Un jeune homme, en attente d'un gros héritage, décide de partir à la découverte de Shanghai. Hébergé par des amis, il y découvre la vie de touriste et d'expatrié. Les gens qu'ils côtoient sont tous des étrangers venus profiter de ce nouvel Eldorado où tout est possible et accessible. Pour eux, l'argent n'est pas une barrière et ils en jouent, jusqu'à tomber dans l'excès et le mépris de la population locale.
Au début de son séjour, le héros partage cette vie superficielle qui se résume aux soirées dans les restaurants et boîtes de nuits où l'alcool peu cher enivre les esprits. Mais petit à petit, le héros se trouve confronté à des difficultés qui vont l'amener à opter pour un autre mode de vie. Il y découvrira une autre Shanghai plus réaliste et moins artificielle, une ville rongée par la pauvreté et les inégalités sociales.
Le passage d'un monde à l'autre est très réussi dans cette bande dessinée, pour laquelle l'image a une importance majeure. Elle construit parfois d'ailleurs à elle seule le sens de l'histoire. J'ai par ailleurs trouvé intéressant le passage de la couleur au noir au blanc pour accompagner la chute du héros ainsi que le jeu sur les couleurs qui apporte de la vitalité au récit.
En somme une belle découverte !
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Bande dessinée reçue dans le contexte des masses critiques
Gros volume de 190 pages, la bande dessinée de Sylvain Saulne "Ca ne coute rien" impressione de prime abord par son réalisme. En effet, hasard rigolo, l'action débute à Shanghai en mars 2008, période exacte ou je me rendis moi même dans le pays pour une quinzaine de jours. Dès lors, les premières pages revêtent une teinte particulière tant les impressions de l'auteur correspondent à celles que j'ai ressenti à l'époque. Nanjing Lu, le Bund, les immeubles gigantesques et caractéristiques, le Teppanyaki, les vendeurs de brochettes et aliments divers dans la rue, la pollution, le gigantesque foutoir de la circulation, ca construit, ca détruit, ca grouille... tout est fidèle tant dans l'illustration que dans l'ambiance. Et puis, le monde des expatriés, véridique lui aussi : décalage entre classe moyenne devenue bourgeoise en Chine, endimanchée dans des attraction à touristes hors de prix pour l'autochtone... Pays émergent, El Dorado des commerciaux aux dents longues pour qui "l'Europe est finie".
Et puis, très vite, on entre dans le vrai sujet du livre, la grève de la faim masochiste de l'auteur. Et très vite, j'ai décroché. Pourtant, les illustrations sont réussies (les paysages très chouettes, bien meilleurs que les portraits de personnages au passage, assez inégaux, même si propre dans l'ensemble), mais le trip mystico-philosophique peine à convaincre. On frise l'agacement même ; pas forcément plausible de critiquer le bling bling à outrance des expat quand on s'inflige une diète forcée dans un pays ultra pauvre pour se sentir vivant...
Au final, une bande dessinée plutôt prometteuse, avec un auteur qui semble talentueux ; j'attends pour ma part la lecture d'une autre de ses oeuvres pour pouvoir relativiser la morale de "Ca ne coute rien", preuve s'il en est que la BD m'a suffisament titillée pour me donner envie d'y retourner.
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Voyage dans Shanghai actuel , mise en parallèle de notre culture d'expatriés et celles des autochones , le rôle de l'argent dans la façon dont nous sommes perçus à l'étranger , pas vraiment une découverte mais quand même quelques réflexions à méditer.
J'ai bien aimé le contre-pied que prend le héros , c'est original comme point de vue , surtout que comme il le dit si bien , pour nous expatriés , la pauvreté n'est que provisoire.
Apprécié également , le changement des couleurs qui suit l'évolution psychologique du héros.
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Non seulement ce récit est bien écrit mais le dessin sobre dans un style proche des mangas densifie encore l'album. [..] Autant de sens à la fois graphique et scénaristique est rare pour être souligné, d'autant qu'il participe pleinement au plaisir de lecture. Encore une belle pépite sous ce label.
Lire la critique sur le site : Auracan
J'ose pas lui demander combien il a payé ça, ce con va me dire que le bonheur n'a pas de prix.
Une chose n'a pas une valeur parce qu'elle coûte, comme on le suppose, mais elle coûte parce qu'elle a une valeur.
Je contribue à l'idée que les chinois se font de nous, j'ai du fric et je le dépense.