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Svetlana Alexievitch interroge des personnes qui ont vécu le passage de l'URSS à la Russie. Ils témoignent du bouleversement de leurs vies qui en est résulté. Les entretiens de la première partie de l'ouvrage datent des années 1990, ceux de la deuxième partie des années 2000. L'auteur s'efface derrière ses témoins et les laisse raconter, passant par les épisodes de la vie quotidienne, la famille, pour dire l'histoire.

Parmi les personnes interrogées, nombreuses sont celles qui regrettent la grande URSS. Les cadres du Parti ont perdu leur position, les personnes âgées ont perdu leur retraite et ceux-là disent qu'au moins avant on était fier d'être Soviétique, que l'URSS était une des deux grandes puissances mondiales. Les camps de travaux forcés, le goulag, sont évoqués mais ne ternissent pas la nostalgie. Pourtant d'autres n'ont pas oublié la réalité du totalitarisme :

"Quand mon grand-père était revenu d'un camp du Kazakhstan en 1956, c'était un sac d'os. On avait dû lui donner un accompagnateur tellement il était malade. Et elles n'ont dit à personne qu'il était leur mari, leur père. Elles avaient peur... Elles disaient que c'était un étranger, un vague parent. Il a vécu avec elles quelques mois, et puis elles l'ont mis à l'hôpital. Là, il s'est pendu. Maintenant, il faut... il faut que j'arrive à vivre avec ça, avec ce savoir."

Ce qui me frappe aussi c'est l'importance de la seconde guerre mondiale, la grande guerre patriotique, comme événement fondateur autour duquel toute une propagande a été montée. Pendant 45 ans on a éduqué les enfants en leur donnant comme modèle le sacrifice des soldats russes. Mourir pour la patrie était le sort le plus doux. Aujourd'hui ceux qui ont grandi dans ce système se sentent en complet décalage face aux préoccupations matérialistes de leurs propres enfants.

La deuxième partie témoigne aussi des violences inter-ethniques qui ont marqué la dislocation de l'URSS, dans les états baltes, en Asie centrale, la guerre civile en Tchétchénie. C'est donc un ouvrage très riche qui aborde de nombreux sujets forts intéressants. Cela se lit plutôt facilement du fait de ces nombreuses histoires personnelles dont les narrateurs nous font part de leurs sentiments face aux événements qui les ont touchés.

Une blague soviétique pour terminer :

"Il y a un portait de Staline au mur, un conférencier fait un exposé sur Staline, un choeur chante une chanson sur Staline, un artiste déclame un poème sur Staline... Qu'est-ce que c'est ? Une soirée consacrée au centenaire de la mort de Pouchkine !"
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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ce livre est à lire, absolument, si vous aimez la Russie, voulez comprendre l'âme russe, la détermination, la volonté et l'aveuglement d'un peuple maltraité, asservi mais fier.
Les entretiens effectués auprès de la population, des « vrais gens », livrent, là, l'Histoire telle qu'elle a été subie par le peuple.

Cela offre aussi la possibilité d'appréhender l'attachement à certains dirigeants entre géopolitique et géographie de cet immense territoire aux multiples ethnies.

Ce livre est dense, fourmille de données et il faut prendre son temps pour le lire, le décortiquer et l'analyser. Ce n'est pas un roman, c'est une bible de témoignages sur la Russie, l'Impériale, la Grande, l'URSS et la nouvelle.
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Ce n'est pas un roman, mais des récits de drames mis bout à bout. Leurs vies en Russie, leurs déceptions, leurs persévérance dans l'idéalisation et les atrocités de la guerre. Les atrocités toujours pareilles, peu importe de quel côté on se trouve.
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Alexievitch Svletana – "La fin de l'homme rouge, ou le temps du désenchantement, suivi de A propos d'une bataille perdue" – Actes Sud / Babel, 2016 (1ère publication en russe et en français en 2013) – traduit du russe par Sophie Benech – 676 p. (ISBN 978-2-330-06684-0)

Ce n'est pas un roman, mais un recueil de témoignages, collectés par l'auteur entre 1991 et 2001, principalement en Russie mais aussi dans d'autres pays de l'ancien empire soviétique.
Autre caractéristique : pratiquement tous les témoignages sont de source féminine, même lorsqu'il s'agit d'évoquer la destinée de tel ou tel homme, mais l'auteur ne précise pas s'il s'agit de sa part d'une volonté délibérée ou du simple fait qu'elle n'a pas réussi à faire causer des hommes.
Pour ma part, je dois aussi préciser que je porte sur ce livre l'oeil de quelqu'un qui a passé quelques années de sa jeunesse en ex-Allemagne de l'Est communiste, sous l'occupation soviétique, et qui y est retourné évidemment juste après la chute du mur de Berlin.

Quasiment tous les récits ici recueillis et publiés, télescopent à la fois la période stalinienne, la période de l'effondrement soviétique nommée "Perestroïka" mené par Mikhaïl Gorbatchev, puis la période d'avènement d'un capitalisme sauvage mafieux sous l'égide de Boris Eltsine.

Concernant la période stalinienne, deux strates se mélangent, mêlant étroitement les réalités du Goulag avec le "triomphe" sur les nazis lors de la Seconde Guerre Mondiale ainsi que les débuts de la conquête spatiale et le culte organisé autour de Gagarine.
Je puis témoigner combien ce triomphe sur les "nazis" (que le bon peuple assimilait à un triomphe sur "les allemands", éternels rivaux dans la domination de l'Europe Centrale depuis quelques siècles) était littéralement matraqué, ressassé, incorporé aux rites officiels... et aux programmes scolaires dès le plus jeune âge. La visite de grands monuments comme celui du Treptower Park de Berlin-Est était obligatoire pour tous les citoyens du bloc communiste (le magnifique guerrier soviétique sauvant un enfant allemand – "après avoir violé sa mère" ajoutait la vox populi teutonne à mi-voix).

Et ça marchait ! Dans l'imaginaire du brave citoyen soviétique de base, c'était – comme le montre cet ouvrage – LA grande épopée qui justifiait tous les massacres staliniens, avant et après la guerre.
Je suis retourné en Allemagne de l'Est après la chute du mur de Berlin : personne en Europe capitaliste n'évoque ni n'imagine l'humiliation et la stupeur que ressentirent les soldats soviétiques des troupes d'occupation dans les deux ou trois années qui furent nécessaires entre 1989 et 1992 environ pour les rapatrier en Russie : vers la fin, ils se trouvaient dans une situation matérielle si misérable qu'ils en venaient à brûler leurs propres meubles pour se chauffer ! J'ai photographié, avec une immense commisération, ces gradés soviétiques portant encore l'uniforme à l'étoile rouge, ignorant pour la plupart aussi bien l'allemand que l'anglais, errant parmi les symboles de ce qu'on leur avait appris être le pire capitalisme, depuis les grosses bagnoles jusqu'aux gigantesques pub à la gloire de coca-cola, remplaçant les slogans communistes.
Ce point n'est pas évoqué dans ce livre, qui relate cependant abondamment le sort similaire – et souvent bien plus terrifiant – que vécurent les citoyens russes qui s'étaient expatriés dans les pays qui composaient l'ancien empire rouge, comme par exemple l'Azerbaïdjan (Bakou), des citoyens russes "ordinaires" qui durent s'enfuir pour sauver leur vie.

Concernant le Goulag et la terreur stalinienne en général, les témoignages recueillis ici montrent que le communisme inventa un degré de plus dans la manière de terroriser la population. En effet, là où les nazis s'étaient "limités" (!!!) à une élimination physique systématique en massacrant des juifs, des tsiganes, des ecclésiastiques et des opposants en recourant à la Shoah par balle puis par gazage et crémation, les communistes se livrèrent à des massacres et pogroms tout aussi importants quantitativement (si ce n'est plus) mais y ajoutèrent la destruction psychique des individus : après quelques années de Goulag destructeur de l'individu par humiliation autant que par sévices, l'un ou l'autre des témoins cités dans ce livre eut "le droit et le plaisir" de se voir obligé de réintégrer son ancien emploi, travaillant chaque jour en face de celle ou celui qui l'avait dénoncé et ainsi expédié dans les camps...

Ceci étant, il est rigoureusement vrai que – dans tous les pays du bloc communiste – les livres (ainsi que les spectacles culturels comme le théâtre, à condition de rester bien dans la ligne) tenaient une place très importante, comme c'est souvent souligné ici. Malgré la censure extrêmement sévère et sourcilleuse, les gens accédaient tout de même aux grands classique de l'époque "bourgeoise" et même, phénomène tout à fait étrange – au roman le plus anticommuniste qui soit, intitulé "Le Don paisible", objet d'un véritable culte (voir recension).

Par ailleurs, comme tous les témoignages réunis ici en attestent, il est tout aussi vrai que dans tous les pays du bloc communiste, la population "ordinaire" (c'est-à-dire toutes celles et tous ceux qui n'appartenaient pas aux couches dirigeantes du parti communiste) vivait perpétuellement dans une pénurie complète des articles les plus élémentaires de la vie quotidienne, à commencer par la nourriture (pas grand chose à part le chou et les patates), mais ceci affectait aussi les vêtements (de très mauvaise qualité et souvent mal taillés, mal assemblés, j'ai longtemps conservé des pyjamas exemplaires de la production socialiste – et que dire des pitoyables collants féminins !), les articles de droguerie (se procurer un peu de savon ou de lessive – et quelle lessive ! – relevait de la gageure), les articles d'hygiène (le papier toilette ou les protections féminines disparaissaient des étalages pendant plusieurs semaines) etc etc.
Les gens perdaient ainsi des heures et des heures à faire la queue devant des magasins quasiment vides.
Au sujet de la pénurie systématiquement entretenue par le système communiste, une blague courait partout : "les communistes ont pris le pouvoir dans le Sahara, et deux ans plus tard, un communiqué informe la population que les usines d'état manquent de sable"...

Vint ensuite la "Perestroïka" menée par Gorbatchev, tant vantée dans les riches pays occidentaux par les ayatollahs de la (dés)information. Les témoignages réunis ici dégagent grosso modo deux attitudes.
D'une part l'enthousiasme de celles et ceux qui crurent pendant quelques temps à l'avènement de la démocratie et d'un capitalisme merveilleux ou d'un "socialisme à visage humain" (eh oui, les illusions du printemps de Prague de 1968 n'étaient pas encore dissipées, même en Allemagne de l'Est, il y eut des gens suffisamment naïfs pour prôner une "troisième voie" !) : il s'agissait le plus souvent des gens vivant dans les grandes villes et tout particulièrement à Moscou.
D'autre part la méfiance immédiate de celles et ceux – principalement dans les campagnes – qui souffrirent quasi immédiatement de l'effondrement de l'empire soviétique, parmi lesquels les russes vivant dans des pays devenus indépendants, victimes d'effroyables guerres civiles impitoyables : du jour au lendemain, les ex-voisins tout gentils deviennent des massacreurs, comme on le voit sous d'autres cieux, en lisant par exemple "Petit pays" de Gaël Faye ou en évoquant la décomposition de la Yougoslavie.

Cette période s'enchaîne avec l'avènement d'un capitalisme pour lequel l'adjectif "sauvage" s'avère nettement insuffisant. Quelques "oligarques" surent accaparer en quelques mois si ce n'est quelques jours la plupart des maigres richesses subsistant sur le cadavre du communisme : en général, il s'agissait des anciens dirigeants plus ou moins occultes du système communiste. Ces témoignages sur la Russie rejoignent sur ce point les romans écrits par Sofi Oksanen qui se déroulent en Estonie, comme par exemple "Les vaches de Staline"ou "Purge" (voir recensions).

Dans cette accumulation de témoignages, je constate cependant l'absence complète de deux thèmes majeurs.

Premier point : aussi sidérant que cela puisse paraître, la guerre du Vietnam-Cambodge (1955-1975) n'est jamais, jamais citée ! Dans aucun témoignage ! Plus de six milles officiers soviétiques furent pourtant directement présents sur le terrain, mais aussi et surtout, cette guerre contraignit l'URSS à fournir constamment un gigantesque effort militaro-industriel qui saignait les finances du pays quasiment à blanc, tout comme plus généralement la course aux armements visant à rivaliser avec les États-Unis et le bloc occidental.

Second point : bien avant la chute du régime soviétique, il était clair pour de nombreux observateurs indépendants (celles et ceux qui conservaient leur bon sens et ne se pliaient pas au diktat de l'intelligentsia de gauche) mais aussi pour les gens ayant – comme ce fut mon cas – vécu dans ces pays, que ces régimes étaient devenus des régimes de type mafieux. En Allemagne de l'Est, les plus téméraires employaient d'ailleurs l'expression "diese Mafia" pour désigner le parti communiste SED, je l'ai même entendu dans la bouche d'un véritable communiste grec réfugié là depuis des décennies, et les communistes chiliens firent rapidement le même constat.
Ce qui nous renvoie d'ailleurs au premier point cité, cette mafia s'étant cristallisée puis ayant proliféré surtout autour du complexe militaro-industriel mais aussi de l'appareil d'Etat de répression : Poutine en est l'illustration la plus aboutie. Je suis étonné qu'aucun des témoins n'ait abordé cet aspect.

Pour conclure : ce livre est important même pour des lecteurs français, car il ne faut jamais oublié combien le Parti Communiste Français pesa dans la vie politique de notre pays de l'après Seconde Guerre Mondiale jusque dans les années mille neuf cent quatre vingt, en soulignant que nous "bénéficiâmes" d'un parti communiste stalinien jusqu'à la moelle, constamment resté aux ordres de Moscou (les fameux "moscoutaires"), sans oublier qu'un Eluard composa une "si belle" ode au grand Joseph, Petit Père des Peuples... Pourtant, dès 1947, des millions de français avaient eu accès au témoignage "J'ai choisi la liberté" de Viktor Kravtchenko, et le procès retentissant de 1949 devant le Tribunal Correctionnel de la Seine permit à des rescapé-e-s comme Margarete Buber-Neumann de décrire l'enfer du Goulag...

Pendant plus de trente ans, il fut impossible dans notre doulce France si tant plein cartésienne et démocratique, de faire entendre un point de vue critique sur cette réalité soviétique que tant de gens pourtant connaissaient : une leçon à méditer ?
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Un ouvrage fascinant et complexe qui se développe autour d' une galerie de témoignages innombrables.
Sveltlana Aliexievitch recueille les histoires mais va aussi bien plus loin elle les assemblent, les met en scènes, les font se répondre, ses questions disparaissent. le résultat est labyrinthique, foisonnant, les identités des personnes qui vont témoigner ont tendance à s'effacer, au profit de leur propos qui en devient dès lors plus universel.
C'est un livre remarquable qui nous aide à la fois à comprendre les mutations, les évolutions et révolutions qui ont rythmé les 25/30 dernières années en Russie.
À lire et à conseiller à tous ceux qui souhaiterai découvrir cette auteure et mieux comprendre la Russie d' aujourd'hui.

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Ce livre est une somme, qui, en 550 pages, dit "tout" (ou en tout cas beaucoup) de l'URSS/la Russie depuis un siècle et de cette ahurissante transition. Rien de très neuf pour qui s'y intéresse, par contre, on est dans l' approfondissement à travers l'intimité du vécu des petites gens.. Svetlana Alexeïevitch continue avec sa technique habituelle, un micro, un stylo, des oreilles, et tout est scrupuleusement noté. L'intervieweuse, bien présente par les choix des histoires rapportées, s'efface totalement face aux récits de ses interlocuteurs.

Cette technique est à la fois la force et la faiblesse du livre, ouvrage journalistique et non pas littéraire. La force, car Svetlana Alexeïevitch a sélectionné ses histoires pour donner un survol historico- journalistique le plus complet possible. Et qu'elle y met une empathie du fait de sa proximité avec les personnes qui parlent, dans un respect absolu de leur discours. La faiblesse, c'est que justement ce respect l'a amenée à refuser d'élaguer, ou concentrer, au risque de noyer le lecteur dans la litanie et les redondances .
Cette démarche est le choix d'une femme pleine de compassion et proche de ses concitoyens, et si la lecture m'a parfois paru longuette, mon intérêt ne s'est pas démenti.

On palliera sans doute efficacement à ces inconvénients (si on les considère comme tels) en étalant sa lecture dans le temps.
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En citant quelques phrases réparties dans ce très bon livre, témoignage historique poignant et émouvant sur l'Union Soviétique et ses excès , on comprend mieux " l'âme russe ".....
Svetlana ALEXIEVTCH écrit : " ...la mystérieuse âme russe c'est juste une âme.....la Russie ne peut pas vivre sans le Christ....la recherche de la vérité divine régénère le peuple Russe....pour les russes le bonheur n'a jamais été lié à l'argent.....la Russie n'a pas besoin d'une démocratie,elle a besoin d'une monarchie....la Russie n'est pas seulement un grand pays c'est une civilisation à part.... en fait les russes ont une âme d'esclave.....le russe n'est pas rationnel ni mercantile,il peut vous donner sa dernière chemise mais parfois,il vous vole.....il est spontané,c'est un contemplatif plutôt qu'un actif,il est capable de se contenter de peu.......".
Un livre très intéréssant...
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Sur la couverture, l'homme rouge est une femme brandissant d'une main, le drapeau rouge avec la faucille et le marteau, ede l'autre un bouquet - rouge - bien sûr!

Le Désenchantement est double: désenchantement de la grande utopie communiste avec pour corollaire le goulag et le militarisme, et désenchantement de ceux qui ont cru au libéralisme, qui ont manifesté en 1991 au nom de la Liberté et ont perdu dans les privatisations les maigres économies, et sont restés sur le bord de la route tandis que d'autres s'enrichissait de manière insolente.

L'Homo sovieticus, était programmé pour la construction du socialisme dans la grande Union soviétique allant de la Baltique à Vladivostok cimentée par un patriotisme indéfectible..., vivant à la fois dans la croyance que l'homme est bon, et que tout travailleur est respectable tandis que la crainte des dénonciations étouffe les conversations dans les cuisines. Après 1991, il devient inadapté au capitalisme sauvage, aux privatisations, à l'enrichissement effréné et à la concurrence. La liberté, est-ce plus de saucisson? des jeans dans les magasins?


A travers une vingtaine de témoignages, de destins individuels et singuliers, on découvre une galerie personnages, du paysan qui se suicide en s'arrosant d'acétone, du héros de la guerre, de la fillette née au goulag, au maréchal de l'armée, du jeune juif donné pour mort dans la forêt près de Minsk qui rejoint les partisans et y est fort mal accueilli, du couple de Roméo et Juliette - arméniens et azerbaïdjanais - des Tadjiks, autrefois soviétiques, maintenant esclaves caucasiens soumis aux pogroms.... la mort d'une milicienne en Tchétchénie....

Il est beaucoup question d'amour, de solidarités familiales, de religion, de suicide et d'alcoolisme aussi. Une réalité complexe.

J'ai beaucoup aimé ce livre, j'en sors émue, mais perplexe : ne sachant que penser des deux réalités, la soviétique d'avant Eltsine, la Russie capitaliste de Poutine.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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J'ai entamé une gageure depuis quelques temps : essayer – je dis bien essayer - de comprendre l'âme russe et ce qui constituent les ressorts du peuple russe.
C'est dans cet état d'esprit que j'ai entrepris la lecture de « la fin de l'homme rouge ».

Ce n'est pas un roman, c'est plutôt un recueil d'interview, de chroniques qui nous font percer l'histoire russe à travers les témoignages de nombreuses personnes, hommes ou femmes, aux origines diverses, mais majoritairement russes. Certains ont vécus l'époque stalinienne, d'autres non.
L'usage de cette forme narrative est quelque peu déroutante au début, mais elle permet de reprendre son souffle et ses esprits après chaque témoignage : c'est dur, brut, violent et quelque fois aux limites du supportable.
On assiste à la chute du communisme et de ses idéaux. L'amour de la patrie a été trahi pour certains. Pour d'autres a soufflé le vent de la liberté. Mais de façon éphémère.
Que reste-t-il après cette révolution sans coup de feu ? L'argent roi, les jeans, chewing-gum et Mc Do.
C'est aussi la chute d'un empire. L'URSS. La perte des pays satellites qui rentrent en conflit et chassent les Russes. Ainsi sont abordés, sous un angle nouveau pour moi-autre que géopolitique, les conflits Azerbaïdjan-Arménie, Géorgie-Abkhazie.
Si on doit rechercher un dénominateur commun à toute cette suite d'évènements et de chroniques rapportées, je mentionnerais le goût du sacrifice. le sacrifice pouvant prendre plusieurs causes : la Russie, la patrie URSS, le communisme, le socialisme, le leader, le chef, le petit père du peuple : “Mener d'une main de fer l'humanité vers le bonheur”
Le poids de l'éducation reçue est considérable : le peuple est éduqué, “Fiers de nos livres”.

Mais aussi et surtout le sacrifice de soi : le recueil cite un grand nombre de cas de suicides, ceci à tous âges et à toutes époques.
La mort est omniprésente, elle est connue de tous et toutes. Des enfants surtout.
C'est peut-être le prix du romantisme.

C'est un peuple nourri de souffrance.
“Je n'en finis pas d'explorer les cercles de la souffrance” Svetlana Alexievitch

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Malgré une structure et un chapitrage pas vraiment compréhensibles, ce pavé est un choc à la lecture ; surtout en cette année 2022, où des parallèles faciles peuvent être tracés...

Comment expliquer le destin d'un peuple qui semble condamné à souffrir et à oublier, incapable de tirer les leçons d'un passé pas si lointain ?

Il n'était pas besoin de ces presque 700 pages pour être marqué par les témoignages, mais ça aurait été se priver de celui de la page 585, à propos de l'intervention en Tchétchénie, qui résonne d'une sinistre manière aujourd'hui : "Il y a quinze ans qu'il y a la guerre chez eux, et ils viennent se réfugier ici. Ils se répandent à travers toute la Russie... alors qu'en principe, la Russie est en guerre contre eux... On appelle ça une "opération spéciale", mais c'est quoi cette guerre ?"

Le temps est comme un cercle...
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