Stern, tome 5 : Une simple formalité

Elijah Stern semble s'être fait a sa vie à la Nouvelle-Orleans et à son emploi au cimetière de la ville. Mais il va être de nouveau confronté à la brutalité de la vie et à son l'injustice.
Témoin d'un braquage à la banque, il refuse de signer une déposition en la défaveur de trois italiens arrêtés sur place car il sait que ce n'est pas eux. La police insiste, Stern campe sur ses positions morales, et c'est le drame.

Les autres tomes étaient souvent drôles, celui-là est plutôt triste. S'il reste particulièrement dynamique et riche en rebondissements, le fond est un drame et en dit long sur l'âme humaine.
Les communautés s'affrontent avec haine et incompréhension. le racisme et le crime gangrènent une ville pourtant bigarrée. A la Nouvelle-Orleans, une communauté d'Italiens concentre la haine de leur voisin, qu'on leur pique leur argent et ils sont les coupables tout trouvé.
La fin, amère et triste, m'a tiré une petite larme. J'ai trouvé Elijah Stern, le croque-mort asocial, tellement touchant. Son sens de l'honneur réchauffe le coeur et permet de ne pas désespérer face à tant de violence.

J'ai beaucoup apprécié cette BD qui nous plonge de manière très cinématographique et élégante dans la Nouvelle Orléans en 1883 en plein épisode de racisme anti-italien. le héros du livre Stern est confronté à un braquage de banque. Il restera d'une droiture morale exemplaire face au racisme ambiant d'une partie de la population alors qu'on lui demande de s'écraser face aux demandes de la police qui souhaiterait qu'il reconnaisse comme coupables des personnes qu'il sait innocentes.
Il y a des scènes fortes, un personnage attachant et remarquable, un sens visuel remarquable et un éclairage historique passionnant sur un aspect méconnu de l'histoire américaine. A l'heure où le western semble moribond au cinéma, la BD en est-elle le nouveau territoire ?

Avec ce cinquième one-shot, pour moi les frères Maffre font un vrai pas en avant.

Stern, notre anti-héros, notre croque-mort solitaire, taciturne, cérébré et loyal se trouve pris dans le cambriolage de la banque où il venait faire un dépôt, à la Nouvelle-Orléans.
Des immigrés italiens considérés comme suspects ayant été arrêtés, il est sollicité pour une identification. Il est sûr que ce n'est pas eux et refuse de les reconnaître. Il est donc accusé avec eux car considéré comme complice, et emprisonné. Enchaîné à un des jeunes "voyous" il est obligé de suivre quand celui-ci profite instinctivement d'une occasion pour tenter la belle.
L'album nous raconte une cavale mouvementée dans une région raciste, la naissance d'un respect mutuel au fil des péripéties, et un dénouement que je vous laisse le soin d'encaisser par vous-même.
Allez, accrochez-vous aux branches, et jusqu'au bout (du rouleau). Ça vaut le coup...

Stern prend une présence de plus en plus solide je trouve, et j'essaie de comprendre pourquoi.
Est-ce parce que le graphisme s'affirme, que le dessin devient plus fluide, moins hésitant ?
C'est le cas pour Stern mais aussi pour les figures secondaires d'ailleurs : les visages sont mieux définis, les attitudes plus naturelles et justes, les cadrages plus souvent serrés, la mise en couleur plus variée et riche au fil des albums. Seuls les animaux (les chevaux et la mule de Stern bien sûr mais, ici aussi, des chiens) laissent encore à désirer mais oui, même pour les décors aussi bien en extérieurs qu'en intérieurs, je trouve Julien Maffre et l'équipe couleur en constante progression. La compréhension visuelle de l'imagerie et son impact sont de plus en plus immédiats, collant de mieux en mieux à un scénario nerveux, aux dialogues incisifs restitués dans une typographie aussi agréable que lisible, dans des bulles qui ne mangent pas le dessin. Ça donne des pages au bon équilibre.

Et à propos de dialogues, il faut mentionner que pendant la cavale, le jeune italien ne parle que sa langue natale. J'ai fait allemand/anglais au lycée, c'est ballot ! J'ai donc dû comme Stern deviner ce qu'il disait, ce qui ne m'a posé le plus souvent pas trop de problème, compte-tenu du contexte. Je suppose que l'absence de sous-titres est un parti-pris, dans la mesure où la teneur de la relation qui se noue entre Stern et son comparse tient plus au ressenti qu'à l'intellect. Quelques phylactères plus fournis auraient-ils mérité le renvoi à une traduction ? Outre le fait que ces traductions auraient sans doute nui à l'équilibre esthétique global des pages concernées, je ne suis même pas sûr que c'aurait été un vrai plus...

Ce cinquième tome est donc hautement recommandable.
Oui, au fil des albums Stern se densifie. On peut dire que si ce jeune homme austère un peu énigmatique et volontiers caustique ne prend pas une once de gras, il prend de l'épaisseur. Étonnant, non ?
Chapeau en tous cas, vraiment !

Suite des aventures drolatiques - mais ici pas trop - d'Elijah Stern, croque mort amoureux de la lecture. En poste à la Nouvelle Orléans au cimetière, fascinée par la mort, il épargne et doit mettre son argent à la banque et assiste malgré lui à son braquage .Témoin, il refus de témoigner contre les 3 personnes arrétées rapidement. Il ne les reconnait pas et refuse de faire un faux témoignage malgré la pression douce dans un premier temps du sheriff puis de plus en plus pressante des autorités. Ce qui n'était qu'une simple formalité va devenir une arrestation pour complicité. Mais Stern ne peut dénoncer ces colocataires de la prison, car ces pauvres italiens dont un fou et un jeune qui ne parle pas l'anglais, n'ont rien fait même si la vindicte populaire a déjà decidé d'en faire un exemple.
Aventurier sympathique, Elijah se laisse aller au gré des événements, il traine sa mélancolie et son regard doux sur ses contemporains. Mais ici les événements ne sont pas drolatiques, ils sont simplement terribles et parlent du racisme, de la peur de l'autre, du migrant. Stern subit encore une fois mais s'entête à ne pas dire ce qui n'est pas la vérité et le fait de rester honnête en dépit des circonstances, le rend encore plus émouvant.
Le beau dessin des frères Maffre est rehaussé par une très belle aquarelle, Une jolie réussite atypique comme son personnage principal.

Ah, mon pauvre Elijah, dans quelle galère tu es encore retrouvé...
Une simple formalité, bien sur...sauf quand on a le sens de la justice. Même si on est confronté à la pression, à l'oppression, au mensonge et au racisme.
Une histoire profonde, triste et haletante qui m'a tenue accrochée à ma BD comme souvent dans cette série qui est décidément une petite pépite.
Les frères Maffre font vraiment de l'excellent travail ensemble. Leur personnage est très attachant et on aimerait qu'il trouve la paix et la tranquillité...en fait non, parce que cela signifierait la fin de ses aventures de papier.