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Jacques Demarcq (Traducteur)
EAN : 9782232146893
240 pages
Editions Seghers (21/09/2023)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Une introduction passionnante sur une œuvre américaine devenue mythique.

C'est bien une première impression de jaillissement, sinon de spontanéité, que laissent les poèmes rassemblés ici. Fixer l'image du monde, le moment qui fuit et vous arrête en même temps, avec sa vitesse et ses sautes de rythme, est la grande affaire de Williams.

Pendant les quarante années qu'il exerce, celui que ses amis appellent " le Doc " rencontre une variété... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les recueils de poèmes, je les lis goutte à goutte, je relis même parfois deux ou trois fois le même poème, surtout quand il a résonné en moi la première fois. C'est en général la fulgurance de quelques vers, ce qui s'en dégage - lumière, mouvement, émotion - et dont j'espère aussitôt retrouver la trace ou encore, d'un oeil plus technique, comprendre comment ça s'est construit.
Cette anthologie inédite, Scènes et portraits, possède exactement tout ce que j'aime le plus en matière de poésie: l'instant, la fugacité et la poésie du réel. Pas besoin d'aller très loin: comme dans son recueil le plus connu, Paterson, William Carlos Williams part de ce qu'il voit autour de lui, dans sa petite ville du New Jersey, pour le sublimer en quelques vers. Pire: il écrit dans son cabinet de médecin, dans l'urgence, entre deux rendez-vous, la machine à écrire sur le bureau.
Parfois, il s'attache à ses patients: une femme en train d'accoucher, une autre trop épuisée de ses multiples grossesses pour en accepter une autre. D'autres fois, c'est son jardin au fil des saisons, et on l'imagine debout à la fenêtre, le matin, une tasse de café à la main.
Des poèmes emplis d'humanité - les pauvres, les Noirs ont une part importante dans ses écrits - mais aussi teintés d'érotisme, par exemple lorsqu'il voit les jambes mouvantes d'une femme dans les branches d'un arbre.
Je suis loin d'avoir fini ce recueil et je ne veux pas me presser car je goûte avec plaisir cette double lecture bilingue, mais je dois rendre ma critique car le délai est passé.
Merci énormément à la Masse Critique et à cette très belle maison d'édition Seghers qui m'a permis de découvrir des poètes passionnants.
Et maintenant, je retourne à ma lecture!
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Je remercie Babelio et les Editions Seghers pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique. Il s'agit du premier livre de William Carlos Williams (1883-1963) que je lis, poète estimé et réputé aux Etats-Unis (Jim Jarmusch l'ayant même cité ouvertement dans son très beau "Paterson"), et considéré comme l'un des grands représentants de la poésie moderne américaine.

Cet ouvrage en édition bilingue (belle initiative !) est un recueil de poèmes inédits en France, recouvrant une très grande période de créativité. Il sera d'ailleurs difficile de trouver une forme d'unité. En tout cas, il est impératif de lire l'excellente préface de Jacques Demarcq. Elle éclaire certains textes, les situant dans leur contexte, soulignant que Williams était aussi médecin, et qu'il y trouvait matière pour écrire.

Ce sont ces poèmes-là qui m'ont le plus touchée car il y évoque la fragilité de la vie, de la chair, ou la pauvreté de ses patients. J'ai également apprécié ceux qui ont pour sujet sa mère ou sa grand-mère. D'autres textes m'ont laissée perplexe, manquant un peu de fulgurance pour me travailler durablement.
Quoiqu'il en soit, ces "Scènes & Portraits" apparaissent comme une porte d'entrée intéressante pour tous qui aimeraient se glisser dans l'univers de Williams...
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Quel bel objet, ce volume à la couverture carrée des éditions Seghers, éditions que je remercie ainsi que Babelio pour l'envoi de cette anthologie inédite de William Carlos Williams.
Cet ouvrage est bilingue et c'est un grand plaisir de lire le texte original avec la traduction en regard, même si on a comme moi un niveau d'anglais médiocre.
Cette anthologie montre un poète moderne : ces scènes et ces portraits, il les croque sur le vif comme des vignettes, des instantanés, avec un grand souci du rythme. Je ne le connaissais pas du tout et il m'a charmée par cette forme vive et rythmée, qui sert son propos empathique envers ceux qu'il peint, désabusé par l'injustice sociale autant que par les utopies verbeuses mais s'y attardant peu, préférant capter le quotidien, la poésie « ordinaire » du coin de la rue.
Il est attaché à l'« ici et maintenant » : un arbre dans le parc, une jeune femme à sa fenêtre, un marginal qui vagabonde. Ses mots sont simples, ses phrases cristallines, elles saisissent la fugacité de la vie, les saisons, le climat, les animaux ou les végétaux, souvent dans un contexte urbain. Et puis les humains qui profitent d'un rayon de soleil, souffrent et passent.
Il m'a un peu fait penser à Cendrars pour son rythme, en particulier dans "Ol' Bunk's Band", "L'orchestre du vieux Bunk", p.180. Même s'il parle de René Char dans un des derniers poèmes, il me semble tout le contraire de ce lyrisme emphatique et hermétique (mais saurai-je un jour apprécier René Char, c'est une autre question).
William Carlos Williams convoque l'oeil et l'oreille. Il évoque souvent des tableaux dont, p.128-129, « La Kermesse » de Brueghel, où une farandole est peinte au premier plan et le poème, avec des répétitions entêtantes et quasiment pas de signe de ponctuation, a ce rythme de danse, entraînant et tournoyant.
J'ai lu la préface après les poèmes et elle m'a donné des éléments fort intéressants sur la vie et l'oeuvre de l'auteur, médecin qui écrivait le plus souvent entre deux consultations. Une table donne à la fin le titre des ouvrages dont sont extraits les poèmes de cette anthologie. Elle couvre en effet toutes les périodes du poète, en donnant ainsi un aperçu plus intéressant.
En résumé, je suis conquise par ce recueil et vous le conseille qui que vous soyez.
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« Scènes et portraits » rassemble la poésie spontanée et impérieuse de William Carlos Williams. Médecin et poète, il profite de quelques minutes de libre entre deux patients pour se jeter sur sa machine à écrire.

Véritable jaillissement littéraire, ses écrits vous emportent avec un rythme nerveux où le réel de la vie se mêle à la nature. Gynécologue et pédiatre, il parvient à retranscrire avec finesse les rapports entre une mère et son enfant. Il révèle le désespoir de ses patients, la misère et les petits délices du quotidien. Avec un style brut, les pages se succèdent comme une plongée en apnée dans une littérature où l‘urgence de la mise en mots est omniprésente.

J'ai été conquise par ce bel objet littéraire qui nous ouvre les portes d'un poète méconnu.
Lien : https://memoiresdelivres.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La tempête

Un arc-en-ciel parfait! Une grande
arche basse dans le ciel au nord
enjambe le lac noir

troublé de vaguelettes
sur lesquelles le soleil
au sud de la ville reluit

froidement depuis la colline nue
couchée sous le vent qui
ne peut rien réveiller

mais chasse la fumée de
quelques minces cheminées crachant
violemment vers le sud
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René Char
tu es un poète qui croit
dans le pouvoir qu'à la beauté
de corriger tout le mal.
Je le crois aussi.
Avec de l'invention et du courage
nous dépasserons
les pauvres bêtes muettes,
laissons les hommes le croire
comme tu m'as appris
à le croire.

(p.221)
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Elle est assise
des larmes sur

sa joue
la joue dans

sa main
l'enfant

sur ses genoux
le nez

collé
au carreau

(p.101)
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Les arbres pour compagnons
- un vent froid tout l'hiver
dans les creux de nos chairs
glacées de plaisir -

rien de nous qui soit indemne

(p.65)
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Toi poivrot
titubante
cloche

ô Jésus
malgré toute
ta crasse

vraiment sordide
je
t'envie

C'est le visage
de l'amour
même

abandonné
dans cet impuissant
enfermement

du désespoir

(p.43)
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Videos de William Carlos Williams (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Carlos Williams
William Carlos WILLIAMS – Le génie derrière Paterson (DOCUMENTAIRE, 1988) Un documentaire de Richard P. Rogers réalisé en 1988 pour le numéro 13 de la série "Voices and Visions". Présences : Allen Ginsberg, Marjorie Perloff, Hugh Kenner, James Laughlin, William Eric Williams, Dickran Tashjian et The glandu's club. Support de traduction : Jacqueline Saunier-Ollier, Yves di Manno, Alain Pailler et André Léssine. Sous-titrage : Lucie Gaidier.
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