Marie-Christine Arbour possède une voix narrative bien particulière, une écriture qui détaille, effeuille, aussi acérée qu'un scalpel par moments, pourtant jamais dépourvue d'une certaine tendresse nostalgique. Elle retrouve dans
Chinetoque le Vancouver de
Drag, ainsi que cette impossibilité pour les personnages principaux d'accepter entièrement leur identité sexuelle et leur pouvoir créateur. Alors qu'un pianiste s'habillant en femme tombait amoureux d'une femme gommant toute trace de sa féminité dans
Drag, les deux protagonistes de
Chinetoque sont esquissés à traits moins tranchés. Certes, Alice, qui a aimé un disciple de Krishna ne possédant qu'une seule mèche de cheveux et portant le pagne dans sa jeunesse, finira par couper sa longue tresse blonde, empruntera à l'occasion les vêtements de son amoureux chinois Will, mais à travers cette relation, elle apprendra à accepter entièrement son corps, n'hésitant pas à se transformer en poupée orientale, à porter des talons aiguilles ou à se laisser maquiller les lèvres d'un rouge incendiaire.
Plus essentiel peut-être, on redécouvre ce rapport troublant que semble entretenir Arbour avec les mots, qu'elle transmet ici à son héroïne, elle aussi traductrice, qui préfère rêver à la fenêtre que de se révéler, de s'accepter à travers eux.
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