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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert ce livre en entendant Noémie Lvovsky lire le premier récit dans l'émission de radio Book club et je n'ai pas pu me détacher de ces témoignages autour des soldats russes envoyés en Afghanistan pendant une guerre de 10 ans, le livre est bouleversant d'humanité et on reste surtout imprégné de l'amour des mères pour leurs fils morts à 20 ans ou revenus détruits physiquement et moralement.
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« Les Cercueils de zinc » est un livre écrit par Svetlana Alexievich, une écrivaine biélorusse prix Nobel de littérature en 2015. Ce livre est connu sous le titre "Zinky Boys: Soviet Voices from the Afghanistan War" en anglais, basé sur les témoignages de vétérans de la guerre en Afghanistan, qui a eu lieu de 1979 à 1989.
A travers des monologues et des entretiens avec les soldats et les proches de soldats, "Les Cercueils de zinc" donne ainsi une voix aux personnes ordinaires touchées par la guerre et leurs souffrances individuelles, au milieu d'un conflit brutal et caché par les autorités.
La disparition d'un être proche, n'en est que plus terrible.
Svetlana Alexievich adopte une approche de journalisme littéraire et examine les répercussions psychologiques, émotionnelles et physiques de la guerre sur ces individus.
On en prend la mesure en se connectant émotionnellement à eux et en appréhendant les conséquences à long terme de toutes les guerres : sur la société et sur l'individu.

C'est une lecture qui m'a profondément ému, une façon de rester connecté à la triste actualité, au quotidien enduré par les soldats et leurs familles et de ne pas s'en détacher, en attendant des pourparlers de paix qui s'éternisent hélas.
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Vous voulez savoir comment c'est, la guerre ? Ne lisez pas des romans de guerre, lisez le livre de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015. Il fut publié pour la premiere fois dans l'URSS de 1989 mais il est malheureusement redevenu d'actualité du fait de la guerre en Ukraine. Des meres de soldats soviétiques morts au combat ainsi que des femmes et des hommes de l'armée soviétique ayant survécu a la guerre "de libération" de l'URSS en Afghanistan (1979-1989) témoignent et, pour ceux qui étaient des internationalistes enthousiastes, font part de la maniere dont cette guerre a entamé ou détruit leur foi en un idéal auquel ils adhéraient depuis l'enfance. A moins d'etre insensible, risquer sa vie et voir mourir des camarades autour de soi dans une guerre en terre étrangere alors que l'on n'y croit plus fait autant de dégats dans les coeurs et les esprits que dans les corps.

Les témoignages des meres et des épouses sont extraordinaires. Je ne suis plus d'age a facilement m'émouvoir mais mes larmes ont jailli parfois. Je me demandais alors ce qui me faisait pleurer et je m'apercevais que c'était la beauté, l'infinie beauté de l'amour des meres et des épouses pour leur enfant ou leur compagnon morts. Tout le monde devrait les lire, ces témoignages. Aujourd'hui en particulier lorsque, chaque jour, des jeunes meurent dans une guerre encore plus absurde que ne le fut celle de l'URSS en Afghanistan. Les Européens suivent la guerre en Ukraine dans les médias en applaudissant les soldats ukrainiens et en huant les soldats russes comme si la ligne de front partageait le monde en gentils et en méchants. On oublie que, des deux cotés, ceux qui meurent ont des meres, des épouses et des enfants qui les pleurent et qu'ils jadis ont été des petits enfants pleins de reves. On oublie que ce ne sont jamais les soldats qui décident de faire la guerre. On oublie que la guerre ne résoud jamais rien.
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Jeunes soldats amputés, aveugles ou psychologiquement dévastés, mères seules meurtries à qui on a arraché de jeunes fils, cet ouvrage bouleversant est un recueil de témoignages qui arrachent le coeur et interrogent sur l'absurdité de cette guerre en Afghanistan. C'est aussi l'âme russe, sa difficulté à pointer du doigt les vrais responsables en exaltant plutôt l'honneur militaire et la grandeur de la patrie même quand il s'agit d'aller se battre on ne sait où et on ne sait trop pour quoi. Un ouvrage à lire absolument et qui éclaire sur ce qui se passe encore aujourd'hui en Ukraine, confirmant que malgré l'horreur, l'histoire se répète.
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LES CERCUEILS DE ZINC de Svetlana Alexievitch

Ce sont des brefs témoignages signés, une mère, un soldat, une veuve, une employée, etc. des gens qui ont connu la guerre en Afghanistan de près ou de loin. Ils y tous perdu quelque chose : un fils, un mari, les jambes, la vue, leur santé, leurs illusions.

Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature en 2015
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Pas d'illusion, ce n'est pas un ouvrage sympathique, ni facile, mais il est capital et nécessaire. Svetlana Alexievitch – à qui l'on doit notamment « La fin de l'Homme rouge », cette fresque journalistique fabuleuse sur l'effondrement de la société et des rêves soviétiques – livre ici un ensemble de témoignages sur la guerre d'Afghanistan. Celle de l'URSS, de 1979 à 1989. Ce qui rend ce livre d'une pertinence inouïe, c'est la manière dont la pensée dissidente, la vérité des événements, la militarisation de la pensée est à l'oeuvre à cette époque en URSS, comme elle l'est actuellement en Russie. Pour comprendre comment l'opinion publique russe peut percevoir aujourd'hui la guerre livrée à l'Ukraine, il faut comprendre comment les campagnes militaires ont été orchestrées depuis 1945. Les cercueils de zinc est donc un exemple, une preuve, une trace mémorielle nécessaire pour envisager le présent.
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Excellent recueil de témoignages collectés et présentés de façon émouvante et sincère. Les derniers chapitres expliquent les répercussions judiciaires que la parution de cet ouvrages ont suscités. La machine à broyer les hommes veut aussi empêcher l'histoire de s'écrire à ses dépens. Oeuvre de salut public, particulièrement quand l'histoire bégaie en Ukraine.
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Après la lecture de” La Supplication : Tchernobyl” puis celle de “La fin de l'homme rouge” j'ai entrepris de lire “Les cercueils de zinc” dont la rédaction est à l'identique des précédentes : des retranscriptions de témoignages.

La guerre en Afghanistan pour laquelle des jeunes ont été enrôlés a duré 10 ans, de 1979 à 1989. Les premiers militaires sont partis avec l'idée de défendre l'Afghanistan communiste, pour reconstruire le pays et aider la population. Dans une URSS encore stable, ils étaient les héros qui allaient défendre la liberté, bien souvent poussés à s'engager par leur famille.

Les derniers revenus ont été considérés comme des envahisseurs et des criminels alors que leurs actes n'avaient pas changé sur place : tuer ou mourir, mais l'état politique du pays s'était délité ; la pérestroïka ne légitimait plus cette guerre, le communisme était près de tomber et reniait ses jeunes gens qui étaient partis sur ordre pourtant !

Svetlana Alexievitch a permis à ses jeunes hommes et femmes ainsi qu'à leur famille de retrouver une dignité, perdue pour des raisons politiques, pour des décisions et des justifications iniques. Des rescapés lui ont exprimé leur mal être, leur honte d'être des “afghanis”, leur incompréhension de cette trahison. Elle a écouté aussi leur famille et la douleur ressenti par le deuil ou par la chape d'oubli que l'ex-URSS voudrait sceller sur ceux qui n'avaient même pas droit au statut d'anciens combattants !

Elle a démonté le mythe que l'histoire soviétique voulait retenir, celle des guerriers libérateurs d'un pays, tout en refusant à ces mêmes guerriers le statut de héros !

Les témoignages sont toujours très difficiles à lire, la douleur, la violence, la haine et l'amour se partagent les sensations ressenties à travers les paroles et il m'a fallu pas mal de jours pour lire ce livre, d'autant plus en me rappelant les rares reportages qui nous parvenaient ! L'Afghanistan n'était qu'un terrain de jeu politique et qu'importe le prix humain qu'il a couté !!

Toujours décriée et condamnée, Svetlana Alexievitch est celle qui lève le voile du silence sur des faits dramatiques de son pays en allant auprès des premiers touchés !

Challenge Jeux en Folittérature XI
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En 2013, Svetlana Alexievitch déclare dans un entretien au Figaro : "très tôt, je me suis intéressée à ceux qui ne sont pas pris en compte par L Histoire. Ces gens qui se déplacent dans l'obscurité sans laisser de traces et à qui on ne demande rien"

Comment garder des traces de l'humain au tréfonds de l'obscurité ? Des traces de l'indicible dans le langage et la mémoire ? Ce livre est une tentative de réponse à ces questions. On y touche l'insoutenable absurdité de la vie à chaque page, à chaque phrase, qui nous rentre dans le coeur comme une épée et dans le ventre comme un uppercut.

Je n'ai jamais autant pleuré en lisant un livre. J'ai dû m'interrompre souvent, face à ces phrases qui coupent le souffle, ces mots qui serrent la gorge, cet horizon de tragédie insondable. Une même histoire, une expérience commune partagée par ces témoins qui par leur diversité nous ouvrent des perspectives toujours nouvelles de désespoir et de malheur. Il faut pouvoir supporter ça avant de se lancer dans cette lecture...

L'intensité de ce qu'on éprouve en lisant Les cercueils de zinc vient du fait que ce livre regroupe des témoignages. Paroles brutes, livrées de façon tellement fidèle qu'on a le sentiment d'entendre les voix, de voir surgir des visages dans leurs émotions, des regards... J'ai eu particulièrement mal en lisant les récit des mères et des veuves, qui subissent, impuissantes, la perte de ce qui leur était le plus cher.

Lire un témoignage rédigé à la première personne n'est déjà pas facile : je me souviens de mon expérience de lecture de Primo Levi ou Imre Kertész. Svetlana Alexievitch nous livre une somme de témoignages. Autant de points de vue sur une même tragédie, d'abord publiés dans la presse puis regroupés dans ce livre. Autant dire que la charge est très, très lourde.

S'exprimant elle même pour contextualiser vaguement sa démarche, elle donne également à lire certaines réactions reçues pendant la publication de son enquête.
À chaque page, ce sont donc de "vraies" personnes qui parlent et c'est cette absence de distance romanesque qui rend la lecture si bouleversante, cette foule de personnes prennent place, nous font face et nous devenons les témoins sidérés de leur souffrance.

L'ambivalence de l'humain devant la violence, la crudité de la guerre, l'emprise d'un système idéologique, la naïveté de la jeunesse, la douleur insondable des mères et parents orphelins de leurs enfants, ces thèmes sont au coeur d'un de mes romans préférés, Vie et Destin. Mais Vassili Grossman structurait une fresque grandiose, permettant au lecteur de reprendre son souffle et de se laisser porter par sa narration.
Svetlana Alexievitch au contraire reste dans une posture de journaliste et nous livre avec brutalité les faits, rapportés par les témoins. Et c'est tout. Il s'agit donc d'une expérience littéraire absolument troublante sur la forme.

Et quand au sujet, j'avoue que je n'avais aucune conscience et connaissance de cet épisode de guerre de l'union soviétique en Afghanistan. Il faut dire que pour les gens de ma génération, l'Afghanistan est un de ces pays perpétuellement en guerre dont on a jamais vraiment compris qui étaient les belligérants.
C'est en lisant avec enthousiasme le roman de Benoît Vitkine, Donbass, que j'ai pris conscience de l'existence de ce conflit et du traumatisme associé. Les cercueils de zinc y sont évoqués et le sujet est central dans la structure de l'intrigue de ce roman policier, écrit lui aussi par un journaliste.

La lecture des Cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch m'a donc permis, en allant jusqu'au bout, surmontant le sentiment profond de désespoir que m'inspiraient ces pages, de rendre hommage à ma façon à ces êtres humains brisés par l'histoire, sa violence et son absurdité. Leur parole a été entendue...

Expérience littéraire et humaine absolument brute, la lecture de ce livre nous donne à voir l'extrême tragédie de la vie humaine, le caractère dérisoire et absurde de toute compassion.
Il nous manifeste la puissance des mots et de la littérature qui questionne les limites de notre humanité.
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"Beaucoup reviennent, divorcent, se remarient, partent en Sibérie pour construire des oléoducs, ou à Tchernobyl, ou dans des régiments de pompiers... Là où il y a du risque. On ne peut plus se contenter d'exister, on a besoin de vivre."
Syndrome de stress post-traumatique. Mutilations.
"J'ai perdu là-bas mon fils unique. Je me consolais en pensant que j'avais élevé un héros, mais à vous croire, ce n'est pas un héros mais un assassin, un envahisseur."
Héroïsme. Propagande patriotique. Inhumanité. Horreurs.
"Cette guerre était criminelle, elle a été condamnée, mais les garçons, il faut les défendre."
Incompréhension. Honte. Colère.
"J'ai fait graver sur la pierre tombale de mon fils : "Rappelez-vous : il est mort pour que vivent les vivants." A présent je sais que c'est faux (...) Maintenant, je voudrais faire graver sur sa tombe : "Au nom de quoi ?!"
Deuil. Chagrin inconsolable. Morts, morts, morts.
Impossible de le lire d'une seule traite.
Impossible d'écrire sur ce livre autrement qu'en le citant, puisque c'est sa nature même : un recueil de témoignages, sur tous les aspects de l'invasion soviétique en Afghanistan ; et du retour en URSS, retour des vivants comme des morts.
Impossible de ressortir de ce livre sans être antimilitariste pour le restant de ses jours.
Parfaite traduction de Wladimir Berelowitch et Elisabeth Mouravieff.
LC thématique de février 2022 : ''Les petits livres”
Challenge Nobel
Challenge Globe-trotter (Biélorussie)
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