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sur 753 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire du premier éditeur de Camus et bien d'autres, et de sa librairie algéroise, des années 1930 à nos jours.
Le temps qui passe, les relations entre la France et l'Algérie, un gardien des livres qui verra la librairie se transformer ce local abandonné en gargotte de restauration rapide se retrouvent dans ce petit livre nostalgique.
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On découvre dans ce roman l'histoire d'Edmond Charlot qui avait un rêve. Il avait à peine 20 ans en 1935 mais il voulait ouvrir une librairie à Alger. Il souhaitait que ce lieu convivial soit un hommage aux livres, aux auteurs, aux amoureux de la littérature. Il deviendra éditeur et publiera le premier texte d'un nouvel auteur très prometteur, Albert Camus. On suit les aventures et les déconvenues de cet autodidacte de l'édition, qui devra abandonner son projet au début des années soixante.
Puis en 2007, Ryad entre en scène. Etranger à cette riche histoire, on lui a donné une mission : vider une ancienne librairie d'Alger pour qu'elle devienne un magasin de beignets… Il se heurte à Abdallah, gardien de ce lieu, qui va lui compter la richesse de ce lieu qui existe depuis des décennies. Petit à petit, on assiste à la transformation de ce jeune homme, qui « a [alors] la tête remplie des histoires racontées par Abdallah, ces histoires trop lourdes qui font la grande Histoire et dont il ne sait que penser. »

A travers les différents flash-backs, on apprend du passé de cette librairie. Cela nourrit le récit et permet de se plonger dans l'histoire d'un pays hors normes, coincé entre passé et présent.
Ce fut un petit coup de coeur, autant pour la redécouverte d'Alger que pour cette belle histoire de livres. L'auteur nous embarque dans cet hommage à la littérature, ainsi que dans les vicissitudes de l'Algérie.
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A l'heure où j'écris mon avis, j'écoute la chanson "Alger Alger" de Lili Boniche.

J'ai lu Papicha de Kaouther Adimi, il y a un an. Contrairement à certains je ne l'ai pas trouvé épatant. Je m'attendais à autre chose d'après ses multiples passages sur les plateaux télé.

C'est avec une réticence franche que j'ai décidé de lire son roman "Nos richesses" parce que je me dis qu'un écrivain mérite toujours une deuxième voire une troisième chance et le juger en me basant sur un seul ouvrage n'est pas digne d'une personne qui se veut lectrice sans préjugés.

Le livre s'ouvre sur une invitation à circuler dans Alger la sinueuse : pour "tomber" sur la bonne adresse, il fallait déambuler dans les ruelles de la capitale et aimer se perdre dedans. le passage est très authentique. L'écrivaine le décrit fidèlement au point où je l'ai relu à mon papa pour lui suggérer de le faire prochainement. Maintenant que j'ai terminé le livre, je veux vraiment aller très prochainement sur les lieux.

Dès votre arrivée à Alger, il vous faudra prendre les rues en pente, les monter puis les descendre. Vous tomberez sur Didouche-Mourad, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d'histoires, à quelques pas d'un pont que se partagent suicidés et amoureux.

Sur la photo ci-dessus, j'ai voulu schématiser le travail de l'écrivaine : Une librairie qui existe réellement. Un personnage qui a marqué son temps mais n'est pas connu de tous. Un journal intime imaginé par l'auteure pour étoffer son travail.

"Nos richesses" a tout d'un chef-d'oeuvre parce qu'Adimi rend un double hommage : à la littérature et à Edmond Charlot en passant du fictif au réel avec aisance. J'ai cessé de croire que le journal intime est une invention quand je me suis retrouvée à un moment donné en harmonie avec les péripéties des deux personnages qui évoluent dans deux époques différentes.

Tu sais comment nous sommes, nous ne nous rendons compte de nos richesses qu'une fois que nous les perdons ! le nouveau propriétaire compte transformer le local en restaurant. Il va y vendre des beignets.

Ce livre tangue entre le passé et le présent. Dans les années trente, nous rencontrons Mr Charlot, cet amoureux , comme nous, des livres, des mots, de littératures et du monde de l'édition.On parle de Camus, de Gide , de Saint-Exupéry que Charlot a côtoyé.

Le présent est plutôt décevant quand on croise ce jeune Ryad venu de Paris pour s'occuper de la libraire-esprit de Charlot : il ne s'intéresse pas aux livres. Sa mission consiste à repeindre les lieux. La présence de Monsieur Abdallah et ses répliques nous consolent et nous vengent (nous font rire aussi)

… Tu aimes lire ?

– Non… Tu sais, les livres et moi…– Les livres et toi, quoi ?– On ne s'aime pas beaucoup.– Les livres aiment tout le monde, petit crétin

Années 30, en Algérie, sur le plan historique est la période des petites révoltes qui naissent , de cette envie de se soulever contre le colonisateur. Kaouther Adimi évoque cette période avec finesse parce que ,je pense, que son but premier est de composer une belle symphonie pour chanter les louanges de la littérature.

Je n'ai jamais dissocié la librairie et les éditions. Jamais. Pour moi, c'est la même chose. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse être éditeur si on n'a pas été ou si on n'est pas libraire à la fois.

J'ai parlé des grandes lignes du livre et je vous invite à le lire pour revivre les moments très émouvants d'un amoureux des Lettres et aussi pour apprécier une écriture riche et enrichissante; bien maîtrisée. Je suis surprise et très satisfaite de ma lecture.

Kaouther Adimi se lance un véritable challenge: elle doit vraiment se surpasser dans ses prochains romans.

"Nos richesses" lève la barre haut!

Un jour viendra où les pierres elles-mêmes crieront pour la plus grande injustice qui est faite aux hommes de ce pays...

J'ai lu ce livre dans le cadre du Bookspirit Summer Challenge organisé par Bookspirit et aussi pour mon défi DZ Book Challenge Edition 2019
Lien : https://monboudoirdelivres.b..
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Connaissez-vous les éditions Charlot, fondées par M. Edmond Charlot en 1936 ? Moi non plus, avant de lire Nos richesses. Et pourtant, quel pan important de la littérature ! Cet homme publie les débuts de Camus, Roblès, Max-Pol Fouchet et d'autres, il fait vivre la littérature tout au long de sa vie, malgré les aléas. Il commence son oeuvre à Alger, puis ouvre une succursale à Paris, et édite, imprime, découvre et fait découvrir par temps fastes comme par temps de guerre. Cet homme dévoué aux livres surmonte les accusations, un coup résistant, un coup fasciste, et poursuit son rêves des mots et des idées. Ce livre, raconte sa vie. Un beau livre, qui nous plonge dans le monde de l'édition, et nous rappelle combien il nous reste encore d'auteurs à découvrir.
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« Les vrais richesses » c'est le rêve d'un homme qui voulait créer un lieu de rencontre, d'amitié et d'échange. C'est un hommage à Giono, et un désir de littérature. Un tremplin pour une jeune génération d'écrivain-e-s.

C'est aussi une ancienne annexe de la bibliothèque Nationale d'Alger qu'il faut « débarrasser » de ces livres pour y vendre des beignets.

Le livre alterne présent et passé, dans un récit bref qui nous narre l'aventure, car il s'agit bien de cela, d'un jeune homme de 21 ans dans l'Alger des années 30 qui ouvre une librairie : Edmond Charlot. Celui qui fut le premier éditeur d'Albert Camus est plein d'un enthousiasme débordant, et d'une joie communicative. Son faux journal alterne avec le récit d'aujourd'hui, où l'on suit Ryad, venu de France pour débarrasser cette ancienne librairie, devenue annexe de la Bibliothèque Nationale d'Alger, puis vendu à un commerçant qui y vendra des beignets, de tout ce qu'elle contient. Sous l'oeil inquisiteur de l'ancien bibliothécaire, et sous celui indifférent d'Edmond Charlot, dans son cadre accroché au mur.

La langue est inventive, souvent pleine d'humour et de fantaisie. On suit avec grand plaisir le chemin parcourut par cet éditeur aussi passionnant que passionné, subissant les aléas de l'histoire qui, en Algérie, prit de nombreuse fois une tournure tragique.

L'auteur nous raconte aussi l'Algérie, l'histoire de ce pays et de ses ressortissants, se référant à des dates marquantes comme sétif, ou les nuits sombres de 1961 où la police de Papon jetait des algériens dans la Seine. Et bien sur, c'est la grande histoire qui percute la petite et la bouleverse.

Kaouther Adimi rend un hommage émouvant à la littérature, à ceux et celles qui l'a font, la défende, dans sa diversité et ses multiples voix.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Où je découvre Edmond Charlot qui a le projet pas si utopique d'ouvrir une librairie et d'éditer de jeunes romanciers comme Camus ou Giono, en Algérie, dans les années 30. C'est le thème de Nos richesses, un roman qui se base sur la vie du célèbre éditeur. C'est à travers ses carnets que nous suivons ses premiers pas de libraire, ses coups de coeur pour des textes, des auteurs et sa volonté de contribuer à l'enrichissement de la culture et des lettres françaises.
Charlot va se heurter à de nombreux obstacles, notamment pendant les différents conflits dans lesquels la France est engagée.
Plusieurs décennies plus tard, la librairie est devenue bibliothèque et le local est racheté pour devenir un magasin qui va vendre … des beignets. Abdallah, qui veille sur le local, voit arriver Ryad. le jeune homme est chargé de vider et nettoyer les lieux.
L'auteur nous entraîne tour à tour dans les pas de Charlot, puis dans ceux de Ryad. Elle devient aussi narrateur parfois et avec un « nous » qui la positionne en témoin de l'histoire de l'Algérie ou des algériens ; le récit de la rafle de 1961 est en ce sens saisissant, on est happé par le style, l'énumération, l'absence de verbes qui nous entraînent dans la violence de la ratonnade.
Je reste néanmoins un peu sur ma « faim ». Si l'on apprend de nombreuses choses sur l'Histoire et l'histoire de l'édition, j'aurais bien aimé aussi en apprendre davantage sur Abdallah, sur Ryad et sa rencontre avec un univers de livres, lui qui n'aime pas lire. J'ai parfois eu l'impression qu'il ne s'agissait pas vraiment d'un roman et que le projet l'emportait sur les personnages, la grande Histoire sur celle plus singulière. Il manque un petit quelque chose pour que l'on adhère vraiment.
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Nos richesses raconte l'histoire d'une librairie fondée en 1936 à Alger par Edmond Charlot. Cet homme était à la fois libraire, éditeur, bibliothécaire et galeriste. Il avait démarré sa carrière à l'âge de 20 ans en ouvrant une minuscule librairie dans une rue d'Alger. Il avait nommé le lieu "Les vraies richesses", reprenant, avec son accord, le titre d'un texte de Jean Giono.

L'auteure, Kaouther Adimi, est passée un jour par hasard devant "les vraies richesses". La librairie n'existe plus mais la romancière a été intriguée par la plaque commémorative apposée sur la façade du local. L'idée lui est venue de faire des recherches sur la librairie, puis d'écrire un roman. Elle nous propose le journal imaginaire de Charlot en alternance avec une fiction dans laquelle elle imagine la fermeture des lieux, après la période transitoire où la librairie a servi de refuge à une antenne de la bibliothèque de la ville. C'est à un jeune homme, Riad, qu'elle confie dans son histoire, la tâche délicate de vider les lieux. Délicate parce que l'ancien bibliothécaire ne l'entend pas de cette oreille.

J'ai trouvé intéressant de découvrir la vie d'Edmond Charlot, dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici. Cet homme passionné et passionnant a été un véritable découvreur de talents (Camus, Roblès, Sénac...). Il a même rivalisé à une époque avec les grands éditeurs parisiens. Malheureusement, des difficultés financières et sans doute des erreurs de gestion l'ont empêché de réaliser pleinement ses rêves

Je trouve des qualités à ce roman bien qu'il ne m'ait pas totalement emportée, je l'avoue. Il lui manque un souffle romanesque qui tient peut-être au format choisi à savoir le journal imaginaire. Je suis restée un peu sur ma faim, ce qui ne m'empêche pas de le conseiller malgré tout. Ne serait-ce que pour découvrir l'histoire fabuleuse de cette librairie et de son créateur, dans une Algérie au contexte historique mouvementé (1936 à nos jours).

Des bémols mais un roman à découvrir toutefois.
Lien : http://www.sylire.com/2017/1..
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Gallimard, le patronyme claque comme un étendard. Mais CHARLOT, crédible pour tenir boutique de libraire, d'éditeur et de bibliothèque de prêt dans un minuscule local d'Alger dans les années 1930, Les Vraies richesses, avec l'ambition d'éditer les écrivains de la Méditerranée ? C'est pourtant lui qui publiera le premier texte d'un inconnu, Albert Camus, L'envers et l'endroit - et en 1939 le fameux recueil Noces - mais aussi Jules Roy, Max-Pol Fouchet, Albert Cossery, Emmanuel Roblès, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine et tant d'autres de langues française et arabe, pour finir par s'imposer comme un personnage incontournable de la littérature française.

Par le procédé (voyant ?) d'une triple alternance de récits, le roman nous contera à travers les extraits des ses Carnets 1935-1961, apocryphes, sa passion des livres, le récit à la première personne de la création de la librairie et de son combat pour faire vivre sa maison d'édition. Qui se tisse à la grande Histoire, celle de l'Algérie, des massacres de Sétif à la révolution algérienne, style sec, plus impersonnel, à l'émotion contenue d'un rapport de police. Et enfin, d'une écriture plus alerte à travers dialogues et vie quotidienne du quartier d'Alger, le récit, une fiction, du démantèlement de la librairie mise en vente par le gouvernement pour servir de boutique de beignets.

Avec en filigrane une double mise en garde. Kaouther ADIMI utilise l'imaginaire pour rappeler nos tendances (irréversibles ?) de régression consumériste, nos cinémas se transformant en garage et nos librairies en pizzeria. La résistance doit s'organiser pour préserver les lieux d'esprit contre les forces de la répression et du totalitarisme : l'histoire nous apprend que, dans de spectaculaires autodafés, les dictatures détruisent les livres, dénoncés comme subversifs et trop libres pour l'ordre établi, ou traquant les lecteurs comme dans le film de Truffaut Fahrenheit 451.

Dans la lignée des grands écrivains de la francophonie, dont le Goncourt 2016 de la marocaine Leila Slimani, l'écrivaine née en Algérie honore notre langue à travers son roman Nos Richesses, une parabole - certes perfectible - fondée sur le personnage romanesque, mais bien réel, d'Edmond Charlot, habité par la passion du livre et de la transmission du savoir, dans sa librairie lilliputienne qui a abrité les grands auteurs de notre temps.
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Ma première lecture de 2024 - c'est un très beau roman, un très bel hommage
Pour les amoureux des livres et de l'histoire

Vous serez face à une inscription sur une vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Face à l'Histoire, la grande, celle qui a bouleversé le monde, mais aussi la petite, celle d'un homme, Edmond Charlot, qui en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les Vraies Richesses
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Une très beau roman pour les amoureux des livres. Kaouther Adimi avec une très belle langue et beaucoup de délicatesse rend hommage à l'éditeur Algérois Edmond Charlot et à la ville d'Alger.
L'histoire commence en 2017 avec Ryad, un jeune étudiant ingénieur qui décroche un étrange stage ouvrier à Alger. Ensuite l'auteure nous fait remonter le temps, à travers le journal de l'éditeur et ami de Camus. Elle revient sur l'histoire récente de l'Algérie: département français pendant la seconde guerre mondiale, la guerre d'l'indépendance et aujourd'hui. Il est aussi question de sa relation compliquée avec la France.
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