proche et les médecins à conclure entretemps qu'il avait définitivement «perdu la raison».

Fresán imagine Herman Melville, âgé de 12 ans à ce moment-là, au chevet de son père, Allan Melvill (sans «e», voyelle rajoutée par la mère après le décès de son mari, supposant pouvoir de cette manière, au-delà d'apporter une touche chic et «francisante» au patronyme, suite aux très nombreuses dettes laissées par son défunt mari, surtout «éviter et désorienter ses créanciers» !).
L'enfant consignera alors scrupuleusement, sur un cahier, les divagations et propos saugrenus de son père. Ce dernier, tout en mêlant souvenirs de jeunesse, visions hallucinées et fantasmes personnels à sa traversée récente de l'Hudson gelé, échafaudera une étrange construction délirante autour des propriétés de la glace, qu'il appelle le «Gelum melvillium» .

Sans savoir alors que cette expérience serait plus tard déterminante dans la genèse d'une oeuvre littéraire magistrale, très en avance par rapport à son époque, longtemps dédaignée par la critique et considérée à son tour comme relevant d'un esprit dérangé, Herman Melville, ou plutôt son fantôme, ou son esprit «incorporé» par Fresán (sa compatriote Mariana Enriquez définit le roman, dans une citation reproduite en quatrième de couverture, comme étant le résultat d'une «séance» de spiritisme !) rédige, ou plutôt «rédigent», depuis un «présent continu» détaché de références chronologiques précises, un récit biographique qu'on pourrait dans le meilleur des cas situer dans une sorte de « futur du passé composé », et dans lequel, entre autres, tout en revenant en arrière depuis un présent donc «non spécifié», le futur et la postérité de l'écrivain auraient été pressenties, préconfigurées avant même que celui-ci ait véritablement commencé à écrire (Gloups.. !)

C'est ainsi qu'après une vie marquée par des échecs à répétition, sans avoir jamais réussi aucun des exploits auxquels il s'était pourtant senti prédestiné durant sa jeunesse, Melvill père, voyant ses jours approcher leur terme, semblerait implorer à son fils de noter ce qu'il entend (un récit magnifié des aventures extraordinaires vécues soi-disant par le père lors d'un tour en Europe durant ses jeunes années) pour, dit-il, «qu'à l'avenir, il commence une histoire qu'[il] écrira au présent tout en regardant en arrière, mais en voyant les mots se précipiter en avant» afin que le père puisse au moins, couché sur le papier, «être écrit», dans l'espoir «que cette déposition, si elle ne le dédouane pas, le libère, lui donne un sens, une explication et une raison d'être».

Depuis la publication d'«HISTOIRE ARGENTINE» (1991), Rodrigo Fresán bâtit une oeuvre singulière et irrévérente, très critique vis-à-vis des dérives de la postmodernité et en même temps pratiquant volontiers un forme très salutaire d'autodérision.
L'auteur réussit à chaque fois à nous surprendre par des histoires tenues en équilibre entre ce qu'il appelle «les bords» de la réalité, manifestant un sens quasiment intuitif de l'instantanéité de l'écriture, proposant des récits « en train de s'écrire » d'une façon absolument pas artificielle, « abstraite », d'une écriture cursive, très ludique et pleine d'humour. Grâce à ce style original de raconter une histoire, auteur, personnages et lecteurs accèdent à une sorte de «zone frontalière» : l'auteur s'y voit de l'extérieur en train de l'écrire, ou bien, si l'envie lui prend, n'hésite pas à sauter ponctuellement dedans et à se placer parmi ses personnages ; les personnages de leur côté sont parfois invités à s'en extraire et à se regarder depuis l'autre bord, d'en infléchir le cours, par exemple, ou d'en prendre provisoirement les commandes ; le lecteur, lui, avançant sur tous les fronts à la fois, a le sentiment royal, exaltant, telle Alice, excentré et décentré, de passer tout à fait de l'autre côté du miroir !

Dans un registre nouveau ici (pour moi), celui de la fiction biographique, Rodrigo Fresán tente d'identifier à partir d'un épisode particulier, la traversée d'une rive à l'autre de l'Hudson gelé, et dans une métaphore récurrente et abondamment déclinée, de la transparence de la glace et de la blancheur du paysage l'entourant, le noeud imaginaire fondamental à l'origine d'une oeuvre littéraire.
Je dois avouer que cet exercice me laissera plutôt perplexe. Quoique très admiratif devant l'audace de sa construction formelle, ainsi que par les envols toujours inspirés de la prose de Rodrigo Fresán, globalement, en tant que lecteur, j'ai eu trop souvent le sentiment d'être largué au milieu du gué, en l'occurrence au milieu d'un fleuve gelé, très cérébral, au lieu de me retrouver, comme d'habitude placé confortablement sur «les bords» du récit. Je n'y ai retrouvé qu'à de trop rares occasions cette sensation agréable éprouvée lors de mes lectures précédentes de l'auteur, celle de contempler à perte de vue, et avec une grande clarté de vue en même temps, un paysage imaginaire curieux et exotique sans me sentir aucunement perdu ou dépaysé...

Un degré très élevé d'expérimentation formelle, pas toujours justifiée à mes yeux -notamment pendant toute la première partie du livre, où à pratiquement chaque paragraphe viennent systématiquement se greffer des notes de bas de page la plupart du temps très bavardes, infléchissant et multipliant sans raison apparente les commentaires et les focalisations-, gênant ma lecture et impactant par ailleurs sévèrement l'effort d'immersion nécessaire pour essayer d'adhérer à l'incorporéité fantomatique qui semble traverser tout le roman; une ambition radicale à ne considérer la réalité que comme «un outil de la fiction », à vouloir la mettre tout le temps sur le même plan qu'une omniprésente « entéléchie délirante», à abolir toute frontière historique ou chronologique dans les visions et hallucinations des deux personnages, contribuant à augmenter chez le lecteur cette sensation d'immatérialité qu'on vient d'évoquer se dégageant du récit, m'ont finalement amené à me demander sérieusement si, consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement, Rodrigo Fresán n'aurait cherché à écrire lui aussi un livre risquant d'être jugé « incompréhensible» ou de déplaire certains de ses potentiels lecteurs, « les lecteurs de son temps »? À l'instar de son modèle vénéré, Herman Melville, trop collé à lui, reprenant, pourquoi pas, sur son compte, dans son propre roman, une composante même de la névrose d'échec héritée par Melville de son père, en même temps que certains des mécanismes de compensation auxquels les uns et les autres auraient pu faire appel pour essayer d'y faire face...? (Ou au fond délirerais-je peut-être, moi aussi... ???)

« Incapable d'écrire autrement – ne fait-il dire après tout à Melville – ma signature serait condamnée à devenir un spécimen confus, peu abouti, indomptable (...) taxée d'incompréhensible par les critiques, genre de plumitifs qui attaquent tout texte un tant soit peu talentueux, le talent qu'ils n'auront jamais, raison pour laquelle ils finissent par devenir des critiques méprisant les dons d'autrui, car tel est leur seul talent »
(Re-gloups : Ne serait-ce par hasard ce que je serais en train de faire là avec cette critique !?)
( Sacré Fresán !!!)

Toujours est-il que, à l'image du texte que je reproduirai ci-dessous, à titre d'illustration et en concluant (enfin !) ce billet où j'espère très sincèrement ne pas figurer dans un rôle de « mauvais critique », moi aussi (toute l'admiration que je voue à Fresán, je tiens à le préciser, reste pour moi absolument inentamée après cette lecture!), ou dans celui d'un drôle de spécimen aussi, « fan-pire » de base (« fantôme et vampire ») de ce même Fresán (!)... enfin, toujours est-il, disais-je, que quand il me fallait lire et relire plusieurs fois des passages tel celui qui suit à titre d'exemple, j'avoue que je ne savais plus très bien sur quel bord me situer :

« Oh, ce qu'on redoute le plus, je le répète, c'est la distance entre le point de départ et la destination finale. La vie vulnérable considérée comme une traversée où ne manquent ni les tempêtes jouissives, ni les plages de calme désespérant. Ce qui viendra et qui est survenu quand et là où (du début vers la fin, déjà) le bonheur présent dépend autant du passé venant jusqu'ici que du futur partant par là-bas, en sachant que si on ne le manie pas avec une extrême prudence, le passé peut devenir le livre d'heures des tyrans et le futur la bible des hommes libres».

CQFD ?

(* «Ici et maintenant », en tout cas, je tiens à remercier vivement l'opération Masse Critique de Babelio et les Editions du Seuil pour l'envoi du livre)
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Roman-monde, roman-monstre, roman-fleuve, Melvill est un livre vertigineux, stupéfiant d'érudition et de culture.
Par un procédé proche de la mise en abyme, Rodrigo Fresan nous livre ses interrogations et ses réflexions sur l'écriture et la littérature au travers de la vie d'Hermann Melville et de sa relation à son père Allan Melvill (l'orthographe de leur nom est différente, la mère ayant ajouté un "e" à la mort de son mari).
Il faut prendre sa respiration et entrer progressivement dans l'ouvrage pour éviter de s'y perdre.
La première partie du livre qui en comporte trois, est la plus étonnante et la plus expérimentale sur le plan formel. Fresan y relate la biographie d'Allan Melvill, père du célèbre écrivain américain, sous forme de fragments. Ces fragments sont entrecoupés de notes de bas de page plus ou moins importantes qui permettent à Hermann Melville de prendre la parole et de faire des commentaires. Cette alternance est déroutante au départ, certaines notes étant plus importantes que le texte, mais elle offre une scansion intéressante et ouvre un dialogue entre les deux voix qui se répondent, font écho et se perdent l'une dans l'autre. Fresan évoque, à ce titre, un contrepoint, une double personnalité.
Nous apprenons ici qu'Allan Melvill, aventurier dont toutes les affaires commerciales ont échoué, meurt à l'âge de cinquante ans d'une pneumonie, de retour de New-York, après avoir traversé le fleuve Hudson gelé. Cet évènement traumatique pour le jeune Hermann sera un moment fondateur dans sa vocation littéraire.
Les deux autres parties du livre sont de facture plus classique. La deuxième est consacrée au récit du père agonisant, et la dernière voit les deux personnages se rejoindre et entamer ensemble la traversée rêvée de la rivière gelée.
Au delà des péripéties des trajectoires de ces deux hommes, qui ont connu bien des aventures et des revers de fortune, que dire de ce que Fresan a voulu mettre dans ce livre ?
Il s'agit d'un passage de témoin, de relais, entre un homme qui a rêvé sa vie et son fils qui endosse son ambition, mais également ses fautes, péchés, échecs et culpabilité.
Ce sont des variations autour de la création, de la mémoire dont la glace serait la matière, de la thématique de la traversée, entre deux rives, deux continents, deux temporalités -l'auteur avance à reculons et se projette dans plusieurs temps en même temps-.
Comment résumer plus avant Melvill, dans lequel Fresan a voulu faire entrer la totalité de son univers, sans évoquer la baleine de Moby Dick dont la blancheur rappelle les nuances de la glace de l'Hudson, cette baleine, monstre mythologique et métaphore universelle selon l'auteur ?
Ce billet n'a fait qu'effleurer ce livre dense, difficile d'accès, "monstrueuse gueule de bois" comme dit Fresan, qui donne néanmoins envie de découvrir son oeuvre, et surtout de lire Moby Dick.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de lire Melvill.
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Ce texte oscille entre fiction et (fausse) biographie de l'auteur de "Taïpi" et "Moby Dick". Rodrigo Fresan, auteur argentin nous livre un texte foisonnant sur l'écriture et la pulsion créatrice notamment. Ce roman est une prolongation d'une nouvelle déjà présente dans "La Parte recordada", le dernier volet de la trilogie composée de "La part inventée" et de "La part rêvée". Malheureusement, je suis restée assez hermétique à ce texte labyrinthique où les trop nombreuses notes de bas de pages m'ont perdues... Je suis persuadée que les fans d'Herman Melville et de proses ambitieuses ou loufoques sauront se laisser séduire. Un texte pointu pour les plus lettrés et les plus coriaces d'entre vous.
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critiques presse (4)
Bibliobs
07 mars 2023
Herman Melville intervient dans le récit dans des notes de bas de page pleines d’ironie. On progresse parfois dans ce texte bipolaire aussi laborieusement qu’Alan Melvill sur le fleuve glacé, avec en tête la célèbre phrase de Kafka : « Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeSoir
03 mars 2023
Comment Rodrigo Fresán imagine l’auteur de Moby Dick dans l’ombre de son père : « Melvill ».
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
23 janvier 2023
De la transparence de la glace que foula Allan Melvill, un soir d’hiver, à l’encre noire avec laquelle son fils Herman rédigea son œuvre… Rodrigo Fresan explore à nouveau le mystère de la vocation d’un écrivain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
23 janvier 2023
Ce n’est pas une coquille. Si le nouveau roman de Rodrigo Fresan s’achève sans point final, c’est intentionnel. Pour le romancier argentin, établi de longue date à Barcelone, les livres continuent à exister après la dernière page, dans l’esprit de leur auteur comme dans celui de leur lecteur. Mieux : ils en appellent d’autres.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Nous ne sommes ni des non-morts ni des morts qui reviennent. Nous sommes, disons, des êtres qui ne meurent pas, au sens où l’entendait le prédicateur chrétien Ælfric d'Eynsham, à la fin du Xe siècle, quand il a inventé l’adjectif «undeadlic» pour définir l’immortalité ou l’impossibilité de mourir de Dieu, devenu ensuite «undead», qui s’applique aux individus ranimés «par une force ou entité étrange». De même, les termes «revenants» ou «revinientes» désignent ceux qui ne partent pas, auxquels on s’empresse d’attribuer, sans doute pour rendre plus supportable la condition des autres malheureux, une soif insatiable, de longues dents et des cercueils. On nous diagnostique aussi des allergies à la lumière du soleil et aux miroirs (nous adorons pourtant nous regarder dans la glace ; nous récréer à la vue de notre délicieuse singularité, le matin, à l’heure où vous ressemblez tous à des zombies, nous comble).
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Mais qui a dit, dit, dira ces mots ? j'ai de plus en plus souvent le sentiment de capter les pensées et les idées d'autrui, passées ou à venir, d'être une sorte d'aimant, de bouche et de gorge de maelström qui prend des autres tout ce dont elle a besoin et en fait usage après l'avoir mâché et digéré, puis le renvoie à la surface totalement transformé et, je l'espère, transformateur.
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L'oeuvre est-elle le fils à qui on dit adieu sur un embarcadère ou devient-on le fils de son oeuvre, qu'on laisse derrière soi en gagnant le large pour que d'autres, plus tard, la célèbrent ou la condamnent ? Le véritable objectif n'est-il pas d'adopter après l'avoir obtenu le statut désagréable et mutuel d'orphelin, et de sauver ce qu'on peut et qui l'ont peut de sa vie et de son oeuvre à l'approche du typhon ?
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Rodrigo Fresans'entretient avec Sylvain Bourmeau à l'occasion de la parution de son roman "Le fond du ciel" (Le Seuil), l'un des 30 livres de la rentrée littéraire Mediapart 2010.
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