Un livre assez étrange...Un pavé de 500 pages, bien écrit et très calme qui pourtant, je trouve réussit assez bien à nous embarquer.
Paul et Isabel sont mariés depuis quelques mois, lui a déjà divorcé et elle est veuve, et ils vont passer quelques semaines de vacances dans les Adirondacks dans la famille de Paul. Débutent alors les tensions, dans le couple et entre les différents membres de la famille. Toutes ces tensions ne prennent pas la forme d'un chapitre d'action, au contraire tout se laisse deviner. le passé d'Isabel est également très présent dans le roman, pour nous éclairer un peu plus sans doute pour ce personnage.
Au final, j'ai bien apprécié ce livre, qui peut effectivement être assez calme, où les descriptions peuvent parfois être assez longues, mais j'ai apprécié la façon dont l'auteur nous propose de rentrer dans l'intimité de ces personnages. A lire par quelqu'un qui veut se poser, pas quelqu'un qui cherche un page-turner...
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Immersion au coeur de l'intimité d'un couple en crise.
Celui de Paul et Isabel, chacun marqué par un passé douloureux (l'un est divorcé, l'autre veuve) et qui tente de se reconstruire et avancer en "s'associant" pensant ainsi acquérir une sorte de "stabilité/sécurité" par le statut de couple. Mais ce type d'union n'est il pas à la base bancal???
L'intérêt de ce livre réside - à mes yeux - principalement dans sa structure narrative parfaitement construite.
Le passé d'Isabel est révélé par de savants flash-back, permettant de comprendre ses réactions, ses peurs et angoisses actuelles.
L'histoire est très bien racontée, et même si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, on semble bien les connaître tant l'auteur a bien fouillé leur psychologie.
Enfin, la nature y est omniprésente, et l'auteur dresse un vibrant plaidoyer en faveur de l'écologie. J'y ai découvert par exemple la cause des pluies acides, et "l'intérêt" des feux qui permettent un renouvellement sain de la nature. Dans cette histoire, il semble même que les feux permettent à certains de prendre un nouveau départ et repartir à zéro...
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Isabel et Paul viennent de se marier, Isabel est veuve et cherche seulement quelqu'un pour vieillir avec elle, tandis que Paul est plus amoureux et sort d'un divorce un peu délicat. Cela fait peu de temps qu'ils se connaissent. Ils partent dans la résidence secondaire de Paul, dans la région des Adirondacks. Là, ils retrouvent Douglas et Charlotte, les parents très courtois de Paul et Whit, le frère de Paul.
Les relations entre les deux frères ne sont pas chaleureuses, on sent les non-dits, les rancoeurs et jalousies. Isabel va devoir apprendre à mieux connaître cette famille. C'est un roman assez psychologique, au départ je me suis même un peu ennuyée car tout est cliché et prévisible, la fin est mieux car il y a davantage d'actions mais quand même ce n'est pas un coup de coeur.
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Le chalet, frais et sombre, sentait le bois. Isabel posa son sac de voyage à l’intérieur, dans l’entrée. Sans visiter les pièces de part et d’autre du couloir, elle s’enfonça dans la pénombre, se dirigeant droit sur la porte qui découpait un vif rectangle de lumière tout au bout. Elle poussa la moustiquaire et, de la terrasse, contempla le lac devant elle.
C’était la fin de l’après- midi. Le vaste étang était encore
chargé de soleil, mais en face, sur la rive ouest, s’élevait une masse opaque. L’eau était calme, les reflets parfaitement immobiles : là, en échos argentés, apparaissaient les collines basses et boisées qui encerclaient le lac et le ciel indigo, limpide, au- dessus.
Isabel entendit son mari derrière elle, ses pas sonnaient
creux sur le plancher nu. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, elle lui parla sans se retourner.
– C’est magnifique.
C’était la première fois qu’elle venait ici ; elle n’était mariéeà Paul que depuis février, sept mois.
– Oui, on aime bien, répondit Paul.
Depuis cinquante et un ans, il était venu là chaque été. Il se tenait juste derrière Isabel, les mains posées sur ses épaules. Il était grand, mais son ossature était fine, c’était un homme élancé, sans corpulence. Ses mains sur elle ne pesaient presque rien.
– Toutes les mouches vont sortir, ironisa- t-il.
Et, docile, Isabel quitta l’embrasure de la porte ; il la suivit
maladroitement, sans la lâcher.
Les murs du chalet Acorn étaient revêtus de bardeaux bruts, décolorés en gris argent au fil des décennies par le climat des Adirondack. Au- delà de la rambarde rustique de la terrasse, en cèdre noueux écaillé, le terrain descendait en pente douce jusqu’à l’eau.
– Allons voir le lac, proposa Isabel.
Ils avaient passé la journée dans la voiture, ayant fait la
route depuis New York, et elle avait à présent envie d’air, de lumière, d’une grande étendue d’eau. L’exploration des pièces sombres du chalet attendrait.
Paul ouvrit la voie le long d’un étroit sentier entre les broussailles et les jeunes arbres. L’air était sec et pur, il sentait la fougère. À travers la végétation, l’eau se dévoilait par intermittence, pâle et tranquille. Elle se perdait derrière les branchages, réapparaissait, scintillante et plus ample, et enfin, après un dernier virage qui les mena sur la rive, le lac se déploya devant eux, miroitant et entier. Du bord, il semblait formidable, sa surface encore radieuse, immense et intacte. Autour d’eux régnait le silence : l’infime chuintement de l’air mouvant à la cime des arbres, rien d’autre. Il y avait une odeur d’été : la forêt, l’eau du lac, la chaleur.
– C’est le paradis, dit Isabel.
Dans l’espace infini qui l’entourait, sa voix paraissait minuscule.
Paul lui passa un bras autour du cou.
– Exactement, déclara- t-il avec satisfaction. Donc maintenant,tu ne me quitteras jamais ?
Elle garda le silence face à son mari aux yeux cruels. Elle songea qu'il y avait en elle quelque chose de dérangé et de pathétique. Elle était comme le chien qui accomplit encore et toujours le même tour pour un maître qui autrefois l'en félicitait, mais aujourd'hui le cogne ; un chien qui persiste en espérant que le maître reviendra à son ancienne pratique, regrettant bêtement cette autre vie, plus heureuse, et qui recommence et recommence, en se prenant chaque fois sa raclée, sans apprendre. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle était encore persuadée que si elle restait elle-même, Michael, un jour, redeviendrait lui-même également.
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