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EAN : 9782220088150
240 pages
Desclée de Brouwer (14/03/2018)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Notre civilisation est si matérialiste qu'elle détruit paradoxalement les bases matérielles de notre vie commune, ceci dans une indifférence quasi générale. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment rendre compte de notre capacité de destruction sans égale ? On tente de répondre à partir de l'époque qui nous échoit : celle de l'Anthropocène (qui marque les dommages irréversibles introduits dans l'environnement), celle aussi de l'envolée du numérique et d'un délit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
DE LA MATIÈRE ET DE L'ESPRIT.

Lorsque l'une des éminences grises de nos actuels pouvoirs en place - bien qu'il s'en défende, qu'il joue seulement de l'amitié, sincère sans nul doute - s'insurge de voir comme les institutionnels ne changent rien, ou si peu, s'inquiète - doux euphémisme - de voir comme le "logiciel" libéral-consumériste universellement répandu résiste à toutes les données scientifiques les plus pointues et alarmistes, il est temps de réellement s'inquiéter ! Ainsi en est-il dans cet essai, Une nouvelle terre, publiée par les discrètes mais néanmoins fort intelligentes éditions Desclée de Brower, sous la plume de Dominique Bourg, philosophe rattaché à l'Université de Lausanne, et président du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l'Homme, anciennement nommée "Fondation Nicolas-Hulot" avant le départ de son fondateur pour les destinées politico-gouvernementales que l'on sait, et dont l'auteur est un proche. Il est par ailleurs notoirement le co-auteur du Dictionnaire de la pensée écologique avec Alain Papaux. Son domaine principal d'étude (au sens très élargi) est le développement durable.

D'ailleurs, le premier chapitre de ce nouvel opus des oeuvres de Dominique Bourg ne peut être qu'inquiétude(s) : La description de ce fameux anthropocène, que l'auteur fait prendre date au début des années 50 (il s'en explique) nous assomme de mauvaises nouvelles (pour beaucoup, hélas, déjà connues et constatées) : La composition de notre air hyper-carboné ne pourra plus être changé avant plusieurs milliers d'années ; les mers se réchauffent et, pire que tout, s'acidifient ; la destructions des espèces, animales et végétales va à une allure telle qu'il faudra plusieurs milliers d'années pour retrouver une biodiversité analogue à celle d'avant le milieu du XXème siècle ; nous sommes incapables, pour le moment, de sortir du tout carbone, par manque de volonté, par facilité, par goût du gain sans calcul ; notre rapport totalement dualiste à la nature, à l'esprit, à la terre, à l'homme, à la machine, à l'animal, au système-Terre est d'un tel niveau qu'il nous est devenu très difficile, pour ne pas dire impossible, dans l'économie ultra-libérale et marchande qui est la notre, d'en imaginer un autre.

Force est cependant de constater qu'en moins de cent ans, nous avons transformé la composition chimique de l'air, que la salinité des océans n'a presque jamais été à ce niveau dans toute l'histoire de notre planète, que les phénomènes climatiques extrêmes (ouragans, tsunamis, moussons, etc) atteignent des niveaux de puissance inédits de mémoire humaine (et coûtent de plus en plus chers), que les températures moyennes ne cessent d'augmenter, quoi que puissent en dire les "climato-sceptiques" (par ailleurs généralement ardent défenseurs de ce "progrès" technologico-scientifique et marchand qui est en train de nous tuer, tous, humains comme animaux, faune et flore, de cette croissance inexorable et censée nous apporter toujours plus de confort, toujours plus de bonheur, toujours plus de lendemains qui chanteront), l'écoumène - c'est à dire cette portion de planète que nous parvenons à habiter - ne cesse de diminuer : on pense évidemment à la désertification de régions entières mais on oublie trop souvent que certaines zones tropicales humides sont en passe d'atteindre un tel degré d'hygrométrie que l'homme ne pourra plus y demeurer, faute de ne plus pouvoir évacuer sa propre transpiration ! Quant au trait de côte, il ne cesse de reculer, mettant des pays entiers sous la menace de la moindre vague plus forte, et ce n'est pas la fonte inéluctable des glaces polaires qui va arranger ces états de fait... Et que dire de la fin programmée de presque toutes les énergies fossiles, de la plupart des minerais, du sable, et de la difficulté de plus en plus intense à renouveler certaines denrées pourtant jugées renouvelables (on pense à la destruction massive et quasi irrémédiable de la forêt primaire équatoriale, par exemple). Et cela, c'est aujourd'hui, et ce ne sont "que" les conséquences de l'hyper-activité des soixante-dix dernières années... le phénomène d'inertie du "système-Terre" fait que toutes ces émanations polluantes de notre activité d'aujourd'hui n'auront de réelles conséquences qu'à l'horizon 2050... On n'ose imaginer RÉELLEMENT ce qu'il en sera tant cela dépasse la capacité de l'homme à se projeter aussi loin.

Loin de se contenter de ce triste catalogue de catastrophes déjà là pour certaines, en passe de l'être pour d'autres, Dominique Bourg s'essaie d'abord à comprendre comment nous avons pu en arriver à ce degré de désalliance d'avec le "donné". Se situant ainsi tout à la fois dans le temps long - jusqu'à la création de nos langues puis, avec l'invention des écritures, de ce que les alphabets de type sémitiques d'abord, qui ne connaissent pas la voyelle, puis de type grec avec l'apparition de cette dernière, ont induit de dialectique entre le donné et le fabriqué, la matière et l'esprit - et le temps plus court (tout est relatif) des supports philosophiques, moraux et économiques sur lesquels notre monde presque totalement universellement occidentalisé s'est bâti, à savoir sur des rapports toujours strictement duels presque parfaitement irréconciliables, Dominique Bourg tâche d'établir une manière de diagnostique didactique de notre civilisation libérale-consumériste. Il nous invite ainsi à constater l'échec d'un monde basant son idée de progrès sur les pensées de philosophes tels Aristote, Bacon, Locke, Descartes, Hegel ou encore Marx pour se tourner plutôt vers celles de Husserl, Merleau-Ponty et même Heidegger. Plus encore, Dominique Bourg n'en est pas loin d'abjurer notre monde à s'éloigner de ces modes de pensée mortifères, s'extraire de ces dualismes classiques : physique-esprit, matière-pensée (expliquant par ailleurs que la réalité est psychophysique, c'est-à-dire qu'elle s'offre en même temps et à la fois comme esprit et comme matière), nature-culture, donné-transformé, etc, pour mieux retrouver les chemins de la spiritualité - un moment essentiel de cet ouvrage -, non pas inévitablement dans sa formulation religieuse ni dogmatique stricto sensu car il voit bien par ailleurs l'échec des propositions de certaines d'entre elles (le salafisme extrême d'une partie marginale mais influente de l'Islam, par exemple, mais aussi ces mouvements évangélistes nord-américains généralement totalement inféodés à cette idée de croissance infinie et de bonheur consumériste hic et nunc, en attendant le paradis des fidèles). Et même s'il semble être séduit par l'orientation que le pape François donne à la nouvelle interprétation des paroles de la Genèse (qui augura de ce que, durant des siècles, le catholicisme assurait à l'homme une création au service de son seul maître humain, hiérarchiquement considéré comme supérieur) dans son encyclique récente «Laudato Si'» (titre inspiré par les premiers mots d'un cantique de François d'Assise), cette encyclique fait de l'homme non plus l'utilisateur et le maître de notre terre mais son gardien respectueux, protecteur et aimant, Dominique Bourg n'envisage pas moins avec respect et une certaine fascination la spiritualité de ces peuples dits "premiers" et de leurs rapports animistes à leur environnement (il se réfère, entre autre, à "Pachamama", la "Terre-Mère" des amérindiens ou encore au magnifique chasseur-trappeur du profond film " Dersou Ouzala " d'Akira Kurosawa dans lequel cet homme ne prélève à la nature que ce qui lui est strictement nécessaire pour sa survie). Il évoque tout aussi bien, et sans dire explicitement laquelle de toutes celles présentées serait la plus encline à nous faire sortir de nos impasses, la spiritualité athée d'un Merleau-Ponty. Quoi qu'il en soit, Dominique Bourg est absolument convaincu que la survie non seulement de l'humanité mais du "Système-Terre" tout entier ne peut en passer que par ce regain d'une spiritualité transcendantale - individuelle tout autant que collective, voire avant tout collective - en lieu et place de cette spiritualité pauvre et destructrice de vie qu'est le consumérisme marchand incontrôlé, hyper individualisé (sous prétexte de cette "liberté négative" telle que définie par le philosophe Isaiah Berlin et que Dominique Bourg fait remonter à la pensée de Hobbes, liberté qui tend à se substituer de plus en plus à la notion de liberté positive qui prend source non dans l'individu seul - fut-il de type "personne morale" comme le sont toutes les grandes multinationales, par exemple -, mais dans le fait collectif, social et, induit-il, possiblement et préférablement démocratique).

Sans jamais se faire moralisateur - ce qui ne l'empêche en rien d'être moral au sens philosophique du terme -, sans jamais donner dans l'inventaire de solutions faciles, "petit bras", toutes faites et jamais réellement mises en oeuvres, constatant aussi que les changements intérieurs ne sont non seulement pas impossibles mais qu'ils peuvent surgir bien plus rapidement qu'on aurait d'abord pu s'y attendre, le chercheur ne baisse en aucun cas les bras. Il prend ainsi pour exemple cette immense sensibilité, relativement nouvelle, à la cause animale dans nos sociétés (qu'il espère voir se rendre encore plus visible par le biais du droit et de la loi). Il instruit ainsi un procès tant à charge qu'à décharge du véganisme, qu'il considère comme un utilitarisme dogmatique et relativement "hors-sol" de plus, et donc voué à un certain échec, mais dont il comprend aussi ce qu'il apporte à notre pensée collective de réflexions cruciales et régénératrice quant à notre vision du monde animal, et même dans une certaine mesure, de tout le "donné" (c'est à dire ce qui n'est pas fabriqué, transformé par l'homme mais donné, au sens strict, par le "système-Terre"). Il constate par ailleurs, avec l'appui de nombreux chercheurs en sciences sociales, en droit, mais aussi en mathématiques, qu'un monde fait d'inégalités sociales de plus en plus exacerbées ne peut que finir dans le mur de ce monde parfaitement fini (jusque dans sa définition la plus apocalyptique) qui est le notre. Il est donc plus que temps de nous transformer et d'agir.

Dominique Bourg n'ose jamais dire qu'il est peut-être déjà trop tard, reprenant à son compte l'image du purgatoire ou de l'enfer, l'un ou l'autre nous attendant selon les décisions inévitablement collectives et aussi promptes que possibles que nous saurons prendre, ou non, mais que si nous pensons encore nous sauver sans trop d'effort avec les techno-sciences, ou grâce à cette folie finalement anti-humanisme qu'est le transhumanisme promis par d'aucuns (ou la perspective démente d'une sorte d'éternité médico-technologique, laquelle ne pourrait être promise, on s'en doute, qu'à un tout petit nombre d'élus) ou encore via le repli sur les idéaux les plus sectaires, réactionnaires, refermés sur eux-mêmes, ou même seulement par l'idée que rien ne peut arrêter le sacro-saint dogme de la croissance éternelle pour tous, si nous n'évitons pas tous ces écueils possibles, difficile de dire ce qui pourra encore être sauvé. Écoutons à ce propos les mots de Dominique Bourg dan un entretien accordé au journal Libération, suite à la sortie de cet ouvrage : « Je plaide pour un réformisme radical, c'est-à-dire un changement total, touchant à tous les domaines, mais réalisé dans des formes politiques et juridiques cadrées par la loi. On ne peut pas toucher à tout en même temps : le fil juridique est indispensable. L'actuelle réforme de la Constitution, en affirmant la garantie de la protection du climat et de la biodiversité dans l'article 1, ferait un premier pas en direction de la refonte d'un système juridique qui aura protégé et encouragé la destruction de la nature depuis le XIXe siècle. S'orienter vers l'économie circulaire (utiliser moins de ressources et d'énergie, utiliser des matériaux recyclés ou biosourcés) est vraiment quelque chose que l'on peut faire sans désorganiser nos économies. Ensuite, il faudra aller vite : en 2050, l'état du climat sera la conséquence des émissions de gaz à effet de serre cumulées jusqu'à aujourd'hui. Nos actions vont porter sur la seconde moitié du siècle. Nous avons alors le choix entre l'enfer et le purgatoire. »

La nouvelle terre est un livre dense, très documenté, foisonnant de références théoriques, philosophiques, intellectuelles, mais aussi médiatiques. Il manie, sans lourdeur particulière, nombre de concepts tout aussi bien liés à la politique, à l'économie, au "développement durable", aux "sciences et vie de la terre" que les plus de quelques décennies appelaient encore les "sciences naturelles", à la philosophie bien entendu, à la religion ici et là. On pourra parfois reprocher quelques truismes, des réflexions à l'emporte pièce, des successions d'idées dont on ne voit pas toujours immédiatement le rapport entre elles, mais, mis à part ces petits défauts inhérents à tout texte de vulgarisation qui se veut, malgré tout, très exigeant, le texte que propose Dominique Bourg est une excellente entrée en matière pour qui veut comprendre les ressorts visibles ou cachés - du moins, méconnus du grand public - de ce que nous faisons vivre à notre petite planète bleue depuis - surtout - bientôt un siècle. La réponse liée à la redécouverte d'une certaine forme de spiritualité pourra très certainement en dérouter plus d'un (d'autant que, sans autre certitude que notre seul ressenti, on subodore une certaine empathie, pour ne pas dire une franche sympathie de l'auteur pour la chrétienté catholique et son actuel pape), mais cette piste mérite toutefois d'être réellement creusée, sans mauvais esprit de clocher ni vision restreinte, sectaire et aveugle par rapport à ce que pourrait être une spiritualité sans église ni dogme, et qui pourrait offrir à l'humanité une nouvelle vision transcendante et éthique de son rôle sur terre. Au fond, à l'image d'un Pierre Rabhi ou de quelques autres (de plus en plus nombreux cependant), Dominique Bourg en appelle au retour à une vie simple - en aucune manière à un retour dans le temps, qui n'est, de toute manière plus envisageable -, faite de coeur autant que de raison, mais promise à une sorte d'élévation spirituelle collective, peu importe qu'elle soit athée ou divine pourvu qu'elle permette au Système-Terre de passer ce mauvais cap que nous n'avons eu de cesse de lui imposer, qui ne pourra cependant se faire, selon lui, sans une volonté démocratique collective (d'une démocratie qu'il souhaite d'ailleurs plus "vraie" que celle que nos actuels dirigeants essaient plus ou moins de sauver avec pertes et profits. Et surtout avec pertes). Un ouvrage éprouvant, car nos vies quotidiennes ne nous laisse que peu le temps de nous interroger sérieusement sur cet avenir pourtant bien proche, ne serait-ce que pour nos enfants et petits enfants, et nous préférons souvent vivre d'aveuglements sélectifs, mais un livre décapant et passionnant qui laisse suffisamment de perspectives, sous l'urgence à agir, pour ne pas sombrer irrémédiablement dans la mélancolie la plus délétère et définitive.

Il me faut remercier très vivement les éditions Desclée de Brower ainsi que notre site de lecture préféré, j'ai nommé Babelio, pour cette découverte roborative liée à la Masse Critique spéciale non-fiction, et qui entre en plein dans les réflexions que je ne cesse de me poser depuis deux ou trois décennies. Une lecture dense que je recommande TRÈS vivement à qui s'intéresse de près à ces sujets... Et même aux autres !
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Lors de la masse critique non-fiction de juin de Babelio, j'ai reçu Une nouvelle Terre, de Dominique Bourg – pour lequel, il faut l'avouer, j'ai été très attirée par un titre qui me promettait tout un programme. Et le programme est plus que rempli avec cet essai de Dominique Bourg, dans lequel il va tenter de mettre en avant des arguments raisonnables (basés sur la raison donc) pour montrer que Une nouvelle Terre est encore envisageable, mais qu'il ne faudra plus traîner et qu'il va falloir changer deux trois choses.

Son exposé est en partie basé sur des faits scientifiques et une étude des changements climatiques, mis en parallèle avec des changements dans la façon de consommer et de produire, mais il est aussi spirituel, en nous montrant que les hommes se font énormément de mal à continuer sur cette voie, en termes de communauté, en termes de nourriture de l'esprit.

C'est tout un programme, je te l'ai déjà dit. Et je dois reconnaître que je ne sais pas encore si j'étais dans une bonne disposition pour recevoir tout ça – parce que mine de rien, cette lecture était bien plus difficile qu'un roman, puisqu'elle demande un investissement plus grand en termes d'attention, de réflexion et d'esprit critique. Toutefois, c'est une thématique qui m'intéresse énormément, et je me suis donc accrochée (je l'avoue, en grande partie à cause des délais imposés par la masse critique) pour avancer à mon rythme dans cette réflexion super intéressante malgré tout. Je n'exclus donc pas d'y revenir un jour où je pourrai prendre mon temps et mieux digérer la masse d'informations partagées.

Ce petit livre (234 pages) est extrêmement dense, et beaucoup d'aspects différents d'une même question y sont abordés – ce qui renforce peut-être le sentiment d'être noyé dans des informations trop nombreuses quand on ne prend pas le temps qu'il faut pour se retrouver avec ce livre.

Toutefois, les réflexions qui sont présentées par le vice-président de la Fondation pour la nature et l'homme (il n'y a pas si longtemps encore Fondation Nicolas Hulot) ne manquent pas de nous faire réfléchir sur la place qu'on peut prendre pour se diriger vers cette nouvelle Terre annoncée, et sur comment notre société en est arrivée là où elle en est. Oui, l'auteur s'attache à comprendre les causes de notre position actuelle avant de prétendre vouloir la changer, et ça promet donc un voyage dans la construction de notre société ultra-libérale et ce qu'elle détruit depuis qu'elle n'atteint plus ses objectifs.

Je ne vais pas trop m'attarder sur le fond, parce que comme je l'ai dit, je ne suis pas sûre d'avoir suffisamment pu tout digérer. Toutefois, si la thématique de l'impact climatique et de la création d'une nouvelle société pour tenter de sauver ce qu'on peut encore sauver vous intéresse, je pense qu'il s'agit-là d'une lecture qui devrait vous parler et vous permettre de réfléchir à cela par différents thèmes : politique, spirituel, philosophique, scientifique, etc.
Lien : https://juliejuz.wordpress.c..
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Livre foisonnant mais dont la complexité langagière rebute.
Il décline une série de messages importants d'un point de vue politique, principalement en ce qui concerne la perspective de renaissance de l'homme, jusqu'il y a peu enferré dans le vide de la "religion du consumérisme et de la croissance économique".
Cette renaissance provient, dit l'auteur, de la démarche contemplative à l'égard de la nature (par ex. la permaculture) et de la spiritualité.
La promotion, en droit, du sentiment de dignité humaine peut être un des pivots de cette renaissance.
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Merci à l'opération Masse critique pour l'envoi de ce livre. Une lecture agréable, des arguments étayés, même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'idée générale du bouquin. A conseiller à tous les climatosceptiques !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ontologiquement et généalogiquement, d'ailleurs, chacun de nous n'a pu accéder à sa propre humanité que grâce aux paroles et aux soins de son entourage, de ses parents en premiers lieu, et ce dès le sein maternel. Les compétences que nous avons acquises sont elles-mêmes inséparables des sollicitations et des apports d'autrui, avec des échelles variables allant des proches jusqu'à la culture d'une société donnée, systématiquement en lien avec d'autres cultures. Ainsi l'individualité de la conscience, bien qu'absolument réelle, n'en a pas moins été portée par un réseau pensant antérieur, et qui continue à la porter. La conscience n'existe que pour autant qu'elle participe de ce réseau dont on ne saurait définir les limites. Elle s'inscrit dans la pensée comme le corps dans l'espace. Ainsi, aucun de nous n'est donc détenteur de sa propre humanité, laquelle n'est pas plus enfermée dans notre cerveau que dans notre individualité corporelle, et nécessite d'ailleurs un milieu. Je suis humain parce je relève de plus que moi. Une conception qui est en harmonie avec le fondement de la dignité humaine telle que nous l'avons envisagée précédemment. Et la pensée humaine elle-même s'enracine dans l'histoire profonde du vivant, tout en appartenant plus largement à l'ordre même du monde, lesquels nous dépassent.
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Un autre physicien, Gabriel Chardin, dans un esprit plus critique [qu'un autre exemple donné précédemment par Dominique Bourg], s'est employé à calculer la durée d'une civilisation planétaire affectée d'un taux de croissance annuel de 2% de la consommation des ressources en général, c'est à dire le taux de croissance du PIB qu'ont connu au maximum les anciens pays industriels de 1870 à 1920, avant d'y revenir récemment. Rappelons que sur Terre (sic), avant 1820, la croissance s'élevait en moyenne à 0,06 % par an. Une telle civilisation détruirait la Terre est l'univers entier si elle ne s'effondrait d'abord. Un taux de croissance de 2% de la consommation des ressources, dont l'énergie «grillerait» en quelques centaines d'années la Terre et en 5 000 à 6 000 ans l'univers observable, soit dans un rayon de 10 milliard d'années-lumière... Une perspective qui devrait relativiser le déni moderne de toute dignité du donné naturel !

[NB : Dominique Bourg explique dans un chapitre précédent ce qu'est ce "donné naturel". Pour résumer, c'est tout ce qui se trouve à l'état de nature avant transformation et marchandisation par l'homme : minerais, énergies fossiles, terres arables, etc.]
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De nombreuses études ont mis empiriquement en évidence ce lien entre les inégalités sociales et les inégalités environnementales. Il est à cet égard intéressant de se tourner vers l'étude Handy et sa modélisation des relations inégalités et environnement, à la lumière des effondrements sociétaux passés. Cette étude repart du modèle proies-prédateurs bien connu des biologistes, censé recouvrir la relation riche (élites) - pauvres (travailleurs), mais l'enrichi en tenant compte des capacités techniques humaines. Sur ces bases sont distingués trois idéaux-types de sociétés : égalitaire, sans élites ; équitable ; inégalitaire avec accaparement des richesses. Il en résulte quatre trajectoires différentes : l'équilibre population et environnement ; des oscillations précédant l'équilibre ; une alternance de périodes de croissance et d'effondrements ; une croissance forte débouchant sur un effondrement irréversible. L'essentiel étant qu'apparaissent avec ce modèle des liens unissant degrés d'inégalité et relation à l'environnement, les inégalités conduisant immanquablement à un effondrement, et ce, même en cas de consommation faible. A contrario, seules les sociétés égalitaires échappent à l'effondrement.
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Première conclusion, l'expansion exosomatique de notre espèce a connu récemment une prolifération analogue à celle d'une tumeur cancéreuse, affectant puissamment le système qui l'accueille. Deuxième conclusion, il en résultera, il est en train d'en résulter a minima une altération significative des conditions d'habilité de la terre. Les générations présentes et futures semblent d'ores et déjà destinées à une vie plus difficile sur une planète appauvrie en ressources, plus hostile, avec des événements extrêmes plus extrêmes et plus nombreux, avec un écoumène sous la pression de la montée des mers et du devenir aride de régions entières. On ne saurait même écarter la possibilité d'un effondrement de la civilisation industrielle, que l'aveuglement techno-optimiste contribue d'ailleurs à conforter. On ne peut d'ailleurs se demander si le chaos géopolitique et politique en passe de s'étendre ne forme pas le début d'une dynamique d’effondrement.
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Il ne fait guère de doute que le libéralisme politico-économique classique a été le meilleur garant de nos libertés. Mais on aurait tort cependant de considérer que le marché constitue par lui-même une sorte de garant de nos libertés. Singapour, la Chine sont en effet des économies de marché sans grandes libertés politiques, et nullement des démocraties. L'équivalence entre le marché, d'un côté, et les libertés publiques et démocratiques, de l'autre, que l'on a longtemps tenu pour évidente, n'était en fait qu'une coexistence. Ce constat suffirait à rouvrir des perspectives hâtivement refermées après la chute du mur. Cherchons ici plus modestement à mettre derechef en lumière les effets destructeurs et réducteurs d'un impérialisme de marché, mais désormais quant au pluralisme inhérent à la liberté elle-même ; l'absolutisation d'une forme d'expression de la liberté nuit nécessairement aux autres expressions possibles. Autrement dit, le marché tend à privilégier certaines formes de libertés au détriment d'autres. Il peut donc ainsi, lorsqu'il est érigé en principe absolu, déboucher sur une forme de réductionnisme pratique, une réduction bien réelle de nos potentialités.
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Quels sont les progrès mais aussi les parts sombres de la révolution numérique? Quel impact sur l'environnement? Et quelle société demain ?
Entre scénario catastrophe, constats alarmants et fascination, dialogue autour du numérique et des craintes qu'il suscite parfois, entre les auteurs Mirwais Ahmadzaï ("Les tout-puissants", Séguier), Gérald Bronner ("Les lumières à l'ère du numérique", PUF), Guillaume Pitron ("L'enfer numérique- voyage au bout d'un like", Les Liens Qui Libèrent), le 10 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
Rencontre précédée de la remise du Prix Livre Environnement de la Fondation Veolia par le président du jury Dominique Bourg, aux lauréats 2022: Guillaume Pitron pour "L'enfer numérique - voyage au bout d'un like" (Les Liens Qui Libèrent) et Gilles Macagno pour "Mauvaise réputation- Plaidoyer pour les animaux mal aimés" (Delachaux et Niestlé). Animation : Laure Dautriche.
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