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EAN : 978B08DKQ427W
61 pages
Gallimard (10/09/2020)
3.3/5   120 notes
Résumé :
«Poussé par un prof de chinois, j’ai tout quitté, du jour au lendemain, pour aller contrôler, fleur au fusil, la qualité des produits français fabriqués en Chine. Être l’œil de l’Occident, son chien de garde, le garant du Made in China : comme un aboutissement prématuré de ma vie.»

Ce récit fragmenté concilie un regard documentaire affuté et l’humour désespéré d’un conte voltairien. Alexandre Labruffe y alterne les souvenirs de ses séjours sur place :... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Bienvenue au Gotham City chinois, Wuhan ! La ville d'où est partie la calamité qui sévit le monde et infeste nos vies depuis le mois de février 2020 !
L'auteur y débarque en novembre 2019 pour le travail, son troisième séjour en Chine, alors que la ville accueille les jeux Olympiques militaires. Ces jeux qui ont fait couler beaucoup d'encre au sujet de l'origine de la pandémie.
Quand le virus débarque officiellement début janvier à Wuhan, les chiffres de contaminés annoncés sont très bas et bloqués pendant plusieurs jours. Mais peu à peu dans le quotidien les précautions nombreuses prises sans explication par les autorités mettent la puce a l'oreille, mais il est déjà trop tard.....
La Chine est un abécédaire de la Catastrophe, et je pense que nous en sommes qu'au début, "Urbanisation, industrialisation, contamination des sols, de l'air, de l'eau, déforestation massive. Tout ça, dans quel but : la consommation à outrance......La Chine, victime consentante de la mondialisation, de l'Occident qui en a fait son atelier, a vu son écosystème bouleversé. Leurs habitats détruits, les animaux se sont rapprochés des villes, des hommes. Ont augmenté les possibilités d'infection homme-animal." Ce livre écrit en courts chapitres, d'une prose très simple raconte l'innommable et va au coeur du péril jaune sans entrer dans des polémiques et discours théoriques inutiles. Mon dernier voyage au sud-ouest de ce pays en 2018, où les chinois déciment toutes les ethnies ( 55 au total dans la région) peu à peu en bétonnant monts et vallées, les villes super polluées infestés de restos, cafés et boutiques de souvenirs (pas vu une seule librairie en trois semaines) , de caméras de surveillance partout, de haut-parleurs dans les villages éloignés du tourisme qui diffusent des instructions pour être et rester un bon esclave du régime ( sous-payés, travaillant 6 jours et demi sur sept, pour produire beaucoup et moins cher) confirment partialement les tristes réalités que l'auteur nous raconte ici et dont nous sommes en train d'en subir les conséquences.
Vous n'apprendrez probablement rien de nouveau avec ce livre, mais pour réviser le pourquoi du calvaire que nous sommes en train de vivre il est excellent. En plus c'est court , bien écrit avec l'humour en bonus.



"Ce virus c'est la mondialisation qui se mord la queue".

"....que peut la culture quand le monde désagrège “
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Depuis 1996 où un stage l'a emmené faire du contrôle qualité dans des usines chinoises, et 2019 où il a été nommé attaché culturel à Wuhan, les séjours d'Alexandre Labruffe au « Pays du Milieu » lui ont permis d'y constater l'ampleur des mutations survenues ce dernier quart de siècle : un miracle économique jalonné de catastrophes écologiques et sanitaires, sous un vernis pseudo-libéral masquant mal une réalité demeurée profondément totalitaire. Dans ce contexte, l'épidémie de Covid-19 n'a même presque plus rien pour surprendre...


Le tableau a de quoi effrayer. Usines consacrées au seul dieu du rendement à tout crin et à tout prix, villes asphyxiées par la pollution, fleuves dépotoirs, sol-air-eau contaminés, crises sanitaires à répétition gérées à l'économie ou simplement ignorées : les micro-apocalypses pavent le quotidien d'une population chinoise par ailleurs surveillée dans ses moindres faits et gestes, alimentant un récit halluciné aux allures de dystopie, dont l'humour grinçant achève de souligner l'infernale noirceur.


Alors, quand fin 2019, éclate à Wuhan une nouvelle crise à propos d'un terrible virus dont on ne sait rien encore, aucun étonnement ne traverse l'auteur alors sur place. Rentré à Paris avant le confinement de la ville chinoise, il n'aura rien à nous apprendre que l'on se sache déjà sur la suite des événements, juste l'envie de partager son sombre constat que tout cela nous pendait bien au nez.


Si le vécu, l'humour et la plume d'Alexandre Labruffe rendent à la fois intéressante et agréable la lecture de ce très court livre, je l'ai malgré tout achevée sur un petit arrière-goût de frustration. Cette mise en perspective de la naissance en Chine de la pandémie actuelle aurait mérité plus d'analyse et moins d'émotion, sous peine de - opportunisme oblige ? -, risquer de paraître trop forcer le trait pour mieux faire sensation.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Alexandre Labruffe a fait plusieurs séjours professionnels en Chine dont le dernier fin 2019 à Wuhan, au moment même où les premiers cas de Covid 19 se déclarent. Longtemps minimisée par les autorités chinoises, outre l'extension effarante de la pollution avec une urbanisation et une industrialisation à outrance contaminant sols, air et eau, une situation sanitaire qui achève d'inquiéter Alexandre. À juste titre...

Un récit court, quelque peu halluciné et décousu, où l'auteur manie dérision et humour avec un certain talent pour décrire une Chine qui préfigure, dit-il, un monde en gestation, le pire du communisme et du capitalisme réunis. Un monde réduit au consumérisme.

« Depuis que je suis arrivé à Wuhan la sensation de vivre dans une ville de science-fiction s'ancre en moi. Son architecture étrange, ses strates d'histoire mixées, entre gratte-ciel post-futuristes, vieux buildings décrépits et maisons basses des anciennes concessions étrangères, ses illuminations nocturnes, son air au goût d'éther, sa pollution, ses rues vides le soir, ses embouteillages monstres le jour, ses innombrables chantiers, ses échangeurs autoroutiers superposés… font que je la surnomme : LE GOTHAM CITY CHINOIS. »
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Wuhan, ville chinoise, parmi les plus polluées, cité de science-fiction, pour l'auteur, nommé tout jeune pour effectuer un stage : « Un instant de joie. Un instant de terreur.
(…) La joie l'emporte sur la terreur.
Au final, c'est parfait pour moi. Je veux vivre dans une dystopie, pour nourrir mon prochain livre. »
Il ne sera pas déçu !!

Un texte découvert grâce au billet très convaincant de l'amie babéliote, palamede…ouvrage que je me suis aussitôt commandé. Texte étonnant, faisant froid dans le dos… même si le ton de l'auteur reste drôle, caustique, mordant, jamais pesant, jamais « discoureur »

« Je me dis que le Nouveau Monde, c'est l'obsession de la Chine. Partout, dans le pays : ce nom. Pour des hôtels, des quartiers, des magasins, des marques. La Chine s'affiche comme le Nouveau Monde. le clame sous tous les toits. Relègue l'Amérique aux oubliettes. “

Alexandre Lebruffe nous raconte trois différentes missions en Chine, étalées sur vingt ans, des années 90 aux années 2000 ; les changements, mutations qu'il a pu observer, tout ceci avec beaucoup de mordant… et de dérision ! Au vu de l'actualité anxiogène de cette année….ce texte a un relief doublement terrifiant. Son style persifleur, ironique, avec des images du quotidien frappantes provoquent le sourire, même, le rire, même si sans mauvais jeu de mots… ce rire est le plus souvent bien jaune !

« Cela fait dix jours que je suis en Chine et je n'ai accès à rien, aucun site étranger. Ni Google , ni YouTube, ni Libé, ni le Monde, ni même Les Inrocks ou Radio France. (...) Tout est bloqué. la Chine a construit une Grande Muraille numérique. Pour soustraire sa population au monde. Me couper du mien. (p. 17)”

Pays de la paranoïa ; de la surveillance des « étrangers », de la vitesse, de la sur-compétition, de la consommation à outrance… du fric, etc, des escalades sans fin, détruisant l'environnement, les humains…Comme je l'exprimais au début de ce billet, en débit d'un ton caustique, faussement léger, tout fait froid dans le dos…Un monde capitaliste écrasant tout sur son passage, sans la moindre conscience !

« Tout est dématérialisé. Et pourtant c'est l'Empire du matérialisme. Mao, au secours !

Ce qui a changé également, c'est l'explosion des flux. Multiplication et modernisation des aéroports, des hubs, des gares, des transports, des moyens de communication. En Chine, le flux est roi. le flux et le flouze, donc. « (p. 41)

Un court récit, à l'humour noir, des plus éclairants, si besoin était ??!… Expériences et vécu personnels de Alexandre Labruffe, nous montrant combien nous n'avons pas été assez critiques, avec une lucidité défaillante, puisque les dégâts et drame mondial présents…auraient pu, à défaut d'être empêchés, au moins retardés, freinés, avec des efforts et des refus de la mondialisation, tous azimuts !… l'auteur de 1999 à 2019 , au fil de trois missions très différentes, a vu se confirmer les travers de la société et de l'économie chinoises. Alors pourquoi cette acceptation , cette passivité généralisée de tous les pays , depuis plusieurs décennies envers l'Empire du Milieu…, l'Empire céleste…?

Merci à palamede… qui par son ressenti de lecture, m'a fait découvrir et ce texte et cet auteur !


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Décidément, il me plait bien cet auteur !
Je m'étais régalée avec ses « Chroniques d'une station-service » et je découvre son « Hiver à Wuhan » avec un plaisir tout aussi grand. L'auteur nous raconte son expérience professionnelle en Chine en tant que « contrôleur qualité » dans des usines, et ensuite comme « attaché culturel » à Wuhan.
J'ai été totalement sidérée par sa vision de la vie en Chine aujourd'hui, ça m'a semblé surréaliste, à l'image du roman de science-fiction que l'auteur compte écrire.
J'ai été totalement absorbée par ses réflexions sur notre société de consommation et par ses pensées vagabondes, mi-philosophiques mi-humoristiques.
J'ai souri à de nombreuses reprises, notamment quand il raconte son expérience en tant que « contrôleur qualité » pour des tire-bouchons ou des coton-tiges !
Bien entendu l'auteur nous raconte comment il a vécu l'arrivée du coronavirus d'abord en Chine puis ensuite en France.
J'ai beaucoup aimé ce court roman, empreint de lucidité, de causticité mais aussi de désespoir sur notre monde.
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critiques presse (2)
Bibliobs
20 novembre 2020
Alexandre Labruffe, qui est attaché culturel à Wuhan, a beaucoup vécu en Chine depuis vingt-cinq ans. Il raconte, dans un livre halluciné et hallucinant, l'avenir qu'on nous y prépare.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaCroix
28 septembre 2020
Son récit dresse le portrait d?un empire dont la crise sanitaire est le produit.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, en 2001, à Shanghai, on me propose cinq mille yuans (cinq cents euros) pour jouer le client blanc, le client occidental d’un fournisseur de pièces d’une centrale thermique. L’idée du patron : qu’on visite ensemble un chantier de son futur client potentiel, sa cible, pour l’impressionner, attester que sa société est sérieuse, solvable, internationale. (À cette époque en Chine, les Blancs ont une valeur, l’Occident veut encore dire quelque chose. C’était juste avant l’effondrement des tours jumelles à Manhattan.) Mon rôle est simple (c’est un rôle de composition) : hocher la tête, avoir un regard mystérieux, profond, m’appeler Leibowitz, ânonner « good », quand il pointe le doigt sur quelque chose. Évidemment, j’accepte. Le fournisseur obtient le marché. Grâce à moi. (Un cantique pour Leibowitz.)
La centrale thermique finit par exploser deux ans plus tard. Non, je plaisante.
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Une explosion dans une usine pétrochimique, en périphérie de la ville où je vis, Hangzhou, a eu lieu la veille. Elle est à l’origine d’une pollution du fleuve Qiantang, où navigue désormais, non sans grâce, une nappe de solvant toxique que j’observe de loin. On est en 2009. Le fleuve est la principale source d’approvisionnement en eau de la ville. La nappe aurait infiltré et contaminé les stations d’épuration. L’information cachée par les autorités a fuité via des canaux non officiels. La version change. Un ami chinois m’assure maintenant que ce n’est pas une explosion mais un accident de la route : d’un pont, un 35 tonnes transportant des produits chimiques serait tombé dans la rivière, y déversant tout son contenu.
Seule certitude dans cet océan d’effroi, l’eau potable est contaminée.
Des SMS d’alerte saturent mon vieux Nokia. Une salve d’injonctions. Avant la pénurie qui s’annonce, faire le plein d’eau minérale et pétillante, de nourriture, de nouilles lyophilisées. Ne plus sortir. Ne plus se laver les mains, ni cuisiner avec l’eau du robinet. Se doucher à l’eau minérale.
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Je vis en live l'agonie de la Chine des années 1980 et de ses ouvriers.
La forêt reste une ressource et activités majeures de Harbin. J'y ai été envoyé pour contrôler des coton-tiges en bois.

La forêt assassinée. Au nom de l'hygiène. Sacrifiée au nom de l'ouïe.

C'est ma première mission. Je n'ai pas le temps de songer à sa beauté, son charme désuet. J'ai conscience de son importance, je crois: à travers les coton-tiges, je veille au grain du conduit auditif de l'humanité. Je lutte contre sa surdité. (p. 29)
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Je me dis que le Nouveau Monde, c’est l’obsession de la Chine. Partout, dans le pays : ce nom. Pour des hôtels, des quartiers, des magasins, des marques. La Chine s’affiche comme le Nouveau Monde. Le clame sous tous les toits. Relègue l’Amérique aux oubliettes. 
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Cela fait dix jours que je suis en Chine et je n'ai accès à rien, aucun site étranger. Ni Google , ni YouTube, ni Libé, ni Le Monde, ni même Les Inrocks ou Radio France. (...) Tout est bloqué. la Chine a construit une Grande Muraille numérique. Pour soustraire sa population au monde. Me couper du mien. (p. 17)
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Videos de Alexandre Labruffe (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Labruffe
Durant l'automne 2023, les élèves de 4e7 du collège Pierre Puget, à Marseille, ont écrit collectivement une nouvelle, accompagnés par Alexandre Labruffe, auteur. Cette nouvelle est en lice pour la 6e saison du concours littéraire Des nouvelles des collégiens. La remise des prix aura lieu pendant la 8e édition du festival Oh les beaux jours ! (22-26 mai 2024).
Lire les nouvelles du concours 2024 : https://ohlesbeauxjours.fr/des-nouvelles-des-collegiens/ma-classe-vote/ _____________________ le projet Des nouvelles des collégiens mené en collaboration avec l'Académie d'Aix-Marseille reçoit le soutien, en 2023-2024, du département des Bouches-du-Rhône et de la Fondation La Poste.
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