Georges Bernanos : La colère et la grâce

Encore une biographie de Bernanos ! le texte d'Albert Béguin paru en 1954 est d'une incroyable justesse et n'a pas pris une ride. François Angelier s'y réfère avec raison, mais éclaire assez peu son lecteur sur la vie et la personnalité de Bernanos, car beaucoup d'informations sont connues. Il affirme qu'il a lutté contre l'antisémitisme qu'il avait hérité de son père, conviction qui ne suffit pas à expliquer "la colère et la grâce" mises en avant par un sous-titre caricatural. On sait à présent que Bernanos fut un "enfant humilié", ce qui éclaire d'un jour nouveau sa vie d'adulte assez décousue et le sens de ses romans, jalons d'un parcours de résilience. Son témoignage spirituel est de ceux dont nous avons vraiment besoin. A l'heure de l'Intelligence Artificielle, il faut lire "La France contre les robots", essai d'une lucidité étonnante, empreint de générosité.
L'exil au Brésil est à mon sens la meilleure partie de cette biographie, nourrie de l'enquête menée par Sébastien Lapaque. Bernanos y avait notamment rencontré Henri Michaux et Stefan Zweig.
Si le mystère Bernanos demeure, cette biographie a le grand mérite de faire revivre un peu du rayonnement d'une personnalité très attachante.