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EAN : 9782070142064
608 pages
Gallimard (08/11/2013)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Admiré par toute une génération (celle de Sony Labou Tansi et Tierno Monénembo), Tchicaya U Tam'si domine la production poétique de la postnégritude, sans compter la force unique de ses romans et nouvelles. Marqué par la disparition tragique de Lumumba, viscéralement attaché au Congo, Tchicaya U Tam'si mêle sa souffrance et ses voluptés à celles de sa terre natale, dans une écriture travaillée par collages savoureux et ruptures baroques : « Ma poésie, disait-il, est... >Voir plus
Que lire après OEuvres complètes, tome 1 : J'étais nu pour le premier baiser de ma mèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'étais nu pour le premier baiser de ma mère, c'est le titre qui a été choisi pour ces oeuvres poétiques complètes. Il s'agit d'un vers du poète, tiré du recueil Epitomé (page 182 dans la présente édition). L'avantage, avec un recueil de poésie, c'est qu'on est complètement libre de l'aborder comme on le souhaite, selon sa fantaisie, selon le temps dont on dispose, selon la résonance que tel poème produira en nous, tandis qu'on bourdonnera autour de tel autre poème, sans s'y arrêter vraiment. Il y a des textes qui toucheront notre sensibilité plus que d'autres. Il y a des poèmes avec lesquels on aura envie d'entamer un dialogue, parce qu'on veut en savoir plus, parce que la compagnie de ce poème nous plaît... Les poèmes sont comme de petits personnages, et nous ne nous comporterons pas de la même manière avec chacun d'eux : affinité avec celui-ci, complicité avec celui-là, malentendu avec tel autre, cordialité avec un autre encore sans que celle-ci aboutisse à une franche amitié
Bref, c'est un monde tout peuplé de personnages aussi différents les uns que les autres que nous offre Tchicaya U Tam'si dans ses recueils de poésie. Mais, aussi nombreux soient-ils, il y a comme un air de famille qui se dégage de certains d'entre eux. Chaque recueil a une teneur particulière, une odeur, mais il peut y avoir plusieurs odeurs dans un même recueil. Ainsi, laissez-vous guider par votre nez, humez, humez ces textes sans modération ! Ne vous laissez surtout pas influencer par la réputation de poète ''hermétique'' qu'on a voulu lui coller.
Tenez, en y mettant mon nez, moi, qu'est-ce que j'ai senti ?
Le mauvais sang est particulièrement inondé par la pluie, une pluie qui, comme dans « Il pleure dans mon coeur », de Paul Verlaine, traduit le mal-être du poète....

Contre les morsures de la vie, le poète s'est forgé une cuirasse : les mots. Ils sont emplis de sa ferme volonté de rester arrimé à la vie, à tout ce qui fait sa noblesse. le poète souhaite avoir « un bec d'acier / pour disputer (son) corps aux ans. » (page 200).
Ainsi des images fortes s'impriment dans la mémoire du lecteur à la lecture de chaque recueil, entre autres : les blessures, dans le Mauvais sang ; le fleuve dans Feu de brousse ; le Congo, le fleuve comme le pays, dans A triche-coeur, le Christianisme et Lumumba dans Epitomé ; l'amour dans Arc Musical, la mort dans le Ventre..

http://valetsdeslivres.canalblog.com
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critiques presse (1)
Liberation
21 janvier 2014
Du sonnet de ses débuts, Tchicaya U Tam’si passe rapidement à des formes libres. Ses poèmes prennent l’allure de longs chants dont la rythmique savamment heurtée traduit la fêlure de son âme.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les roses, c'est si vrai, ne pouvaient plus fleurir
Fin d'automne sur ce Paris fardé de cendre
Cette vieille douleur allait me pendre
Ombre seulette, vivre, c'était mon désir

Je marchais mon chemin, je rêvais d'en finir
Avec ce bouge noir à déboires et revendre
Pour un sou, ce si peu de chair jadis si tendre
Ô destin nargué, ma passion, partir, partir...

C'est si vrai, les roses et la boue sale des lunes
Repeignaient sur ma ville ouverte le jet pur
D'un bouquet d'automne sur le macadam dur...

La pluie a éclaté des chairs d'angélus bleus.
Tintait un glas lentement j'éteignais mon feu
Sans regret, oiseaux blancs, c'était humble fortune.
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il venait de livrer le secret du soleil
et voulut écrire le poème de sa vie
pourquoi des cristaux dans son sang
pourquoi des globules dans son rire
il avait l'âme mûre
quand quelqu'un lui cria
sale tête de nègre

depuis il lui reste l'acte suave de son rire
et l'arbre géant d'une déchirure vive
qu'était ce pays qu'il habite en fauve
derrière des fauves devant derrière des fauves

(...)

ce vol est un vol de colombes
les sangsues ignoraient l'aigreur
de ce sang-là
dans l'écuelle la plus saine
sale tête de nègre
voici ma tête congolaise
c'est l'écuelle la plus saine
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C'était quand les soleils soufflaient sur les clairières
Tous deux dansions une valse lente et terrible
la pluie toujours venait lente à nous sa cible
Nous étions, elle et moi, que mains et paupières

Et dans nos voix, toujours les chansons, les lumières
s'enflammaient, rêve ancré dans une belle eau paisible
les vents étaient de taille, volupté terrible
ce long chemin — toujours — où croisaient des sorcières

les serpents dans leurs mains faisaient des sortilèges
déments, nos pieds dansant mille sons mille arpèges
Et toi voilée, moi chaste, après vigilant fou

Volupté, volupté, du sang sur la prairie
je suis passé par là près de l'arbre des génies
les vents prêchaient : « le Christ est un fétiche à clous ».
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Seul j'écoute, je doute, il pleut et c'est certain
Comme seul l'oiseau au plus fort des tragédies,
Je chante pour n'être pas vaincu à la fin
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Ils ont craché sur moi, j'étais encore enfant,
Bras croisés, tête douce, inclinée, bonne, atone.
Pour mon ventre charnu, mon œil criait : aumône !
J'étais enfant dans mon cœur il y avait du sang

Dans mes mains d'enfant public il y avait le temps,
La nuit, ma voix, au ciel, faisait les astres jaunes ;
j'enfermais mon chant cru dans le fût d'un cyclone,
je peignais des signes bleus sur les talismans.

Ils ont craché sur moi pour bénir l'inceste ;
ma terre a jailli d'or et gangréné le reste
ils ont rampé plus bas, ils m'ont brisé les veines,

Et l'or sur mon sang faisait comme une éraillure
de fruit battu fange où tout volait en cassures...
J'étais enfant couché sur un lit de verveine.
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Videos de Tchicaya U Tam'si (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Tchicaya U Tam'si
Tchicaya U TAM'SI – Une Vie, une Œuvre : 1931-1988 (France Culture, 1998) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Catherine Pont-Humbert, diffusée le 22 octobre 1998 sur France Culture. Invités : Tahar Bekri, Jacques Chevrier, Gabriel Garran, Boniface Mongo Mboussa, Patrice Yengo, Jacqueline Sorel, Claude Wautier et Jean Dion.
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