Ton indifférence et mon visage d’oiseau
à Vietnam
Je t’ai rencontré et tu étais un pays lointain.
J’ai vu en rêve tes enfants aux yeux bridés. Les miens.
Je contemplais des images de moi dans le mur fissuré qui nous servait de lit.
Le mur était la maison.
La maison était en lames de rasoir je la tenais sur mes deux poignets serrés.
J’ai perdu beaucoup de sang à espérer un tintement d’ange qui n’est jamais venu.
Toi debout sur la serrure, bien à l’abri sur la pointe des pieds tu riais comme un Enfant espiègle.
« Ce n’est pas toi que j’aime, ce n’est pas toi parce que… », Tu chantais.
Je sais pourquoi.
Parce que je suis trop laide et tu aimais mon corps, ce corps que tu baisais de poussière de plumes.
Parce que je suis trop vide et tu aimais mon art, ce corps qui est le tien et que J’avais réinventé dans ma peinture.
Parce que je suis trop bête et tu aimais mes silences, tous ces bavardages inutiles Tus entre nous.
Pourquoi ne m’aimais-tu donc pas ?
Parce que tu ne m’aimais pas.
Parce que ce n’était pas moi.
Mais une autre, tenant la lame contre mes veines. Elle, qui n’existait pas, tu L’aimais.
Plus belle.
Moins vide.
Moins bête.
Moins réelle.
La tristesse me donne un visage d’oiseau.
Alors tout est terminé entre nous.
Parce que tu es trop laid et que je dois réinventer ton corps.
Parce que tu es trop vide et que je passe mon temps à suivre mon étoile au sol Pour m’étourdir, me noyer de lumière.
Parce que tu es trop bête et que chaque jour j’agrandis le mur-silence de notre Maison.
Parce que je t’aime trop.
Je t’aime tellement que je l’aime elle aussi, qui n’existe pas et tient les lames.
Je voudrais te voir lui faire l’amour sur le mur de la maison, entre les lames.
J’imaginerais que c’est moi que tu prends dans la poussière de mer
De merde.
Mon imagination, c’est bien tout ce qui me reste puisque tu as tout pris.
Et ces quelques mots d’adieu.
La maison qui saigne entre les pavés disjoints du mur.
Ta maison, tes enfants, ta vie…
Moi, c'est-à-dire rien.
Les yeux verts de Monsieur X
Intensité de l’œil qui s’ouvre dans le noir.
Loin, les lumières sur le miroir d’eau. On les imagine tremblant en visages.
Fondues au sang de l’onde, à l’argent des voiles mortuaires aux reflets de lune.
A l’immensité de ton œil vert.
Je vois ton corps en mouvement la nuit, et son tracé d’étoiles.
Nous allons au cinéma écouter notre silence.
Soudain, nous sommes devenus.
Nous sommes.
Nous sommes parce que toi
Tu es ce que tu es
Et le noir est profond.
Zigzag originaire, tu m’étais apparu.
Zébrure de la lumière –toi ?
Comme un décor fissuré.
L’œil est dans la fissure.
Vert.
Tu es celui qui était au bord d’une tombe.
Une femme là, sous tes pieds.
Et moi.
Vivante, vivante, vivante.
Je t’aimais –je crois.
Tu m’as dit ma petite folle, et plein de choses que je n’ai pas comprises.
A cause de la pluie.
Nous avons pleuré ensemble.
Sur nous. Sur elle. Sur nous.
Le deuil était impossible à faire. Etions-nous donc condamnés
A la mélancolie ?
Tu m’as dit ma petite mélancolique, et plein de choses que je n’ai pas comprises.
A cause de la nuit.
Tu me voyais telle que j’étais.
Nue sous ma robe blanche.
L’œil est sous la robe.
Ouvert.
Et nous n’avons pas fait l’amour, pourtant tu étais Monsieur X.
Ça n’était déjà plus la peine. Tout avait été dit.
Que je t’avais aimé à travers elle. Que je t’aimais peut-être encore.
Toute la nuit nous avons dansé sur sa tombe.
Tes yeux verts rivés à l’avenir.
Les yeux verts de Monsieur X
Intensité de l’œil qui s’ouvre dans le noir.
Loin, les lumières sur le miroir d’eau. On les imagine tremblant en visages.
Fondues au sang de l’onde, à l’argent des voiles mortuaires aux reflets de lune.
A l’immensité de ton œil vert.
Je vois ton corps en mouvement la nuit, et son tracé d’étoiles.
Nous allons au cinéma écouter notre silence.
Soudain, nous sommes devenus.
Nous sommes.
Nous sommes parce que toi
Tu es ce que tu es
Et le noir est profond.
Zigzag originaire, tu m’étais apparu.
Zébrure de la lumière –toi ?
Comme un décor fissuré.
L’œil est dans la fissure.
Vert.
Tu es celui qui était au bord d’une tombe.
Une femme là, sous tes pieds.
Et moi.
Vivante, vivante, vivante.
Je t’aimais –je crois.
Tu m’as dit ma petite folle, et plein de choses que je n’ai pas comprises.
A cause de la pluie.
Nous avons pleuré ensemble.
Sur nous. Sur elle. Sur nous.
Le deuil était impossible à faire. Etions-nous donc condamnés
A la mélancolie ?
Tu m’as dit ma petite mélancolique, et plein de choses que je n’ai pas comprises.
A cause de la nuit.
Tu me voyais telle que j’étais.
Nue sous ma robe blanche.
L’œil est sous la robe.
Ouvert.
Et nous n’avons pas fait l’amour, pourtant tu étais Monsieur X.
Ça n’était déjà plus la peine. Tout avait été dit.
Que je t’avais aimé à travers elle. Que je t’aimais peut-être encore.
Toute la nuit nous avons dansé sur sa tombe.
Tes yeux verts rivés à l’avenir.
Un amour, le bord d’un canal (extrait)
Une ville, le bord d’un canal.
Une jeune femme. Blanche, spectrale.
Sous la pluie.
Elle dessine dans l’espace des mouvements colorés, avec ses mains.
Elle est immobile.
Sous la pluie.
Des gens passent, qui la regardent.
Une folle, c’est ce qu’elle leur semble être.
Son nom, c’est Catleen.
Elle regarde la ville, toute sa vie passée à ça, regarder la ville, ceux qui passent, en moulinant des histoires invisibles avec ses mains.
Qui peut deviner sa solitude ?
Quand elle ne regarde pas, quand, au bord d’un gouffre d’épuisement ou de lassitude elle cesse ça, cette activité, regarder, alors elle peint des visages de femmes. Son visage. En grand, sur des toiles de lin. C’est ce qu’elle fait alors.
La pluie tombe toujours, elle dessous.
Elle est trempée mais toujours pas en mouvement.
Elle regarde et attend.
La fin de l’averse, un amour, quelque chose. N’importe quoi.
(...)
Catherine Andrieu lit un extrait de Très au-delà de l'Irréel ( Editions Rafael de Surtis) .
https://www.catherineandrieu.fr
http://rafaeldesurtis.fr