J'aime l'art. Je vais souvent voir des expositions, de grands maîtres, comme de peintres amateurs. Je peins. Je lis des revues d'art et j'ai de nombreux livres d'artistes dans ma bibliothèque. J'ai plus d'une centaine de tableaux chez moi, achetés lors d'expositions.
Convaincue que l'art est source de bien être, je me suis également intéressée à l'art thérapie grâce à une universitaire,
Corinne Baujard, avec qui j'ai été en contact dans le cadre de mon travail. Elle m'avait invitée à participer à un ouvrage collectif qu'elle initiait avec d'autres universitaires, intitulé « L'Art peut-il nous sauver ? ». J'étais assez partante et je me suis lancée dans de nombreuses lectures, dont celle de «
L'art qui guérit » de
Pierre Lemarquis, auteur de la préface de « Méditer avec l'Art ». Mais ne me sentant pas trop légitime à côté de ces chercheurs, je n'ai pas persévéré. Mais c'était vraiment intéressant.
Pour cette masse critique, j'ai sélectionné parmi plusieurs le livre de
Marjan Abadie. Celui que j'aurais aimé recevoir était « La Folie des Chats », dont j'avais entendu parlé quelques jours auparavant dans une émission de télévision.
Bien sûr, j'ai été ravie de recevoir « Méditer avec l'Art », ce livre prônant comment aborder et découvrir une oeuvre d'art d'une autre façon, « d'établir un lien personnel, intime et direct avec l'oeuvre. »
Avant la réception du livre, j'ai voulu en savoir plus sur cette expérience, dite unique. Je ne suis pas du tout réceptive à la méditation. Jeune, j'ai essayé le yoga, la méditation transcendantale, très à la mode dans les années 70. Mais ce n'était pas pour moi.
Quand je l'ai eu entre les mains, j'étais pleine de bonne volonté pour pratiquer la méditation en suivant à la lettre les indications afin d'entrer en immersion en pleine conscience dans les oeuvres proposées, me convainquant que je pourrais y arriver.
Le livre est divisé en plusieurs chapitres présentant chacun une oeuvre d'art exceptionnelle. le choix est très varié : tableaux de différentes périodes, des sculptures (de la Préhistoire à l'époque contemporaine), des photographies
Eh bien non, je n'ai pas réussi. Après des essais avec les trois premières oeuvres, j'ai fait des recherches complémentaires sur internet. Je suis tombée sur un podcast « Et si on méditait dans les musées ? » décrivant le Mindful Art Experience.
Marjan Abadie réunissait une dizaine de personnes, au musée
Gustave Moreau, assises autour d'une oeuvre de l'artiste, « Jupiter et Sémélé ». le dos bien droit, l'auditoire ferme les yeux en portant leur attention sur leur respiration.
« A chaque fois que votre attention va papillonner ailleurs, ramenez simplement votre attention vers les sensations de votre respiration. Tout doucement, laissez vos yeux s'ouvrir sur les yeux du personnage central dont la tête est auréolée de rouge. A votre avis quelle pourrait être le grain de sa peau ? »
La journaliste du podcast enchaîne : Alors on plonge dans le regard bleu hypnotique du personnage principal – sans doute une femme – dont la peau pourrait être veloutée.
Cette femme ornée de bijoux parait inquiète. On tente d'imaginer qui elle pourrait être, ce qu'elle pense. Dans sa toile,
Gustave Moreau représente Sémélé, une jeune princesse mortelle ici anéantie par la vision de son amant Jupiter qui s'est métamorphosé. Cette approche permet de relier l'esprit et le corps qui accueille toutes nos émotions. Une fois les yeux fermés, c'est comme dans une chambre noire, les images du tableau se révèlent comme des photos. Étonnant ! On a eu la sensation de tisser un lien intime avec l'oeuvre.
Ce commentaire m'a confirmé que je ne pouvais pas entrer dans cette expérience. Ce que je n'ai pas aimé, en fait, c'est qu'elle suggère que le personnage principal est une femme, alors que c'est Jupiter, et non Sémélé.
Si on fausse l'interprétation d'une oeuvre, celle-ci en particulier que par ailleurs, je connais depuis longtemps, je ne vois pas comment on peut y entrer, même si on doit faire abstraction de notre connaissance pour aller vers une connaissance plus émotionnelle et intuitive.
Avant de continuer avec les oeuvres suivantes du livre, j'ai encore essayé la méditation avec Christophe André, avec des exercices simples.
Désolée, mais je n'y arrive pas.
En définitive, je n'ai pas besoin de passer par la méditation pour être émue par une oeuvre. Depuis l'âge de 10 ans, je suis fascinée par les oeuvres de Modigliani que je vais admirer dès qu'il y a une exposition. J'admire de nombreux artistes, mais c'est celui qui me donne systématiquement la chair de poule et que les larmes me viennent aux yeux quand je suis devant ses portraits.
L'avis que j'ai sur cet ouvrage est tout à fait personnel, bien sûr. Peut-être cela marchera avec une autre personnalité. Une amie, familière de la méditation, est intéressée pour faire l'expérience. Ce sera très intéressant de comparer nos sensibilités.
Par ailleurs, l'emploi de l'écriture inclusive m'a fortement déplu.