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EAN : 9782759605347
304 pages
Paris Musées (05/10/2022)
4/5   3 notes
Résumé :
Le musée d'Art moderne de Paris consacre l'une des premières rétrospectives en France à l'artiste autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980). Montrant la force avec laquelle Kokoschka a défié la création artistique de son temps, Oskar Kokoschka. Un Fauve à Vienne réunit une sélection unique des oeuvres les plus significatives de l'artiste. Dans sa structure et son contenu, le catalogue suit le parcours riche de l'artiste naviguant entre les villes et pays qu'il traverse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lors de cette exposition parisienne dédiée à Oskar Kokoschka (1886-1980), du septembre 2022 au février 2023, je suis, comme d'habitude, si éblouie en présence des peintures que je suis incapable de lire les panneaux qui les commentent. Je repars, comme souvent, avec un catalogue d'oeuvres largement glosées.
C'est donc avec cet album sur l'artiste autrichien que Vienne revient dans mes lectures. Contrairement à ses compatriotes encensés, Gustav Klimt (1862-1918) et Egon Schiele (1890-1918), l'oeuvre d'Oskar Kokoschka est « inexplicablement méconnue » en France, pour reprendre la formule récurrente de l'ouvrage. Klimt incarne le symbolisme et l'Art nouveau autrichien tandis que Schiele est rattaché au mouvement expressionniste.
J'ai eu la chance de visiter certaines des toiles de Kokoschka déjà à Vienne où il m'a beaucoup marquée par ses « réveillons » : touches claires et brillantes qui ravivent tant ses images. C'est seulement plus de dix ans après que je suis tombée sur cette expression de John Berger, écrivain et peintre lui-même, citée dans l'album : Kokoschka « a peint la chair humaine comme si elle était un jardin et chaque coup de pinceau une floraison ». Elle traduit si bien ce que je ressentais intuitivement.
Tous les critiques d'art réunis dans cette publication répètent en choeur que les tableaux de Kokoschka ne se contentent pas de la représentation objective, mais témoignent de la prodigieuse faculté de l'artiste de percer l'âme de ses sujets. Tous parlent des répercussions de Kokoschka, au pinceau et à la plume, sur sa génération et sur les créateurs à venir. Car, en outre, il est un dramaturge surprenant, un écrivain, un poète. « Ma vie » et « Mirages du passé » font partie des ouvrages les plus marquants qu'un grand maître ait produit sur lui-même. le tournant du siècle à Vienne a été influencé par des intellectuels et des artistes comme Kokoschka qui savaient traiter leurs propres contradictions de manière productive. Leur registre spirituel était non seulement ouvert à la pluralité des voix, mais porté par elle.
La période viennoise de Kokoschka débute en 1908, il s'affiche alors comme « le sauvageon en chef » au crâne rasé. Il fait irruption dans une Vienne où des formes douces et végétales de l'Art nouveau prolifèrent. Par ses nus « prolétaires », au trait anguleux, réduit à des contours, ainsi que par ses dessins aux hachures fragmentées et aux déformations corporelles, il acquiert la valeureuse réputation de fou. Ses premières oeuvres sont peintes d'une façon singulière : il commence avec un pinceau puis continue avec le bout des doigts, gratte avec ses ongles. Ce qui l'intéresse, c'est le squelette mental, c'est pour cela qu'il se concentre sur la tête et les mains. La dissonance de l'oeuvre de Kokoschka est en parfait accord avec l'esthétique d'Arnold Schönberg en musique.
Sa rencontre en 1912 avec Alma Mahler, de sept ans son aînée, la veuve du compositeur Gustav Mahler, est décisive. Kokoschka, âgé de 26 ans, se nourrit d'une immense passion pour cette femme brillante, courtisée alors du Tout-Vienne. Cet amour et leurs échanges épistolaires lui inspirent différentes oeuvres, dont La Fiancée du vent, en 1913, et des tableaux les représentant en amants. Mais la phase « cristalline » de Kokoschka, aussi bien de sa vie que de son oeuvre, ne se maintiendra pas. Évidemment j'ai couru me renseigner sur Alma Mahler et j'ai lu sur Wikipédia : « Il désire l'épouser mais il la fatigue. Effrayée par la passion qu'elle suscite en lui, Alma rompt avec Kokoschka ». Et là, ma naïveté à faire pleurer en a pris un coup. Ce n'est pas Alma qui l'a suivi « dans tous les paradis et tous les enfers de la vie ».
Il est engagé volontaire en 1915. Quelques mois plus tard, gravement blessé à la tête puis au poumon, il est déclaré inapte au combat. « Engagé volontaire pour être ouvert à son tour, fût-ce au prix de sa vie, et porter à incandescence la blessure de la séparation d'avec la bien-aimée en 1914 », écrit Maryline Desbiolles dans le chapitre de l'album intitulé « le Mandrill ».
La période de Dresde de Kokoschka débute en 1916 et durera sept ans. Ses séquelles de guerre ne sont pas seulement physiques mais aussi celles de sa psyché. C'est le désespoir. Il en résulte des tableaux où les contrastes entre le clair et l'obscur, la vie et la mort, sont violemment soulignés. Après la guerre, ses teintes sombres s'éclaircissent, ses oppositions s'atténuent.
De 1923 à 1931, Kokoschka voyage à travers l'Europe, l'Afrique du Nord et le Proche-Orient. Il réalise de vastes paysages, des portraits d'animaux ainsi que ses vue urbaines systématiquement représentées de « tout en haut ». Il revient en Europe, mais en 1934, pour fuir le régime austrofasciste, émigre à Prague, au pays de la famille de son père. Par ses toiles allégoriques, il dénonce la violence politique, pour laquelle il n'incarne que « l'art dégénéré ». En 1938, il quitte la Tchéquie pour Londres avec Olda Palkovska, sa future épouse. le paradis est bien perdu dans ses tableaux réalisés envers et contre les bombardements.
Après la Seconde guerre mondiale, l'artiste jouit d'une célébrité internationale. Il est considéré comme le précurseur des Nouveaux Fauves. Il se bat pour une Europe unie. Kokoschka peint des portraits du violoncelliste Pablo Casals se fondant complètement en musique, cet humaniste qui a tant oeuvré pour la paix. D'ailleurs le thème du pouvoir de la musique revient avec insistance chez Kokoschka.
J'ai particulièrement apprécié l'article de Bernadette Reinhold consacré à la poupée de Kokoschka qui nous éclaire sur « ce fatal conglomérat d'amour, de crainte de l'humiliation et d'angoisse face à la perte d'une compagne ». le mannequin docile incarne la douleur de la perte, mais c'est encore autre chose qu'un fétichisme pathologique, un simple substitut symbolique d'Alma. Il y a ici toutes ses fantaisies démiurgiques et érotiques, mais surtout lisez vous-mêmes ! Vous serez estomaqués par la personnalité de Kokoschka !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C’est également à Dresde qu’Oskar Kokoschka fait fabriquer par la créatrice de marionnettes Hermine Moos une poupée grandeur nature à l’mage d’Alma Mahler*. En guise de modèle, il met à sa disposition une huile qui doit permettre à l’artisane de recréer Alma Mahler de telle façon « qu’en la regardant et en la touchant », il « croie qu’elle est vivante ». En définitive, le « fétiche » ne correspond nullement aux attentes de Kokoschka, qui le fait savoir sans ambages à Hermine Moos : « Je suis sincèrement atterré par votre poupée. » Par la suite, l’artiste répandra toutefois des rumeurs sur celle qu’il nomme la « femme silencieuse », racontant par exemple avoir « loué un fiacre pour lui faire prendre l’air les jours de soleil, ainsi qu’une loge à l’Opéra pour la montrer » et faisant de la poupée un objet d’art avant-gardiste, contrairement à son intention initiale. […]
Dans Peintre à la poupée, Kokoschka adopte une touche plus fluide et dynamise la scène, qui montre l’artiste à côté du corps potelé de la poupée désarticulée, désignant du doigt les parties intimes de cette dernière, marquées de rouge. De sa main gauche, il écarte la cuisse gauche du pantin dont il a pris possession. Kokoschka joue également les Pygmalion ratés – référence au sculpteur tombé amoureux de sa propre création – dans son Autoportrait au chevalet, où on le voit pincer la cuisse de la poupée de couleur chair, à cheval sur le bord gauche du tableau. Ce geste, ajoutée à la posture voûtée de son corps et à ses mains crispées, contraste avec son imposant atelier de l’Académie des beaux-arts ayant vue sur la ville neuve (Neustadt) de Dresde, ce qui témoigne d’une certaine autodérision.
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Ce ne sont pas les événements
de l’enfance qui passent à travers moi
et pas ceux de la puberté/
mais ce qu’est un garçon/
un vouloir hésitant/
une honte sans raison de ce qui grandit/
et la juvénilité/
le débordement et la solitude/
je me reconnus moi et mon corps/
et je tombai et je rêvai l’amour/

[...] Dans « Meurtrier, espoir des femmes », il traite de la guerre des sexes et de la violence destructrice de la libido, un thème qui perçait déjà dans « Les garçons qui rêvent » et qui contraste avec l’apparente douceur d’un conte pour enfants.
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