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EAN : 9782815959001
128 pages
Éditions de l’Aube (02/02/2024)
3.7/5   5 notes
Résumé :
La France – l’Europe – postcoloniale a-t-elle construit un nouveau récit national après les indépendances des colonies ? Croit-elle pouvoir revenir à la France d’avant 1830, celle des cathédrales, celle d’une République encore fragile ? La France a-t-elle réfléchi à ces centaines de millions de jeunes Afro-Méditerranéens élevés en ­français dans l’idée d’un pays « de la liberté », mais vivant au milieu de dictatures, de pauvreté et de guerres... >Voir plus
Que lire après Une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus : Pour une pensée post-coloniale positiveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le titre du nouvel ouvrage de Jean Viard, sociologue et chercheur au CNRS, Une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus, interroge. Il s'agit d'une phrase prononcée par Martin Luther King le 14 mars 1968.
A la suite des émeutes de l'été 2023, Jean Viard, dans ce petit opuscule, analyse, sur le plan sociologique, à partir de données chiffrées et de statistiques, ce qui s'est passé dans les banlieues et les villes moyennes, replace ces évènements dans un contexte historique, et dessine des perspectives pour éviter que de nouvelles explosions de violence ne se reproduisent.
Un jeune français arabo-musulman Nahel a été tué le 27 juin 2023 à Nanterre. Sur une période de dix-huit mois, de janvier 2022 à juin 2023, seize jeunes ont été tués par des policiers en France.
61% des émeutiers arrêtés vivaient dans une famille monoparentale. Selon Jean Viard, les quartiers prioritaires de la ville "stockent" des décrochés scolaires et des jeunes qui vivent d'activités parallèles (selon l'Insee, le trafic de cannabis représenterait l'équivalent de 21 000 équivalents temps plein et de trois milliards de chiffre d'affaires), des jeunes issus de l'émigration, aux "corps noirs ou bruns" qui n'ont aucun espoir révolutionnaire, mais qui, pour une large partie d'entre eux, parviennent à se déplacer vers la ville et à pénétrer les couches moyennes de la société, constituant ainsi la face intégrée et respectable de cette communauté.
Sur quel postulat de départ s'appuie le chercheur pour trouver une origine au phénomène des émeutes urbaines se reproduisant, d'après lui, tous les quinze ou vingt ans en France ? Il évoque un système de leurre pour masquer la question postcoloniale, leurre quand on parle de politique de la ville alors qu'il s'agit des périphéries ou des lisières, leurre quand on interdit les statistiques ethniques, alors que 20% de la population française a des parents qui ont vécu dans les anciennes colonies, leurre ou cécité quand la France est incapable d'imaginer un musée de l'histoire coloniale, leurre ou déni quand la mémoire de la guerre d'Algérie nous fait défaut et quand les musulmans algériens de l'Algérie française n'étaient ni français, ni citoyens.
C'est en abordant de front l'ensemble de ces questions, et en accordant du respect à ces populations, que la France, pourra, selon le sociologue, renouer des liens Nord-Sud, et permettre aux jeunes biculturels d'en devenir les ambassadeurs.
Jean Viard nous offre, avec cet essai, un vibrant plaidoyer en faveur d'une approche humaniste de codéveloppement.
Je remercie Babelio et les éditions de l'Aube de m'avoir offert la possibilité de découvrir ce livre et de retrouver la voix claire et engagée du sociologue.
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« Décrétons que « c'est la France partout » dans l'Hexagone

Et cette-fois-ci, réussissons. »

J'ai regardé et écouté Jean Viard parler des émeutes de 2023 sur la Cinq et j'avais très envie de lire son livre. Voilà, c'est fait grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux éditions de l'Aube que je remercie.

« La France des cathédrales doit rencontrer celle des mosquées et des synagogues, et celle des écoles laïques de la République. L'enjeu est la paix civile chez nous et une légitimité d'exemplarité de la parole de la France en Europe et en Méditerranée. ».

C'est la France que je souhaiterais et, surtout, une France où l'on ne se détermine pas par sa religion, sa préférence sexuelle, sa couleur de peau, son lieu d'habitation. Oui, je sais, c'est une utopie et je ne suis pas exempte de contradictions.

Nahel, jeune français de confession musulmane est tué en juin 2023 et c'est le mort de trop. A partir de la révolte qui a suivi, Jean Viard, place les évènements dans leur contextes historique, social…

A leur arrivée, voulue ou subie, en France, les « Afro-Méditerranéens » sont dirigés vers les « quartiers » de plusieurs villes de la couronne parisienne. En y regardant d'un peu plus près, souvent dans les communes rouges. Dans ces mêmes banlieues, avant, le P.C. (parti communiste) s'occupait des jeunes. Sa disparition fait apparaître

« Les barbes, les voiles portés par 26 % des dames arabo-musulmanes en France, sont bien souvent un marqueur de solidarité, substituts de l'Humanité dimanche vendu hier sur le parvis des HLM et des usines. La culture musulmane a largement pris la place sociale et politique laissée libre par la disparition de l'idéologie communiste… Se rapprocher de l'islam affiche une solidarité avec les exclus, les réprouvés, les rejetés, les bronzés. »

Nous n'avons toujours pas réglé la question post-coloniale qui hante certains partis

« Depuis l'indépendance des anciennes colonies, et en particulier celle de l'Algérie, tous les dix, quinze ans, une déflagration part des banlieues (ou des outre-mer) et secoue la société françaises »

« Une grande peur saisit le pays ; chaque fois, des hordes de jeunes (hommes) brûlant dans le nuit voitures, bâtiments et commerces tienne en haleine la France profonde et renouvellent le contrat sécurité entre l'État et sa police. »

Quelques partis politiques en font leur fond de commerce « La France politique brune contre la France des corps bruns. Une France en silo contre une France des mobilités et des diasporas. » et considèrent les afro-méditérannéens comme une sous race, « Quand un Algérien se disait arabe, les juristes français lui répondaient : non, tu es français. Quand il réclamait les droit des Français, les mêmes juristes lui répondaient : non, tu es Arabe (Ferhat Abbas 1962)

Oui, tout n'est pas blanc ou et noir, dans « les quartiers ». il y a des gangs qui revendent de la drogue, terrorisent les habitants, utilisent des guetteurs beaucoup trop jeunes. Peut-être faudrait-il penser à une légalisation du haschich ? Jean Viard parle des « AMAPS du haschich » qui existent en Allemagne qui permettent de gérer, surveiller la production et la vente et…. se faire, avec les taxes, une petit paquet de pognon qui pourrait servir, tiens, pourquoi pas à l'éducation nationale. « l'économie du seul haschich est estimée par l'Insee à 21 000 équivalents temps plein et de trois milliards de chiffre d'affaires »

Jean Viard parle de tous ces jeunes décrocheurs et de ceux qui font de longues études, ceux qui n'ont pas besoin de travailler parce que les parents peuvent assumer « Évitons les études trop longues sans périodes de salariat, car s'il faut apprendre des connaissances et du savoir-apprendre, il faut aussi du savoir-être » et proposons un avenir plus radieux, des projets viables à tous. « Comment faire pour que ces jeunes aient un projet ? Et comment faire pour que ce projet empêche les autres d'avoir peur ? Autrement dit, concevoir un récit pour note vivre-ensemble où chacun trouve un horizon et un chemin. Ensemble. Blanc et brun. Et noir ». Notre jeunesse est moins xénophobe que nous puisque, depuis leur enfance, ils vivent ensemble… Tout au moins ceux scolarisés dans le public.

Il faut beaucoup de courage, de ténacité, de volonté, d'argent pour changer notre mentalité et ne pas accepter cette séparation, voire ségrégation « entre les corps classés par couleur et par genre » véritable danger pour nos enfants.

« Il est encore temps de réussir en France, en Europe, ce que nous avons lamentablement raté dans nos colonies, c'est-à-dire l'application de nos valeurs républicaines, laïques et citoyennes »

Un livre de réflexions enrichissant avec plusieurs pistes pour une meilleure intégration des immigrés, d'autant que, avec le changement climatique, d'autres personnes arriverons chez nous.

Surtout, il faut contrecarrer l'extrême et l'ultra droite pour une réconciliation et un vivre ensemble enrichissant et apaisé. Chercher systématiquement l'opposition, le contre n'est pas viable à long terme et peut amener au pire.

Songeons également que chaque être humain a des droits mais aussi des devoirs envers les autres et la société.

Merci Jean Viard pour cet essai si riche où vous proposez des pistes pour une France plus humaniste. Merci pour votre vision optimiste alors que nous nous enfonçons dans la déprime et la résignation. Une utopie dont j'aimerais voir certains aspects réalisés.

Habitant dans la France profonde à la fois moquée, enviée, recherchée par les politiques, je ne suis qu'une spectatrice lointaine et ne suis pas confrontée à tous ces évènements. Peut-être que ceci explique cela, quoique....
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Pour préserver notre pays de l'anarchie et éviter de nouvelles émeutes, nous devons urgemment (ré)éduquer la partie la plus "vulnérable" de notre jeunesse ; il faut au plus vite lui (ré)apprendre les règles de vie en société au sein de notre République laïque dont les valeurs doivent être respectées ; lui rappeler qu'elle dispose de droits mais aussi de devoirs auxquels elle ne peut se dérober. Ces rappels à la civilité s'adressent en priorité à une frange de la population vivant principalement dans les quartiers sensibles des villes.
- celle de ces jeunes déscolarisés, qui attirés par le pouvoir de l'argent facile et un style de vie débridé, n'hésitent pas s'adonner à des activités parallèles, porte ouverte vers la délinquance ;
- celle de ces jeunes qui ne sont pas éduqués et ne supportent aucune forme d'autorité émanant de la police, de la famille ou de l'école ;
- celle de ces jeunes qui n'ont aucun respect pour autrui et qui, par provocation, par vengeance mais finalement plus par bêtise, commettent l'irréparable.

En ce qui concerne l'arrivée sur nos côtes de centaines de millions de jeunes Afro-Méditerranéens ou en provenance d'Asie centrale, il faut arrêter de réfléchir en "bisounours", M. Viard, car vous savez très bien que la plupart de ces jeunes (ou moins jeunes) migrants qui prennent tous les risques pour rejoindre la France et d'autres nations européennes, le font essentiellement par intérêt, dans un but lucratif et non pas pour des questions climatiques ou pour les valeurs que notre pays diffuse : des valeurs que bon nombre d'entre eux s'empressent d'ailleurs de bafouer en commettant des actes délictueux sur notre territoire.

Par ailleurs, le racisme n'est pas à sens unique et il faut arrêter de considérer qu'il n'est le fait que d'une seule catégorie de personnes : les « corps blancs », comme vous dîtes. le racisme est universel, il ne connaît pas de frontières et encore moins de « couleur de peau ».
Quant aux « leurres de langage » dont vous parlez, soyons un peu sérieux, les violences qui s'étendent progressivement dans toutes nos villes et l'immigration illégale toujours plus invasive ne se règleront certainement pas par un simple changement de vocabulaire. le vrai problème est le développement du communautarisme, véritable échec de l'intégration « à la française », et qui provoque aujourd'hui des dérives dangereuses qui n'existaient pas dans notre société il y a une cinquantaine d'années !

Quoi qu'il en soit, la France doit se monter intransigeante pour faire respecter la démocratie et la laïcité sur son sol, quant aux circonstances de la déclaration de Martin Luther King en 1968, elles sont totalement différentes de celles que nous vivons actuellement dans notre pays et il serait même inconvenant de vouloir les comparer : c'était une autre époque...
Paul Valéry disait : « Si l'État est fort, il nous écrase. S'il est faible, nous périssons." Il vaudrait peut-être mieux se comporter comme Josip Broz Tito lequel a réussi, durant son règne, à maintenir la paix entre les multiples communautés qui peuplaient la Yougoslavie en adoptant une règle unique : "une main de fer dans un gant de velours" !
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Merci à Babelio et aux éditions de l'Aube de m'avoir permis de lire cet essai, dans le cadre de l'opération Masse Critique Non fiction.

Dans un court essai très documenté au style vif, percutant, au ton mordant, et au langage clair, le sociologue Jean Viard pose un regard lucide sur les émeutes de 2023 et sur toutes celles qui ont précédé. Et sur ce qu'il estime être les causes de ces événements violents.

Dès le titre, qui est une phrase prononcée par Martin Luther King lors d'un discours à Grosse Pointe High School le 14 mars 1968, Jean Viard donne le ton et braque les projecteurs sur la question centrale : le racisme français qui cible et stigmatise tout particulièrement les jeunes issus des anciennes colonies et de l'émigration récente.

Jean Viard retourne aux sources des problèmes, à commencer par les mots qu'on emploie : "quartiers" au lieu de "faubourgs", "politique de la ville". Il cite des chiffres édifiants et des études récentes. Et ose aborder simplement les sujets qui fâchent, sans faux-semblants : émigration, colonisation puis guerre d'Algérie, légalisation du cannabis...

Le sociologue parle d'un sujet qu'il connait bien, par son expérience du terrain, des quartiers nord De Marseille et de leurs "grands ensembles".
Et propose des pistes concrètes, des actions qui peuvent être mises en oeuvre avec un peu de volonté politique.

J'ai appris beaucoup de choses qui nourrissent mes convictions en lisant cet essai qui a le mérite de poser les choses et de les documenter. Je pense que sa lecture serait bénéfique à de nombreux Français sur un sujet aussi important.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Martin Luther King disait qu'une "émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus". Oui, c'est un langage. Un langage à décrypter, à écouter. Un langage qui attend un autre langage, une réponse, un dialogue. Sanctions, autorité. Punitions. Bien sûr. Mais un langage, surtout. Une place, surtout ! Avec leurs corps, leurs religions, leurs mémoires, leurs rêves.
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Le mot "quartier" dit beaucoup, comme dit beaucoup l'expression "politique de la ville", alors que, justement, ce n'est pas de la ville, c'est de la bordure de ville. C'est une frontière qui se gère entre l'Afrique et l'Europe, entre ceux qui arrivent et ceux qui sont déjà là.
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Le paradoxe terrible est que les jeunes qui prennent tous les risques pour rejoindre la France y viennent pour la liberté, pour les valeurs que la France diffuse. Valeurs magnifiques, mais par trop réservées, de fait, aux corps blancs. Depuis toujours.
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La France des cathédrales doit rencontrer celle des mosquées et des synagogues, et celle des écoles laïques de la République. L’enjeu est la paix civile chez nous et une légitimité d’exemplarité de la parole de la France en Europe et en Méditerranée.
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Il y a aujourd'hui une appartenance définie par les marques et un récit national porté par elles, puisqu'il n'y a plus de récit politique - sauf d'extrême droite. La marque se fait récit à la place laissée libre par le récit politique.
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