Comme d'habitude, la déception est proportionnelle à mes attentes. le titre «
la révolution que l'on attendait est arrivée » me laissait espérer avoir un regain d'enthousiasme après sa lecture. Si
Jean Viard semble voir le positif dans la crise (quitte à faire preuve parfois de mauvaise foi ou d'un aveuglement partiel) , il n'est pas parvenu à me faire partager son positivisme général.
L'auteur cherche à nous faire prendre du recul pour nous permettre de mieux comprendre les bouleversements de la société. Toutefois, son point de vue m'a souvent semblé correspondre à ce qu'on pouvait penser à la sortie du premier confinement. Avec ce qui s'est passé ensuite, ce regard m'apparaît périmé (alors même que ce livre a été écrit un an après). Il me semble que
Jean Viard ne tient pas assez compte de cette forme d'inertie qui pousse les humains et les sociétés à reprendre leurs habitudes dès que possible. Peut-être y a-t-il confusion entre souhaits (de changement) et réalité ?
Le style d'écriture m'a souvent perdu. Trop de phrases grandiloquentes ou alambiquées et de mots pompeux qui semblent parfois cacher la confusion d'idées ou l'absence réelles de concret. Beaucoup de phrases "listings", par peur de manquer d'exhaustivité ou pour estomper l'absence de ligne claire dans le discours. Les raisonnements, s'il y en a, sont difficiles à suivre. J'y ai trouvé un vrai manque de pédagogie. C'est le défaut que peuvent avoir de nombreux philosophes ou certains hommes politiques (et les macronistes peut-être un peu plus que les autres): on ne comprends pas assez leur vision, on ne voit pas assez la colonne vertébrale de leur discours qui est caché par un certain maniement de la langue. Discours qui apparaît alors souvent comme vide de sens ou au mieux incompréhensible. Voici un exemple: "la logique dominatrice des chaines de valeur est révolue comme impératif absolu".
Parfois l'auteur se répète et ces redondances semblent là pour compenser le fait qu'il ne peut apporter la preuve de ce qu'il affirme. Comme si une idée devenait plus réaliste parce qu'elle était répétée plusieurs fois. Par exemple, le fait que la pandémie ait mieux fait ressortir l'importance du dérèglement climatique, est affirmé comme une évidence alors qu'elle ne l'est pas !
On ne comprends pas si
Jean Viard cherche à forcer la réalité à se conformer à ce qu'il dit ou s'il cherche à se convaincre lui-même.
L'auteur fait des retours réguliers à l'histoire (récente) de la France pour replacer dans le contexte. cela donne parfois l'impression d'avoir l'avis d'un "ancien" un peu déconnecté du présent. Par ailleurs il traite de la gestion des espaces (sa spécialité apparemment) où on parle d'humains en matière de flux et de stock ou encore où on peut se dire rural de Marseille. Nous ne pratiquons clairement pas le même langage pour réussir à se comprendre. Je dois l'avouer: je ne suis ni bon en histoire, ni en aménagement du territoire. Mais ce n'est pas la lecture de ce livre qui pourra m'aider à mieux comprendre ces deux domaines, hélas !
Peut-être suis-je un peu dur dans ma critique. Comme je l'ai indiqué en préambule , ma déception est à la hauteur de mes espoirs . Il y a tout de même quelques bons passages dans ce livre (voir mes citations), notamment certaines idées pour faire évoluer la démocratie locale dans les territoires ou encore pour adapter l'agriculture.
Lien :
http://millefaces.free.fr/Ne..