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Guy Petitdemange (Préfacier, etc.)Anne-Sophie Astrup (Traducteur)
EAN : 9782743605605
182 pages
Payot et Rivages (30/11/-1)
3.75/5   8 notes
Résumé :

Au point de départ pour Arendt, comme pour Augustin, il y a une expansivité, le désir. Structure fondamentale de l'étant", le désir est la forme d'un appétit qui installe le désirant dans la solitude, le dispose à toutes les détresses et à toutes les audaces, mais qui trahit une dynamique irrécusable, la volonté d'être heureux.

Bonheur, joie, de quelque nom qu'on l'appelle, l'objet du désir révèle la fin ultime de l'être créé : être heure... >Voir plus
Que lire après Le concept d'amour chez AugustinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A qui conseiller cet ouvrage ? Les lecteurs d'Arendt n'y trouveront pas, sauf de manière très indirecte, les idées et les concepts qu'elle développera dans ses oeuvres les plus connues. Les spécialistes d'Augustin seront sans doute agacés par la volonté excessive de synthèse de l'auteur, qui cherche une unité à la pensée d'Augustin malgré la grande diversité de ses oeuvres, et qui lui fait juxtaposer des citations tirées de textes très différents, sans tenir compte de leur contexte. Quant aux lecteurs intéressés par un développement philosophique sur l'amour, ils seront sans doute déçus : l'amour n'est ici thématisé que de manière abstraite, uniquement à travers l'exigence chrétienne d'aimer son prochain ; même restreint de la sorte, le concept d'amour n'a le droit à des développements substantiels que dans la troisième partie de l'ouvrage, donc après presque 150 pages essentiellement consacrés au désir du monde et au rapport de l'homme au temps.

L'ouvrage constitue la thèse d'Arendt, qui ne fait donc rien pour rendre son contenu accessible au grand public. le propos est touffu, compact, presque obscur par moments. Sa structure (partie I : le désir ; II : le statut de créature ; III : la vie en société) ne facilite pas la lecture. Arendt fait référence à de nombreux passages d'Augustin sans les citer dans le corps de sa thèse, et en semblant les paraphraser ; il faut se reporter plusieurs dizaines de pages plus loin pour lire les notes et savoir de quoi il en retourne exactement. Il est difficile de savoir où s'arrête la lettre d'Augustin et où commence l'interprétation d'Arendt. (Il est un peu curieux que, page 164, Arendt, parlant du prochain "prisonnier du péché", ajoute qu'il n'est alors "que ce que le Christ a été lui-même, et dont il n'a, lui aussi, été sauvé que par la grâce de Dieu". Cela ne ressemble pas à quelque chose que dirait l'évêque d'Hippone.)

L'interrogation la plus intéressante soulevée par l'ouvrage est celle de savoir comment le chrétien peut à la fois vouloir s'isoler du monde et aimer son prochain. Augustin semble là tiraillé entre sa culture païenne et sa conversion au christianisme. le désir humain est désir de stabilité ; celle-ci ne peut être trouvée dans les réalités temporelles, toujours changeantes, et dont la fin est la mort. L'homme prend conscience du fait que son origine réside dans un Créateur éternel et hors du temps. Il s'isole alors du monde, abandonne toute convoitise et toute habitude mondaine, source du péché, pour se retrouver face à son Créateur dont la présence se manifeste en lui par la loi morale. Il voit alors dans son prochain un être également appelé par Dieu, et qui doit s'isoler du monde. L'interdépendance des hommes en société, d'abord issue d'une réalité mondaine, la descendance d'Adam, qui les voue tous au péché, et qui fonde la cité terrestre, est alors dépassée par la charité, la reconnaissance du fait que le prochain, ou plutôt le frère, comme nous-mêmes, est appelé à combattre, en tant que partie du corps du Christ, les réalités mondaines pour établir la cité célestre.

L'édition de cette oeuvre comporte enfin un article de 5 pages intitulé "Augustin et le protestantisme", dont le lien avec le contenu de la thèse, au-delà de la référence à Augustin, est à vrai dire assez ténu. le texte est beaucoup plus clair, bien plus proche des questionnements soulevés par les oeuvres les plus connues d'Arendt, et le lecteur regrettera sans doute qu'il soit aussi court.
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Ou la naissance d'une grande philosophe. A lire an antépisode à "la condition de l'homme moderne" et mesuré le chemin parcourue par cette humaine, par cette philosophe et par cette femme.
Et puis l'amour comme énergie d'aspiration au bonheur est un bon sujet.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comprendre, saisir la grâce de Dieu, se produisent dans la charité. Conformément à la nécessaire relation rétrospective, la charité est elle aussi déterminée par l'amour en retour (redamare). Ce n'est que dans ce redamare qu'elle actualise la relation rétrospective qui, seule, donne la possibilité de
parvenir à la vérité (veritas) de sa propre existence
Il n'y a que la charité qui réussisse, en acceptant le secours du Créateur, de celui qui donne le pouvoir (dator potestatum), à accomplir la loi, car ce n'est que dans la grâce divine acceptée
qu'est véritablement effectué le détachement du monde. « Et tu as choisi de ce monde ce qui était
impur, méprisable et inexistant, comme si cela existait, et tu as rejeté ce qui existe. »
Ce n'est que par l'acte de l'élection de Dieu, postérieur à la création sans en être toutefois indépendant, que le monde redevient ce qu'il était originellement dans la création ; il est vidé de l'être que la créature avait fait de lui. La charité accomplit la loi, car celle-ci n'est plus pour elle une exigence mais justement la grâce même. Du fait qu'elle se tourne vers Dieu de manière nouvelle et plus particulièrement vers l'amour de Dieu (dilectio Dei), la loi n'exige plus et n'est plus à craindre, puisque dans l'acceptation aimante de l'amour de Dieu le monde est devenu désert (ce qui a été), et la concupiscence a ainsi perdu son sens. Dans cet accueil aimant, la créature est réconciliée avec Dieu, elle est revenue du monde vers lui, elle a renié le monde et elle-même en tant qu'étant-du-monde. Ce renoncement à soi lui donne la vérité authentique et le sens de son être de créature. « En vivant selon lui-même, c'est-à-dire selon l'homme et non selon Dieu, il vit à coup sûr dans le mensonge ; non que l’homme en tant que tel soit mensonge puisque Dieu en est l’auteur et le créateur, et que Dieu ne saurait être l’auteur et le créateur du mensonge mais la droite nature de l’homme est de vivre non pas selon lui-même mais selon Celui qui l’a créé, ce qui revient à dire qu’il doit accomplir la volonté de Celui-ci plutôt que la sienne propre ; ne pas vivre conformément à ce pour quoi on a été créé, voilà le mensonge. »
Seule la charité est à même de réaliser ce renoncement à soi, car ce n’est que dans l’amour qu’est donné le pourquoi du sacrifice ; Seul l’amour a la possibilité de renoncer à la volonté propre, et ce renoncement qui naît de l’amour est la condition pour saisir la grâce. C’est pourquoi elle est, face à la volonté qui est naturellement en nous, la volonté la plus puissante. Dans le renoncement à soi, la créature se comporte envers elle-même comme Dieu (sicut Deus), elle s’aime elle-même comme Dieu l’aime ; elle hait en elle ce qu’elle a fait elle-même et ne s’aime que pour autant qu’elle est créée par Dieu (a Deo creata). Elle n’aime en elle-même que la bonté de Dieu, (bonitas Dei), le Créateur lui-même, et se hait dans la mesure où par le libre-arbitre (liberium arbitrium) elle peut donner un sens autonome à son être au monde.
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La force de l'amour se vérifie justement par le fait que même l'ennemi, même le pécheur, sont à comprendre comme autant d'occasions d'aimer. Dans cet amour du prochain, cet n'est pas exactement le prochain qui est aimé, mais l'amour lui-même.
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On craint la mort parce qu'on aime le monde ; la mort anéantit non seulement toute possession du monde mais aussi tout désir d'aimer toute chose à venir que l'on attendrait du monde.
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Videos de Hannah Arendt (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hannah Arendt
Dans un ouvrage en trois tomes, l'écrivaine et psychanalyse Julia Kristeva s'interroge sur ce qu'elle appelle le "génie féminin". Un choix affectif et personnel la conduit à se pencher sur trois cas singuliers, trois femmes à l'oeuvre et à la vie extraordinaires : Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette.
Pour en parler, Géraldine Muhlmann reçoit : Aurore Mréjen, ingénieure de recherche à l'Université Paris Nanterre et chercheuse au Laboratoire du Changement Social et Politique (Université de Paris) Frédéric Maget, directeur de la Maison de Colette Julia Kristeva, écrivaine, psychanalyste, professeure émérite à l'Université de Paris et membre titulaire et formateur de la Société Psychanalytique de Paris
Visuel de la vignette : Getty
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