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EAN : 9782956041016
315 pages
Emmanuelle Pesqué (27/06/2022)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Angleterre, 1817. À la mort de sa mère, la célèbre cantatrice Ann Selina (« Nancy ») Storace, le jeune Spencer Braham n’imaginait pas être déshérité. Mais le testament favorisant ce fils naturel de deux des plus grands chanteurs britanniques du XVIIIe siècle reste introuvable.
Quatre ans plus tard, Spencer reçoit les mémoires écrits par sa mère à son intention. La Signora Storace y narre ses heures de gloire et ses drames privés, entre Angleterre et Italie, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qui était AnnSelina Storace, née en 1765 et disparue en 1817 ?
L'une des cantatrices les plus adulées de son temps, créatrice de Susanna des Noces de Figaro de Mozart, dont elle fut la muse et l'amie. Adorée d'Haydn, elle inspira également Salieri, et certains des compositeurs les plus prisés de l'époque lui ont taillé des rôles sur mesure et à la mesure de son immense talent comique, de son charisme scénique et de ses formidables possibilités vocales.
Qui se souvient aujourd'hui de la Signora Storace, sinon Emmanuelle Pesqué ?
Après lui avoir consacré une brillante biographie (Nancy Storace, muse de Mozart et de Haydn), voici qu'elle nous offre un roman unique en son genre, tout à la fois fresque familiale, roman historique, reconstitution d'une époque littéraire et du monde foisonnant de la scène lyrique de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, le tout saupoudré d'un zeste de suspens, car le roman gravite autour d'une épineuse question : qu'est devenu le dernier testament de la célèbre cantatrice, le document qui faisait de son fils Spencer Braham (enfant né hors mariage de Ann Selina et de son compagnon, le ténor et compositeur John Braham) son légataire universel ? Et qu'héritera, en définitive, ce fils aimé de sa mère et de sa grand-mère, mais honni par le reste de la bonne société à cause d'une faute impardonnable dont il fut à la fois l'auteur et la victime.

Voici mes 3 bonnes raisons de lire Oublier Mozart

Raison numéro 1 : Voici l'occasion de découvrir un univers unique : celui de la scène lyrique à sa flamboyante époque à la charnière de deux siècles. Et là, tout le talent de l'historienne se révèle. Trop de romanciers, à mon goût, choisissent de camper leur histoire dans une époque passée sans la connaître vraiment ou assez ; si bien que cela donne des histoires d'aujourd'hui racontées à la sauce d'un hier fantasmé. Emmanuelle nous immerge dans cette époque, pesant le moindre détail, elle nous brosse une plausible mentalité de cette époque révolue. Ses personnages sont des gens de leur temps, pensent et réagissent en conséquence, et c'est en cela qu'ils sont vivants et interrogent le chaos de nos croyances et valeurs actuelles.
Ensuite, je trouve à ce roman des airs d'opéra. Ce qui tombe à pic ! A l'instar de Mozart, Emmanuelle a écrit pour Ann Selina des arias qui viennent au moment crucial de l'intrigue raconter l'histoire intime de la diva. Tout cela sous forme d'un journal dans lequel la cantatrice nous fait partager la palette de ses émotions, de l'exultation à la tristesse. Ce qui rend le personnage non seulement attachant, mais réel, proche, un peu comme un vieille amie qu'on retrouverait après une très longue absence.

La raison numéro 2 est l'adresse avec laquelle chaque personnage (des plus sympathiques aux plus patibulaires) est dessiné. Cette précise délicatesse du trait permet à l'auteur de camper tous ses personnages, même les plus éphémères, comme l'imprononçable – pour moi – comte Karl von Zinzendorf und Pottendorf. Ne croyez pas qu'il soit inventé, lui ou ses semblables ! Emmanuelle nous les présentent tous, en fin d'ouvrage dans un « glossaire des personnages historiques cités. 117, je les ai comptés, oui, 117 personnages ayant existé et dont l'histoire se souvient font l'intrigue, la nourrissent ou apparaissent au gré d'une scène. Et chacun est dessiné avec la rigueur qui sied à faire émerger son principal trait de caractère. Quand je vous dis que ce texte nous téléporte dans son temps.

Raison numéro 3 qui concourt à faire d'Oublier Mozart, de la très belle ouvrage, l'art de l'historienne amoureuse de son personnage d'agencer l'historique et la fiction. Où s'arrête la biographie, où débute l'imaginaire de l'auteur ? Les deux sont tellement intriqués que les distinguer serait réussir une gageure. Ne voir là aucun fruit du hasard, mais le résultat d'un colossal travail associé à une passion véritable. Tout est tellement naturel, et en même temps tout est tellement riche (ainsi l'éventail des raisons possibles de la disparition du testament de la Signora Storace, ainsi la genèse des sentiments des personnages) que l'on traverse ces péripéties « comme si on y était ».

et (puisqu'on sait depuis Pagnol que 4 tiers font 1)
Raison 4 : le style.
Quelle langue utiliser pour témoigner d'une époque sinon une langue au plus près de celle de ce temps ? Si le terme de pastiche est souvent employé à des fins critiques, voire dévalorisante, il reprend ici toutes ses lettres de noblesse. Je crois que ce texte n'aurait pu être écrit autrement : l'auteure lui a donné la musique qui lui convient et propre à souligner la perspective de l'Histoire.
Nous ne pouvons pas revenir dans le passé, nous ne pouvons guère le comprendre, mais nous ne pouvons l'envisager comme un miroir dans lequel nous nous découvrons… différents, décalés, un peu étrangers à nous-mêmes. Et c'est ce miroir que nous tend Emmanuelle Pesqué. Est-ce un hasard si dans l'acte un de cet opus nous découvrons la Signora Storace à travers le reflet de sa psyché, éclairée par les chandelles de sa loge ? Je ne le pense pas. Je suis sûre, au contraire, que ce roman spirituel et hors de notre cadre quotidien est comme un jeu de miroirs qui nous inviterait à une rêverie propre à nous extraire, le temps de la lecture, à l'attraction de notre temps dont le pessimisme n'a d'égal que le cynisme.
Oublier Mozart ressuscite une société vieille maintenant de deux bons siècles avec ses moeurs, ses valeurs et ses croyances. Une société qui ne répond certes pas aux nouveaux fantasmes galvaudés d'empathie, d'égalité, de polissage et de justice frelatée qui semblent vouloir gouverner notre temps, mais une société encore ancrée sans tabou dans ses instincts, si loin de nous maintenant qu'elle pourrait nous apparaître sauvage.
En réalité, il n'y a pas seulement 4 raisons de lire Oublier Mozart, mais une quantité.

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Tout d'abord, je tiens à remercier Emmanuelle Pesqué de m'avoir proposé de découvrir son roman en service de presse. J'avoue avoir un peu hésité avant d'accepter : si j'adore les romans historiques, je ne suis pas du tout une spécialiste de la scène lyrique de la fin du XVIIIe !
Et puis en me renseignant un peu, je me suis rendue compte que l'autrice, elle, semblait l'être. Qui aurait mieux pu m'introduire à ce monde particulier ? J'ai donc accepté de découvrir Oublier Mozart, un roman fondé sur la véritable histoire de la Signora Storace, muse et amie de Mozart et de Haydn, inspiration de Salieri, cantatrice adulée de son époque. Que de grands noms, pourtant celui de la diva a été peu à peu oublié.

L'incipit nous projette en 1787, lors de la soirée d'adieux de la prima buffa Ann Selina Storace, à l'occasion de son départ de Vienne et de son retour en Angleterre, sa patrie d'origine.
Puis nous voyageons dans le temps jusqu'en 1817 où, après une séparation compliquée, nous retrouvons la diva sur son lit de mort.
Mais, réunis autour du notaire de la défunte, sa famille et son fils Spencer, fils illégitime conçu avec le célèbre ténor John Braham, découvrent avec effarement que le testament qui devait faire de lui son héritier est introuvable, et qu'il est complètement déshérité.
Quatre ans plus tard, entré en possession des Mémoires qu'elle rédigea à son intention, Spencer découvre à travers le récit de ses heures de gloire et de ses drames privés, une femme dont il ignorait beaucoup. Pourra-t-il élucider les secrets de sa mère et recouvrer son héritage ?

Emmanuelle Pesqué est une spécialiste de Ann Selina Storace, dont elle a déjà rédigé une biographie : Nancy Storace, muse de Mozart et de Haydn.
Ici, le récit est romancé mais s'appuie énormément sur la réalité historique. La quasi intégralité des personnages présents dans le roman ont réellement existés, et on sent dans le récit une grande érudition et une connaissance très complète de l'autrice du monde dans lequel elle nous invite.

J'admets que la lecture n'en a pas été simple. Je préfère généralement les styles travaillés et recherchés aux styles trop simplistes ; ici j'ai été servie. Dans un souci de crédibilité pour son histoire, l'autrice choisit volontairement de rédiger son récit dans un style soutenu cohérent avec l'époque. Si ce choix facilite l'immersion dans l'histoire, il n'en demande pas moins une grande concentration lors de la lecture, et j'avoue que je n'étais pas capable de lire ce roman le soir après une journée de travail, la fatigue ne me permettait pas la concentration nécessaire.

J'ai beaucoup appris à la lecture de ce livre. J'ai parfois été un peu perdue parmi la quantité de personnages historiques, heureusement un glossaire est disponible à la fin de l'ouvrage et m'a beaucoup aidée à me rappeler de tous. de même, les notes de bas de pages sont très nombreuses, pour donner des détails sur les oeuvres citées, ou pour nous éclairer sur le vocabulaire de l'époque employé dans le texte.

Mon seul regret est d'avoir ressenti, à un moment, un peu de lassitude à la lecture des Mémoires de la cantatrice. Ce passage était un peu long à mon goût et même si, grâce au personnage de Spencer, nous finissons par « sauter » certains passages, c'était parfois un peu répétitif à mon goût.
J'aurais préféré, en comparaison, que la partie concernant « l'enquête » de Spencer soit plus longuement détaillée.

En dépit de ce léger regret, ce fut donc une très bonne lecture, exigeante mais très instructive. Je ne prétends pas en ressortir spécialiste de la scène lyrique de l'époque, mais j'ai incontestablement fait la connaissance de grands noms de la musique, et j'ai beaucoup apprécié toutes les anecdotes à leur sujet.
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Connaissez-vous Nancy Storace ? Personnellement, je n'avais jamais entendu parler de cette diva avant de me plonger dans le très fouillé (et passionnant) Oublier Mozart d'Emmanuelle Pesqué. Cet ouvrage, écrit d'une plume aiguë, évoque le destin de cette cantatrice qui fit une éblouissante carrière à la césure des XVIIIe et XIXe siècles, en Angleterre, en Italie ainsi qu'à Vienne, où elle croisa un certain Wolfgang Amadeus. La Storace interprétera d'ailleurs Suzanne dans Les Noces de Figaro, et c'est spécialement pour elle que le maestro composa « Ch'io mi scordi di te ».
Cette fiction qui n'en est pas vraiment une (l'auteur a déjà consacré une belle biographie à cette chanteuse un peu oubliée) nous entraîne dès les toutes premières lignes dans l'univers lyrique de l'époque avec une précision quasi photographique. On est à Vienne lors du fameux concert d'adieu de la diva, Mozart n'est pas loin, on entend le murmure des conversations avant le lever de rideau, puis les applaudissements crépitent dans l'air où se mêlent les fragrances des parfums et de la poudre de riz, juste avant que la chanteuse n'embrase le public avec sa voix.
Construit comme un texte-miroir, servi par une culture historico-musicale de tout premier ordre, et mariant avec une habileté diabolique vérité et fiction, ce roman est aussi l'histoire d'une énigme : qu'est devenu le dernier testament de Nancy Storace ?

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Tout d'abord est-ce que le nom de Ann Selina dit Nancy Storace vous dit quelque chose ? Moi personnellement, je n'avais jamais entendu ce nom et pourtant… Cette grande cantatrice du XVIIIe siècle fut en partie l'une des muses de Mozart. Au travers de ce roman, Emmanuelle Pesqué nous retrace le destin et les aventures de cette femme. On découvre sa vie et ses drames dans un voyage entre Vienne, l'Angleterre et l'Italie.
Tout commence en 1787 lors du concert d'Adieu de la diva à Vienne. Entre les murmures et les rumeurs des spectateurs, la diva va se mettre à chanter et envahir l'espace pour son dernier concert avant son retour en Angleterre.
Trois décennies plus tard, Nancy Storace est sur son lit de mort. Son fils, qui est son unique enfant, pense recevoir l'héritage. En l'absence de testament, c'est finalement sa mère qui recevra une partie. En effet, Spencer Braham devra attendre plusieurs années son héritage qui se révèlera être les mémoires de sa mère.
Dans ses mémoires, Spencer à l'espoir d'enfin réussir à comprendre sa mère et surtout pourquoi a-t-elle voulu lui partager ses mémoires ? Quels secrets se cachent derrière ?

Alors au premier abord, j'ai eu un peu de mal avec le langage assez soutenu du récit. Cependant, tout le long du roman, Emmanuelle nous dirige vers des mots-clés, des index, des définitions et surtout un glossaire complet à la fin. D'ailleurs je félicite le gros travail historique de l'auteure par rapport à ça.
Après quelques chapitres j'ai donc été plus facilement à l'aise. La rigueur et l'exactitude de la plume sont à souligner. On ressent la connaissance de l'auteure et d'après la lecture j'en retire que quasiment tous les intervenants sont réels. J'ai adoré découvrir cet univers lyrique et la vie de cette cantatrice de renoms qui a côtoyé de nombreux artistes, dont Mozart, puisqu'elle fut l'une de ses muses. La richesse de ce récit se trouve dans la grande culture générale de l'auteur. Il est rare de trouver des romans évoquant si exactement le côté historique et culturel et je vous conseille donc cette découverte. Aussi enrichissante qu'agréable, l'histoire de Nancy Storage est à découvrir.
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La première scène commence en 1787 lors d'un concert organisé pour le départ de la prima buffa Ann Selina Storace chanteuse lyrique adulée à Vienne. Elle rentre en effet en Angleterre sa patrie d'origine. Parmi les participants se trouvent d'illustres personnes dont Mozart qui lui a écrit un morceau. On la retrouve 30 ans plus tard en 1817 sur son lit de mort. Elle laisse derrière elle outre sa mère un fils "du côté gauche" Spencer Braham, enfant qu'elle a eu avec John Braham célèbre ténor et compositeur. Malgré cette hérédité fameuse et en absence de testament récent, Spenser n'est pas heritier de sa mère et c'est sa grand-mère qui hérite d'une partie. Il devra attendre quatre ans après le décès de sa grand-mère pour profiter partiellement de l'héritage. Il reçoit notamment les mémoires de sa mère qu'il s'empresse de lire avec l'espoir de comprendre cette mère...
Quel livre ! Il est étonnant et érudit à la fois. Il peut paraître difficile d'approche par le langage mais l'autrice nous aide très largement avec des notes de bas de page. En effet les mémoires sont conçues comme un pastiche de mémoires de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle avec une graphie particulière et de nombreuses (et très belles) éperluettes. C'est un prétexte pour nous de connaître la vie de cette incroyable chanteuse très célèbre ayant côtoyé de nombreuses personnalités, Mozart, Haydn, Salieri, Da Ponte... Mais on est loin de la vision "romantique" mais totalement fausse du film "Amadeus" que j'adore malgré tout. Ici l'histoire s'appuie sur des faits réels et la presque totalité des personnages ont été réels. L'autrice connait bien le sujet car elle a publié une biographie sur Ann Selina Storace. Une généalogie, un dictionnaire des noms et surtout des précisions d'Emmanuelle Pesqué en fin d'ouvrage nous apportent des compléments plus qu'intéressants. Je vous engage à lire cet ouvrage pour vous replonger dans l'univers des chanteurs et artistes lyriques cette période entre Italie, Vienne et Londres mais pas uniquement puisqu'il y a cette quête du fils qui ne se fera pas sans problème. Il faudra attendre la dernière ligne pour comprendre le titre !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le temps s’abeausit ; le voyage n’en sera que plus aisé, pensa la Storace tandis qu’elle se contemplait sans indulgence dans le grand miroir de sa loge. Ses yeux bruns et larges conservaient toute leur séduction malgré l’examen sévère qu’elle faisait de sa personne. Elle s’attarda sur le long nez un peu fort, sur l’olivâtre de son visage ovale, sur la bouche charnue et vermeille si séduisante par ses promesses implicites. Ses lèvres s’entrouvrirent, s’arquèrent, coins relevés, rompant son immobilité.
Queue de sa robe retroussée pour ne pas la piétiner, Ann Selina Storace recula d’un pas. La surface polie lui renvoya, dans le miroitement ambré des chandelles, l’image d’une courte silhouette vêtue de blanc filigrané d’argent et de bleu flatteur, dont l’embonpoint naissant ne se manifestait plus que par des fossettes appelant les baisers. Elle en usait habituellement avec alacrité. Tout comme des œillades, d’ailleurs. L’échafaudage savant de la coiffure, couronné d’une plume impertinente qui frisait autant que ses yeux, lui conférait une prestance faisant mentir les dons de la nature. Mais ce que sa personne devait à l’illusion était immédiatement contredit par la vivacité que la jeune femme de vingt-deux ans entretenait soigneusement tant à la scène qu’à la ville, donnant à ses moindres gestes l’effronterie légère d’une fauvette aguichante — un naturel redoublé par ses emplois au théâtre. Car Ann Selina Storace, "prima buffa" sur le départ de la troupe d’opéra italien de Vienne, chantait les premiers rôles de soubrettes, cruciaux dans le répertoire comique qu’elle affectionnait, et dans lequel elle s’était taillée une réputation continentale.
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« Ce que vous voulez vraiment me dire, Monsieur, c’est que ma mère m’a complétement oublié ? »
Spencer déglutit avec difficulté et, devant ce regard éperdu et ce visage blême, la compassion qu’éprouvait le solicitor des Storace pour ce fils du côté gauche redoubla.
« On ne peut l’assurer nettement, répondit avec précaution Joseph Burchell. Je puis juste vous apprendre que l’acte par lequel vous deviez être désigné principal légataire de votre mère demeure introuvable. Elle en a parlé à des amis de confiance, le fait est bien certain. Pour le reste… Peut-être avait-elle seulement envisagé de tester.
— N’en suis-je pas moins son fils ? s’exclama le garçon rudement. N’ai-je pourtant pas droit à ce qu’elle me destinait ?
— Nul ne doute de votre filiation, mon garçon, toutefois… Votre situation particulière… »
Le juriste s’interrompit. Exposer à un fils accablé par son deuil qu’on ne reconnaissait aucune existence aux bâtards, du moins en matière successorale, l’enchantait modérément : quelles que fussent les espérances de ces enfants nés hors mariage, leurs droits dépendaient exclusivement de leur mention expresse sur les testaments de leurs parents.
Il le fit pourtant.
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[Mémoires de la Storace]
Avant son départ pour la Russie, Sarti m’accompagna chez les Mozart. La visite fut très-gaie ; ce qui l’enchanta par-dessus tout fut une série de variations que Mozart lui joua sur son Aria "Come un agnello". Je m’embarrassais désormais autant de mon préjugé contre Mozart que des neiges d’antan ; voici par quel agent j’étais revenue de mes préventions à son égard.
J’avais fait parfaite connaissance du Maestro Mozart lors d’une Académie chez la Comtesse Hxtzxxxd. Maestro Vanhall & le Baron Dittersdorf y étaient pareillement conviés. Cette société était fort brillante, formée de gens de Talent & d’Esprit. Kelly voulut bien me donner le bras pour m’y conduire, le Dr. Fisher ayant dédaigné cet honneur, à mon allégresse la plus vive. Les gens de Génie pouvant toujours converser sans gêne, cette compagnie était supérieure à bien des soupers en Europe.
Mozart se rendit à nos prières & il joua pour nous, avec une rapidité, une inspiration qui étonnèrent. Son jeu était moins brillant que celui de ces virtuosi qui surprennent sans émouvoir, mais il était incomparable dans son expression ; vraiment, il faisait chanter l’ivoire. Déjà placé au premier rang comme claviériste — encore que certains puissent lui préférer Clementi —, il s’était depuis illustré comme compositeur d’Opéra. À Londres Linley le Jeune, frère de Mrs. Sheridan, lequel avait autrefois noué amitié avec Mozart en Italie, avait rapporté fidèlement ses mérites ; je fus néanmoins surprise de la vigueur & de la sûreté de son jeu.
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