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EAN : 9782070447565
432 pages
Gallimard (31/05/2012)
3.69/5   39 notes
Résumé :
Andra Levy
Sur les conseils de son fils imprimeur, July entreprend le récit de sa vie en Jamaïque, en ce xixe siècle qui voit l’abolition de l’esclavage. Née sur la plantation Amity, elle est la fille d’une « esclave des champs », travaillant dans les pièces de canne à sucre. La sœur du planteur, Caroline Mortimer, tout juste débarquée d’Angleterre, s’attendrit devant cette enfant espiègle et l’arrache à sa mère pour en faire sa servante. Dès lors, July mène ... >Voir plus
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L'histoire se déroule à la Jamaïque, au début du XIXe siècle. C'est là que vivent les propriétaires d'une plantation de canne à sucre John Howarth et sa soeur Caroline. Celle-ci, par caprice, pousse son frère à recueillir de force une petite fille, qu'elle trouve adorable, à une mère esclave travaillant sur l'exploitation.
La pitite July se retrouve rebaptisée Marguerite, elle servira sa maîtresse et apprendra à coudre et à lire.
Les années passent, l'utilisation d'esclaves diminuent progressivement avec parfois des révoltes sanglantes. Puis l'arrivée d'un nouveau contremaître va bouleverser les relations entre Miss July et sa maîtresse Caroline.

J'ai apprécié la personnalité, l'espièglerie de Miss July qui ne se laisse pas faire face à sa maîtresse capricieuse. L'auteur a également su intégrer le langage employé par les insulaires pour parler, sans trop écoeurer le lecteur de ce "patois". Cependant, j'ai été déçue par certains passages qui m'ont paru un peu trop long à mon goût.
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Ce roman ne conte pas une histoire d'amour mais une abomination ! Il décrit avec brio tout l'infâmie d'une époque, pas si lointaine (l'histoire se situe au début du XIXe siècle) où certains êtres humains avaient la certitude que d'autres êtres humains étaient inférieurs à eux. Cette histoire se déroule sur une île des Antilles qui appartenait alors à l'Angleterre (par ailleurs si puritaine et bien pensante...) mais elle aurait parfaitement pu se dérouler sur une île des Antilles françaises.

Pourtant, July, aujourd'hui vieille femme, raconte l'Enfer de la plantation d'Amity sans pathos et même avec beaucoup d'humour parfois. Elle était une jeune femme au caractère bien trempé mais également très intelligente, sachant parfois manipuler sa "missus", Caroline Mortimer. Elle a parfaitement compris que celle-ci a peur des Noirs mais surtout qu'elle est infiniment seule (parce que son frère meurt rapidement dans l'histoire) et qu'elle a besoin de ses esclaves pour faire tourner sa plantation. Donc, contrairement aux apparences, c'est également parfois l'esclave qui a pouvoir sur sa maîtresse.

Cette femme blanche n'étant même pas capable de comprendre pourquoi son esclave domestique s'appelle July ("juillet", en anglais), elle va jusqu'à la rebaptiser Marguerite... Cela montre toute la bêtise de Caroline, mais aussi toute sa méchanceté profonde : tout au long du roman, July raconte comment celle-ci n'aura de cesse de la démunir de tout, mais vraiment de tout (je ne peux pas révéler le pire du pire qu'elle parvient à faire), en partie pour se venger. Parce que July est aussi une très belle femme, ce qui n'échappera pas à l'oeil d'un certain Robert Goodwin, Anglais, fils de pasteur, tiraillé entre ses principes anglicans, le "qu'en dira-t-on" et son désir pour July... Seulement voilà, sur l'île la tentation, où tout le monde essaie de manipuler tout le monde, ça donne parfois des choses étranges.

Andrea Levy n'épargne pas le racisme entre esclaves, celui où les quaterons (métis de métis), se sentent supérieurs aux Noirs. Un piège dans lequel tombera July, qui clame haut et fort qu'elle n'est pas noire mais mulâtre (ce qui est vari car elle née d'un père écossais, même si elle est noire comme l'ébène). L'écrivain soulève ici la quête d'identité des personnages esclaves, qui, pour se sentir exister, en viennent parfois à être aussi odieux que leurs maîtres. Mais elle y dénonce surtout avec brio toute l'hypocrisie d'une société anglaise, bien-pensante, qui en proclamant l'abolition de l'esclavage, fera tout pour mettre les anciens esclaves à terre.

On adore July dans ce livre, qui interpelle constamment le lecteur en expliquant qu'elle n'est pas douée pour raconter sa vie. Mais aussi, parce que c'est un personnage pudique, elle réécrit certains passages, édulcore la réalité parce qu'elle a honte, ce qui met son fils Thomas, imprimeur, en rage. Donc July reprend sa plume pour rétablir la vérité.

Le roman se termine par la voix de Thomas, qui lance au lecteur un avis de recherche sur sa demi-soeur Emily, tout en le mettant cependant en garde : "En Angleterre, la découverte de sang noir dans une famille n'est pas toujours accueillie avec joie."
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Un grand bonheur de lecture que ce second livre de l'auteure d'Hortense et Queenie.
Andrea Levy, par les mots de July, esclave en Jamaïque sur une plantation sucrière anglaise au XIXe siècle, raconte dans une page d'histoire méconnue, une vie hantée par l'esclavage : July, née de père anglais (le contremaître de la plantation) qui bien sur ne la reconnaîtra jamais et d'une esclave des champs au fort tempérament, se verra arracher sa mère, puis son fils, et sa fille.
Témoignage de tous ces esclaves que l'on a privés d'histoire et qui, le temps d'un roman, peuvent enfin raconter quelle vie a été la leur, une vie d'injustices et d'humiliations : dans un style à la fois poignant et drôle, sans jamais verser dans le pathétique, July déroule son quotidien, ses petits bonheurs et ses grands malheurs, ses ruses pour échapper à la colère de sa "Missus" et de son "Massa", sa ferme certitude qu'être mulâtresse vaut bien mieux qu'être noire, même si ça ne se voit pas...
July nous raconte son destin d'esclave caribéenne, analyse les ravages du système colonial dans les plantations, mais surtout, elle élève une voix dépourvue de tous cliché, pétrie d'humour et d'humanité, qui oscille entre l'émotion et l'éclat de rire avec une dignité sans faille. Si sa vie a été dure, aucun doute là-dessus, elle est bien décidée à ne pas apitoyer son lecteur avec ça !
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En ce qui me concerne, ce roman d'Andrea Levy est le premier roman que je lis, et, je n'ai pas été déçu.

Par l'intermédiaire de son héroïne, Miss July, l'auteur dresse un portrait sans concession de l'esclavage et des planteurs dans un pays que l'on a guère coutume de cotoyer puisque tous les romans ayant trait à l'esclavage ainsi que son abolition se déroule aux USA.

Même si il s'agit d'une oeuvre de fiction, il s'agit d'un excellent témoinage sur la vie quotidienne des esclaves (que se soit dans les champs et/ou la maison du maître) dans une grande plantation anglaise.

On assiste également à la lutte des esclaves pour leur liberté, puis, à l'abolition de l'esclavage en Jamaïque ainsi qu'aux différents codes régissant la société jamaïquenne, et, l'on s'apperçoit que les riches planteurs ne sont pas vraiment intégrés à la vie en Jamaïque, et, tout comme les riches planteurs américains, traitent les noirs comme des bêtes et des moins que rien.

J'avoue que Miss July, l'héroïne de ce roman, est une maîtresse femme, à la langue bien pendue, qui essaye de manipuler sa maitresse afin d'améliorer son sort, même si finalement, elle se fait avoir ...

Andrea Levy est un auteur que je continuerais à lire.
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Une belle histoire, presque une saga, aux couleurs flamboyantes, sous forme de témoignage parlé, une voix qui monte des entrailles de la Jamaique, une mélopée qui nous parvient par la voix d'une esclave. Ce roman évite l'écueil de la revendication. Il fait fi du sermon et du jugement lapidaire. Il raconte un peu naïvemenent le conte d'une vie, de multitudes de vies sous la servitude de l'esclavage dan l'île de la Jamaique, les soulevements et les tueries, les mauvais traitements qui ne paraissaient pas, la vie et ses règles, le travail de la canne à sucre, la sous-vie des autochtones, les abus des contremaîtres, les chants et le sang de la vie, puis les soulèvements, avec ses tueries et massacres, la sauvagerie d'une terre ancestrale.
Les mots sont ici une transmission, retranscription écrite d'une mémoire d'un peuple oublié, on revisite la tradition orale africaine du devoir de mémoire entre générations. L'écrivain est un passeur de mémoires.
Un beau témoignage faussement naïf, gai, et descriptif.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Cette femme colossale était toujours absorbée dans son travail, inconsciente d'avoir perdu quelque chose. Lorsque July poussa un braillement furieux qui agita la canne et terrorisa les oiseaux, sa mère, la machette levée, s'arrêta soudain pour s'interroger sur l'origine de ce cri désespéré et vit pour la première fois son enfant couchée là. Elle nettoya sa lame et la glissa à sa ceinture. D'une main, elle dénoua le foulard qui entourait sa tête, et de l'autre, prit son nouveau-né au creux de sa paume. En un instant, July était emmaillotée, au chaud et en sécurité, dans le foulard, et arrimée au mur solide du dos de sa mère, alors que celle-ci, saisissant la machette à sa ceinture, se remettait à la tâche.
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Les musiciens, qui jouaient maintenant dans la cour pour le groupe de domestiques, donnèrent les premières notes d'une chanson. Finis, le vacarme ou les airs impossibles à reconnaître --le murmure d'une douce mélodie pénétra par la fenêtre ouverte. Car comme la plupart des esclaves musiciens, ils se plaisaient à mal jouer uniquement pour des oreilles blanches.
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Bon, les Anglais sont souvent difficiles à déchiffrer, car ils pensent qu'un visage impassible, dépourvu de sentiments, est une vertu.
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Quand la petite sortit enfin du ventre de Kitty, elle lâcha une exhalation si puissante que les arbres ployèrent comme au passage d'un ouragan.
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Mais c'est tellement dur de trouver une répartie intelligente au bon moment.
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Videos de Andrea Levy (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Levy
Bande annonce de la série The Long Song (2018 - BBC), adaptation du roman de Andrea Levy.
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