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3,81

sur 753 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un vrai coup de coeur pour cette plongée dans l'histoire de la libraire algéroise « les vraies richesses » crée par Edmond Charlot en 1936 et fréquentée par nul autre qu'Albert Camus. Cependant, on est en 2017 et malheureusement, un jeune homme est chargé de vider les livres de cette bibliothèque ce qui l'amènera sur le chemin de la littérature.
J'ai vraiment adoré ce livre car pour une fois, le personnage principal est une librairie qu'on doit sauver, car comme son fondateur la décrit : c'est une bibliothèque, une librairie, une maison d'édition, mais avant tout c'est un lieu pour les amis qui aiment la littérature et la Méditerranée.
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Vous ne connaissez pas Edmond Charlot ? Moi non plus, avant la lecture de ce roman. Nos richesses est un livre pour les amateurs de livres et de librairies, puisqu'il raconte la création, avant la 2ème guerre mondiale (et donc dans l'Algérie coloniale), d'une librairie, bibliothèque et maison d'édition algéroise, puis de son démantèlement, de nos jours.
Trois types de chapitres alternent, l'histoire de Ryad, en stage à Alger en 2017, qui a juste envie de faire son boulot et de partir au plus vite, l'histoire de la librairie et de son créateur et un journal (imaginaire) d'Edmond Charlot, avec ses espoirs, ses craintes, ses rêves, ses déceptions.
C'est intéressant au niveau historique, mais c'est surtout une belle histoire d'amitié et d'amour des mots formidablement racontée. Et le dernier chapitre est superbement émouvant...
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J'ai lu avec un très grand plaisir le roman de Kaouther Adimi: Nos richesses. paru il y a moins d'une semaine aux Editions du Seuil et je me suis réjouis de le lire maintenant, après mon voyage en Algérie et à Alger l'an dernier car l'auteur évoque dés le début de son récit le centre d'Alger que j'ai parcouru.
L'histoire commence par l'évocation émouvante d'Abdallah que l'administration a chargé quelques années auparavant de garder un petit local situé au 2 de l'ex rue Charasse qui en son temps fut la librairie créée par Edmond Charlot "Aux vraies richesses" et qui devint ensuite après l'indépendance et le départ de l'éditeur une annexe de la Faculté des Lettres. Abdallah qui n'avait pas été à l'école veillait sur ce lieu très peu fréquenté et voilà que l'administration, a son grand désespoir, a décidé de vendre ce local qui va désormais abriter un marchand de beignets.
Le livre est une alternance de chapitre, les uns consacrés à l'activité d'Edmond Charlot et de ses amis avec la création de cette librairie ,maison d'édition et de chapitres consacrés au présent de ce local, c'est à dire a sa transformation en commerce de beignets.
Un jeune algérien, Ryad, qui fait ses études en France s'est engagé en guise de stage a vider la librairie de tous ses livres et a repeindre le local en blanc pour qu'il abrite ensuite le marchand de beignet et Riyad va faire face a Abdallah.
IL y a donc dans ce roman l'évocation de cette jeunesse pleine d'énergie, de projets, de goût pour la littérature qui côtoie tous les grands noms de cette époque: Gide, Saint Exupery, Vercors, Jules Roy, Emmanuel Robles, d'autres encore et bien sûr Camus a ses débuts et jusqu'à a sa mort en 1960.
Le journal (fictif) d'Edmond Charlot nous fait aussi revivre la période de la guerre, les attentats de l'OAS contre sa librairie.
Le roman par quelques touches significatives nous montre aussi l'Algérie d'aujourd'hui.
Au total un très beau texte et je ne résiste pas a reproduire,ici, la dernière page émouvante.; et sous ce lien vous pouvez entendre la romancière parler de son livre qui est un agréable mélange de fiction et d'histoire et vous lirez aussi une excellente critique de ce roman.

ALGER , 2017


"Vous irez aux Vraies richesses, n'est-ce pas? Vous prendrez les ruelles en pentes, les descendrez ou les monterez. Vous vous abriterez du soleil qui tape fort. Vous éviterez la rue Didouche Mourad, si pleine de monde, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d'histoires, a quelques pas d'un pont que se partagent suicidés et amoureux.
Vous vous arrêterez a la terrasse d'un café et vous n'hésiterez pas a vous y installer pour discuter avec les uns et les autres.On vous écoutera avec attention. Ici, nous ne faisons pas de différence entre ceux que nous connaissons et ceux que nous venons de rencontrer. et on vous accompagnera dans vos ballades. Vous ne serez plus seul. Vous grimperez les rues, pousserez les lourdes portes en bois, imaginerez ces hommes et ces femmes qui ont tenté de construire ou de détruire cette terre. Vous vous sentirez accablé. Et le bleu au dessus de vos têtes vous donnera le tournis. Vous vous dépêcherez , le coeur battant, vous irez rue Charras qui ne s'appelle plus comme ça et vous chercherez le 2 bis. Vous ne ferez pas attention à la Renault grise garée sur le côté. Ceux qui sont à l'intérieur n'ont aucun pouvoir. Vous vous retrouverez devant l'ancienne librairie des Vraies richesses dont j'ai imaginé la fermeture mais qui est toujours là. Vous essaierez de pousser la porte vitrée. Elle sera fermée. le voisin qui gère un restaurant,juste a côté, vous dira :" Il est parti déjeuner,il a bien le droit de manger lui aussi! Mais ne partez pas, patientez,il va revenir. Tenez je vous offre une limonade."
Vous attendrez le gardien des lieux, assis sur la marche, a côté de la plante. Il se dépêchera lorsqu'il vous apercevra. Vous pénétrerez dans ce petit local qui fut le point de départ de tant d'histoires. Vous lèverez la tête pour voir le grand portrait de Charlot qui sourit, derrière ses lunettes noires. Oh, pas d'un grand sourire, c'est plutôt l'air de dire: "Bienvenue, entrez, prenez ce qui vous plaît." Vous penserez aux mots de Jules Roy dans ses Mémoires barbares: " de cette aventure, dont nous ne savions pas que nous la vivions, il reste pour moi une sorte de mirage. Charlot fut un peu notre créateur à tous, tout au moins notre médecin accoucheur. Il nous a inventés( peut être même Camus),engendrés, façonnés, cajolés, réprimandés parfois, encouragés toujours, complimentés au delà de ce que nous valions, frottés les uns aux autres, lissés, polis, soutenus, redressés, nourris souvent, élevés, inspirés....
Pour aucun d'entre nous, jamais un mot qui aurait pu laisser entendre que notre génie n'était pas seulement l'avenir de l'Algérie et de la France mais celui de la littérature mondiale. Nous étions les poètes les plus grands, les espoirs les plus fantastiques, nous marchions vers un avenir de légende, nous allions conférer la gloire a notre terre natale.... Nous fûmes son rêve. C'est là que le sort le trompa ,injustement, comme se lève une tempête sur une mer calme. A la bourrasque il tint tête tant qu'il put. Je ne l'entendis jamais protester contre l'injustice ni maudire l'infortune qui l'accablait. Par moments,il m'arrive de me demander si nous avons été assez dignes de lui."

Un jour, vous viendrez au 2 bis Rue Hamani, n'est-ce pas?"

Je regrette de ne pas avoir lu ce livre, non publié à l'époque, avant de revoir Alger. Oui,la prochaine fois j'irai voir le 2 bis de la Rue Hamani.
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Ce livre est un hommage à la littérature, aux écrivains, au métier d'éditeur,, aux lecteurs, aux non lecteurs , à l'amour des livres et à l'Algérie.
Edmond Charlot, éditeur, a livré un combat incessant pour aider les écrivains des années 30 aux années 60 à être lus, découverts, connus...tels Camus et bien d'autres. Et c'est d'une plume très agréable que Kaouther Adimi nous amène à la découverte de ce passionnant monsieur Charlot
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48 ADIMI Kaouther Nos richesses lu par Jean-Paul Bordes 4*
Au moment où on commémore le massacre des algériens à Paris en 1961, je suis tombée par hasard sur cet audio-livre qui raconte la création d'une petite librairie à Alger vers 1930, on y rencontre un passionné de littérature, Edmond Charlot. J'apprends que le libraire est en contact avec de grands écrivains, Camus, Gide, Giono… J'ai partagé sa volonté de dépasser les aléas matériels, les choix entre famille et passion. Alger est très bien décrite à travers les gens, les évènements, les guerres jusqu'en 2017. Il y a des moments intenses et l'écriture s'adapte avec finesse aux chapitres heureux, tristes ou violents. Belle écoute grâce à Jean-Paul Bordes. Les prix obtenus sont bien mérités.
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J'avais écouté « la librairie francophone »  au moment de la sortie du livre, émission dans laquelle Kaouter Adimi était invitée. le sujet m'avait bien intéressé et j'avais dans l'idée qu'il s'agissait d'un livre plaisant poétique tout en relatant l'histoire dramatique de d'Algérie et des algériens...et trouvé chez Emmaus, quelle aubaine ! Je ne me suis attachée à aucun personnage mais je pressens que ce n'est pas le sujet du livre... plutôt encore plus attachée aux livres et à la liberté d'écrire, d'éditer, de vendre et de lire... un beau livre évoquant des sujets profonds mine de rien
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Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas fait aussi plaisir, en abordant un sujet difficile, l'indépendance de l'Algérie, à travers le destin d'une librairie, "Les vraies richesses" et de son fondateur principal, Edmond Charlot. Une chronique qui se déroule dans le temps et qui entremêle le passé d'Edmond et de sa bande (Camus, Giono, Bosco, Soupault... excusez-du peu) et le présent du jeune Ryad qui est chargé de détruire ce que les autres ont façonné leur vie durant. On n'oublie pas Abdallah, le personnage chargé de garder la librairie devenue bibliothèque et qui porte sur lui un drap blanc, son linceul. Les livres, les mots, les beignets, Alger, Paris, l'entraide, l'hypocrisie, la jalousie. Vous n'aurez que l'embarras du choix. Une belle écriture fluide. Je conseille vivement.
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vient de paraître en collection POINTS.
j'ai dévoré ce livre en une nuit, presque...

C'est une page d'histoire contemporaine.
le style donne du relief à la l'écriture en alternant un coté un peu romanesque et ce qui est un journal personnel, mais pourraient être aussi des articles de journaux.

J'ai un peu connu cette ville il y a 35 ans env, je l'ai aimée, je l'ai peu retrouvée, le temps à fait son oeuvre.
Je deviens hors sujet, preuve que le livre est chargé de vie.

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L'auteur nous fait vivre l'aventure de la librairie créée par Edmond CHARLOT en 1936 rue Charras à ALGER jusqu'en 2017, date de sa fermeture. le roman est construit sur trois récits distincts : l'histoire de l'Algérie Française, de 1930 à l'Indépendance, les carnets de Edmond Charlot sur la même période et la fermeture de la librairie en 2017.
Tout au long des pages ce sont la passion et l'obstination d'Edmond Charlot qui habitent le roman. On se prend immanquablement d'affection pour ce petit éditeur d'Alger visionnaire qui a permis à plusieurs grands noms de la littérature d'émerger mais dont l'idéalisme n'a pas résisté à la concurrence féroce des grosses maisons parisiennes. Malgré un contexte souvent violent c'est définitivement la douceur et la bienveillance qui dominent le récit, les coups bas et affrontements étant toujours pudiquement relégués aux marges du texte.
C'est donc tout naturellement qu'en dépit d'une fin plutôt sombre, on referme ce livre avec la conscience aiguë qu'il nous faut plus que jamais protéger et faire circuler les livres mais aussi avec l'optimisme de penser que ce partage peut encore être reçu comme un cadeau précieux.
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Une histoire vraie romancée par cette jeune auteure algérienne qui vit à Paris. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le personnage d'Edmond Charlot, qui créa à Alger en 1935, dans un petit local bien modeste, une bibliothèque publique qui fut surtout un lieu de rencontre pour tous les amateurs de littérature, qu'il baptisa « Les vraies richesses » en référence à Giono.
En permanence confronté à des problèmes d'argent mais aussi de livraison de papier, Edmond Charlot réussit à force de persévérance à faire éditer quelques grands écrivains comme Camus, Saint Exupéry, Gide, Vercors. Son carnet (fictif) nous en fait rencontrer bien d'autres encore et nous font partager le quotidien d'un passionné de l'édition.
En toile de fond, la guerre de 40, qui vit tant d'Algériens combattre pour la France sans en recevoir une quelconque reconnaissance, bien au contraire. La « guerre d'Algérie » aussi, avec les dérapages de la police parisienne et les cadavres jetés dans la Seine. Tout ceci est raconté sobrement, « en passant », le coeur du récit restant toujours l'amour du livre.
La fin de l'histoire, inventée celle-là, voit le rachat du 2bis de l'ex rue Charras où l'on vendra désormais des beignets. Nostalgie ou preuve que notre monde se dégrade ?

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