Théâtre complet, tome 9

La scène se passe chez Mélody, dans un village à quelques miles de Boston. La taverne a plus de cent ans. Jadis halte prospère de diligences, elle connaît des jours moins heureux depuis que la ligne a été supprimée.
Salle à manger et buvette ne faisaient qu'un en ce temps-là, vaste pièce au plafond bas, avec de grosses poutres de chênes et des murs lambrissés.
Aujourd'hui, une cloison légère les sépare, aggravée de simili panneaux en rappel des murs. La buvette est à gauche.
[...]
Il est à peu près neuf heures du matin, le 27 juillet 1828. Le soleil éclaire les fenêtres du fond.
Mickey Maloy feuillette un journal, assis à la petite table de gauche. Vingt-six ans, robuste, le visage aimable et rusé, la bouche narquoise.
Jamie Cregan risque un oeil par la porte entrebâillée. Apercevant Maloy, il se décide à entrer.
Entre deux âges, grand, la mâchoire allongée. Le type même de l'irlandais, comme Maloy. Il a une joue balafrée et est pauvrement mais proprement vêtu. L'oeil injecté de sang, le teint terreux, il aborde Maloy avec une grimace ironique.....
(extrait du lever de rideau de "Un grain de poésie" première pièce du recueil paru dans la collection "L'arche" en 1965)

"The Iceman cometh" est en grande partie une pièce autobiographique. L'hôtel borgne où elle se situe s'élevait jadis au coin de la 6ème avenue et de la 4ème rue, dans le bas Manhattan.
O'Neill résida à plusieurs reprises dans ce "Hell hole", ce trou de l'enfer, où il connut le tenancier, John Wallace, modèle de Harry Hope (Henri l'espoir), et les locataires : Terry Carlin, anarchiste irlandais (ici Larry Slade), Hyppolite Havel, anarchiste grec (ici Hugo Kalmar), un voleur à la tire (ici Ed Mosher), etc, auxquels il devait joindre d'autres célébrités du bar de Jimmy le prêtre, comme ce James Cameron (dit Jimmy Demain) un anglais qui lui inspira une nouvelle : "Tomorrow"....
(extrait de l'introduction de "Le marchand de glace est passé", deuxième pièce du recueil paru dans la collection de "L'arche" en 1965)